Par André Heitz.
Une conférence citoyenne pour répondre à : « Bien manger en 2021, ça veut dire quoi ? » pour faire démarrer une ambition de 100 % de bio et durable et 50 % de local (dans un rayon de 250 km tout de même) dans les cantines de Paris ?
Que signifie «bien manger» en 2021? Nous poursuivons nos travaux pr atteindre l’objectif fixé par @Anne_Hidalgo : atteindre 100% de bio ou durable,dont 50% produits à moins de 250km de Paris,d’ici la fin du mandat. Notre conférence citoyenne réunit 100 https://t.co/WesfXJBYQ8.s? https://t.co/iWmuc77QLx
— Audrey PULVAR (@AudreyPulvar) March 7, 2021
Il paraît que le Journal du Dimanche roule pour l’équipe Hidalgo à Paris.
En tout cas, il vient de produire, le 6 mars 2021, un « Audrey Pulvar et la mairie de Paris lancent une conférence citoyenne pour mieux manger », un titre qui doit provoquer quelques éclats de rire.
Paris : objectif 100 % « bio » à la cantine
Selon le chapô :
« L’adjointe à la maire de Paris Audrey Pulvar réunit des habitants, experts et paysans pour préfigurer la super-coopérative chargée d’approvisionner Paris en denrées de qualité. »
Jolie formulation : les « experts » sont experts (ce qui, du reste, heurte quelque peu la notion de « citoyenne ») et les « paysans » ne sont pas experts…
Mme Audrey Pulvar, « chargée de l’alimentation durable, de l’agriculture et des circuits courts » – ça ne s’invente pas, sauf à Paris –, a lancé cette conférence qui devra répondre à la question : « Bien manger en 2021, ça veut dire quoi ? », l’ambition étant, in fine, de :
« faire passer la part de bio et de durable dans la restauration collective et nos cantines scolaires de 53 % aujourd’hui à 100 % en 2026. »
Pour cela, il est impératif de plancher sur ce que signifie « bien manger » en 2021.
Paris : objectif « local »
Mais, question ambition, ce n’est pas tout : 50 % des fruits et légumes devront provenir de maraîchers situés dans un rayon de 250 kilomètres autour de Paris, contre 650 kilomètres en moyenne aujourd’hui. Et celle que d’aucuns surnomment Mme de Sévigné pontifie :
« Ça implique une profonde transformation du paysage de l’Île-de-France, région principalement céréalière, remarque l’élue. Et une large concertation. »
Il en restera pour les autres
Mais réjouissons nous :
« Il n’est pas question que Paris capte toute l’agriculture de qualité au détriment des autres Franciliens, tout le monde doit en profiter. »
Ceux qui sont dépendants de l’aide alimentaire ou pour qui la fin du mois est du côté du 15 seront heureux d’apprendre qu’ils pourront aussi acheter des produits « bio » dont une étude a trouvé qu’ils sont 75 % plus chers que les conventionnels.
Paris : objectif « 30 millions de repas »
Nous n’avons pas la moindre idée de ce que cela représente en termes de logistique de production dans la région (qui fera tout de même près de 200 000 kilomètres carrés), d’approvisionnement et de distribution dans Paris.
On peut supputer que la Mairie de Paris n’est pas mieux informée :
« De mai à octobre, ce sera au tour des professionnel.le.s d’être sollicité.e.s. Elles et ils seront réparti.e.s au sein de 12 groupes de travail pilotés par plusieurs adjoint.e.s de la maire de Paris. […]
À l’issue de ces réunions, éclairées par l’avis citoyen, les premières bases d’AgriParis pourront être posées. »
La Mairie sait cependant que :
« Paris sert 30 millions de repas par an dans les crèches, les cantines, les Ehpad municipaux et les restaurants Emeraude et solidaires. »
Si l’on prend pour base 200 grammes de légumes par assiette, cela va chercher dans les 6000 tonnes nets à produire. Ce n’est pas infaisable.
Nous savons aussi que ce projet s’inscrit dans le catalogue de surenchères en matière de « verdissement » et de « boboïsation ». Nous attendons du reste avec inquiétude ce que les mouvances vertes de l’Assemblée nationale feront du projet de loi « portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets »… déjà 4953 propositions d’amendement !
Des interrogations sur la procédure…
Nous pouvons légitimement nous interroger sur un certain nombre de points de l’ambition parisienne.
Une « conférence citoyenne » de 100 Franciliens (50 Parisiens, 50 habitants des sept départements de petite et de grande couronne) est-elle la mieux équipée pour se prononcer sur la qualité de l’alimentation et « préfigurer » la « super-coopérative AgriParis » ?
Pas de souci ! Ils formeraient, « elles et ils » pour honorer la lubie de l’écriture inclusive de la Mairie de Paris, un « panel représentatif » constitué par l’Ifop et la société Planète publique Le premier, on connait. La seconde ? Elle affiche fièrement son orientation sur son site :
« Planète Publique est au service de l’amélioration des stratégies de politiques publiques et des stratégies des acteurs associatifs et privés en faveur du bien commun. »
Pas de souci non plus pour le déroulement des opérations, sur trois week-ends :
« Un comité de garants veillera à l’indépendance des débats, afin d’éviter toute intrusion des lobbies ou des politiques. »
Toute comparaison avec les garants de la Convention citoyenne pour le climat est évidemment fort malvenue.
…et des inquiétudes sur le fond
Il y a un problème d’agribashing à rabâcher que l’objectif est d’approvisionner Paris (en fait sa restauration collective municipale) « en denrées de qualité ». Cela implique que la qualité n’est pas actuellement au rendez-vous, ou pas assez. Et comme la qualité est ici assimilée au bio, il faut comprendre que les produits de l’agriculture conventionnelle laissent à désirer.
Mêmes problèmes pour l’objectif affiché de durabilité.
Cerise sur le gâteau, quelles seront les conséquences économiques et sociales d’un tel projet ? Pour la « vertitude » – verte par conviction ou par opportunisme démagogique – le bio local serait le summum de la vertu écologique. Rien n’est moins sûr.
Pour le bio, par exemple, la baisse de rendement par rapport au conventionnel implique la mise en culture d’une plus grande surface pour obtenir la même quantité de produits. L’objet n’est évidemment pas de cultiver des hectares, mais de remplir des assiettes…
Pour le local, « circuit court » n’est pas synonyme de « meilleur bilan carbone », même pour le transport, le semi-remorque sur longue distance pouvant être plus efficace que la camionnette sur un trajet local, par unité transportée. Mais il y aura sans doute l’option camionnette électrique rechargée à l’électricité d’origine éolienne les jours ventés, ou les forts du mollet et vélos cargos.
Le « de saison » est oublié dans l’article du JDD. Il est a priori implicite, quoique… il sera dificile de servir de la tomate-mozza en entrée dans les cantines scolaires, sauf à déplacer les vacances d’été.
Égoïsme local contre intérêt national
Nos aïeux ont forgé au cours du temps un paysage agricole qui répartissait les productions agricoles et alimentaires en fonction des atouts agro-climatiques (et aussi sociologiques). À la Bretagne, à la Provence, au Roussillon, par exemple, la production de légumes. Le Marché Commun – et l’absence de volonté politique, surtout après l’adhésion de l’Espagne – a certes changé la donne pour certaines régions, mais veut-on les sinistrer encore davantage ?
Est-il dans l’intention des grands stratèges parisiens de mettre à mort les signes de qualité tels que les appellations d’origine, sauf à ce que les produits soient labellisés bio ?
Veut-on exclure, par exemple, les pommes du Limousin des cantines parisiennes pour cause de dépassement des 250 km lorsque le quota maximum de 50 % de non-local aura été atteint ?
Les doux rêves parisiens
L’objectif affiché est, rappelons-le, 100 % de bio et de durable en 2026. C’est dans cinq campagnes agricoles… alors qu’on cherche à définir en ce moment ce que veut dire « bien manger en 2021 ».
Ces gens s’imaginent donc qu’ils peuvent mettre leur usine à gaz en place, rendre leur AgriParis opérationnel en 2023 et recruter les producteurs performants d’ici 2026, alors que la conversion – ce mot du vocabulaire religieux est tout à fait approprié – au bio requiert un délai d’attente de deux ans pour les cultures annuelles et trois ans pour les arbres fruitiers.
Ces gens sont vraiment – mais alors vraiment – hors sol !
quand on entend « produit de qualité » on peut être à peu près certain que on ne va PAS parler des qualités des produits sauf en terme d’image.
« un produit de qualité est bio local et éthique issu issu de petites exploitations … ils ont réussi à foutre ça dans la tête des gens …
quand on entend alimentation saine…c’est pas loin d’etre pareil…
je croyais benoitement que pour savoir si un produit été sain, il « suffisait » de regarder son impact sur la santé et pour savoir si un produit avait les qualités que je cherche il me suffisait de le gouter et de le choisir..j’avais tout faux…
industriel = caca.
une serre ne doit surtout pas être chauffée car ce n’est pas « naturel »..
plus local = mieux
les marges c’est pas bien mais il faut mieux rémunérer les agriculteurs..
Le principe même de la serre est de ne pas chauffer.
euh…le BUT de la serre est de créer un micro climat plus chaud …
Ben non Jacques, c’est un panel représentatif qui saura ce qui est bon pour vous. Elle est pas belle la vie ?
Et j’espère qu’ils n’oublieront pas de préconiser la fourniture de tasses avec l’anse à gauche pour la minorité des gauchers.
mon dieu…comme si tout le monde avait des mains.. espèce de capacististe..
Ah zut, j’ai des pieds 🙁
Ôtez moi d’un doute: il s’agit bien de bonnes poires, non ?
et » y vivre mieux » , dans la ville la plus crasseuse de France , ça leur parle pas à hidalgo et cie ?
La crasse doit être naturelle pour elle, donc bio!
Si elle est bio, les parisiens peuvent bien la bouffer. Un ragoût de rat, c’est hyper top, avec des cafards frits, mieux que le MacDo qui du coup peut fermer, non ?
Votre salade ne vient JAMAIS d’Espagne (sauf si vous habitez à la frontière franco espagnole…): c’est un produit trop périssable à faible valeur ajoutée, trop couteux à transporter.
Les salades sont toujours produites à proximité.
Ce que je disais: l’Hérault, c’est quasiment frontalier avec l’Espagne.
Dans l’Yonne, vous ne risquez pas d’en trouver par contre.
De nos jours il faut malheureusement s’attendre à toutes les imbécillités possibles et imaginables de la part des débiles qui nous gouvernent !
La. France entière voir l’Europe est nécessaire pour nourrir Paris et sa banlieue, donc, c’est mal parti pour nos bobos devenus ecolos… Pas besoin de bio pour bien manger, bio n’est qu’un label commercial. Le Label rouge est bien suffisant.
Qué qualité? Il s’agit de manger en montrant son adhérence au camp du Bien. Virtue signaling. Ça n’a pas de prix (surtout si c’est les autres qui paient.
Manger local c’est bien..
J’adore ce genre d’affirmation sans preuve.
J’aime bien le jus d’orange, le café. Donc plus de jus d’orange, café, ect.. Et l’hiver du choux et des patates. j’aime bien le lard au chou, mais du lard au chou sans lard tout les jours.
Et en plus vous voulez subventionnez les agriculteurs qui le sont déjà trop (PAC).
Ah mais vous n’avez pas encore tout vu ! Il y a quelques mois, une proposition des écolos bruxellois est arrivée dans les media. Il s’agissait pour la région d’acheter des terres agricoles pour « préserver la biodiversité et de favoriser une agriculture locale qui pourrait nourrir une partie de la population bruxelloise ». Pour ceux qui en douteraient, c’est ici : https://www.rtbf.be/info/regions/bruxelles/detail_bruxelles-va-acheter-des-terres-agricoles-dans-les-deux-brabants?id=10637711
Ceci devrait donner des idées à madame Hidalgo car il faut bien reconnaître que pour une fois, elle est en retard d’une guerre sur les Bruxellois.
Pensez-donc, voici ressuscités les kolkhozes, où des fonctionnaires vont se mettre à l’agriculture à grand coups de slogans et de plans quinquennaux. Pas besoin d’être libéral pour imaginer le résultat, l’idée a été enterrée en quatrième vitesse. Le ridicule ne tue pas mais quand même…
Bon, sérieusement cela fait peur qu’on ait pu ne fut-ce qu’envisager un tel projet. Les écolos sont des fous dangereux !
acheter des terres avec l’argent des autres..mais savoir ce qu’on doit en faire…
Faire travailler ensemble 100 citoyens, qui ne se connaissent pas, sur trois week-ends, et sur des sujets techniques, même avec l’assistance d’experts et de paysans, je demande la recette.
Probablement une recette de citoyens enfumés.
Ils vont faire comme pour le climat, cornaquer les pauvre gens pour qu’ils proposent des solutions gauchos-écologistes, avec le même résultat.
Je participais à un colloque (élevage) où l’un des participants, un éleveur aveyronnais, mettait en avant l’absolue nécessité d’imposer la proximité pour l’approvisionnement.
Donc, selon sa logique, il aurait fallu que les élevages de l’Aveyron se relocalisent en région parisienne…
Quand je lui ai signalé les conséquences de ses idées, il est resté coi.
Étonnant non?
La bêtise n’est jamais étonnante, c’est l’inverse qui est étonnant.
Paris = 2 millions d’habitants
Ile de France = 12 millions d’habitants
Comme il est possible de faire une répartition 50-50 ? Ca ne devrait pas être plutôt 15-85 ? 🙂
Moi qui cultive un potager, je sais ce qu’il reste à manger en hiver;
Et à part les patates j’ai du mal à faire apprécier les 2-3 légumes survivants à mes petits-enfants…
Mais ça, les crétins qui bouffent 30g des ‘légumes anciens’ dans leur assiette à la Tour d’Argent sont incapables de le comprendre.
Ils devraient manger un peu plus de topinambours pour comprendre que la diarrhée n’est pas que cérébrale…
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