Par Rafael Guenoun.
Le 15 mars 1968, un article maintenant célèbre de Pierre Viansson-Ponté paraissait dans Le Monde. Son titre : « Quand la France s’ennuie… ». Quelques jours plus tard démarraient les événements de mai 1968. À relire l’article, quelques passages semblent être sortis du journal d’hier.
Au hasard :
Les empoignades, les homélies et les apostrophes des hommes politiques de tout bord paraissent à tous ces jeunes, au mieux plutôt comiques, au pire tout à fait inutiles, presque toujours incompréhensibles.
En cette époque morose, quand le Parlement discute de port du voile à l’université alors même que les amphis sont fermés ; ou quand le ministre de l’Intérieur s’écharpe avec le maire de Lyon sur… un menu unique végétarien dans les cantines, le tout sous le regard souvent incrédule de citoyens épuisés des couvre-feux, confinements, ou – pire – de la menace perpétuelle d’un nouveau confinement, les mots de Viansson-Ponté connaissent une seconde jeunesse.
À quelques mois des élections régionales, et à un an de l’élection présidentielle, au vu de la participation assez faible aux dernières élections municipales (phénomène aggravé par la Covid), on sent le besoin de la classe politique d’exister plus encore que d’habitude, de faire le show.
D’ailleurs, une formule revient souvent, celle du retour de la politique (ou du politique), notamment contre les scientifiques, en particulier lorsqu’il s’agit de caractériser le pari du président Macron de ne pas confiner, dans l’immédiat, en tous les cas.
Il devient urgent de paraître sous contrôle, dans une pandémie incontrôlable et imprévisible. Pour être parfaitement honnête, le phénomène n’est pas franco-français. Aux États-Unis, mon pays de résidence, l’ex-président Trump a été le porte-étendard du politique contre les scientifiques (le gag de l’injection d’eau de javel étant certainement l’exemple le plus parlant), avec le succès électoral récent qu’on lui connaît, au passage.
Bref, pendant ce temps-là, la population, dont les individus les moins qualifiés sombrent dans le chômage, s’enfonce de surcroît dans la « Covid fatigue ». Les Américains, rois et reines de l’entertainment, s’ennuient aussi. Même la grand-messe qu’est le Superbowl a été boudée par les téléspectateurs, l’audience en baisse avoisinant celle de l’édition 2007, qui n’était – elle – pourtant pas diffusée sur différentes applis, en plus de la télévision.
En France, une Ligue 1 en chute libre perd son diffuseur mauvais payeur. Puis, çà et là, on entend parler de fêtes clandestines et autres restaurants hors-la-loi, qui ne sont pas sans rappeler les speakeasies états-uniens des années 1920, du temps de la prohibition. La chance des politiques, en réalité, est la vague de froid qui frappe l’Europe et l’Amérique du nord. Parce que, après bientôt un an de crise de la Covid, les gens sont à bout.
Un ami de longue date, de gauche bien-pensante (tendance PS/Europe-Écologie), me faisait, au début du premier confinement, part de son dégoût des « grands irresponsables » ayant décidé de quitter Paris pour se rendre dans leurs résidences secondaires. Résultat des courses, au deuxième confinement, c’est lui qui se confinait à la campagne avec des amis. Aujourd’hui, de retour à Paris, il me décrit une ambiance lunaire et avoue participer à des soirées clandestines. Le motif du délit ? L’ennui. Tiens, tiens…
Alors, loin de moi l’idée d’encourager qui que ce soit à la révolution radicale que serait une merguez-party en bord de piscine au camping du coin, mais j’ai bien peur que cette dernière ne finisse par survenir, n’en déplaise aux politiques et à leur obsession du contrôle.
L’ennui ne dure qu’un temps, et comme en attestent les livres d’histoire, surtout quand la jeunesse est concernée, il n’est que la prémisse des événements. En effet, la neige – chez moi comme en France – finira bien par fondre.
Et lorsque le soleil fera de nouveau son apparition, lassés du spectacle indigent des sports collectifs dans des stades vides, les aficionados – qu’ils soient de foot, de baseball ou de pétanque – sortiront le bout de leur nez, quitte à se masser à l’extérieur du stade pour soutenir leur équipe. Oui, les restaurants ne feront pas salle comble, mais l’apéritif se déplacera sans doute à l’abri des regards et de la maréchaussée, et les concerts en sous-sols.
Au bout du compte, la Covid a perdu, même s’il a gagné. Les lois et règlementations liberticides aussi, qu’elles soient légitimes ou non. Parce que nous aimons trop les autres pour passer autant de temps sans eux.
on s’ennui et on n’en a ras le bol de cette ambiance anxiogène ; et perso , nos dirigeants me saoule ;
C’est peut-être de là que viendra le sursaut, après tant de mois d’apathie et de soumission. Du ras-le-bol, du sentiment que la vie qui nous est imposée est un calvaire et qu’on ne peut pas continuer comme ça.
Plus le temps passe et plus on s’ennuie, c’est vrai, mais aussi plus on craint la suite si cette situation se prolonge ( elle l’est déjà au-delà du raisonnable!) avec l’impact économique que personne ne peut ignorer: chômage, hausse des prix, perte de pouvoir d’achat, système de santé à la dérive…….etc.
Quand d’un côté on parle de réindustrialiser, relocaliser les industries parties en Chine et de l’autre on arrête tout en désignant autoritairement ce qui est essentiel ou pas, alors oui l’ennui se double de la peur de l’avenir devant tant d’incohérences imposées à coup de prunes à 135€ et d’auto-autorisations infantilisantes!
Je ne suis pas spécialiste, mais la lassitude est la voie ouverte au repli sur soi et à la mise en hibernation de toutes les forces vives du pays.
On nous a dit et répété que confinements et couvre feux avaient ralenti la circulation du virus, affirmations jamais évaluées ni constatées dans les faits, donc on ne saura jamais ce qui se serait passé si l’on avait traité cette épidémie avec raison. Ce que chacun a vu, c’est que l’épidémie en Europe suit à peu près le même timing que la grippe saisonnière et que la seule différence est sa diffusion mondiale avec les particularités liées aux climats, aux populations, aux modes de vie différents, aux mentalités etc…. La meilleure chose que pourraient faire les dirigeants, c’est de se taire et laisser les gens vivre. S’ils ne comprennent pas ça rapidement, ça va leur péter à la figure comme en mai 68.
Tout cela paraît bien optimiste et laisse de côté l’extase des dirigeants devant ce totalitarisme naissant. Ce n’est pas en remettant Trump sur le tapis que l’on est plus convaincant, qui plus est en le mettant dans le camp des anti-scientifiques, à moins de considérer le GIEC comme le summum de la science..
La vague de froid a été un avantage pour la mise en place ou la continuité des politiques de restrictions de liberté. Mais elle risque de maintenir (jusqu’à 15 jours après son arrêt) un taux de contamination élevé sur lequel vont probablement s’appuyer les politiques pour maintenir plus qu’il n’en faut leurs restrictions (jusqu’à mai si ça se trouve?)
« la Covid a perdu, même s’il a gagné »
Il faudrait savoir… C’est le ou la ?
Le covid a perdu, même s’il a gagné.
« La covid » est ridicule, une boulette de l’Académie française. Est-ce qu’on dit « la weekend », parce que fin est féminin en français ? Est-ce qu’on dit « la Brexit », parce que sortie est féminin ?
Grotesque.
Le covid !
Une boulette… ou un boulet ?
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