Pourquoi l’abstention ? Mais surtout : pourquoi aller voter ?

Pourquoi continuer à aller voter alors que la politique a été dévoyée et que les hommes politiques ont surtout des aspirations personnelles ?

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Pourquoi l’abstention ? Mais surtout : pourquoi aller voter ?

Publié le 5 juillet 2020
- A +

Par Olivier Maurice.

La très faible participation lors du deuxième tour des élections municipales n’a pas suscité beaucoup d’émoi. Il faut dire qu’elle avait une explication toute trouvée dans les circonstances assez exceptionnelles dans lesquelles celles-ci ont eu lieu : un premier tour dont le maintien a suscité de nombreuses polémiques, la peur toujours présente de l’épidémie, le long intervalle entre les deux tours, le manque de couverture médiatique d’un sujet passé au second plan…

D’autant plus que cette désaffection arrange beaucoup de monde : entre les nouveaux élus bien peu enclins à remettre en cause leur légitimité, les médias dont le sommaire est déjà largement rempli et le gouvernement pressé de passer rapidement à autre chose.

Mais il n’en reste pas moins que cette dégringolade démocratique s’inscrit dans une dynamique de désintérêt pour les grand-messes politiques qui ne fait que se confirmer élection après élection.

Plutôt que d’essayer de divaguer sur les raisons qui poussent les Français à ne pas aller voter et partir dans l’interprétation, voire se faire plaisir en élaborant des théories fantaisistes, il semble plus simple et moins risqué de s’interroger sur ce qui poussait les Français à aller voter et qui a progressivement disparu.

« Pourquoi aller voter ? » est quelque part la question que chaque électeur doit bien se poser en premier lieu, celui-ci étant censé agir autrement que par pur réflexe pavlovien devant ce qui reste quand même le fondement de notre système politique.

La politique est devenue administrative

Les élections municipales sont traditionnellement un vote de proximité. Le maire est le plus proche de tous les élus. Mais au fil du temps, cette proximité a disparu, s’est estompée. De nombreuses communes se sont regroupées en intercommunalité, déplaçant l’action communale souvent à plusieurs de dizaines de kilomètres.

Les personnels communaux et intercommunaux se sont multipliés, transformant la mairie en une ruche que l’on ne pénètre plus simplement en poussant la porte. Les procédures se sont alourdies, les fonctions se sont étendues…

Tout cela a transformé les mairies en château fort et les édiles en roitelets trônant sur un empire de fonctionnaires, d’écoles, d’associations, de projets d’urbanismes et de policiers municipaux.

Pourquoi donc aller voter pour choisir entre plusieurs fantômes identiques celui qu’on ne verra jamais sauf la veille des élections ?

Les partis se sont refermés

Les partis politiques étaient jusqu’il y a peu de temps des laboratoires sociologiques où se regroupaient des populations parfois différentes mais liées par des intérêts communs : ouvriers, fonctionnaires, intellectuels dans les partis de gauche, artisans, commerçants, exploitants agricoles dans les partis de droite.

Cette logique sociologique a été poussée au bout, jusqu’à devenir une caricature de cloisonnement, les partis devenant des officines de prise de pouvoir par telle ou telle faction, chacune s’appuyant sur des organisations associatives pour augmenter son influence.

Mais cet entrisme a laissé de nombreuses personnes à l’extérieur du sérail et les partis se sont recroquevillés sur eux-mêmes, pour devenir des cercles fermés préoccupés principalement par la tactique politicienne et les jeux d’influence.

Pourquoi donc aller voter pour des personnes bien plus intéressées par elles-mêmes que par les fonctions qu’elles cherchent à remplir ?

Les idéologies se sont ridiculisées

Il n’y a guère plus que quelques rares kystes d’idéologues, souvent réduits à la caricature et plus préoccupés à faire parler d’eux qu’à élaborer des programmes ou à réfléchir à leurs prises de positions. La technologie moderne leur permet d’arroser les foules et de tenir régulièrement le haut du pavé, mais leur spectacle médiatique les a également totalement ridiculisés.

Bien sûr, on parle beaucoup d’eux, et leur notoriété en fait fantasmer plus d’un, mais elle est à l’image des vedettes de téléréalité : grotesque et vide. S’afficher avec une lycéenne à couettes dans un sommet international, c’est exactement la même erreur que commettent tous les maires de villages lorsqu’ils posent avec la candidate au concours de miss France de leur patelin : c’est sympa, ça rapporte des voix, mais ça établit surtout qu’on est quelqu’un qui n’a pas peur du ridicule et de la compromission.

Décrédibilisée à l’issue de la guerre et de la guerre froide, les idéologies sont devenues des bouffonneries de révolutionnaires en tutu, arrogants et ignorants, et bien souvent totalement hystériques.

Les idéologies politiques sont nées de la démocratie. Elles ont été inventées pour prendre le pouvoir en utilisant la force politique que le nombre procure et en galvanisant des foules autour d’un ensemble d’idées et de promesses. Elles ont lamentablement échoué et il ne reste plus que quelques obscurantistes romantiques pour croire encore à leur capacité à changer le monde.

Pourquoi donc aller voter pour des programmes politiques, alors que l’expérience a prouvé que ceux-ci ne servent à rien, à part créer des problèmes et des conflits ?

#balek

La dernière raison est sans doute la plus importante et une combinaison des trois précédente : l’électeur a appris à vivre avec la nuisance permanente que représente la politique. Le citoyen est devenant résilient pour utiliser correctement un mot à la mode : il est devenu résistant aux chocs continuels que l’État omniprésent lui inflige en permanence.

Il a appris à ne plus prendre pour argent comptant ce qui se dit lors du journal de 20 heures (où à ne plus le regarder), il a appris à ne plus croire les journalistes, les politiciens, les peoples, les experts… Il a appris à zapper quand on lui demande de s’indigner, à s’adapter quand on lui ajoute une contrainte supplémentaire, à télétravailler quand on le met en résidence forcée, à acheter directement en Chine quand on lui intime l’ordre d’acheter du produit français surtaxé, sur-subventionné et surestimé…

Pourquoi voter quand de toute façon l’État ne fait que rendre impossible la vie des individus et que chaque nouvelle décision, chaque réforme, se traduira inexorablement de la même façon : davantage d’impôts, moins de liberté et plus de compromission avec les groupes de pression de toute nature qui parviendront (après avoir bien ennuyé tout le monde) à étendre encore leurs privilèges ?

Le consommateur est entré en résistance et l’électeur est parti en vacances.

Passif-agressif

Jusqu’au jour où la goutte fait déborder le vase. Jusqu’au jour où une obscure parapsychologue lance une vidéo sur Facebook et qu’un mois plus tard, la France passe à deux doigts de la guerre civile.

Jusqu’au jour où le choix entre système D et ras le bol penche en faveur du second et que, sachant ne pouvoir se faire entendre, ne se reconnaissant pas dans une aristocratie bien loin d’eux et ne pouvant plus trouver de parades à l’incessant matraquage d’injonctions et de prélèvements, les Français saisissent l’opportunité et l’anonymat du groupe pour transformer leur résignation en colère.

Jusqu’au jour où, la voie légale et civilisée d’expression populaire, tout comme les services censés être à destination du public, ayant depuis belle lurette été détournés et capturés par des parasites qui en vivent grassement, il ne restera finalement plus qu’une seule manière de remettre l’État à sa place.

Jusqu’au jour où, spontanément et en dehors de toute association politique, ses trois premiers droits naturels ayant été bafoués allégrement par celles-ci, il ne restera plus au citoyen que la possibilité de se rabattre sur le quatrième.

« Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression. » (Article 2, Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789).

 

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  • Il y a plusieurs types d’élection selon le pouvoir de nuisance de l’élu. Le maire est la dernière roue du carrosse. Le député devait avoir plus d’importance mais ils sont devenus des moins que rien, sans doute à cause du nombre , reste le roi. Et le roi est nu, une suite de pantins bavards mais sans réel pouvoir…

  • Bien sûr que les politiques ont des aspirations personnelles… et un ego démesuré.
    Mais ils sont aussi pris, (ou plutôt ils se sont laissé prendre) dans des réseaux d’intérêts – financiers en dernier ressort – qui les utilisent.
    La politique est un théâtre dont nous voyons les acteurs. Le public ignore qui organise la mise en scène et en core plus, qui a écrit la pièce.
    Voter pour les acteurs ne change rien au scénario…

    • Ce qui est décrit lar l’auteur au niveau municipal est vrai aussi au niveau national. Le pouvoir apparent n’est pas le pouvoir réel. Mais il est plus facile de s’en rendre compte au niveau local.

    • Les « purs » politiques qui vivent grâce aux subsides des gens qui bossent qui se laisseraient subvertir par l’argent qui sort du cul d’un cheval…rigolam…

  • Pourquoi aller voter ?
    Parce que je suis un vieux c.n, qui a appris que ses ancêtres s’étaient battus pour obtenir de droit de contrôle sur le pouvoir, sur les pouvoirs.
    Pourquoi s’abstenir ?
    Parce que depuis 2005, je sais que la catés dirigeante ne respecte mon vote que lorsque cela l’arrange ; donc que les élections ne servent qu’à cautionner le marquisat. Même au niveau local.
    Comment concilier le respect dû à mes ancêtres et le dégoût que m’inspirent ces nouveaux nobles ?
    En allant voter ; blanc.

    • C’est ce que je fais depuis longtemps, en espérant qu’un jour, le vote blanc sera comptabilisé et deviendra le premier parti de France en lieu et place de l’abstention. On peu toujours rêver, mais c’est le seul moyen non violent pour faire comprendre aux politiques qu’ils sont hors sol, inutiles, voire nuisibles et que l’on ne veut qu’une chose: qu’ils se cassent et nous lachent un peu les baskets.

      • Hélas, vous verrez que le jour où le vote blanc sera comptabilisé, ils trouveront un moyen pour que le premier des battus soit élu quand même.

        • C’ est déjà flagrant avec le score fleuve de l’ abstention, qui soit dit en passant ne concerne pas toutes les municipalités.

          • Non car l’abstention relève de plein de raisons (désintérêt, empêchement, je m’en foutisme).
            Le vote blanc est un geste volontaire et « engagé » de manifestation de désapprobation.

            • « Le vote blanc est un geste volontaire et « engagé » de manifestation de désapprobation. »on peut dire exactement la même chose de l’abstention sauf qu’en plus on ne valide pas un système qu’on sait corrompu , c’est bien moins hypocrite je trouve.

    • Nos ancêtres, les colonisateurs, les esclavagistes les guerriers impénitents, faut pas leur faire confiance, il y avait un piege !

      • «Nos ancêtres, les colonisateurs, les esclavagistes les guerriers impénitents»…
        J’espère que vous vous fouettez le dos en écrivant cela… Il faut expier !

      • Nos ancêtres ont fait de leur mieux et ont subi l’épreuve de la confrontation à la réalité et au filtre de l’oubli. leur faire confiance est peut-être la pire des options, mais à l’exception de toutes celles qui consistent à faire confiance à de plus jeunes plus inexpérimentés…

    • Le vote blanc n’est pas comptabilisé et on n’en parle jamais ! Il n’a aucun impact. Alors qu’un taux d’abstention important est visible et est largement commenté dans les medias et le personnel politique…

    • …Mais s’abstenir (être trop fainéant pour se déplacer) ou voter blanc signifie «je n’ai pas d’opinion valable alors, je laisse les autres choisir pour moi»… «¿mais je dois promettre de ne pas me plaindre si les élus (que l’on dit après coup mal élus) ne réponde pas à ce que je souhaite?»…
      Et si l’offre de service ne convient pas pourquoi ne pas élargir cette offre et vous présenter devant les autres citoyens ?

      • S’abstenir peut être assimilé à de la fainéantise. Le vote blanc est un acte d’opposition: Personne ne correspond à mon idée de programme ou alors je ne vous fais pas confiance.

        • « Personne ne correspond à mon idée de programme ou alors je ne vous fais pas confiance » C’est contre l’esprit de la Cinquième République avec un premier tour de sélection du plus grand nombre (le « dit » PEUPLE) puis au second tour choisir parmi cette sélection cela donne une certaine stabilité des assemblées qui n’existait pas dans les précédentes Républiques. Je pense que c’est une bonne solution il y a toutefois une part de proportionnelle qui pourrait être accepté dans les assemblées mais pas plus de 30% pour garder la stabilité… Enfin, ce n’est qu’un avis d’un simple citoyen (qui vote à chaque fois, mais parmi beaucoup d’autres).

          • La stabilité des assemblées n’est pas si désirable en soi. Il serait bien plus agréable à certains citoyens, dont moi, que l’assemblée vogue de majorité de circonstance en majorité de circonstance en fonction des textes qui lui sont soumis. Sinon, les députés représentent-ils leurs électeurs ou les cadres de leurs partis ?

            • La non stabilité ce sont des gouvernements qui changent quasi en fonction du vent et du clientélisme, il suffit de regarder leur historique de la 3 ème et 4 ème République. Peut-on diriger un pays avec des ministres qui le reste un mois voir trois jours ?

              • Pourquoi serait-ce pire qu’avec des ministres comme ceux que nous avions ? Il me semble que la Belgique n’est pas morte de ne pas avoir de gouvernement pendant des mois…

        • « S’abstenir peut être assimilé à de la fainéantise » ah bon, moi j’y vois plus du patriotisme et et la validation de ses idées ..

    • Je suis d’accord avec l’ensemble de votre commentaire, si ce n’est que je ne voterai blanc que lorsque ce vote sera comptabilisé. En attendant je reste chez moi.

  • résistance à l’oppression ….qui sera manu militari violemment combattu par les oppresseurs , n’en doutons pas ; mais quand un peuple ne vote plus , because sa voix reste inaudible , il lui reste le chemin de la violence ; tremblez politiciens de merde , votre avenir est notre revanche !

    • «…quand un peuple ne vote plus , because sa voix reste inaudible…»
      C’est qui LE PEUPLE ? et si votre voix est inaudible c’est peut-être que vous n’êtes qu’une petite individualité de ce peuple et que vos désirs ne sont pas nécessairement les mêmes que ceux de votre voisin… Et le travail des ces politiciens c’est de généraliser toutes les individualités… et je pense que ce n’est pas si simple !
      Cela dit, je n’aime pas spécialement être représenté que par une caste de politicien à vie qui sortent tous du même moule, l’ENA, et dans les grandes villes et dans les aréopages au-dessus (la série de couches indécrottable) il y a 80 à 90% de fonctionnaires donc des gens qui n’ont pas d’expérience dans la vraie vie… et ça, il y en a ras le bol !

  • +1000
    Absolument d’accord avec tous les termes de ce propos !
    Seule restriction : je ne crois pas que la ‘résistance à l’oppression’ s’affirme un jour, la résilience est trop avancée, la matraque est là et la récupération par les ‘politiques’ reste habile ; on l’a bien vu lors des manifestations des gilets jaunes qui sont maintenant souvent déconsidérés par l’opinion publique, bien formatée (des em…deurs) ! ?
    Voter, dans cette ‘démocratie représentative’ ne sert qu’à donner un chèque en blanc aux ‘élus’… et serait plus utile si le vote blanc était pris en compte

  • L’abstention c’est génial: cela permet d’être élu avec 18% des inscrits.

    • Ca n’est pas l’abstention qui le permet, mais le code électoral. C’est lui qu’il faut changer, par exemple en limitant les pouvoirs de celui qui n’aurait pas la majorité absolue des inscrits. Il est d’ailleurs aussi urgent de passer à des scrutins à un seul tour afin d’éviter les magouilles d’entre deux tours et qu’il soit bien clair de quelle proportion des citoyens chaque élu est le représentant.

      • Le code électoral a été très bien étudié: pile ils gagnent, face on perd…
        Si on vote, on participe à un système qu’on désapprouve et qui nous impose un choix entre divers incompétents. Si on ne vote pas, ils dé ident sans nous.

      • Obtenir 51% des inscrits avec un scrutin à un seul tour soit il faut rendre le vote obligatoire avec une amende de 1500€ pour ceux qui ne se déplace pas… ou alors il faudra prévoir plusieurs années pour pour avoir l’ÉLU en organisant un scrutin chaque semaine.
        Et… S’il y a un «élu avec 18% des inscrits» généralement ceux qui se plaignent le plus ne sont-ils pas ceux qui ne se sont pas déplacés ou ont voté blanc (je laisse les autres donner leur avis) ?

        • « le vote obligatoire avec une amende de 1500€ » et tout ce que les libéraux combattent est mis à la poubelle en quelques mots.

  • Cette crise illustre de façon éclatante que la France est coupée en 2 : d’un côté le prive qui prend en pleine figure la crise économique, avec son cortège de pertes de salaire, faillites, chômage, temps partiel, d’un autre l’armée mexicaine des fonctionnaires et assimilés ( sncf, edf, télé, radios, agences en tous genres) qui, sauf pour le personnel soignant a été confinée bien au chaud, sans perte de salaires, sans même assurer un accueil telephonique (exemple les services techniques de ma ville), certains services toujours pas confinés (le service des impôts de ma ville…) , et avec l’ assurance de retrouver son boulot bien pépère , doucement le matin et pas trop vite l’après midi
    L

    • Sans oublier que la France du secteur marchand finance 100% des revenus de l’autre France. La punition, la mise en esclavage, sont totales.

      • sauf que cela ne suffit pas au secteur public, qui emprunte le tiers dont il a besoin (l’argent des autres ne suffit plus) : la moindre remontée de taux d’intérêt asséchera cette source et la surprise pour les fonctionnaires risque d’être brutale.
        Quant à cette remontée des taux d’intérêt, il faut surveiller attentivement l’après Merkel…

  • Services toujours pas DEconfinés…

  • Parfaitement d’accord avec cette analyse – sauf sur un détail : il y a sans doute eu davantage de politicards de haut vol s’affichant avec Greta Machin que de maires s’affichant avec la miss locale.
    (je suis un grand défenseur des élections de miss… probablement les seules élues qui ne m’ont pratiquement jamais déçues).

  • J’ai décidé, il y a quelque temps, de ne plus aller voter pour des hommes ou des partis politiques.
    Cela ne sert à rien. Les promesses électorales ne sont pas tenues et ce sont des décisions autres, non annoncées au moment du vote, qui sont prises.
    Je me réserve encore le droit de me déplacer pour des référendums, sans doute encore un peu naïf du fait de la faible expérience du pays dans ce domaine. Mais là aussi, la déception me paraît probable, si l’on en croit les enseignements du vote sur le TCE en 2005.
    La crise des Gilets jaunes et son issue partielle montrent qu’en France la seule manière d’infléchir le rouleau compresseur de l’État piloté par une technocratie aveugle et sourde reste le rapport de force dans la rue.
    Celui-ci offre une « pédagogie » bien plus vigoureuse pour notre élite que tout autre moyen. Dernier fait en date : la célérité avec laquelle le président, encore ébranlé par les conséquences politiques du 80 km/h, a tué dans l’oeuf cette ânerie du 110 km/h (pourtant supportée « à titre individuel » par certains ministres qui n’ont décidément rien compris au pays).

  • Une majorité ne voit dans les élections que le choix d’une nouvelle administration chargée de distribuer les privilèges.

    C’est pourquoi être un politicien bien en vue – et puissant au niveau national – permet de se faire élire les doigts dans le nez au niveau local. C’est pourquoi les promesses précises portant sur des détails sont plus importantes qu’une vision politique ou la mise en avant de principes et de buts clairs. C’est pourquoi il est hors de question pour un politicien de définir des choix ou d’afficher clairement des sacrifices. C’est pourquoi le pays devient ingouvernable puisque les promesses sont plus importantes que la réalité.

    Clientélisme à tous les étages, mais en ratissant le plus largement possible jusqu’au ridicule, avec un ou deux bouc-émissaires virtuels bien ciblés, afin de mettre en place une politique virtuelle de gestion virtuelle du pays.

    La démocratie dans tout ça ? C’est quoi la démocratie des groupes d’intérêts ?

  • Peut-on tirer des conclusions de l’abstention à cette élection ? Je ne pense pas. Hormis ce cas à part l’abstention suit le même mouvement dans toutes les vieilles démocraties. Ce n’est pas propre à la France où d’ailleurs l’élection présidentielle est encore assez suivi. Il n’y a qu’à voir les votations en Suisse. On aurait tort de se focaliser sur les seuls aspects classe politique et idéologies sans prendre en compte la psychologie humaine du côté citoyen. Par exemple on observe une part constante de votants et d’abstentionnistes stables quelles que soient les élections. Au milieu il y a une grosse part d’électeurs tournant qui votent sélectivement.

  • Conclusion optimiste mais je n’y crois pas un seul instant.
    L’Etat ne reviendra jamais à sa place, en tout cas, pas celle que vous esperez.
    C’est bien les extrémistes (exemple les verts ici momentanement) qui prendront le pouvoir sans scrupules, et sans aucun interêt pour les droits naturels.

  • En vous lisant, je ne tire qu’une seule conclusion: il faut fuir ce pays de collectivistes-écolos qui finira par détruire ce qui fut un beau pays.
    Mes valises sont prêtes et le moteur chauffe déjà…

  • Inciter les fainéants à se déplacer dans les bureaux de votations !
    Ex: Passer la taxe TV (débile) à 300€ et la réduire de 50% pour les citoyens ayant fait leur devoir électoral à chaque scrutin !

    • Converti en language politicien, 300€ pour la télé même si vous n’avez pas et un pv si vous ne votez pas.

      • Pour m’excuser j’ai précisé taxe débile ! Mais « ON » peut imaginer priver d’APL ou d’alloc familiale ceux qui ne vont pas voter…

        • et si j’ai pas envie d’aller voter ? t’es qui pour m’en empêcher? voilà bien une idée socialiste que de taxer et de vouloir forcer quelqu’un a faire ce que vous voulez.

    • On n’est plus très loin du « crédit social » chinois. On y vient car les mêmes causes produisent les mêmes effets.

    • Ce n’est pas en mettant en place une mesure coercitive que l’on fera progresser la liberté, revoyez votre copie.

  • Rarement lu une description aussi juste de ce qu’est devenue la politique, à quelque niveau que ce soit. Bravo ! Mais qu’est-ce qu’on fait ?

    • On attire l’attention sur l’aspect anti-démocratique du système actuel et la complicité passive de la presse, en insistant sur le fait que cela ne pourra se résoudre que par une révolte suivie par le chaos.

      Mais comme des gens bien plus intelligents que nous considèrent que tout va bien et qu’il faut se focaliser sur la culture du rutabaga en Nouvelle-Zélande, mieux vaut s’occuper de notre plantation de pommes de terre personnelle.

    • Qu’est-ce qu’on fait ?
      Notez que l’auteur a fait une suggestion en fin d’article, ce que personnellement je trouve audacieux.
      Audacieux, mais pas forcément judicieux, car si la population française sait ce qu’elle ne veut pas, elle ne sait pas ce qu’elle veut (comme le disait Pasqua, paraît-il). Bref, un soulèvement populaire à type de Révolution aurait des risques d’aboutir à la chienlit, comme 1789 conduisit à 1793, puis au Directoire, puis au Consulat puis à l’Empire, lequel n’était pas spécialement un régime libéral.
      Des Révolutions bien moins sanglantes ont eu lieu dans l’Histoire, par exemple la Révolution anglaise ou la Révolution américaine. Encore faudrait-il en tirer les leçons.

  • Conclusion: si vous cherchez une bonne raison pour ne pas aller voter demain, regardez cette vidéo !
    266. papijo | 25/05/2019 @ 21:36
    https://www.skyfall.fr/politiques/comment-page-6/#comments

  • Merci à l’auteur. Tout est parfaitement résumé.

  • Excellente synthèse de la situation en France.

  • jusqu’au jour où les gamelles étant vidées par les parasites, il n’y aura plus que la révolte.

  • Très bonne et très juste analyse. Je persiste à aller voter parce que j’ai obtenu ce droit après bien des luttes. Et quand personne ne me plaît, je vote blanc. On me dit que ça ne sert à rien mais pourtant j’exerce mon droit et cela me permet de donner mon opinion et de faire des commentaires en connaissance de cause. Sinon, c’est trop facile de se plaindre ensuite après s’être abstenu de prendre une décision. Le vote blanc en est une même si pour le moment, il n’est pas compté. Mais un jour peut-être.

  • Venez donc en Thaïlande, j’y suis depuis 12 ans …

  • La solution est simple: « nul ne peut être élu s’il n’a pas reçu les voix de plus de 50% des inscrits ».
    Elle existe dans certains pays….

  • Il y a quarante-deux ans que j’ai le droit de vote, et je crois bien n’avoir quasiment jamais manqué aucun scrutin, sauf une fois où j’étais sur une table d’opération.
    Pourtant, dimanche dernier, le 28 juin, j’ai choisi de ne PAS aller voter, non pas par crainte d’un quelconque virus hypermédiatisé, mais par écœurement face au manque de spécificité des trois candidats qui restaient en lice dans ma ville. Tous trois promettaient la même chose : de la sécurité, de la solidarité, du bon sens et que sais-je encore… Alors lorsque trois candidats sont si semblables, quel est l’intérêt de choisir ? Et sur quels critères ? La couleur de la cravate ? La prestance ? La facilité d’élocution ?
    Comment choisir entre des candidats qui avancent des « promesses » si vagues et que de toute façon ils s’empresseront de ne pas tenir ?
    L’abstention n’a pas fini de gagner du terrain, et il est regrettable que cette fois ci, un virus tapageur ait permis aux analystes politiques de ne pas voir ce qu’ils voulaient précisément ne pas voir !

  • La République est à bout de souffle, ainsi que tous ceux qui s’identifient encore à elle. Et ils sont nombreux. Seuls continuent à tenir le crachoir ceux dont elle constitue le gagne pain.

    L’état républicain obèse s’effondre sous le poids de son incurie et il entraîne la démocratie avec lui. Car voter aujourd’hui est un acte vain qui consiste à désigner un pervers narcissique pour remplacer un autre pervers narcissique…

    Autant rester chez soi et cultiver son jardin en contemplant une chute que rien ne semble pouvoir arrêter.

    Dieu sait ce qui nous attend…

  • La République en oubliant qu’elle n’était qu’un régime politique imparfait tenu à la modestie et en se transformant en religion (n’est-ce-pas monsieur Bartolone?) tue la démocratie et affaiblit la France.

  • Concernant la crédibilité des « programmes ».
    L’on ne peut qu’être concerné par le fait que, bien que désirant être au pouvoir depuis généralement longtemps, nos hommes politiques s’ils arrivent (par surprise ?) au pouvoir n’ont rien dans leurs cartons et se livrent à de l’improvisation « crasse », découvrent les problèmes « en avançant »…
    Je citerais la réforme de la retraite qui en est un excellent exemple.
    On peut leur reprocher l’absence de vision…mais comment peuvent ils en avoir une (propre à eux, pas celle prédigérée des IEP/ENA) s’ils n’ont rien analysé profondément auparavant ?
    Macron avait tout simplifié en assumant son absence de programme : il fallait lui faire confiance…c’est tout ! et penser printemps bien entendu.

  • Les commentaires sont fermés.

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