L’ISF de retour avec le Covid ?

Avec la crise du Covid les idées de faire revenir l’ISF fleurissent.

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L’ISF de retour avec le Covid ?

Publié le 25 mai 2020
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Par Xavier Fontanet.

Avec la crise du Covid les idées de faire revenir l’ISF fleurissent. On retrouve toujours les mêmes, un certain nombre de journalistes qui se sont passé le mot, des politiques qui profitent pour ressasser leurs dogmes et aussi des économistes engagés.

Dans une société démocratique et ouverte cela est tout à fait normal. Rappelons simplement qu’un économiste c’est exactement comme un médecin qui peut se tromper lourdement, même si il est travailleur, informé, diplômé, voire même lauréat de grands prix. Quand cet économiste est militant il y a davantage de chances qu’il s’égare en mettant sa discipline au service de ses convictions.

Il est utile de rappeler que Friederich von Hayek, pourtant récipiendaire, était contre le concept même du prix Nobel d’économie car il considérait que cette science n’était pas encore assez solide pour faire l’objet d’un prix qui donnerait un tel poids à ses lauréats.

Il existe deux concepts simples qu’il faudrait leur expliquer.

Tout d’abord l’idée que toute action entraîne une réaction en sens inverse, d’autant plus forte qu’elle a mis du temps à se mettre en place ; il ne faut pas juger une politique sans tenir compte des réactions qu’elle a provoquées. On ne peut pas parler d’ISF sans évoquer l’exil qui l’a suivi.

La deuxième idée c’est qu’il y a des politiques à effet instantané et des politiques où les effets se cumulent, ce qui est évidemment le cas de l’ISF qui a duré 14 années.

L’ISF cause des fuites

Le groupe Rexecode a fait un calcul en se fondant sur les chiffres de Bercy : il suggère qu’au moment où il a pris fin, la perte annuelle de PIB s’évaluait à 45 milliards à cause des fuites de capital et de talents. La perte est évidemment sans commune mesure avec le cash annuel collecté par Bercy.

Ce résultat est d’autant plus inquiétant que certaines agences étrangères spécialisées dans le recensement des millionnaires dans tous les pays et capables de mesurer les flux par les différences de stock donnent des chiffres d’exil beaucoup plus importants. Elles classent la France comme le premier exportateur de millionnaires après la Chine et l’Inde. Ces chiffres recoupent les intuitions de tous ceux qui voyagent beaucoup et voient sur le terrain le formidable exil de nos compatriotes à l’œuvre depuis 20 ans.

Une façon simple de prendre la mesure de la saignée est de lire les journaux suisses publiant chaque année la liste des premières fortunes. Dans un seul canton, sur les 26, les fortunes d’origine française cumulées supérieures à 100 millions s’élevaient à 70 milliards.

L’exode actuel est probablement de la même violence que celui qui a sévi lors de l’abolition de l’Édit de Nantes et a alimenté la Prusse pour ne citer que ce pays de talents, de capitaux français et de savoir-faire dans les domaines du textile, de l’horlogerie et de l’agriculture.

Pratiquement tous les pays du monde ont aboli l’ISF puisque les bonnes politiques publiques consistent précisément à attirer les entrepreneurs comme l’a fait intelligemment Frédéric Guillaume en son temps. Ajoutons que l’idée même de réintroduire l’idée de l’ISF décourage actuellement les retours qui commençaient à s’envisager. Il suffit d’avoir des expatriés parmi ses proches pour s’en rendre compte.

Il faut faire comprendre aux Français que ceux qui risquent leur argent contre des concurrents étrangers pour créer de l’emploi sur le sol national (dans un pays averse au risque) rendent en fait un service immense au pays. Cet argent ne devrait pas être pris en compte dans la mesure de la richesse, ce qui a d’ailleurs été l’idée sous-jacente à propos de l’IFI.

Une solution beaucoup plus simple

Si l’on veut que chaque Français bénéficie de la création de richesse en provenance de l’entreprise, une solution beaucoup plus simple est de remettre l’accent sur l’actionnariat salarié.

L’ISF démotive l’entrepreneur, il fait fuir l’actionnaire alors que l’actionnariat salarié motive tout le monde. La démonstration de son efficacité économique est simple : les études montrent que les entreprises à fort actionnariat salarié sont en moyenne plus rentables. La France dispose en la matière d’une solide expérience sur laquelle on peut s’appuyer.

Une autre preuve de l’intérêt de revenir à l’actionnariat salarié (et c’est peut être la meilleure) vient paradoxalement de ceux mêmes qui veulent rétablir l’ISF, et mettent en évidence le fait que la rentabilité de long terme du capital est plus élevée que la croissance de l’économie en dépit des crises temporaires ! Pardi, si la valeur va au capital comme ils le disent, hé bien ! associons-y significativement les salariés.

On peut aussi faire de même pour nos fonctionnaires en créant des fonds diversifiés dans lesquels investir une partie de leur rémunération. Il y a d’ailleurs un début d’expérience très satisfaisante avec la Prefon.

On ajoutera pour conclure que c’est une façon élégante de contribuer à la solution du problème lancinant de la retraite, comme le démontrent de façon éloquente les entreprises ayant pratiqué l’actionnariat salarié depuis longtemps.

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  • Il est totalement illusoire de penser que la croissance en France va repartir: avec un boulet au pied on ne peut pas courir. Il faut d’urgence baisser les impôts, les contributions et les charges qui bloquent toute croissance depuis des années.

  • Oui, l’ISF est un boulet pour les pays qui le pratique.
    Mais dans un pays aussi nul en économie que la France où même certaines élites économiques préfèrent leurs dogmes collectivistes à la réalité des faits, on peut tout craindre.
    En plus, d’un point de vue moral, la taxation du capital (pas de ses revenus) est un vol pur et simple.
    Le capital accumulé est le fruit de l’épargne, c’est-à-dire de revenus taxés économisés.
    Il s’agit donc d’impôt sur de l’impôt interdit en droit français.
    Cela vaut également pour les droits de succession.
    Comment alors, un « honnête homme » peut-il accepter de rester en France ou ne pas rêver de ne pas s’en évader?

  • L’ISF des autres c’est le hochet du français moyen, on ne peut pas le lui confisquer sans qu’il fasse un caca nerveux.
    « Rendez nous l’ISF! » vocifèrent-ils en masse.
    Il faut le leur rendre pour Noël même si c’est ruineux.

  • Les corporations qui sont au sommet de l’énorme bureaucratie sombrent dans l’hystérie au fur et à mesure que les sources de revenus tarissent et que la France s’enfonce dans la faillite.
    Les pouvoirs corporatistes affaiblis luttent pour le pouvoir, mais leur capacité de blocage et de nuisance sont intacts. Ceux qui arrivent au sommet, faibles et incapables par nature ne maîtrisent plus grand-chose il n’y a plus de réelle gouvernance et plus aucune rationalité dans les décisions politiques.
    L’ISF ou bien d’autres dispositifs de pillages et de vaines tentatives de contrôle jacobin et collectiviste ont donc vocation à revenir encore et encore.
    .
    Il ne faut pas aller chercher plus loin que le déclin et la chute d’un pays et d’un régime pour comprendre les politiques à venir.

  • Ou ne pas rêver de s’en évader…….
    Sorry

  • Les pauvres, qui n’ont jamais rien compris à l’économie, ne voient pas qu’eux seuls ont assez d’argent pour alimenter le moloch tant ils sont nombreux. En taxant les riches, ce qui se voit, le produit de cette taxe, est négligeable par rapport aux besoins du mammouth et ce qui ne se voit pas (fuite des riches et de leurs capitaux) compense bien au delà le faible produit de la taxe.
    Bilan: très négatif, comme beaucoup d’idées de ce genre à base d’idéologie collectiviste.

  •  » Le socialisme, c’est toujours l’histoire d’une spoliation méthodique exercée aux dépens du peuple.
    Les unes après les autres, les catégories sociales et professionnelles se font arracher progressivement leur bien.
    Puisque les besoins sont sans limite, la spoliation l’est aussi. Elle ne cesse qu’avec le dépouillement complet des victimes.
    Malheureusement pour l’oligarchie au pouvoir, les dites victimes viennent ensuite grossir la masse des assistés, ce qui oblige à de nouvelles spoliations exercées contre des catégories de moins en moins aisées.
    Quand il n’y a plus de gens à dépouiller, le socialisme redistributeur cesse et se fait violent afin d’étouffer le mécontentement général.  »

    Claude Reichman

  • L’Impôt sur la fortune (ISF) est économiquement l’impôt le plus con du monde.

  • Les politiques ont raison de surfer sur la vague du retour de l’ISF. C’est profondément encré dans la tête des Français, le marché est demandeur…

  • Toute taxe qui détruit son assiette est stupide. C’est le cas de l’ISF. C’est le cas de tout impôt sur le stock de capital. On ne peut durablement taxer que des flux, c’est-à-dire les revenus, à condition de ne pas taxer ces revenus au delà d’un seuil qui les décourage (Laffer).

    A ce titre, l’ancien ISF n’était qu’une taxe supplémentaire sur les revenus, un supplément d’IS au taux finement ouvragé de telle sorte qu’il ne pouvait généralement pas entamer le capital dans la plupart des cas (sauf sur l’île de Ré). En revanche, il était suffisamment élevé pour décourager les bonnes volontés et provoquer leur fuite, loin de l’enfer fiscal. Bilan de l’ISF : entre 1,5 et 2 millions de chômeurs supplémentaires en France, au bas mot.

    Pour satisfaire les exigences des idéologues les plus agités du bocal, on pourrait proposer de réserver un nouvel ISF aux capitaux placés en titres publics. Puisque les taux sont désormais négatifs, l’ISF se transformerait en impôt négatif subventionnant ceux qui prêtent encore à l’Etat en faillite avec un entêtement remarquable. Ainsi, tout le monde serait heureux : les marxistes parce que la fortune serait officiellement taxée, les capitalistes (de connivence) parce qu’ils seraient subventionnés. Quitte à faire dans l’absurde (l’ISF est le comble de l’absurde fiscal), autant y aller à fond et convoquer à dîner à Bercy tous les idiots utiles qui s’y bousculent.

  • Attention, en France la définition de l’actionnariat salarié n’est pas simplement un salarié actionnaire. La notion d’actionnariat salarié est une usine à gaz avec des contraintes par ci par là
    https://www.lafinancepourtous.com/pratique/vie-pro/epargne-salariale-2/salarie-et-actionnaire/actionnaire-de-son-entreprise/actionnaire-salarie-qu-est-ce-que-c-est/

  • Les commentaires sont fermés.

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