Adieu Liberté, pour 30 ans ?

Pour une majorité des Français, le chaos actuel est le résultat direct de la mise en œuvre, depuis 18 mois, d’une politique perçue à tort comme libérale.

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Liberty by Zoli Juhasz (CC BY-NC-ND 2.0)

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Adieu Liberté, pour 30 ans ?

Publié le 24 décembre 2018
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Par Olivier Myard.

Pour une majorité des Français, le chaos actuel est le résultat direct de la mise en œuvre, depuis 18 mois, d’une politique perçue à tort comme libérale.

Cette erreur de jugement risque de plomber l’idée de liberté économique en France pour 30 ans.

Dans la grande tradition de l’École de Vienne, la liberté individuelle, avec un État assurant au meilleur coût ses fonctions régaliennes (ordre public, défense du territoire, protection des droits de chacun y compris ceux des individus les plus vulnérables), permet à chacun de mettre en oeuvre ses talents pour développer l’activité, et donc l’emploi, les rentrées fiscales, pour le plus grand profit de la société dans son ensemble.

La France, qui culmine à 46,2 % de prélèvements obligatoires en 2017 (source OCDE), devançant désormais le Danemark et la Belgique, est bien loin de cet idéal avec un État omniprésent contrôlant 57 % de l’économie.

Mais pour l’électorat, la politique mise en oeuvre depuis mai 2017 est « libérale ». Il s’agissait en effet, à en croire le discours du nouveau gouvernement, de libérer l’économie française et réformer sans tabou ni entrave.

La diabolique dynamique des « 3L »

C’était sans compter la dynamique diabolique de la Cinquième République depuis l’instauration du quinquennat, celle des 3L.

Les 3L rythment la vie politique française et se résument par « d’abord on lèche, puis on lâche, enfin on lynche ».

Sarkozy et Hollande ont tous les deux connu ces trois séquences successives.

Comme toujours avec Emmanuel Macron, tout a commencé par un « état de grâce », le monde entier était en admiration pour notre président, si jeune, si séduisant, si volontaire… Le premier « L » de la lèche.

À peine plus d’un an après l’élection, toute une série de signaux ont commencé à éroder cet appui populaire, le point d’orgue ayant été constitué, au début de l’été, par l’affaire Benalla. Ce fut le deuxième « L », celui du lâchage.

À partir de là, tout s’est enrayé, au point de nous faire assister à la situation actuelle, au caractère quasi-insurrectionnel, rythmé par les cris de « Macron démission ». Le troisième « L », celui du lynchage, est en place.

Cette fois-ci, cette étape obligée du mandat présidentiel revêt un caractère dramatique et une intensité rarement atteinte dans le passé (hormis lors des épisodes révolutionnaires).

En conséquence, il est fort à craindre que « l’élan réformateur » du début du quinquennat soit stoppé net.

Libérer l’économie en France serait une mission impossible

Un des symptômes de ce « mal français », pour reprendre l’expression d’Alain Peyrefitte, l’ancien ministre du Général de Gaulle, est la résurgence du débat sur l’ISF, impôt ô combien populaire, mais réduit à son volet immobilier

Même si le président en a exclu toute résurrection dans son volet financier, la tentation est forte d’apaiser les Gilets jaunes, tout en créant de nouvelles recettes fiscales– bien qu’il s’agisse d’un impôt imbécile, destructeur d’emplois.

Lorsqu’il l’a supprimé, le gouvernement a surtout communiqué sur l’attractivité de notre pays et le concept, qu’il voulait exterminer, d’Incitation à Sortir de France. Deux idées peu parlantes pour la quasi-totalité de nos concitoyens.

Pourtant parmi les nombreux défauts de cet impôt, il y avait encore pire : les conséquences désastreuses pour notre économie en matière de développement des entreprises et de création d’emplois.

Comment l’ISF pèse sur les entreprises

L’ISF forçait en effet les actionnaires d’entreprises familiales à exiger de gros dividendes, pour non seulement assurer leur train de vie mais aussi financer leur contribution à l’ISF. S’ils n’avaient pas les capacités nécessaires à l’accès à un poste de direction au sein de l’entreprise familiale, ils ne pouvaient défendre que leur patrimoine était leur outil de travail et ne bénéficiaient donc pas d’exonération.

Résultat, la solidité financière de ces entreprises, versant trop de dividendes, était laminée. Cela handicapait leurs perspectives de développement et donc de création d’emplois et, à terme, de génération des ressources fiscales supplémentaires.

Ré-instituer l’ISF reviendrait à se tirer une balle dans le pied et à lâcher la lutte contre le chômage et les déficits publics.

La droite conservatrice française, de retour au pouvoir en 1986, bien consciente de ce fardeau pour l’économie, avait immédiatement supprimé ce qui était alors l’IGF (impôt sur les grandes fortunes, ancêtre de l’ISF). Elle a perdu les élections deux ans plus tard. La leçon fut retenue.

Traumatisée, la droite attendra près de 30 ans avant d’oser introduire à nouveau cette réforme dans son programme électoral…

L’échec radical du gouvernement actuel, que l’opinion va attribuer à la mise en oeuvre de réformes économiques perçues comme libérales, va-t-il évacuer de l’agenda politique le concept de libéralisme en France jusqu’en 2048 ?

Si cela se vérifiait, les opportunités d’investissement dynamique risqueraient de se raréfier en France, incitant les épargnants à se placer plutôt sur des supports diversifiés internationalement.

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  • Il n’y a rien de libéral en france.
    Le terme « libéral » sers d’épouvantail au socialisme décadent qui a échoué ..
    la france est dirigée par l’administration , comme la chine , c’st un capitalisme d’etat . rien d’autre

    • Et encore, c’est surtout une connivence d’état, parce que le capital a tendance à manquer. La Chine est un despotisme économiquement éclairé, la France une obscure démocratie.

    • C’est un succès formidable de la gauche française, d’avoir réussi à dévoyer le sens du mot « libéral »! J’ai même entendu dire par un détracteur de Hollande que ce dernier avait fait une politique libérale!

  • C’est vrai depuis 1974, période du dernier budget équilibré et voté par le Parlement, la France a toujours été gouvernée soit par le Socialisme, soit par le Capitalisme déséquilibré et opportun. Il sera difficile de revenir au seul Capitalisme équilibré que je souhaiterai, le Capitalisme Rhénan, le seul capable d’apporter la Justice en France.

  • Personne ne fera rien . Ceux qui pourraient être efficaces vivent du système. Les contributeurs n ont aucun pouvoir sauf celui de partir. Mais un tel système est programmé pour mourir, il tombera de lui même, avec fracas. Le plus triste est qu il tombera loin de ceux qui l ont créé.

  • cela montre à celles et ceux qui avaient encore un doute, du niveau moyen des Français en économie politique.

  • Le discours de Macron a été bien reçu par certains « libéraux » qui voulaient se venger de Fillon, seul en position pourtant pour faire vraiment quelque chose.
    Qu’avions nous à faire de Pénélope ? Lui aurait effectivement supprimé les 35h, totalement supprimé l’ISF, mis la retraite à 65 ans et planifié la suppression de 500 000 inutiles fonctionnaires.

    De quoi faire tirer sur la foule avec de vraies bonnes raisons.

    La totale inaction du gamin taré est patente: il ne fait strictement rien et l’arrêt des « réformes » ne changera rien. Tout ce qu’on espère c’est sa destitution par une foule qui a raison de vouloir sa peau.
    En 1789, pas besoin de tièdes…

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