L’Allemagne, sur la voie de la rédemption énergétique ?

L’Allemagne est aujourd’hui dans une impasse énergétique et voit sa stratégie verte vaciller. Le pays se tournera-t-il vers le nucléaire qu’il a longtemps renié ?

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L’Allemagne, sur la voie de la rédemption énergétique ?

Publié le 19 octobre 2023
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Après l’échec cuisant de sa transition énergétique, nommée Energiewende, inefficace et de plus en plus impopulaire, fondée sur des éoliennes et des panneaux solaires, l’Allemagne devra bientôt aller à Canossa en redéveloppant l’énergie nucléaire si elle souhaite vraiment se passer du gaz et du charbon.

Ira-t-elle à genoux ou existe-t-il une sortie honorable ?

 

Deux modèles énergétiques incompatibles

Entre la France pronucléaire et l’Allemagne antinucléaire, pro-renouvelables… (et aussi pro-gaz russe et charbon allemand), la stratégie énergétique pour l’Europe constitue un sujet de discorde. Et ce d’autant plus que Berlin veut imposer son « modèle » énergétique délirant à toute l’Europe.

L’Allemagne fait dorénavant face à une crise énergétique majeure qui ébranle son économie et son industrie. Son Energiewende, tant vantée par les institutions de l’Union européenne sous influence allemande et par certains mouvements écologistes, vacille.

L’Allemagne utilise toujours ses centrales au lignite issu de son sous-sol, un combustible de mauvaise qualité encore plus émetteur de carbone et de CO2 que le charbon. La colère monte dans le pays contre une stratégie coûteuse, voire ruineuse, qui met en péril la souveraineté du pays, et inefficace pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre.

Or, les institutions européennes veulent imposer cette hérésie à l’Union européenne. Peu importe que le prix de l’électricité s’envole, et que cette stratégie soit inefficace pour réduire les émissions de gaz à effet de serre : l’Allemagne émet toujours deux fois plus de CO2 que la France par habitant.

De plus, les baisses d’émissions de carbone réalisées par l’Allemagne depuis 1990 résultent surtout des fermetures de vieilles usines polluantes de l’ex-Allemagne de l’Est.

 

Remplacer le charbon par le gaz… russe

Le gaz russe (dont l’Allemagne dépendait pour 52 % avant la guerre en Ukraine) bon marché indispensable à son industrie et au chauffage des habitations, devait constituer la pierre angulaire de la stratégie allemande fondée sur des énergies renouvelables intermittentes (éolien et solaire) et caractérisée par l’abandon du nucléaire.

Dans le domaine de l’énergie, l’idéologie et les sombres calculs politiques prennent souvent le pas sur la réalité.

Déjà, il y a deux ans, la Cour des comptes allemande dénonçait une Energiewende dispendieuse et inefficace. Mais l’Allemagne continue à vouloir l’imposer à l’Europe et à s’opposer au modèle nucléaire français à Bruxelles par tous les moyens.

L’Allemagne continuera donc à s’appuyer sur les capacités traditionnelles de production d’électricité à base de gaz et de charbon !

Les centrales à gaz émettant presque deux fois moins de CO2 (400 g/kWh) que celles à charbon (800 à 900 g/kWh) ont permis à l’Allemagne d’afficher une réduction sensible de ses émissions de CO2 pendant quelques années.

Cette substitution a pu masquer un temps la supercherie de l’Energiewende.

 

Le lignite, encore pire que le charbon

Sur injonction de l’Allemagne, les institutions européennes ont donc placé quasiment sur le même plan l’électronucléaire 100 fois moins émetteur de CO2 (4 g/kWh) que le gaz (400 gCO2/kWh).

Et, cerise sur le gâteau, le gaz est considéré comme une énergie… de transition qui durera certainement très longtemps. Et personne ne semble remarquer cette aberration à la Commission européenne ! De qui se moque l’Allemagne ?

Contrainte d’importer massivement par bateaux du gaz naturel liquéfié (GNL) des États-Unis et du Qatar pour remplacer le gaz russe qui arrivait par gazoduc, l’Allemagne doit adapter ses infrastructures, ce qui prendra du temps.

Le 4 octobre 2023, elle a donc annoncé le maintien en fonctionnement de ses vieilles centrales au lignite qui viendront s’ajouter à ses 45 gigawatts de centrales au charbon encore existantes…

 

Une opposition de plus en plus forte

L’Energiewende se heurte à une opposition de plus en plus forte à l’installation de nouvelles éoliennes terrestres.

Le projet de loi obligeant les Allemands à remplacer les chaudières à gaz et à mazout par des pompes à chaleur présenté au printemps par le ministre allemand de l’Économie et codirigeant du parti des Verts (Robert Habeck) a provoqué une levée de boucliers contre le « fascisme vert ».

Environ 80 % des bâtiments allemands sont toujours chauffés par des combustibles fossiles (gaz, mazout et charbon). Et les pompes à chaleur consomment beaucoup d’électricité « carbonée », notamment en hiver, les nuits sans vent…

Par ailleurs, aucune technologie efficace et rentable de stockage d’électricité à grande échelle industrielle n’est en vue pour lisser les productions intempestives éoliennes et photovoltaïques.

 

Paranoïa électrique en Allemagne

La crainte que le nucléaire français fasse de l’ombre à l’industrie allemande tourne à la paranoïa chez certains politiciens allemands.

Depuis plusieurs mois, Olaf Scholz et son entourage ruminent contre le nucléaire français et l’avantage compétitif que l’atome donne à la France. L’Allemagne refuse farouchement d’inclure le nucléaire (français ou non) dans les textes européens traçant l’avenir énergétique de l’Union européenne, et son affolement devant la montée d’une opinion favorable au nucléaire en Europe se transforme en paranoïa.

Ainsi, selon une rumeur qui a circulé au sommet de la chancellerie allemande, EDF aurait démarché des entreprises en Allemagne pour les inciter à s’installer en France en leur proposant des contrats d’approvisionnement électrique de long terme à prix cassé.

Or, EDF n’a aucun intérêt à effectuer une telle démarche alors qu’elle doit financer la relance du parc nucléaire français ainsi que le grand carénage des réacteurs existants.

 

Le criminel abandon du nucléaire par l’Allemagne

Une récente note de l’Institut français des relations internationales (IFRI) souligne les défis du « modèle » allemand :

« La flambée des prix de l’énergie constitue un frein à la production et un problème de compétitivité globale de l’industrie ».

Cela affecte les secteurs à forte intensité énergétique, tels que la chimie, la métallurgie ou la verrerie, qui représentent près du quart des emplois industriels.

Le risque de désindustrialisation de l’Allemagne est grand au regard de l’attractivité du prix de l’électricité en France, et surtout des marchés chinois et américain. Le tiers des entreprises allemandes (32 %) privilégierait les projets d’investissements à l’étranger par rapport au territoire national, soit deux fois plus en une année.

L’Allemagne s’inquiète tardivement après avoir joué à la roulette russe en développant à tout prix les ruineuses énergies intermittentes du vent et du soleil. Elle a fait un choix idéologique irréaliste avec des alliances électorales de court terme. Elle a ainsi détruit sa production d’électricité nucléaire peu émettrice de gaz à effet de serre en s’appuyant sur le charbon et le gaz au détriment du climat, malgré ses annonces fumeuses sur les énergies renouvelables.

Les solutions pour sortir de cette impasse seront-elles nationales ou franco-allemandes avec l’aide de la production électronucléaire française honnie durant près de vingt ans ?

Devant la nécessité (qui fait toujours loi…), l’Allemagne aura bientôt la révélation des avantages du nucléaire. Son chemin de Damas sera douloureux, mais la rédemption de l’Allemagne réhabilitant le nucléaire chez elle et dans toute l’Europe semble proche.

Voir les commentaires (8)

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  • Malheureusement, une réforme réaliste du marché européen de l’électricité, n’est pas pour les prochains mois. L’Allemagne vient ENCORE de marquer un point. Il semblerait que TOUTES les erreurs commises ces dernières années, n’apportent pas encore de changement perceptible au niveau des prix du kWh Français : https://x.com/f_philippot/status/1714532522992746979?s=20

  • M. Gay, que se passerait-il si un homme politique courageux claquait la porte de ce marché de l’électricité qui nous ruine?

  • Un jour viendra où les décideurs écouteront les compétents..et tout ce passera bien…
    le retour du despotisme éclairé…

    certes…le gaz russe fait vaciller le truc ou met en évidence les problèmes de leur POLITIQUE .. , reste que ..nous aussi nous inscrivons dans un projet de fin de l’utlisation des fossiles.. surtout de promesses..

    quant à l’industrie le temps n’etspas si ancien que les POLITIQUES. .nous expliquaient t que l’industrie était has been…le passé…la sidérurgie mais vous n’y pensez pas..

    voyez vous le suicide c’est bien triste, le meurtre est un crime…
    quand un pays tout entier a peur du nucleaire, et veut se passer de fossile.. tout en voulant réduire l’impact environmental de son agriculture.. .eh bien grand bien lui fasse…
    je demande juste qu »on ne le fasse pas par pays mais par personne..

    et l’allemagne ne peut rien nous imposer… que nous n’accpetions..et négocions … comme si la France était championne « politique »… parce qu’elle était championne nucléaire..

    Et ce ,JUSTEMENT, en contradiction avec l’idée que l’ueserait une zone de libre échange!!!! ou les gouvernements devraient intervenir à minima dans les échanges..

    on peut ironiser sur le fait que les allemands importent du nucleaire…mais … ne « nous » interdisons nous pas le gaz de schiste..

    construire des centrales nucellaires, mais aussi de l’éolien et de PV etc, c’est émettre du CO2 contre des promesses de moins en émettre plus tard…

    sauf que si plus tard .l’utilisation de fossile est toujours associée à la production de richesse.. c’est remettre à plus tard La promesse de s’abstenir volontairement… je doute!!!! et je douterai tant que le politique n’aura pas de responsabilité engagée.. pourquoi se gêneraient ils????

    tiens la création de l’euro….et les règles budgétaires pour éviter les dérives..

    si on imaginait un plan de financement du nucelaire , certes t sous l’égide du gouvernement puisque vous voulez tous du politique, par exemple qui garantisse à ceux qui le paye actuellement un retour sur investissement …

    parce que ce qu’on voit et ce qu’on a vu c’est les politiques réussir à mettre edf dans le rouge…via par exemple les politiques tarifaires..

    en gros toi l’épargant tu as payé la centrale…et toi le contribuable tu paieras le jus de ton voisin..

    Le mode de fonctionnement du français, même si il n’a pas contribué, est que ce qui est public lui appartient..et que il ne doit payer cher quand il n’exige pas la gratuité d’usage…yaka faire payer les riches..

    le partisan du nucléaire d’état en france se dit..je sais cela , mais je paierais sans doute moins cher et j’aurais du jus ..du moins je pense…

    agir sur le climat? ça se joue dans les pays en développement..
    reste …la speculation sur le prix de l’énergie fossile .. qui va dans le sens e du nucléaire..
    au bon moment!!!!

    c’es assez similaire à isoler sa maison…

    est ce que ça vaut la peine pour moi. .d’emprunter pour isoler ma maison… la réponse est oui quand je peux emprunter l’argent des autres.. et promettre que plus tard….

    .. bon je dois voir la France comme celle qui a fait le bon pari industriel avec le nucléaire mais je ne dois rien conclure de la désindustrialisation plus forte quai a eu lieu en france durant la meme période…

    et macron ferme Fessenheim..

  • tout lemonde veut lue…meme mélenchon..

    l’ue est supposée être fondée sur le libre échange au sein de l’union.. … le libre échange entre pays conduit d’ailleurs à une pression sur les faux services publiques.. et remet la souveraineté à sa place…OU BIEN les membres agissent de concert pour mettre en place des faux services publics européens au grand bonheur des bureaucrates..

    si vous êtes souverainiste « absolu » … c’est à dire si vous volez que l’etat controle l’énergie… vous devez quitter lue… ou arrétez de vous plaindre..

    en gros comment diable la france peut elle commercer avec l’allemagne..quand les deux pays ont des faux prix de l’lectricté??? eh bien comme cela se fait maintenant…

    • Oui mais très honnêtement, je ne pense pas que l’organisation du marché de électricité ait actuellement quelque chose à voir avec du libéralisme. Comme le dit H.Proglio ( ancien directeur EDF) on a mis en place un système de tradeurs subventionnés qui s’enrichissent sur le dos des clients. ça ne peut rien donner de bon et c’est probablement bien pire que le monopole qu’on avait avant…

  • L’avenir des consommateurs français d’électricité, selon Le Figaro, va s’améliorer dans les prochains mois, suite au nouvel accord européen… Comprenne qui pourra !
    https://www.lefigaro.fr/conjoncture/prix-de-l-electricite-ce-qui-pourrait-changer-pour-les-consommateurs-avec-le-nouvel-accord-europeen-20231018

  • Des pompes à chaleur dans des pays nordiques, foutage de gueule, en dessous de zéro…….

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