Université d’été d’Aix-en-Provence : un rendez-vous des libéraux qui a tenu toutes ses promesses

Retour sur la dernière Université d’été d’Aix-en-Provence, qui a réuni des libéraux du monde entier et de toutes générations.

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Université d’été d’Aix-en-Provence : un rendez-vous des libéraux qui a tenu toutes ses promesses

Publié le 16 août 2023
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La pensée libérale et ses promoteurs sont bien vivants et actifs dans notre Hexagone, et au-delà.

Pour ceux qui en douteraient, la récente édition de L’Université d’été d’Aix-en-Provence en a apporté une preuve éclatante. Grâce aux efforts conjoints de l’IREF et de l’IES-Europe, ce rendez-vous des libéraux qui a pris longtemps le nom d’Université d’Été des Nouveaux Économistes — première édition en 1978 ! — s’est en effet de nouveau tenu dans la cité ensoleillée d’Aix-en-Provence et les locaux accueillants de sa Faculté de Droit les 20, 21 et 22 juillet dernier.

Retour sur ces trois jours.

 

Les libéraux sont toujours présents

Première bonne surprise : le nombre de participants.

On pense trop souvent que les libéraux de France pourraient tenir dans une cabine téléphonique (une expression qu’il faudra bientôt expliquer aux enfants de la génération smartphone…) C’est faux. Plus de 150 personnes ont suivi les conférences et débats tout au long de ces trois jours, et cela malgré quatre années sans Université d’été — le covid expliquant en large partie cette pause — et des absences liées à la période estivale.

Deuxième surprise agréable : les jeunes sont au rendez-vous.

C’est certes avec grand plaisir que nous retrouvons des visages bien connus, des habitués de l’Université d’été qui ont consacré toute une vie à l’approfondissement et la diffusion des idées libérales — les Henri Lepage, Jacques Garello, Philippe Nemo, Max Falque, Mario Rizzo, Jean-Philippe Delsol, Steven Davies, Jean-Philippe Feldman, George Selgin, David Schmidtz, Enrico Colombatto et bien d’autres encore.  Mais c’est un plaisir tout aussi grand de découvrir des visages nouveaux. Et, pour beaucoup, jeunes.

Au-delà du croisement des générations, c’est la diversité des provenances qui surprend.

Ici, l’économiste côtoie le philosophe, le juriste, l’historien, le sociologue, le scientifique et l’homme d’affaires. Mais encore, profitant du travail d’IES-Europe qui depuis 1989 parcourt l’Europe pour introduire les jeunes étudiants et jeunes think-tanks à la pensée libérale, le Français échange avec l’Italien, le Polonais, le Roumain, l’Ukrainien, l’Anglais, le Marocain, l’Américain, l’Égyptien, le Tchèque ou le Suisse. On ne peut s’empêcher de penser aux lettres rédigées par Voltaire à son retour d’Angleterre, dans lesquelles il s’émerveillait de l’ouverture et de la tolérance qu’il avait observées dans un pays imprégné des principes de liberté.

L’ambiance, vous l’aurez compris, était donc autant festive qu’estivale.

Elle n’en était pas moins studieuse pour autant du fait, entre autres, de la qualité des intervenants qui, tour à tour, ont partagé leurs analyses du thème choisi pour cette nouvelle édition de l’Université d’été.

J’ai déjà cité quelques-uns des « anciens » parmi ces intervenants, mais nous avons aussi bénéficié des apports de nombreux chercheurs de plus jeunes générations.

Pour me limiter qu’aux Français, nous avons eu la chance d’écouter Pierre Bentata, Nathalie Janson, Yorick de Mombynes, Emmanuel Martin, François Facchini, Nicolas Lecaussin, Renaud Fillieule, Nikolai Wenzel, Elisabeth Krecké, Antoine Gentier, Daniel Dufort et encore Erwan Queinnec.

 

Comment gérer les crises

Mais quel était le thème central de cette Université d’été ?

Il était incontestablement d’actualité : comment gérer les crises qui frappent nos sociétés, et comment, si possible, les prévenir !

Vaste thème ! On pense évidemment à la crise du covid, aux crises financières, à la crise des finances publiques, aux crises monétaires, aux questions liées à l’environnement, à l’énergie, au réchauffement, ou encore à des crises culturelles (paternalisme, wokisme, intégration…), ou aux crises que pourrait engendrer le développement de nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle. Chacune de ces crises — avérée, potentielle ou fantasmée — a fait l’objet d’une session et de débats animés par les intervenants, nourris par les questions des participants.

Il est impossible en quelques lignes de rendre compte ici de la richesse de ces échanges.

Fort heureusement, des comptes rendus détaillés sont déjà disponibles en ligne, et les textes de la plupart des interventions seront publiés dans le prochain numéro du Journal des libertés. Les enregistrements vidéo des débats seront également prochainement disponibles sur les sites de l’IREF et d’IES-Europe. De quoi occuper nos soirées automnales et hivernales !

 

Trois enseignements

Pour le lecteur impatient, voici toutefois trois des nombreux enseignements que j’ai tirés de ces débats.

Le premier est que l’on doit savoir reconnaître une situation de crise.

Savoir affronter le risque plutôt que de l’ignorer est un trait de l’esprit libéral. Malheureusement, le déni est en train de devenir une spécialité européenne. On essaie de cacher la crise sous le tapis. On fait comme si le risque pouvait s’effacer d’un coup d’éponge. C’est ce que l’on a pu voir par exemple avec l’aujourd’hui célèbre « quoi qu’il en coûte ». Agir de la sorte ne résout bien évidemment rien et annonce des crises à venir plus sévères et plus générales.

Le deuxième enseignement, lié au premier, est que la crise est un appel à la prise de décision.

Les mots « crise » et « discernement » partagent d’ailleurs la même racine. D’une certaine façon, c’est à travers les crises que l’on affirme sa volonté, que l’on redéfinit sa motivation, que l’on trace un nouveau cap compatible avec notre objectif de long terme. La crise peut être salutaire si l’on sait identifier ses causes profondes et si l’on a le courage d’en tirer les enseignements. Rêver d’un monde sans crise n’est pas plus que cela : un rêve ! Mieux vaut apprendre à les affronter avec sérénité.

Ce qui conduit directement au troisième enseignement.

Pour bien gérer une crise, et savoir éventuellement la prévenir, il faut une connaissance adéquate. Or, cette connaissance ne se limite pas, loin de là, au savoir des experts — un savoir qui est d’ailleurs bien différent de ce que l’on imagine trop souvent. Pour bien faire face à la crise, il faut pouvoir mettre en œuvre les connaissances locales ; il faut un cadre décisionnel qui favorise les initiatives personnelles et collectives ; il faut aussi — c’était notre premier point — admettre que l’on fera inexorablement des erreurs, mais que celles-ci nous permettront de construire de meilleures solutions. Une recommandation du Prix Nobel Elinor Ostrom m’est revenue souvent à l’esprit au cours de ces débats : Think globally, act locally ! Les solutions à des problèmes globaux passeront par des initiatives locales.

 

C’est pourquoi une société libérale, respectueuse des libertés individuelles et du principe de subsidiarité, et non paralysée par le principe de précaution, sera bien mieux équipée pour éviter et pour gérer les crises.

Et c’est également pour cette raison que nous avons tiré un réconfort certain en constatant tout au long de cette Université d’été que, bien loin d’être en crise, le courant libéral est bien vivant et bien fort. Nul doute que la prochaine édition de ce rendez-vous estival confirmera cet élan si nécessaire pour l’avenir de tous.

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  • 150 personnes !
    Ah oui, quand même…
    Voilà qui s’appelle avoir le triomphe modeste.

    • Dans un pays marxiste, c’est déjà beaucoup 🙂

      D’ailleurs tout l’électorat libéral de france devait y être, les 99,9999% restant allant au congrès du parti socialiste

      • Considérer que la France est un pays marxiste.
        Qu’on est soit libéral soit socialiste.
        De deux choses l’une.
        Ou c’est de l’humour.
        Ou c’est le genre d’opinion qui, si elle est répandue dans les courants libéraux, ne peut que maintenir ceux-ci dans l’anonymat où ils se complaisent, à l’insu de leur plein gré.
        Question manichéisme bête et méchant, c’est du niveau de Sandrine Rousseau. Au moins elle parvient-elle à rayonner dans les médias.

  • La saga Universite d Eté perdure dans ce pays dit LIBERAL a 44% du PIB 🙂
    Mais pourquoi prendre le cliche sous l egide de Fernand POUILLON , dont les talents d ecrivain et d architecte sont malheureusement assombris …… pas a la gloire que ce que certain taxent de LIBERALISME !!

    -1
  • Les libéraux se sont-ils mis d’accord pour ne pas demander à voter pour LREM aux prochaines élections ? Sinon, ce n’est que du blabla politicien et non libéral… 😉

  • Vous souhaitez rendre le libéralisme populaire? Commencez par ne pas choisir la ville la plus chère de France pour votre université d’ été. Autrement dit, lâchez votre complexe de supériorité.

    • Et à 30 fois moins de convives que le congrès des experts-comptables…
      On évite de la ramener !

    • Et en prime, ça aura fait grogner les trolls !

      -1
    • Beaucoup de finesse dans votre analyse de l’événement : vous eussiez mieux fait d’analyser l’engouement pour le libéralisme. Respectueusement

      • Non c’est pas idiot.
        alors effectivement l’Université d’Aix est un terroir libéral important et tant mieux mais l’endroit n’est peut-être pas idéal et puis surtout ça aurait été bien de faire un peu plus de publicité dans contrepoints avant l’événement et pas après

  • «  » » » » » »Comment gérer les crises » » » » » »
    Il n’y a pas de crises; elles sont toutes inventées et on paye avec nos impôts les médias pour faire peur au peuple
    la crise du covid: oubliée ; on essaie de la faire revenir apès les fêtes de Bayonne
    la crise climatique :avec ses canicules ses sécheresses et ses incendies ; pas plus de victimes que dans le temps
    la crise énergétique: du pétrole il y en a pour trente ans et si on cherche un peu mieux pour 50 ans , du charbon pour 100 ans ; cela donne de la marge pour remettre le nucléaire en route
    La pollution : c’est absurde, il faut absolument repolluer
    Le Co2: c’est la base de la vie sur terre et cela fait pousser nos forêts qui nous donneront du bois pour nous chauffer quand le refroidissement climatique reviendra
    les aérosols : très bien pour augmenter l’albédo de l’atmosphère , nous éviter les canicules l’été et nous servir de couverture l’hiver
    La seule crise qui m’inquiète , c’est que nos politiques sont de plus en plus idiots

  • Jamais la France n’a été aussi stalino-libérale = libérale mais en accord avec les directives du parti. Donc on est au top, ne rien y changer. C’est le 4ieme et majeur enseignement de ce Congrès.

  • Les commentaires sont fermés.

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