Quel avenir pour la droite ? Quelle droite pour l’avenir ?

Pour Aurélien Véron, élu LR à la Ville de Paris, le futur succès de la droite dépendra de sa capacité à proposer un véritable projet libéral.

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Quel avenir pour la droite ? Quelle droite pour l’avenir ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 12 juillet 2023
- A +

Après une présidentielle catastrophique, la droite tarde à se trouver. Dans un an, les élections européennes constitueront un test. D’ici là, un gros travail reste à faire pour offrir une vision en réponse aux multiples enjeux qui se posent à la France.

D’abord, le pays ne fait plus corps.

Cinq années d’émeutes ont permis de jauger l’ampleur de la dislocation de nos territoires. Les Gilets jaunes ont ouvert le bal des révoltes sur les ronds-points. L’ultra-gauche urbaine, arcboutée contre tout réglage de notre vieux système par répartition, a mis le feu à son tour dans les grandes villes dans l’espoir du grand soir. L’embrasement récent des cités a conclu la tournée des fractures de l’archipel français.

 

Notre modèle social est usé jusqu’à la trame

Tout est à réinventer.

Mais la droite ne parle que d’immigration, comme si tout se ramenait à elle. Elle espère reprendre à son compte ce thème ô combien complexe à l’extrême droite. Non seulement elle n’est pas en position de force pour la déloger de sa forteresse, mais elle risque de perdre son électorat libéral déboussolé par son approche brutale et simpliste.

Entre l’extrême droite qui veut refermer le pays sur lui-même, au risque de menacer les fleurons nationaux dont le succès provient des marchés extérieurs, et la majorité actuelle qui ne tient que grâce à la figure d’Emmanuel Macron, la droite a un boulevard. Il serait triste qu’elle rate son tour par fainéantise intellectuelle.

Dans un sondage récent  sur les valeurs de la droite (institut Harris Interactive), la liberté, la responsabilité et le mérite figuraient en tête aux côtés de la famille. Pour rebondir, notre famille politique doit enfin rompre avec son prisme étatique et reprendre le flambeau trop longtemps négligé de la liberté !

Les violences récurrentes traduisent un malaise général.

Les mutations de notre société s’accompagnent d’une défiance historique envers les élus et nos institutions républicaines. Malgré toutes les promesses de simplification, les règlementations et les normes continuent à s’empiler. Elles compliquent le quotidien et coûtent chaque jour un peu plus cher aux Français, à leurs maires et à tous les services publics dont la qualité s’effondre.

L’État veut tout faire et il le fait mal. Sa dépense approche pourtant 58 % du PIB (record de l’Union européenne) avec une dette supérieure à 3000 milliards d’euros, 112,5 % du PIB. Pour donner un ordre de grandeur, les émeutes des banlieues ont coûté un milliard d’euros en cinq jours. C’est considérable, mais ne représente que trois jours de déficits publics. Voilà l’incendie le plus grave.

 

La réforme de l’État est la mère de toutes les réformes

Il est d’abord urgent de le recentrer et de le renforcer sur ses missions régaliennes, en particulier la sécurité des Français et de leurs biens.

Une large part de l’opinion publique ne supporte plus la tolérance judiciaire envers l’écolo-vandalisme, l’absence de réponse pénale forte face à la multiplication des petits actes de délinquance, et les atteintes fréquemment impunies au droit de propriété, socle de la liberté.

Ensuite, nombre d’administrations s’autoalimentent en procédures inutiles et ne vivent que pour elles-mêmes. La droite doit s’atteler au projet de simplification du millefeuille territorial, d’une vraie décentralisation fondée sur le principe de subsidiarité et d’alignement du statut de la fonction publique sur le droit privé, ouvrant la voie à un management moderne indispensable pour remotiver les agents de l’État et des collectivités territoriales. Le pays a besoin d’agents moins nombreux mais mieux payés et plus motivés. L’État va devoir faire mieux avec moins en réalisant des gains de productivité dans ce cadre assaini.

 

Libérer l’éducation

L’ascenseur social est en panne depuis bien longtemps.

Son premier moteur est l’école et la formation tout au long de la vie.

En cause, le monopole scolaire qui fige toutes les strates de décisions et tend inexorablement à niveler par le bas.

Frédéric Bastiat l’avait développé en son temps :

« Le plus pressé, ce n’est pas que l’État enseigne, mais qu’il laisse enseigner. Tous les monopoles sont détestables, mais le pire de tous, c’est le monopole de l’enseignement. »

Il est à réinventer si nous voulons préserver l’excellence de notre système de soin et un niveau élevé de formation générale.

La méthode la plus efficace pour réformer un mammouth de 1,5 million de personnes, c’est de l’inciter à le faire lui-même sous la pression de la concurrence.

La droite doit promouvoir la liberté scolaire. Le succès du privé fondé sur l’autorité, le choix des enseignants par chaque établissement et l’offre pédagogique diversifiée devrait alors inspirer l’école publique par mimétisme. Sans oublier que l’école privée soulage les finances publiques avec un financement public moitié moindre par élève.

 

Abattons aussi les murs entre l’école et l’entreprise.

C’est un enjeu vital, en particulier dans les cités où les braises sont encore chaudes. Dans sa complexité, le processus d’intégration repose en grande partie sur une école de qualité enseignant les valeurs de la République à côté des savoirs fondamentaux. Ce n’est pas tant une question de moyen que de méthode. Une audace de droite consisterait à financer par de l’argent public un réseau privé « d’écoles de la réussite » respectant une charte républicaine stricte dans les 1514 quartiers prioritaires à travers le mécanisme de chèque éducation, en ayant recours éventuellement à des mécènes des banlieues ouvrant des passerelles vers l’entreprise.

Les entreprises sont les seules à pouvoir réduire le taux de chômage bien trop élevé dans les quartiers prioritaires.

Les jeunes des cités ont besoin de formations adaptées aux besoins des entreprises afin d’améliorer leur employabilité. Ils ont aussi besoin d’entreprises qui les embauchent. La formation et l’emploi constituent les piliers incontournables pour intégrer une immigration extra-européenne, non seulement sur le plan économique, mais aussi sur celui de nos valeurs républicaines en matière d’égalité des droits homme-femme, de respect des LGBT, de tolérance et d’acceptation des principes éthiques au cœur de notre société laïque et ouverte.

 

Libérer les entreprises

La droite doit enfin être à nouveau celle qui libère les énergies et l’esprit d’entreprendre, second moteur de l’ascenseur social.

Écrasées de contraintes règlementaires et fiscales, nos entreprises sont trop petites et fragiles. Elles perdent en productivité depuis des années tandis que notre balance commerciale se creuse. Nous avons besoin de doubler le nombre d’entreprises de taille moyenne (ETI) capables d’investir dans la R&D et d’affronter la compétition internationale. Elles sont les premières à pouvoir affronter le défi de l’IA et de la lutte contre le réchauffement climatique par l’investissement et l’innovation. La droite ne peut contribuer à libérer ces énergies qu’en s’attaquant à la hache à la jungle de règles et de normes toujours plus touffues qui a anémié notre industrie autrefois innovante.

 

La droite devrait regarder le succès croissant du maire de Cannes et président de l’Association des Maires de France, David Lisnard.

Il s’avance seul sur le terrain des valeurs, en particulier la liberté. Son succès n’a rien de surprenant. Il répond à cette forte attente populaire qui n’en peut plus des lourdeurs et de l’inefficacité de notre modèle social. La droite a intérêt à rapidement s’en inspirer si elle ne veut pas se voir balayée par de nouvelles énergies.

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  • C’est le drame du libéralisme à la française. On s’émancipe, on s’élève dans le diagramme de Nolan… Ça donne Alternative libérale… Et, au premier virage, patatras, on s’écrase comme une m… et on rentre piteusement à la maison, chez cette bonne vieille droite conservatrice qui vous attend sur le perron…
    Parce que chez ces gens-là
    Monsieur, on ne s´en va pas
    On ne s´en va pas, Monsieur
    On ne s´en va pas !

    • Sans l’ENA ou son succédané l’Institut National de Service Public avec les mêmes contenus, les mêmes professeurs et le même profil d’étudiants ça ne peut plus coller. Il faut les sortir tous des postes sensibles et tout sera possible à réformer

  • Je pose une question en France la droite c’est qui ? je ne sais plus entre la droite qui de gauche et la droite qui est classée extrême droite que faut t’il choisir !!

  • Très bon article, merci beaucoup !

  • Rien à redire vraiment si ce n’est « Rien de neuf sous le soleil ». Reste le principal : Comment ? Du discours aux actes ….. Et là …. il va falloir sérieusement réfléchir à la méthode. Par ailleurs le gros clin d’oeil aux LGBT me laisse songeuse pour l’avenir: Minorités quand vous nous tenez. Difficile de parler aux Français de la France tout en découpant l’ensemble en fines tranches.

  • Vous demandez à la droite de revenir à l’époque de De Gaulle. Mais la France ne veut plus travailler mais recevoir des allocations. On se fout des libertés du moment qu’on reçoit des allocations. Et ceci d’autant plus que si on appartient à une minorité, c’est cette dernière qui fixe les règles de la liberté et non l’État ; comme dans les banlieues où les grands frères gavés de subventions via leurs associations disent aux femmes comment s’habiller.
    Personne en France n’aura le courage de supprimer les subventions aux associations ni les allocations aux personnes. Même pas le RN.

    • la France se remettra au travail quand on lui permettra de profiter des fruits de son travail (halte à la confiscation fiscale).

    • « la droite ne parle que d’immigration, comme si tout se ramenait à elle » : c’est idiot de dire cela parce que c’est faux. Ou alors de quelle « droite » parlez-vous ?
      « Personne en France n’aura le courage de supprimer les subventions aux associations ni les allocations aux personnes. Même pas le RN » : alors je dis « chiche », mettez en place un gouvernement de droite résolument nationale et patriote – pas tiède et inconsistante comme LR – avec une majorité à l’AN pour soutenir ses actions – et vous verrez bien ce qu’il se passera.

      • Douce illusion car les francais sont volontiers de nature versatiles colériques hableurs……
        Recherche désespérément français aptes aux dialogues aux compromis a l écoute des autres et donc aux changements…….

  • La Fran e est une démocratie sans pouvoir(l’ue décide) donc elle n’a besoin ni de droite ni de gauche seulement des extrêmes pour contrôler le troupeau.

  • Lors des présidentielles de 2022 , les LR avaient affiché dans leur programme la retraite a 65 ans comme mesure phare….
    1 an plus tard, ils sont incapables de voter la retraite a 64 ans et memes certains ont été jusqu a voter une motion de censure a l encontre du gouvernement
    Cette droite est complètement laminée et navigue au gré du vent
    Le PR va rejoindre le PS le parti radical et le PCF au musée des antiquités politiques…….

    • On ne saurait leur souhaiter plus agréable destin. Tant c’est pitié de les voir gigoter en attendant l’extrême-onction.

    • LR n’a pas été fichu de refuser la réforme paramétrique des retraites et de préconiser la capitalisation, ni de mettre Macron en déroute via la motion de censure. Quand on ne s’oppose pas franchement à la gauche, on n’est pas de droite.

      • La réforme paramétrique des retraites était une réforme tres ambitieuse et certainement trop compte tenu du contexte politique en France particulièrement malsain……
        D autre part elle a été tres mal préparée par l exécutif qui s y est complètement noyé
        Le brouillon électoral de 2017 est resté en l état
        Mais elle avait le mérite de poser la complexité du système
        Quant a la capitalisation, elle a souvent été très mal vendue par ses thuriferaires

        -2
  • Oui pour Lisnard: liberté , responsabilité et mérite…….en attendant une fois au pouvoir ses premiers renoncements….!!! Comme les autres…!
    Son programme en deux pages simples est pourtant excellent : tout y est.

    • Reponse à tous
      Il faut foutre un coup de pied à tous ces politiques , gauche droite centre , tous plus nuls les uns que les autres ; quand je lis cela , mes cheveux se dressent
      «  » » » » » » » » » » » L’État va devoir faire mieux avec moins en réalisant des gains de productivité dans ce cadre assaini. » » » » » » » »
      Qu’est-ce que l’état produit à part des fonctionnaires qui nous pompent nos ressources ? et nous entraine dans une crise économique pour faire plaisir à quelques écologistes au pouvoir

  • Sur le problème de la communauté arabe vous vous leurrez complètement ces gens-là ne veulent pas s’intégrer il ne respectent rien qui ne soit pas arabe ou musulman et ne pas le voir est une erreur grossière mais quoi qu’il en soit la réforme de l’État effectivement se pose en priorité: on connaît les trois grands paramètres à supprimer, le premier étant le statut des fonctionnaires, le second la sécu et le troisième la retraite par répartition. Mon tout appartient à un certain Philippe Pétain, auteur et concepteur de l’ensemble.

    -1
  • l’écolo vandale c’est l’état et il agit légalement.

    • Les pays arabes comprennent notamment le Maghreb mais pas le sahel, ni la cote d ivoire le Sénégal ou la guinée pays ou la religion musulmane est dominante
      Attention a ne pas tout mélanger
      La grande majorité des migrants d origine africaine s intègre parfaitement en France seule une minorité qui a échoué se refugie dans le communautarisme et le trafic
      Pour la secu et la retraite , ouvrons ces assurances a la concurrence et supprimons le statut de la fonction publique

  • hmmmm…

    vous pourriez faire un article sur réinventer la gauche..

    le libéralisme ne se promeut que difficilement au niveau politique mais éducatif…
    le libéral se contente d’expliquer pourquoi la politique va poser autant de problèmes quelle tente d’en résoudre.

  • Les commentaires sont fermés.

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