La France et l’Allemagne en désaccord sur l’hydrogène vert

Le différend entre la France et l’Allemagne au sujet de l’hydrogène nucléaire vert met en évidence les divergences sur les politiques énergétiques européennes.

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La France et l’Allemagne en désaccord sur l’hydrogène vert

Publié le 29 mai 2023
- A +

La France demande que l’hydrogène fabriqué par électrolyse avec de l’électricité nucléaire soit qualifié de vert, mais l’Allemagne refuse… pour mieux vendre sa transition énergétique fondée sur le gaz russe et des énergies intermittentes.

 

La France veut des garanties

L’approbation de la directive sur les renouvelables (RED3) par les États membres de l’Union européenne qui devait avoir lieu le 17 mai a été reportée car la France souhaite des « garanties » supplémentaires concernant l’hydrogène issu du nucléaire.

La France, soutenue par une quinzaine de pays de l’Union européenne, veut faire reconnaître que l’hydrogène « bas carbone » produit à partir de l’énergie nucléaire participe aux objectifs de l’Union européenne en matière d’énergies renouvelables.

La France insiste pour que les objectifs énergétiques de l’Union européenne prennent en compte « les réalités industrielles ».

Les inquiétudes françaises sur l’hydrogène vert s’ajoutent à celles exprimées par une quinzaine de pays européens qui jugent la directive trop orientée vers les énergies renouvelables intermittentes éoliennes et solaires.

 

Atteindre 150 GW de nucléaire dans l’UE en 2050

La ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a réuni le 16 mai 2023 à Paris les 16 pays membres de l’Alliance européenne pour le nucléaire (Belgique, Bulgarie, Croatie, Estonie, Finlande, France, Hongrie, Pays-Bas, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovénie, Suède, Slovaquie, Italie, Royaume-Uni), ainsi que la Commissaire européenne en charge de l’énergie (Kadri Simpson).

L’Italie, qui revient doucement au nucléaire, même si elle n’a pas encore pris de décision de relance, était également présente en tant qu’observateur.

Le Royaume-Uni, bien que non-membre de l’Union européenne, était aussi présent en tant qu’invité spécial, en raison de son vaste plan nucléaire dont la construction en cours de deux EPR à Hinkley Point.

Cette Alliance s’est réunie pour la troisième fois. La première rencontre date seulement du 28 février 2023 (11 pays) à Stockholm, et la deuxième du 28 mars 2023 (12 pays), en marge du Conseil de l’énergie à Bruxelles.

Dans leur communiqué final, les 16 États européens participants ont affiché des objectifs ambitieux de déploiement de réacteurs nucléaires en Europe. L’Alliance du nucléaire va préparer une feuille de route pour le développement d’une filière nucléaire européenne afin d’atteindre 150 GW de nucléaire dans le mix électrique de l’Union européenne d’ici à 2050, contre environ 100 GW aujourd’hui (dont 60 GW en France) en envisageant « la construction de 30 à 45 nouveaux grands réacteurs et le développement de petits réacteurs modulaires (SMR) ».

Ils appellent aussi l’Union européenne à reconnaître le rôle du nucléaire pour décarboner le mix énergétique des nations européennes.

L’Alliance anticipe également les besoins de formations et de compétences : « plus de 300 000 emplois directs et indirects seront créés d’ici 2050, dont 200 000 emplois qualifiés, et 450 000 recrutements d’ici 2050 ». La France envisage 100 000 recrutements en 10 ans.

 

L’Allemagne est cernée par l’Alliance des 16 pays européens

Source : Société Française d’Energie Nucléaire (SFEN)

 

Les carburants 

La confrontation actuelle entre la France et l’Allemagne autour du rôle du nucléaire dans la directive RED3 sur les renouvelables impacte aussi les négociations sur les carburants synthétiques bas carbone (« e-carburants ») fabriqués avec de l’électricité nucléaire qui, eux, seront autorisés en tant que carburants durables… pour l’aviation.

 

Message à la Commission européenne

La Commission européenne, nettement antinucléaire sous la pression de l’Allemagne, n’apporte pas de soutien officiel à cette Alliance, mais la Commissaire estonienne Kadri Simson a indiqué :

« C’est une façon aussi pour les États membres présents d’attirer l’attention de la Commission européenne sur l’importance de la bonne prise en compte de l’énergie nucléaire dans l’élaboration des textes européens et des politiques européennes en matière d’énergie ».

Dans le communiqué final, l’Alliance invite la Commission « à reconnaître l’énergie nucléaire dans la stratégie énergétique et les politiques pertinentes de l’UE, notamment en proposant des initiatives pertinentes et en reconnaissant les efforts et l’engagement des États membres à décarboner leur bouquet énergétique au moyen de l’énergie nucléaire, aux côtés de toutes les autres sources d’énergie non fossiles, dans le cadre de la transition vers la neutralité climatique ».

Ainsi l’Alliance invite à « l’inclusion de l’énergie nucléaire dans la stratégie énergétique européenne ». Les membres demandent en particulier de « promouvoir de meilleures conditions pour le développement et le déploiement de nouvelles capacités nucléaires dans l’Union européenne, y compris un meilleur accès au financement ».

Une future réunion de l’Alliance est d’ores et déjà programmée en marge du prochain conseil de l’énergie, le 19 juin prochain à Luxembourg. L’Allemagne ne veut surtout pas y participer. Elle continue obstinément à se battre contre le nucléaire, et donc aussi contre l’hydrogène issu de l’électricité nucléaire qu’elle ne veut pas qualifier de vert !

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  • L’hydrogène est juste la dernière lubie avancée pour capter les milliards en subvention de pognon gratuit.

    Le meilleur exemple et le summum de la stupidité est le train à hydrogène.
    Au lieu d’utiliser directement l’électricité, non on va construire des usines à gaz avec des processus compliqués et des rendements catastrophiques pour créer de l’hydrogène à partir d’électricité (!!).

    Le changement climatique anthropique #onvatousmourir est la plus grande escroquerie de l’Histoire.
    A partir de là, toutes les solutions proposées sont bidons puiqu’elle ont vocation à résoudre un problème imaginaire.

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    • Entièrement d’accord avec vous : qu’il soit vert ou gris, l’hydrogène n’a aucune chance de remplacer quoi que ce soit.
      Pour faire 100 km avec une pile à combustible, il faut 1 kg d’H2. Si on veut une autonomie de 600 km, ce qui est peu, il faut donc en embarquer 6 kg, soit 100 litres sous une pression de 660 bar. *
      L’étanchéité d’un tel circuit est pratiquement impossible à réaliser, ce qui rend les catastrophes largement probables, lors d’une collision dans un tunnel par exemple.
      Le contribuable que je suis en a plus qu’assez de financer des projets imaginés par des escrocs et vendus à des responsables politiques ignares et paresseux, il suffirait qu’ils s’informent auprès des sachants pour comprendre la supercherie.
      * 1 m3 d’H2 = 0.09kg => 1 kg d’H2 = 11 m3 => 6 kg = 66 m3 ou 100 litres à 660 bar

      • Et comme un réservoir de voiture est d’environ 50l, si on conserve les dimensions actuelles, on aura de superbes voitures à hydrogène avec 350 km d’autonomie, donc moins qu’une voiture électrique actuelle, bien joué les gars, et avec notre argent en plus!

    • Gaspiller de l’énergie nucléaire pour faire de l’hydrogène qui servira à faire de l’électricité est particulièrement stupide. Les Français ne vont quand même pas utiliser leur énergie nucléaire pour fabriquer de l’hydrogène pour l’Allemagne !! Donc que cet hydrogène soit qualifié de rouge ou vert, peu importe. Que les allemands gaspillent leur électricité ENR, et nous laissent tranquilles. A force d’idéologie têtue, ils sont dans l’impasse, le savent bien, mais veulent avoir raison contre tout le monde, et contre toute logique.

  • Avatar
    jacques lemiere
    29 mai 2023 at 7 h 29 min

    hmmm..
    vous voulez que les politiques se mêlent d’enrgei ou de « climat »…
    bien venu dans l’arbitraire les mots sympatoche mais cachant de usines a gaz de subventions..etc etc;..

    un politique d’émiission ne peut être que mondiale et coercitive… sauf miracle technologique …
    les états les approuvent car ils prétendent pouvoir mieux dépenser que les individus..et reportent les emissions sur les generations à venir..dont on se demandent bien pourquoi elles devraient obéir..

    pour un liberal c’est clair.. tout interventionnisme économique revient à prendre
    à paul pour donne à pierre.. ou faire de la » vente forcée « …

    aura on des centrales payées par du pognon public..avec un bas cout de revient
    rien n’empechera les égalitaristes voire les agents d’edf de filer du courant gratuit
    à certains… d’autant plus que le mythe du payé par tous donc appartenant par tous perdurera..

    si vous voulez que j’adhere à un projet nucléaire vous devez me donner des garanties de ne pas voir les dérives habituelles de tout projet public …

    et un certain nombre de choses.. en premier le mécanisme de détermination des capacités à prévoir..mais aussi pourquoi il faut une maitrise d’aouvre française et non ce qui se fait de mieux.. ets etc…

    -1
  • L’hydrogène étant incolore, pourquoi ne pas plutôt le qualifier d’hydrogène hindenburg, en honneur de l’Allemagne?

  • De toutes façons, vu le rendement énergétique du produit « hydrogène vert » fabriqué par électrolyse avec de l’électricité « intermittente dite renouvelable », son coût sera tellement prohibitif que l’Allemagne « en faillite » sera bien en peine de nous l’acheter ( pour autant que la France soit déjà capable d’en fabriquer de façon industrielle en quantité suffisante pour alimenter sa propre industrie.).
    En conclusion, l’Allemagne n’a aucune intention de nous acheter cet hydrogène, c’est juste un moyen de nous enfoncer un peu plus dans la mouise en nous faisant croire que cette filière hydrogène a un avenir,

  • Mais pas du tout… l’hydrogène rose c’est pour les filles et le bleu pour les garçons….. Quand arrêtera t-on de discuter du sexe des anges ? Heureusement nous avons l’ADEME qui nous donne une indication du rendement de la filière hydrogène (bon la présentation occulte la base du calcul) résultat : 14% environ… C’est à dire qu’il faut apporter 86% d’énergie qui sera perdue…. monsieur « machin » dans son commentaire a raison et vouloir reprendre la logique « shadok » : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué relève de l’absurdité. Si je propose d’utiliser le gaz carbonique comme « vecteur », vous allez dire que je suis fou….. alors pour vouloir utiliser de l’eau…..

  •  » les négociations sur les carburants synthétiques bas carbone (« e-carburants ») fabriqués avec de l’électricité nucléaire qui, eux, seront autorisés en tant que carburants durables… pour l’aviation. »
    Déjà le mot carburant est dérivé de « carbone », et prétendre que l’on va miraculeusement remplacer dans ces e-carburants les atomes de carbone par « autre chose », grâce à l’électricité, on attend avec intérêt que l’on nous explique précisément quels produits sortiront de cette « nouvelle cuisine énergétique », avec quelles formules chimiques, et quel impact final sur la moindre production de CO2?
    Et que l’on ne vienne pas nous ressortir le même discours que pour les batteries et prétendre que l’on va trouver la formule magique en quelques semaines / mois!

  • Depuis le début, l’idée de l’hydrogène vert n’est que le cheval de troie qu’ont inventé ceux qui veulent faire oublier que les énergies renouvelables intermittentes et tout particulièrement l’éolien terrestre accumulent tous les défauts : production trèe faible et intermittente, nécessité de ‘back-up’ fourni par des filières fossilles, nuisances visuelles et sonores et de manières générales nuisances environnementales très élevées.
    Heureusement, grace à ces merveilles renouvelables, on va pouvoir fabriquer de l’hydrogène vert avec des rendements ne dépassant pas 20% et, dans l’état actuel des technologies, dont on ne saura quoi faire. Mieux, compte tenu des faibles rendements, il faudra bien sûr multiplier par 10 ou 20 le nombre d’éoliennes nécessaires, au grand bénéfice de quelques petits malins qui ont déjà largement profité de cette manne venue du ciel.
    Il n’y a pas de doute l’hydrogène vert est une trouvaille sans pareille! il est clair que dans le monde ubuesque que façonne la communauté européenne, il ne faut pas rater cela;

    • Je vais même plus loin: les Allemands dépendent économiquement de la Chine qui, évidemment, les encourage dans la voie de l’hydrogène, impliquant une multiplication des ENR, puisque ce sont eux qui fournissent la plupart des métaux rares (ou pas, d’ailleurs) nécessaire aux ENR. Il y a donc là une vassalisation de l’Allemagne par la Chine, par le biais de l’énergie, et l’entêtement idéologique des Allemands.
      Il est évident que la meilleure solution énergétique pour l’économie d’un pays, et la France ne l’a pas encore compris, serait de renoncer à tout financement ENR pour le consacrer entièrement au nucléaire. La France a pourtant prouvé la validité d’une telle stratégie depuis 50 ans !

  • Puisqu’on aura un mixe énergétique en France, autant dire que ce sera grâce aux éoliennes que l’hydrogène sera produit. Le nucléaire servira aux autres besoins. Où est le problème ???

  • Réponse à tous ceux qui considèrent que l’hydrogène vert est une immense escroquerie : Je suis d’accord.
    J’ai écrit plusieurs articles parus sur Contrepoints sur ce sujet :
    https://www.contrepoints.org/tag/hydrogene

    • c’est la nouvelle version du moteur à eau… mais super bien présentée

      • Moteur a eau qui marche grâce à au moins 60% (sinon plus) de subventions correspondant aux 60% de taxes sur les fossiles qui font tourner les moteurs thermiques!
        Malin! N’est-ce pas?

      • Moteur à eau, avec la multiplication prévue des sécheresses, vous allez attirer les manifs écolos.

  • La question n’est pas de savoir si accorder des subventions à l’hydrogène c’est bien ou c’est mal, mais qui en profitera. Puisque c’est de l’argent public européen, le moins pire est que ça revienne dans mes poches via Air Liquide ou autre.

    Et puis, l’hydrogène, on le trouve stocké naturellement dans les mines (les fameux coups de grisou !), il suffira de les rouvrir 🤣🤣🤣. Un coup de pyrolyse plasma (énergie fournie par la centrale nucléaire d’à côté) et c’est bon …

    -2
    • Il me semble que le grisou est du méthane, comme les pets des vaches…

      • Ce sont surtout les rots issus de la digestion de l’herbe qui produisent ce méthane. Mais cette herbe vient du gaz carbonique atmosphérique par le truchement de la photosynthèse. Donc les vaches transforment du CO2 en CH4. Si le CO2 très stable dure 200 ans et le CH4 seulement 10 ans, alors qu’il est 20 fois plus opaque aux infrarouges thermiques, vaches ou pas le résultat serait le même.
        Ou alors il faut aussi nous dissuader de manger de la salade.

        • Attention, ça risque d’arriver: on n’a déjà plus le droit de manger de la viande parce qu’il faut protéger les animaux. La prochaine étape sera de ne plus manger de salade pour protéger les végétaux !
          Il ne restera plus que les cailloux… et encore !

  • Le concept de faire des assemblées et des alliances à la con pour attirer l’attention d’une autre assemblée à la con, pour savoir si cette assemblée va nous rendre l’argent qu’on lui a donné.
    Sinon on a pensé à :
    1) ne pas donner l’argent
    2) construire une centrale nucléaire avec l’argent
    3) ne pas perdre notre temps avec des allainces à la con et des assemblées à la con ?
    Union Européenne à la con.

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