Pour aider les classes moyennes, il faut revaloriser le travail

Les baisses d’impôts annoncées par Emmanuel Macron en faveur des classes moyennes sont-elles une solution durable ou simplement une réponse politique à un débat inabouti sur les retraites ?

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Pour aider les classes moyennes, il faut revaloriser le travail

Publié le 25 mai 2023
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Un article de l’Iref-Europe

 

Pour faire oublier le débat inabouti sur les retraites, le 15 mai, M. Macron a annoncé deux milliards de baisses d’impôts en faveur des classes moyennes. Il veut aider ceux qui sont « trop riches pour être aidés et pas assez riches pour bien vivre ». C’est une bonne idée, mais il ne les aidera pas durablement en leur donnant de nouvelles aides.

Il a parlé de baisse d’impôt mais les modalités de ce geste coûteux ne sont pas encore arrêtées :

« Je ne veux pas ici fermer des portes parce qu’il peut y avoir des choses intelligentes à faire sur une partie des charges que vous payez, des cotisations que vous payez quand vous êtes salarié ».

Au cours des six dernières années, il a déjà réduit l’impôt sur le revenu de 4 milliards d’euros en 2019, supprimé les cotisations chômage salariales, la taxe d’habitation, la redevance… Mais les effets sont modestes.

 

Des effets de seuil

« La fiscalisation des revenus des classes moyennes est trop importante et s’accélère trop vite », a estimé Emmanuel Macron dans une interview donnée à L’Opinion. Il voudrait lever les effets de seuils qui font que les salariés qui gagnent de 1,5 à 2,5 SMIC profitent peu d’éventuelles hausses de salaires parce qu’une grande partie est compensée par la réduction de la prime d’activité ou de certaines allocations, ainsi que par la hausse des charges sociales et des impôts.

En effet, observe Denis Ferrand, directeur général de l’institut Rexecode, dans une note datée de 2022, « Pour un salarié seul dont la rémunération passerait de 1,4 à 1,5 SMIC, seuls 26,8 % de l’augmentation brute obtenue seraient conservés ». Il a calculé, dans le cas des couples dont l’un des membres reprendrait le travail, que « pour le second membre d’un foyer qui serait rémunéré à deux tiers du revenu moyen alors que l’autre membre du foyer est rémunéré à hauteur du revenu moyen, 40 % du revenu additionnel ferait l’objet d’un prélèvement ou d’une moindre prestation sociale ».

L’augmentation du salaire d’un smicard est aussi très pénalisante pour l’employeur compte tenu de la dégressivité des réductions de charges sociales patronales. Passer de 1 à 1,1 SMIC se traduit par 136 euros de salaire brut supplémentaire mais par plus de 400 euros de coût du travail selon le simulateur de cotisations Urssaf.

La réalité est que plus il y a d’aides publiques, plus la rémunération du travail est faussée et, de ce fait, perturbée. Il s’ensuit que l’augmentation des salaires devient très onéreuse, voire qu’employés et employeurs attendent davantage des aides que du salaire. Les incitations au travail en sont significativement amoindries. La mobilité professionnelle se réduit et l’espoir des classes moyennes de grimper dans l’échelle sociale est affecté, comme l’envie de travailler. C’est sans doute une partie de l’explication de la révolte française contre le report de l’âge de départ à la retraite.

L’élévation des seuils n’aura qu’un effet de déplacement des seuils. Les cliquets négatifs joueront à un autre niveau, mais ils continueront d’opérer négativement.

 

Revaloriser le travail

Denis Ferrand faisait encore remarquer, lors des Rencontres du CESE – Le Travail dans tous ses états – en ce mois de mai 2023, que le taux marginal effectif moyen de prélèvement est de 56,5 % en France. Cela signifie qu’après prise en compte des prélèvements et prestations, un salarié bénéficie en moyenne de 43,5 % de la hausse de sa rémunération entendue en termes de coût du travail. Trop de salariés sont au SMIC (15 %) et l’écart entre le revenu net minimum et le revenu net médian est trop faible, le plus faible des pays de l’OCDE, réduisant l’incitation à l’offre de travail.

S’y ajoute le fait que le système d’aides sociales est illisible avec 15 prestations de solidarité octroyées en fonction de 15 bases de ressources différentes. Le calcul d’entrée dans l’impôt sur le revenu n’est pas plus lisible avec des décotes, des crédits d’impôt et une foultitude de niches.

Alors que nos charges sociales sont les plus élevées de l’OCDE et peut-être du monde, et que les impôts atteignent des sommets tant pour les employés que pour les employeurs, c’est tout notre système social et fiscal qu’il faut remettre à plat.

À cet effet, quatre mesures radicales permettraient de rendre de la lisibilité, de responsabiliser les individus, de simplifier le système et d’augmenter le revenu disponible :

  1. Supprimer toutes les niches fiscales et adoption d’un taux unique (15 % ?) d’impôt sur le revenu au-delà d’un seuil unique par membre du foyer ;
  2. Disposer d’une base de calcul unique d’allocation d’une aide sociale unique, modulable en fonction de la situation de chacun : rémunération, âge, handicap, nombre d’enfants … ;
  3. Verser à tous les salariés qui le souhaitent un salaire complet (toutes charges comprises). Ils seraient obligés de s’assurer eux-mêmes pour leur santé, leur retraite, leur chômage mais choisiraient leur contrat, mettraient en concurrence assurances privées et mutuelles, comme ils le font pour leur automobile ou leur logement. Gageons que la concurrence permettrait de réduire sensiblement la charge des assurés et les inciterait à un comportement plus responsable pour alléger leurs primes ;
  4. En contrepartie, tous les salaires payés devraient donc être augmentés du montant des charges au taux commun, ce qui serait un effort pour les employeurs qui bénéficient aujourd’hui d’exonérations de charges sur les bas salaires. La charge fiscale qui pèse sur les entreprises pourrait être diminuée d’autant à titre de compensation.

 

Certes, c’est plus facile à dire qu’à faire, et c’est souvent dans le détail que se trouve le diable. Mais sans cet effort, la France restera à la traîne des pays développés, écrasée sous l’énorme poids de ses prélèvements obligatoires.

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  • Notre système d’assistanat communiste est proche de l’effondrement. Plus aucun service public ne fonctionne car les fonctionnaires ne veulent pas travailler : leur garantie de l’emploi les incite à une efficacité des plus basse, ce qui pousse l’État à augmenter leur nombre et donc à partager les salaires. Plus de fonctionnaires = moins de salaire individuel = moins de travail = etc.
    Dans le privé, les choses sont différentes. Plutôt qu’un SMIC, touchons les minimum sociaux qui, avec les avantages en nature reviennent à des revenus proche du SMIC sans travailler. Et pour s’offir un petit plaisir (ex dernière télé ou PlayStation pour les enfants), il suffit de travailler 1 semaine au noir.
    Les immigrés prennent les Jobs pour envoyer l’argent à l’étranger, ce qui détruit la création de richess en France.
    Enfin, les classes moyennes supérieures et supérieures (soit – de 10% des actifs) sont à la recherche d’une expatriation car il ne veulent plus payer pour des services aussi mauvais ni être stigmatisés par LFI ou les écolos : « les riches ça ne sert à rien ».
    Rappelons enfin que pour qu’un Impôt rapporte à l’État, il faut que son assiette soit large. Or comme les classes laborieuses se paupérisent à cause des impôts, l’état diminue leur assiette pour permettre à ceux qui payaient l’impôt de vivoter de leur travail au lieu de pousser au travail les bénéficiaires des allocations. La gauche, dans son référentiel de révolution de lutte des classes, veut casser ainsi le capital et la propriété pour atteindre enfin le sovietisme. Sovietisme dont l’histoire a montré qu’il ne fonctionne pas mais l’attrait du pouvoir pour certains doit se faire quelqu’en soit le prix (Lénine, Staline, Mais, Pol Pot, Castro, Maduro,… y son parvenu sans se soucier du prix que payé leur population).

    • Petit bémol sur la confusion « argent / richesse », qui est malheureusement classique : un immigré qui travaille en France et envoie son salaire à l’étranger n’appauvrit pas les français, son salaire correspond à un travail qui répond à un besoin, donc créé de la richesse dans le pays d’accueil.

      • Erreur. Si son salaire est renvoyé hors de son pays de travail, il contribue au déficit commercial du pays dans lequel il travaille.

      • L’immigré qui envoie l’argent gagné à l’étranger a effectivement créé une richesse en France, qui sera achetée. Mais lui n’achète pas de richesses produites. Il contribue effectivement au déficit commercial, en ne faisant pas vivre les entreprises basées en France. Et si la majorité de la population fait ça, l’immigré ne trouvera plus de travail en France en fait.

  • La suppression de la taxe d’habitation et même celle de la redevance ont eu des effets considérables.
    La taxe d’habitation faisait payer pour les services de la collectivité ceux qui en étaient les bénéficiaires. Aujourd’hui, le prix en est reporté sur les propriétaires, via des explosions de la taxe foncière, déresponsabilisant les bénéficiaires et pressurant les « capitalistes » pour leur confort.
    La redevance avait au moins le mérite de rendre les télés qui en vivaient responsables, d’une certaine manière, devant ceux qui la payaient. Là encore, le lien entre celui qui paie et ce dont on bénéficie en contre-partie est aboli. C’est exactement la même chose que pour le travail ou le fonctionnariat.

    • Avant sa suppression, la redevance audiovisuelle de 3,2 milliards était insuffisante pour financer l audiovisuel public puisque l etat octroyait régulièrement une rallonge budgétaire a FT et RF de 100 a 200 millions sans oublier la publicité avec 500 millions d euros

      • Bien sûr, mais depuis la suppression de la redevance, plus personne ne sait d’où viennent les impôts qui financent les chaînes publiques. Des amendes et pénalités infligées aux chaînes qui ne soutiennent pas assez le gouvernement ? Ou tout simplement des taxes et impôts divers sur les riches, ceux qui ont l’argent pour se payer des abonnements aux chaînes privées…

    • Et en effet, je vous rejoins MichelO, ce n’est même plus celui qui utilise le service qui le finance. Une aberration ! Qui soumet les maires au diktat de l’Etat,. Double aberration ! Et certains croient que Macron est un libéral…
      La taxe d’habitation était un impôt juste (même si on pouvait discuter des bases) parce que logique : payer pour les services de sa commune, c’est compréhensible. Maintenant, c’est de nouveau le grand n’importe quoi….

  • « Au cours des six dernières années, il a déjà … supprimé… la taxe d’habitation, la redevance… » Comment les communes et l’audiovisuel sont-ils financés alors ? Simple, cas de la taxe d’habitation : l’Etat indemnise les communes à l’Euro près. Les euros de l’Etat étant forcément des taxes et des impôts, se vanter d’avoir supprimé la TH est du fou.age de g.eule ! Simplement, le con-tribuable ne la voit plus, mais continue de la payer sous une autre forme, c’est tout. Le but est atteint : même sur Contrepoints on le dit : ce Président a réduit les impôts. Mais… les dépenses publiques ont-elles réduit ? Ben non… Donc mensonges.
    « Mais les effets sont modestes. » Ben… ceci explique cela, quoi…

  • es ce qu’un jour les politiciens ( professionnels depuis 40 ans sans avoir gérés la moindre entreprise pour nombre d’entre eux ) vont ils écouter les responsables des entreprises non cotées au CAC 40 ? Les mécanismes de baisse de charges sur les bas salaires n’ont pas de sens avec ces plafonds . Cela engendre les déficits des régimes sociaux et bloque la progression des salaires des personnels qualifiés. Résultat les délocalisations réussies pour les sociétés mondialisées et ruine pour les autres.
    C’est une baisse généralisée des charges patronales et salariales qui pourrait redonner envie aux travailleurs de relever le défi avec les employeurs.
    Le monde syndical représente principalement le secteur public, pas de solution possible avec eux.
    On nous parle sans cesse des défavorisés bas salaire , oui mais il faudrait évaluer sérieusement les effets des aides non fiscalisées qui s’ajoutent aux salalires proches du smic . Prime activité, Apl, CMU complémentaire ….)
    Sugestion : pourquoi ne pas faire figurer sur l’avis d’imposition ou non les montants versés par les payeurs
    les payeurs de ces aides ? Les banques déclarent bien sans difficulyté les produits financiers versés. Pourquoi ne pas limiter le montant des transferts possibles vers l’étranger . ces travailleurs récupèrent beaucoupp des aides sociales non fiscalisées et non visibles avec leurs revenus du travail
    Le blocage ne viendrait*il pas des politiciens eux- mêmes ?
    Le social en distributeur automatique c’est miraculeux . Au détriment des classes moyennes. .
    Il faut du courage et réfléchir à toutes solutions qui ne parlent que d’immigration, de fraude etc

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