Baisses d’impôts : quand les promesses d’Attal se fracasseront sur le mur de la réalité

Comment Gabriel Attal compte-t-il « désmicardiser la France » si l’impôt encourage les bas revenus et freine la progression des salaires ?

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Source : capture d'écran de la chaîne audiovisuelle de l'Assemblée Nationale

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Baisses d’impôts : quand les promesses d’Attal se fracasseront sur le mur de la réalité

Publié le 16 février 2024
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Lors de son discours de politique générale, Gabriel Attal a annoncé deux milliards d’euros de baisses d’impôts pour les classes moyennes, financées par la solidarité nationale.

En langage courant, cela signifie payé par les riches. Les classes moyennes ne devraient pas se réjouir trop tôt : François Hollande avait déjà opéré ce type de transfert fiscal au début de son quinquennat et pour lui, être riche commençait à 4000 euros par mois. Le jeune Gabriel Attal était à cette époque membre du cabinet de Marisol Touraine. Le fruit ne tombe pas loin de l’arbre.

Le gouvernement dispose de trois pistes pour déshabiller Paul afin d’habiller Pierre.

La première – et la pire – est l’abolition ou l’augmentation de la flat tax sur les revenus du capital. En pénalisant l’investissement dans l’économie réelle et en punissant les investisseurs qui réallouent leur capital vers de nouveaux projets, c’est la croissance déjà atone de la France qui ralentirait, et avec elle les salaires et les recettes futures de l’État. Ce qui apparaît à court terme fiscalement neutre se révèle à long terme coûteux. Nul doute que la facture finale reviendrait aux classes moyennes.

La seconde piste est l’augmentation de l’IFI, mais considérant que cela nécessiterait de le doubler, il est peu probable que le gouvernement s’engage sur cette voie.

La dernière piste est l’augmentation des tranches supérieures de l’impôt sur le revenu, voire la création d’une nouvelle. Or, s’il y a un impôt par lequel la soi-disant solidarité nationale s’exerce particulièrement, c’est bien l’impôt sur le revenu.

En effet, en 2022, le montant moyen payé par 82,5 % des foyers est inférieur à 300 euros, 13 millions de foyers recevant même de l’argent plutôt que d’en payer. À l’inverse, les 1,3 % des ménages les plus riches s’acquittaient de près de 36 % de la facture totale de l’impôt sur le revenu : 30 milliards d’euros. Le gouvernement prévoit-il d’augmenter leur contribution de 6 % pour essayer de sauver les élections européennes ? Ce serait une bien mauvaise nouvelle pour la France.

Dans son étude comparative de la fiscalité des pays européens parue en 2023, la Tax Foundation a classé la France dernière. Parmi les critères utilisés pour dresser ce classement se trouve la fiscalité individuelle. Bien que n’ayant pas les taux affichés les pires d’Europe (le Danemark et l’Autriche décrochent cette triste médaille), la France se situe dans le bas du classement à cause de sa fiscalité qui punit fortement le travail. Le rapport entre le coût marginal – celui de gagner un euro de plus – de la fiscalité du travail et le taux moyen est de 1,55 en France. L’augmentation de la progressivité de l’impôt sur le revenu accentuera ce mauvais résultat. L’augmentation de la fiscalité des classes supérieures – celles qui épargnent le plus – aurait les mêmes conséquences sur la croissance que l’abolition de la flat tax. Comment Gabriel Attal compte-t-il « desmicardiser la France » si l’impôt encourage les bas revenus et freine la progression des salaires ?

Gabriel Attal promet que cette baisse d’impôt sera entièrement financée.

Tout observateur sérieux sait que c’est au mieux un mensonge, au pire, une incompétence crasse. Tout d’abord, comme le constate le rapporteur général de la commission des Finances du Sénat, Jean-Francois Husson, le budget de 2024 consacre l’entrée de la France dans l’ère des déficits extrêmes.

Comment le Premier ministre peut-il prétendre que cette mesure sera entièrement financée quand 30% du budget de l’État ne l’est pas ? Le PLF 2024 prévoit 491 milliards d’euros de dépenses pour 350 milliards de recettes, c’est-à-dire que 141 milliards d’euros de dépenses ne sont pas financées.

Cela soulève deux questions.

Tout d’abord, pourquoi le gouvernement ne choisit-il pas tout simplement d’augmenter le déficit de l’État de 1,4 %, ce qui aurait moins d’impact sur les recettes futures qu’une mauvaise hausse d’impôt ?

Surtout, pourquoi est-il incapable de réduire les dépenses d’un pitoyable 0,4 % pour réellement financer sa baisse d’impôt ? Ce ne sont pourtant pas les coupes faciles qui manquent, à commencer par les ubuesques primes pour rapiécer les vêtements, réparer les vélos ou les lave-linges. Le tentaculaire audiovisuel public coûte à lui seul 3,8 milliards d’euros par an, il suffirait d’en privatiser la moitié pour financer la mesure.

La Cour des comptes publie quasi quotidiennement un rapport qui nous rappelle le gaspillage et la gestion hasardeuse des deniers publics.

Une réforme de l’impôt sur le revenu est nécessaire pour relancer la France et récompenser le travail, et c’est possible à périmètre fiscal constant.

La plus audacieuse d’entre elles est la suppression de l’impôt sur le revenu financé par l’élargissement de la base de la TVA. Selon la Tax Foundation, la TVA ne perçoit que la moitié de son potentiel, de nombreux produits étant soumis à un taux réduit, voire nul.

Une seconde réforme moins audacieuse reviendrait à instaurer une flat tax sur l’ensemble des revenus. Avec 1322 milliards de revenus déclarés, son taux ne s’élèverait qu’à 7,1 % ! Bien sûr, la vraie réforme serait de baisser tout simplement les dépenses publiques de 6 %, ce qui serait toujours supérieur à l’avant covid.

Impossible pour Gabriel Attal, incapable qu’il est de trouver deux milliards.

Voir les commentaires (18)

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  • Comment Gabriel Attal compte-t-il « désmicardiser la France »

    Sans doute en agissant comme tout politique ,au moment du bilan il choisira une sens ad hoc à l’expression à « desmicardiser. »

    il n’y a pas de fiscalité juste..

    il y a des fiscalités avec soit des objectifs, et que l’on peut juger à la fin soit des préconçus idéologiques..

    la redistribution. est idéologique.
    les inégalités de revenus sont elles injustes??? parfois oui de point de vue libéral, celles par exemple , issues du capital de connivence..
    ils est quand même incroyable que nos concitoyens dans leur majorité pensent que les inégalités injuste sont celle qui ne sont pas crées à laide de la violence d’état!!!

    bien entendu. la liberté engendre des inégalités de revenus…qui peuvent choquer…

    mais la pauvreté n’est pas une vertu.. si la pauvreté vient du vice.. donner le l’argent nourrit le vice… donner le l’argent à une personne qui se came…

    Toute politique de redistribution est associées à une perte de liberté.

    mais je crois que ce qui me choque le plus est la valeur avec l’idée de redistribution rest le matérialisme sous jacent.

    la pauvreté n’ets pas associée à une mauvaise vie…comme la richesse ne fait pas le bonheur..

    c’est AUSSI un choix de vie…

    • le problème est en amont…on arrivera à rien si on pose que toute politique de redistribution est acceptable..

      le niveau de revenu des français est la responsabilité des individus…

  • Attal dispose d’un atout redoutable : il compte parmi ses ministres un génie de l’économie qui a réussi l’exploit d’endetter la France de 100 milliards par an, avec la régularité d’un métronome, depuis sept ans.
    Comme ce ministre est également un génie de la littérature, il peut compter sur son aide pour nous raconter une belle histoire.

    • Un homme du génie s’appelle un sapeur. Au pays des mille fromages, il existe une ancêtre de la bande dessinée qui devrait être offerte à tous les enfants des écoles : « Le Sapeur Camember ». Notre journal en ligne libéral pourrait peut-être lancer une souscription pour ce faire ?

    • Vous avez trouvé votre bouc emissaire favori responsable de tous les maux de notre société
      Sauf que les francais sont aussi responsables de cette situation mais c est tellement facile de se trouver un exutoire à peu de frais…….que d assumer……
      C est un art de faire diversion……🤣🤣🤣

      -1
      • Les Français ont les connaissances que la scolarité publique leur dispense : 0 pointé en économie. C’est certainement voulu.
        Formez-les correctement, impartialement, rattrapez les années de maths perdues (les petits Ukrainiens ont 2 ans d’avance sur les petits Français), re-développez leur niveau de français, car il faut énoncer clairement pour bien comprendre, et vous verrez qu’ils ne seront plus amoureux de leur Etzt-providence.
        Cet Etat-providence, ce sont les hauts fonctionnaires et les politiques qui en ont besoin, pour maintenir leurs prébendes, certainement pas les Français, que vous amalgamez comme un hypocrite. Il y a les Français instruits, qui profitent du système ou en sont les victimes. Et il y a les non-instruits qui croient à fond à la « redistribution » et réclament l’Etat-providence, qui profitent ou sont victimes, mais à l’insu de leur plein gré.
        Alors oui, Bruno Lemaire est responsable de la situation gravissime dans laquelle se trouve notre pays, lui et ses copains du gvt. Et eux seuls.

  • L’argent il le trouvera de facon indirecte. Ca se fera comme d’habitude depuis 15 ans au choix:
    – Une taxe quelconque sera augmenté
    – une nouvelle sera crée sous couvert d’écologie ou de santé publique.
    – transfert de compétences vers les collectivités locales
    – nouvelles obligations pour les entreprises qui rapporteront la charge sur les consommateurs
    – retard de paiement d’aides et subvention
    – non paiement d’aide en créant de nouvelles conditions et des formulaires administratifs ubuesques
    – rabottage de précédents bonus et augmentation de malus

    L’Etat est trés imaginatif.

    • De plus, comme au point où nous en sommes sur la courbe de Laffer, toute nouvelle taxe réduit le rapport des anciennes, les anciennes taxes seront augmentées pour revenir au même niveau, sans que le lien puisse être établi avec le « financement de l’aide aux classes moyennes ».

    • Malgre son imagination débordante l etat est au bout du rouleau et se tourne très majoritairement vers le déficit et donc la dette……mais avec son corollaire une hausse régulière de la charge de cette dette sur le budget soit 56 milliards en 2024,,,,,,
      Le serpent se mord inexorablement la queue……

  • Tout nouveau gouvernement annonce des baisses d’impôt à son arrivée pour être populaire. Seul problème, les impôts actuels sont insuffisants pour couvrir les salaires de l’armée de fonctionnaires parasites. Et c’est pour ça que l’État s’endette. Uniquement pour payer ses gentils fonctionnaires qui assurent la réélection des forces de gauche.
    Les promesses des gouvernements de baisser les impôts, de désmicardiser, de baisser le chômage, de réindustrialisation, etc, n’engagent que ceux qui l’écoutent. Les gouvernements n’ont jamais eu d’obligations de résultats. Pour la bonne raison qu’ils forment, comme en URSS, une nomenklatura qui se coopte. Et tout nouvel arrivant est classé à l’extrême droite populiste afin de le diaboliser ; seul moyen d’éviter qu’il devienne khalif à la place du khalif. La peur du nettoyage quoi… Alors tout ça, c’est du blablabla pour benêt.

  • Un impôt non progressif et payé par tous au premier euro gagné, et une TVA unique… c’est ça la révolution.
    Et supprimer déjà 10% des fonctionnaires (objectif non extrême contrairement aux annonces du style « 50% de fonctionnaires en moins ! » qui ne sont que des annonces et absolument pas réalisable).

    • Mettre une flat tax et une TVA unique a 25% est bien sur nécessaire mais ce sera nettement insuffisant car nos dépenses sociales croissent de manière exponentielle et représentent 830 milliards en 2022 ( retraite santé et aides sociales ….)
      Il faut apporter des réponses rapides dans ce domaine….continuer d augmenter l age de la retraite 64 vers 67 ans, idem pour les franchises médicales, idem pour l indemnisation chômage en passant de 18 à 12 mois de durée et de 6 à 8 mois pour recharger……..et aligner les plus de 53 ans sur le régime classique…….

  • Soyons clair, cette baisse d impot va se traduire mécaniquement par une hausse de notre déficit et donc de notre dette puisque nos prélèvements obligatoires sont au taquet en France a pres de 50%
    D autre part aucune baisse de la dépense n a été constaté depuis 40 ans…..
    Nos déficits croissent depuis 2022 4,5 puis 4,9 la prévision de 4,4 pour 2024 paraît hors sol compte tenu de la révision a la baisse de notre croissance 1,4 pour 0,9
    Le début de l année démarre très fort 500 millions pour les agriculteurs et 600 pour le leasing électrique…….

    • Et trois milliards à l Ukraine….

      • Ah oui, mais ça n’est pas Attal qui les a trouvés, c’est Macron !
        Et sans compter les 300 millions de recettes d’impôts en moins avec le départ de M’Bappé…

      • S il y a un seul domaine ou nous devons impérativement augmenter le budget c est bien celui de notre défense que nous avons trop longtemps sacrifié sur l autel des bisounours et des pacifistes ………. l aide a l Ukraine en fait partie intégrante…….

        -1
        • L’aide à l’Ukraine, on pourrait aussi verser le fric dans la mer, ça ne renforce en rien nos capacités de défense, bien au contraire. Mais il est vrai qu’à ce niveau-là de corruption, il ne peut qu’y avoir un certain retour sur investissement, comme vous ne pouvez manquer de le savoir…

          • Je croyais que le tueur psychopathe avait éradiqué la corruption a Moscou….vous aurait il tromper à ce point ????……c est pas possible……😂😂😂😂

  • Les commentaires sont fermés.

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