La dette publique française : un fardeau pour les générations futures

Dette publique et politiques sociales : les défis de la France face aux marchés financiers.

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La dette publique française : un fardeau pour les générations futures

Publié le 2 mai 2023
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La réforme des retraites promulguée a suscité et suscite toujours beaucoup de questions. Toutefois, un élément est resté caché dans ces débats : la question des retraites, c’est aussi la question de la dette.

La France a besoin d’envoyer des signaux positifs aux marchés financiers pour ne pas voir sa note dégradée par les agences de notations – le report de l’âge de départ à la retraite en est un exemple – et surtout pour ne pas subir une nouvelle hausse du coût de remboursement de sa dette.

 

Un constat alarmant

Oui, la France a bien un problème de dette publique. Cette année, la charge de la dette, c’est-à-dire le coût de son remboursement devrait atteindre 80 milliards d’euros. Elle pourrait même devenir le premier poste de poste de dépense dans le budget de l’État. La France devrait donc assurer le remboursement de sa dette avant de pouvoir investir dans l’éducation, la défense… pour ne pas être abandonnée par ses financeurs.

Le gouvernement a conscience de ce problème. Il y a quelques jours, le ministre de l’Économie a annoncé un plan d’économie pour les ministères. Toutefois, même si cet effort est louable, cela reste une goutte d’eau dans un océan d’erreurs de gestion depuis des dizaines d’années. La France a beaucoup dépensé depuis la crise de 2008. Cette dette en hausse et s’élevant à 116 % du PIB vient peut-être nous montrer que le pays a surtout trop dépensé.

En face de ces fortes dépenses, on pourrait se consoler en se disant que les services publics restent de bonne qualité mais cela n’est plus vrai. Des hôpitaux surchargés, une justice dépassée et une école publique qui a abandonné l’excellence. Le compte n’y est pas.

 

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Cette situation de surendettement français s’explique à la fois par la politique monétaire européenne mais aussi par des choix politiques nationaux.

Avec de faibles taux d’intérêt et un financement des dettes publiques, la politique expansionniste de la BCE a laissé la porte ouverte à un endettement croissant des États depuis la crise de 2008. Beaucoup de gouvernements européens ont alors cru au retour avec succès des politiques keynésiennes : la BCE finance via l’endettement les politiques de relance budgétaire des États.

La France ne s’est donc pas privée de dépenser pour la crise liée au covid ou pour les tensions liées à la guerre en Ukraine. La distribution d’aides sociales massives pour les particuliers et les entreprises avaient une contrepartie : une dette en constante augmentation.

Cependant la situation se complique alors quand l’inflation revient. Toutes ces politiques expansionnistes n’ont pas échappé à la réalité : trop de création monétaire provoque l’inflation. Alors il faut lutter contre elle en remontant les taux, c’est-à-dire réaugmenter le prix de l’argent. Emprunter coûte donc plus cher. Ainsi il faut consacrer toujours plus de budget au remboursement de la dette. Le cercle vicieux est lancé : s’endetter toujours davantage pour rembourser la dette précédente.

Au-delà des contraintes monétaires, la dette peut aussi s’expliquer par le modèle social français généreux.

La France peut s’honorer de distribuer de nombreuses aides sociales. Mais sans contrôle de ces dispositifs, elles deviennent vites coûteuses. La fraude sociale et fiscale est une partie de la cause de la dette sociale française. Les dépenses sociales en hausse sont liées au manque d’incitation au travail. Par exemple, plus de 60 % des bénéficiaires du RSA ne sont pas inscrits à Pôle emploi.

Plus largement, un modèle social ne favorisant pas assez le travail et offrant des aides sociales élevées nous fait prendre un chemin défavorable pour assurer des finances publiques saines.

Enfin, les différents plans d’investissements et politiques publiques en tous genres mis en place s’ajoutent à des dépenses publiques incontrôlées et font de la France le pays le plus dépensier de la zone euro.

 

Les conséquences de la dette se font déjà ressentir 

Cette dette est la clé de toute politique sociale : sans effort, la France continuera à dépendre de ses créanciers et ne pourra pas décider de grandes politiques coûteuses. Elle n’en n’a plus les moyens, à moins de braver le jugement des marchés au risque d’aggraver la situation.

L’exemple récent du Royaume-Uni montre bien l’importance du regard des marchés sur les politiques gouvernementales. Pour rappel, le gouvernement de Liz Truss avait annoncé un plan de grandes dépenses non financées et notamment des baisses d’impôts massives. Or, les marchés ont jugé défavorablement ce plan, ce qui a entraîné une forte baisse de la valeur de la livre sterling et surtout une hausse très forte des taux d’emprunts de l’État britannique. Les taux retrouvant des niveaux jamais vus depuis 2009. Tout cela a obligé la Banque d’Angleterre à intervenir pour éviter la chute des économies des Britanniques. Donc le gouvernement a dû revoir son plan pour satisfaire les marchés.

La France doit-elle suivre cette voie, c’est-à-dire dépendre de ses créanciers pour chaque plan d’investissement ? Au vu des défis qui nous attendent, il faudrait être capable d’être indépendant. Cependant, cela oblige à respecter une gestion rigoureuses des finances publiques.

Avec une dette record et un argent qui coûte plus cher, l’État doit renoncer à mettre en place des dispositifs sociaux quelque soit leur ampleur car ils sont devenus trop coûteux quand il faut réduire à tout prix la dette. Ainsi, ce sont les plus démunis qui vont payer les conséquences de cette mauvaise gestion des deniers publics. Il faut maintenant arrêter les dépenses, durcir les conditions d’obtention des aides sociales pour économiser, et dans un contexte de forte inflation.

De plus, la France a besoin de pourvoir investir sans contrainte pour faire face aux défis écologiques, technologiques. Il est évident que le budget de l’État doit prioriser l’éducation, les technologies plutôt que le remboursement des intérêts de la dette. Ce n’est malheureusement pas pour l’instant le chemin que nous prenons.

 

Quelles solutions ?

D’abord, il faut retrouver la maitrise des dépenses en mettant fin à l’accumulation de dispositifs temporaires comme les fameux chèques énergie, carburants… Il faut aussi un vrai contrôle pour l’obtention des aides.

Ensuite, l’incitation au travail doit être l’objectif des politiques publiques. Les aides sociales ne doivent pas être considérées comme un revenu permanent mais une aide temporaire avant le retour à un emploi. En d’autres termes, la société ne peut pas financer l’oisiveté.

Enfin, un dispositif indépendant de contrôle des dépenses de l’État devrait être mis en place pour s’assurer de leur efficacité.

Plus globalement, une vraie réflexion sur la valeur du travail doit être menée. En effet, pour rembourser la dette et moins emprunter il faut aussi créer davantage de richesses. Ainsi, la réforme des retraites n’est qu’un élément d’un cadre bien plus large, le retour à l’importance du travail pour assurer notre modèle social.

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  • 2 commentaires en vrac :
    – le contrôle des aides, pour important qu’il paraisse, est une activité qui ne créée aucune richesse, mieux vaudrait un système bien plus simple et ne demandant qu’un contrôle facile et peu couteux ;
    – le contrôle des dépenses de l’Etat relève du Parlement et sera donc sans effet tant que celui-ci sera aux ordres de l’exécutif.

    • Le plus facile pour les aides est de les supprimer. Le contrôle est alors très simple…
      Pour les dépenses de l’Etat, c’est plus dur en effet, mais le rôle de la Cour des Comptes pourrait être renforcé.

  • « La question des retraites, c’est aussi la question de la dette ». Mais pourquoi n’avoir pris le temps de bien expliquer tout cela, d’avoir imposé une réforme techno sans modifications négociables donc rejetée par 70 % des citoyens. Et aussi alors que nous sortions à peine la tête du bain covid, pourquoi nous la replonger dans un bain chaud-bouillant d’une réforme très délicate. Or normalement 70 % des français acceptent en maugréant des mesures pénibles dès lors quelles sont bien démontrées. Ne nous prennent-ils pour des bêtes quand ils nous parlent de chattes dans un magazine pour l’une et dans un livre pour le second. Sacrées pestes ces arrogants, tels des animaux malades de la peste.

  • Je trouve l’auteur bien prétentieux de son savoir. Il n’a pas fallu longtemps pour que sa prévision (volonté ou croyance aveugle ?) sur l’incidence de la réforme des retraites participe au maintien de la notation de la France. Ceci n’étant pas de moi je mets les  »  » « un bon économiste est celui qui est capable de vous expliquer aujourd’hui qu’il avait raison d’avoir tort hier ».
    Pour rabaisser quelques hauteurs malvenues de prétentieux « économistes » voici une piste pour les et se jauger https://www.veblen-institute.org/Verites-et-mensonges-du-discours-economique-141.html

    -2
    • Phillippe Frémeaux.. ça c’est une référence..
      Je préfère; « Le socialisme ne dure que jusqu’à ce que se termine l’argent des autres »

    • Quand on lit les raisons pour lesquelles Fitch abaisse la note de la France, on s’aperçoit que c’est principalement dû à la résistance sociale à tout ce qui pourrait diminuer la dette. L’agitation autour de la révolte qui menace l’application de la réformette des retraites semble être la goutte d’eau qui a mis le feu aux poudres. D’une certaine manière, cet avertissement AA- soutient le Président dans la tempête face au risque de collision avec le FMI s’il ne tient pas le cap.
      Peut-être devrait-il remonter l’âge pivot de 64 à 67 ans et/ou instaurer un début de capitalisation?

      • Non seulement cet avertissement pourrait bien être suivi d’un autre de Moody’s et/ou S&P, mais encore la surprise pourrait bien être que ça n’est pas tenir le cap qu’on lui demande, mais l’infléchir vers une plus grande efficacité. Ca veut dire une dose inévitable de capitalisation pour les retraites, parce que l’âge légal ne résout rien, l’abandon de plein de détours écologiques au profit de la ligne droite, et paradoxalement une réduction des impôts, en particulier ceux qui sont idéologiques et punitifs, en même temps que la réduction des dépenses. En effet, la réduction des dépenses en elle-même n’accroît pas la création de richesses, donc elle ne donne aucun moyen de rétablissement de la situation à long-terme.
        Le seul moyen de repousser définitivement le FMI serait de mettre en place un gouvernement de techniciens, qu’il prenne les mesures nécessaires dans l’incompréhension la plus complète des Français envers leur effet économique, et donc que le Président se contente d’en être le porte-parole en continuant à raconter n’importe quoi sans rapport avec les mesures prises. Peu probable.

    • L’arrogance tente de masquer l’incompétence. Depuis 2017, on commence à le savoir…

  • Il faudrait surtout que l’Etat arrête de se méler de tout, tout le temps. Il faut qu’il revienne au régalien et que toutes les réglementations soient méthodiquement supprimés.

  • « ce sont les plus démunis qui vont payer ». Pas vraiment, ce ne sont pas eux qui payent des impôts, hein? C’est juste que les plus démunis auront moins d’aides, c’est bien différent. Et encore, distribuer de l’argent aux plus démunis, est ce la méthode la plus efficace pour les aider, j’en doute.

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