Charles Prats, l’homme en trop

OPINION : le magistrat Charles Prats est placé sous enquête administrative. Retour sur ses livres.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Charles Prats, l’homme en trop

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 2 décembre 2021
- A +

Par Claude Sicard.

On apprend par le journal Libération que le magistrat Charles Prats est placé sous enquête administrative par notre ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, en raison des révélations contenues dans son dernier livre sur l’importance faramineuse des fraudes sociales dans le pays : en effet, il les évalue à pas moins de 52 milliards d’euros par an.

On comprend que cela dérange nos responsables politiques, d’autant qu’il s’agit de fraudes imputables pour une bonne part à des ressortissants étrangers ou issus de l’immigration.

 

Le parcours de Charles Prats

Charles Prats publie régulièrement des notes sur l’ampleur, considérable selon lui, des fraudes sociales et fiscales dans le pays.

Il est passé par l’École de la magistrature et il est actuellement juge de la détention et des libertés. Il a été magistrat chargé de la lutte contre les fraudes fiscales et sociales au ministère des Finances, et il est membre de l’Institut de recherche économique et fiscale Vauban. Il est aussi délégué de l’Association professionnelle des magistrats. En 2012 il a été fait chevalier de l’ordre national du Mérite.

Ces différents titres et son parcours professionnel plaident en sa faveur.

Il nous dit :

Je suis la gentille victime d’une chasse aux sorcières. J’ai reçu la lettre de mission de l’Inspection, mais je n’ai pas encore été entendu. Il s’agit visiblement de mon expression publique et de mon devoir de réserve.

 

Des vérités gênantes pour les pouvoirs publics

Dans son dernier ouvrage Cartel des fraudes 2, il dévoile des vérités gênantes pour les pouvoirs publics.

Charles Prats chiffre à 2,5 millions le nombre d’étrangers qui spolient le système social français sans avoir aucun droit à y participer. On dénombre 75,3 millions d’assurés sociaux alors que l’effectif de la population se monte à seulement 67,1 millions de personnes. Cinq millions de cartes vitales surnuméraires sont en circulation.

Un domaine est particulièrement choquant en matière de fraude, celui des pensions de retraite versées à l’étranger à un très grand nombre de personnes plus que centenaires. Les pays du Maghreb se distinguent tout particulièrement en étant devenus les repaires de milliers d’éternels retraités.

En 2010, Rolande Ruellan, présidente de la sixième Chambre de la Cour des comptes avait été la première à lever le voile sur ces anomalies : 1,2 million de personnes vivent à l’étranger et perçoivent une retraite ; 13 % d’entre ellles, soit 156 000 personnes, seraient centenaires. Or, en France, le nombre de centenaires est d’environ 26 000 seulement.

Le 25 août 2020, le député José Evrard a soulevé le problème de ce nombre anormal de retraités centenaires algériens grâce à de faux certificats de vie fournis à la Sécurité sociale, et obtenus de l’administration locale.

Un autre problème est celui des retraites versées en surnombre en raison d’accords entre la France et un certain nombre de pays, accords qui pour des raisons mystérieuses reconnaissent la polygamie.

Autre problème encore : la dette de l’Algérie envers la Sécurité sociale française. Une convention générale a été passée avec l’Algérie le 1er octobre 1980, complétée par un « arrangement administratif » en date du 10 avril 2016. Mais le pays tarde généralement à payer ses dettes : en 2010 le sous-directeur des Conventions internationales du ministère des Affaires étrangères chiffrait à 600 millions d’euros la dette de l’Algérie en cette matière.

Le catalogue des fraudes établi par Charles Prats est très complet : on y apprend que 252 porteurs de cartes vitales ont plus de 120 ans et que 20 % des djihadistes français résidant à l’étranger perçoivent des aides sociales.

 

Éponger la dette de la Sécurité sociale

En 2020 le déficit de la Sécurité sociale s’est élevé à 38,6 milliards d’euros. Le déficit de la branche maladie est de 30,4 milliards, et celui de la branche retraite de 6,2 milliards. La dette actuelle de la Sécurité sociale, pour le montant restant à rembourser par la CADES, s’élève à 130 milliards d’euros.

Cet organisme serait plus qu’à l’équilibre sans toutes ces gigantesques fraudes dénoncées courageusement par Charles Prats.

Le magistrat s’indigne de ce que la Cour des comptes certifie les comptes de la Sécurité sociale sans s’interroger sur le problème de la fraude.

Le rapport relatif aux comptes de 2020 admet certaines incertitudes du fait des mesures d’exception prises en urgence par le gouvernement dans le cadre de la crise covid.

En revanche, le rapport de 2019 ne comporte aucune mention sur des anomalies. Il déplore simplement qu’il y ait « une rupture avec la trajectoire de retour à l’équilibre qui était prévue ». Parmi les leviers à mobiliser pour revenir à un équilibre pérenne il mentionne : « veiller au paiement à bon droit des prestations ». Effectivement, c’est là un élément essentiel et en ce domaine un travail considérable reste à effectuer. Puissent donc les signaux d’alerte lancés par le magistrat Charles Prats être suivis d’effet : l’IREF s’est emparé du sujet et mène maintenant le combat.

 

 

Voir les commentaires (25)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (25)
  • Charles Prats, l’homme qui en savait trop ? l’IREF va collaborer et poursuivre cette énorme tâche : plus que bravo !

  • Bonjour, il y a une erreur dans l’article
    « En 2010, Rolande Ruellan, présidente de la sixième Chambre de la Cour des comptes avait été la première à lever le voile sur ces anomalies : 1,2 million de personnes vivent à l’étranger et perçoivent une retraite ; 0,13 % d’entre ellles, soit 156 000 personnes, seraient centenaires. Or, en France, le nombre de centenaires est d’environ 26 000 seulement. »
    0.13 % ca fait 1560. S’ils sont 156000 c’est 13%. Merci de corriger (et vous pouvez supprimer ce commentaire une fois cela fait).
    Merci pour votre article.

  • soupçonné d’avoir enfreint son droit de réserve…
    ça mérite une explication..
    le dit droit ne me semble pas très bien défini..

  • il faut chasser les socialistes du système de santé.
    Halte aux combines!
    Dehors les corrupteurs!

    • @dad22fr
      Bonsoir,
      Avec 130 milliards de dettes, la Sécu est en faillite pure et simple. Heureusement que le but de la Sécu n’est pas de soigner des malades. Son seul but est de faire passer la pilule des prélèvements dits de santé.

  • Je vais me faire l’avocat du diable.
    Ces fraudes ne représentent qu’environ 10% du montant des prestations, soit la même proportion que la fraude sur les assurances privées en Europe. On peut donc dire que la sécu ne se gère pas si mal ?

    https://www.lecomparateurassurance.com/98-autres-guides/109268-fraude-assurance-quels-sont-risques

    • Cela ne les rend pas indemne de toute critique, d’autant plus qu’aucun d’entre nous n’a le choix d’y cotiser ou non, ni à quel degré.

    • Je crains que vous n’ayez raison. La Sécu est surement mauvaise, mais pas tant que ça.

      Ce n’est pas tant pour défendre la Sécu que j’insiste là-dessus, mais parce qu’il ne faudrait pas croire qu’il y a une réserve magique d’argent qu’on pourrait trouver en luttant contre les centenaires algériens ou que sais-je. La réforme de la protection sociale ne peut pas faire l’impasse sur les vrais sujets, de mise en concurrence en particulier.

      Il faut se battre contre tous les détournements, mais surtout insister sur les vrais solutions libérales de long terme.

    • Mon voisin d’en face me vole de l’électricité, mais ce n’est pas grave parce que celui de gauche fraude son assurance.

    • ça m’étonnerait qu’une assurance privée se laisse carotter 10% de fraudes.

      • @Austrasie
        Bonsoir,
        Vous connaissez beaucoup d’assurances privées ou d’entreprises privées qui ont une dette de 130 milliards en augmentation ?

  • On cherche visiblement à faire taire M. Prats – en l’espèce, « devoir de réserve » est synonyme d’omerta. Pourquoi ?
    Certes, des fraudes massives font désordre en période électorale. Mais on peut imaginer davantage. On rappellera que les dépenses fictives sont une méthode vieille comme le monde pour alimenter des caisses noires – il suffit de se mettre d’accord avec le bénéficiaire pour qu’il reverse discrètement une partie des fonds. D’ici à ce que ce système finance les petits arrangements entre la France et certains pays…

  • assez hallucinant l’article de Libération (l’aberration ?) : tout l’article sert à insulter l’homme de l’outrage suprême : extrême droite, ultra droite, etc etc etc, mais à aucun moment, l’article n’essaie de commenter ou d’infirmer ses travaux ou le sujet de ses livres. Bref, ce n’est plus du journalisme, mais du militantisme gauchiste …

  • Ça fait quand même un moment qu’on a de gros problèmes avec l’Algérie. Il serait vraiment temps d’en tirer les conclusions qui s’imposent et réduire drastiquement nos relations avec ce pays, qui de toute façon nous déteste

  • L’article se concentre sur les retraites centenaires, mais Prats dénonce aussi en giron 7 millions de cartes vitales de plus que d’assures sociaux,ce sue la sécu et les instances politiques ont mis 10 ans à admettre, apres avoir dit que c’était faux.
    7 millions de cartes par au minimum 1000 € de prestations c’est déjà 7 milliards, et certainement 3 fois plus en réalité, et qui alimentent entre autres des médicaments obtenus en France et revendus à l’etranger

  • « Il a dit la vérité … Il doit être exécuté … »

  • Je suis pas sur qu il y ait tant de fraude que ca. J ai personnellement une carte vitale (enfin je sais plus ou elle est mais elle est certainement encore comptabilisee par la secu) et j habite plus en france.
    Est un signe de fraude : cette carte n a plus ete utilisee depuis mon depart de france. donc 5 millions de cartes en trop peuvent tres bein s expliquer par les francais ayant quitte leur radieux pays pour fuir ses perspectives radieuses (dans mon cas le RMI)

    Pour les centenaires algeriens, on a probablement une fraude vu le %. mais de combien ? d apres l auteur c est quelques milliers de centenaires. disons 5000. Vu le profil (gens peu eduque, ayant travaille pas assez pour avoir une pension complete) on va estimer la pension de 1000 €/mois pour avoir un compte rond. 5000*1000=60 millions par an, le deficit de la retraite c est d apres l article 6.2 millard. on regle donc ici en gros 1 % de celui ci
    Reste 99 % du deficit a regler !!!

    Il faut lutter contre la fraude mais pas cacher que c est pas le probleme majeur: le systeme est verolé a la base et consiste a spolier les jeunes generations au profit des retraités actuels (je sais ca va pas plaire ici mais il faut bien mettre les pieds dans le plat)

    • « d apres l auteur c est quelques milliers de centenaires. disons 5000 »
      Vous avez mal lu l’article. Certes, les 252 « porteurs » de cartes Citale de plus de 120 ans sont en nombre assez anecdotique et ne touchent pas forcément de prestations, tout comme vous.
      En revanche le chiffre des centenaires qui _touchent_ une retraite en étant domiciliés à l’étranger est clairement indiqué, et il est de 154000 (plus que les centenaires résidant en France au total) ce qui est manifestement aberrant. et qui à 1000€ par mois pour reprendre votre proposition, représente 1,85 Mds€ (ou milliards) par an. Près de 30% du déficit. Tout sauf négligeable, si tous ces chiffres sont justes.

    • (Il n’en reste pas moins que je souscris à votre assertion finale : ce système est bien vérolé à la base en faisant payer des pensions importantes à des classes nombreuses par la spoliation des générations actuelles. On aurait dû passer à la capitalisation depuis tellement longtemps… Et surtout, stopper le quasi-monopole d’État !)

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Les tensions du Proche-Orient semblent déborder largement et atteignent sans mal certaines localités de notre petit pays : le gouvernement constate, un peu effaré, l’explosion soudaine du nombre d’actes antisémites sur le sol français depuis le 7 octobre dernier.

La Behète Immonheudeu au ventre fécond de bruits de bottes n’est pas morte : les factions d’extrémistes de droite, de suprémacistes blancs et autres nationalistes forcenés se sont tous donné le mot pour multiplier les actes et les propros réprimés par la loi, ce qui n’a pas ma... Poursuivre la lecture

Un article de l'IREF.

Ceux qui craignaient que les compteurs Linky soient un instrument d’intrusion de l’État dans nos foyers avaient raison. Alors que l’État subventionne à tout-va l’électricité et incite à grands frais les Français à rouler en véhicule électrique, il s’inquiète d’une possible pénurie d’électricité. D’ores et déjà, il veut expérimenter des solutions pour réduire à distance et autoritairement, sans leur accord, la puissance électrique des usagers domestiques.

Le journal La Tribune a publié un projet de décret pr... Poursuivre la lecture

Selon que vous serez propriétaire ou locataire, les jugements vous donneront tort ou raison, pourrait-on dire en paraphrasant Jean de La Fontaine[1].

Un propriétaire victime d’un squatteur l’a bien compris et a su astucieusement retourner la situation à son profit en devenant lui-même squatteur de… son propre bien.

De nombreux médias ont relayé ce nouveau fait divers. Face à un locataire mauvais payeur, le propriétaire n’a pas hésité à utiliser les propres méthodes des squatteurs : profitant de l’absence de son locataire, il a o... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles