Immobilier en crise : emplois menacés et avenir incertain

Le secteur immobilier neuf subit une crise sans précédent, menaçant jusqu’à 100 000 emplois d’ici fin 2024 selon la Fédération française du bâtiment

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Immobilier en crise : emplois menacés et avenir incertain

Publié le 17 avril 2023
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Le secteur immobilier est en crise. Cette fois, ce n’est plus sous les coups de boutoir des impératifs de rénovations des « passoires thermiques » mais entre autres sous l’effet des hausses de taux sur l’immobilier neuf.

Pour Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment :

« Le ressort du logement neuf est cassé, donc l’emploi est menacé en 2024 ; fin 2024, 100 000 salariés sont en danger […] quand il n’y a pas de permis de construire ou qu’il n’y a pas d’investissements à l’instant T, on sait très bien que deux ans après, la construction ne se fera pas. »

La débâcle de l’immobilier était prévisible et prévue.

Voici ce qu’en disait Pierre Sabatier de PrimeView en octobre 2022 :

« Nous connaissons le choc le plus violent sur les taux d’intérêt depuis près de 50 ans. Si les taux d’emprunt passent en quelques mois de 1 % à 4 %, alors que les salaires n’augmentent pas dans leur ensemble, c’est une baisse de 23 % de la capacité d’achat à laquelle il faut s’attendre. »

Les prix chutent et les acheteurs se raréfient, rien de surprenant. Les Échos publient l’évolution des prix constatée par le réseau Orpi.

La bulle immobilière commence à laisser échapper un peu de gaz :

 

La Fédération française du bâtiment presse le gouvernement d’agir et pousse ses solutions :

  • prolongation du prêt à taux zéro, son rétablissement à 40 % sans discrimination territoriale ;
  • rehaussement de 25 % des plafonds d’opérations pris en compte pour son calcul ;
  • instauration d’un crédit d’impôt de 15 % sur les cinq premières annuités d’emprunt ;
  • restauration du dispositif Pinel dans sa version 2022.

 

La Fédération française du bâtiment veut davantage de mauvaises solutions

Nous sommes en France : face à une catastrophe programmée par l’interventionnisme étatique, les acteurs – même privés – demande encore plus d’interventionnisme étatique pour adoucir ladite catastrophe.

Examinons ces propositions de la Fédération française du bâtiment.

Les trois premières exigent davantage de crédits, d’argent créé à partir de rien, donc d’inflation monétaire. Zut alors, pas de chance ! La Banque centrale européenne a pourtant promis de contrer la hausse des prix à la consommation en restreignant l’inflation monétaire…

La dernière est une aide de l’État qui a pour objet de transformer les bailleurs privés en bailleurs sociaux : l’investisseur bénéficie d’une réduction d’impôt à condition de donner en location un logement neuf dont les loyers seront plafonnés et avec des conditions de ressource des locataires. Zut alors, pas de chance ! Bruno Le Maire nous jure vouloir contrer la hausse des prix et il y a fort à parier que le relèvement des plafonds de loyers et de revenus pratiqués par les méchants riches propriétaires bailleurs ne figurera pas sur la liste de ses priorités.

Alors que vont devenir les 100 000 futurs chômeurs du bâtiment envisagés par la Fédération française du bâtiment ?

Celui qui prétend connaître la réponse est un imposteur, à moins qu’il n’ait le pouvoir de créer une entreprise susceptible de les embaucher.

 

Pourquoi favoriser la pénurie plutôt que l’abondance ?

Toutes les politiques d’aide au logement déployées depuis presque un siècle n’ont favorisé qu’une seule chose : la pénurie plutôt que l’abondance. L’encadrement des loyers et la dissymétrie entre les droits des propriétaires et des locataires a dissuadé l’investissement locatif.

L’immobilier est un marché comme les autres et comme l’énonçait Frédéric Bastiat il y a deux siècles :

« Ce n’est pas le prix absolu des produits mais leur abondance qui fait la richesse. […] Les produits s’échangeant les uns contre les autres, une rareté relative de tout et une abondance relative de tout laissent exactement au même point le prix absolu des choses mais non la condition des hommes. »

Dans l’immobilier, les politiques publiques consistent à vouloir encadrer le marché et les loyers. Plus récemment, elles visent aussi à réglementer les normes de construction, les méthodes d’isolation, de chauffage, etc. conduisant à un renchérissement des coûts.

Durant un certain temps les effets néfastes ont été partiellement compensés par les facilités de crédit. Le renchérissement de l’immobilier a été bien supérieur à la croissance économique. Il fallait toujours plus de temps de travail ou d’épargne ou de durée de crédit pour acquérir un logement.

Aujourd’hui, les banques centrales ne peuvent plus pousser à l’expansion du crédit tout en déclarant vouloir lutter contre la hausse des prix. C’est l’impasse. Et ce n’est pas une mauvaise chose.

Qui a à perdre dans une chute des prix de l’immobilier ?

  • pas les propriétaires occupants lourdement taxés sur le foncier ;
  • pas les propriétaires bailleurs lourdement taxés sur le foncier et à l’IFI ;
  • pas les potentiels acquéreurs ;
  • pas les potentiels vendeurs. Ils dégagent encore des plus-values s’ils ont acquis un bien il y a un certain temps et même si ce n’est pas le cas ils pourront en acquérir un autre pour moins cher ;
  • les travailleurs du bâtiment ? Mais qui dit qu’ils ne trouveront pas un emploi ailleurs que dans la construction d’immobilier résidentiel neuf ?

 

Le seul perdant, c’est l’État dont les recettes fiscales vont baisser. La pierre coule donc peut-être mais est-ce une tragédie ?

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  • Il n’y a pas que l’Etat qui est perdant d’une chute des prix.

    C’est surtout vrai dans l’ancien mais la très grande partie des frais dits de notaire vont aux communes et au départements. Sachant que c’est l’une de leurs rares sources de financement, ca veut dire baisse de budget de celles ci et rattrapage sur la taxe fonciere donc sur tous les autres priopriétaires.

    Dans l’ancien toujours, chez les agences immobilieres, les tarifs sont exprimés en pourcentage. Idem chez les courtiers qui ont intérêt à vendre du crédit et du côté des architectes en cas de projet de rénovation.

    Evidemment, le problème est plus en cas de marché bloqué et qu’en cas de chute des prix. Les lobbies de l’immobilier sont trés puissants.

    L’immobilier est la plus puissante pompe à argent existante. Ce n’est pas pour rien qu’il y a toujours eu des dispositifs de défiscalisation depuis plus de 20 ans. Il serait très étonnant que le gouvernement ne lache rien pour alimenter la machine.

    •  » la très grande partie des frais dits de notaire »
      Il me semble que les frais de notaire, avant 2010, se montaient à environ 8% de la valeur du bien acheté. Récemment, mon voisin voulait acheter un terrain appartenant à ma sœur et se retrouve avec des frais de notaire à 14%!
      Je ne connais pas la réalité de cette situation, mais on dirait que les notaires ont bien anticipé la baisse de l’immobilier?

    • Avatar
      The Real Franky Bee
      17 avril 2023 at 14 h 17 min

      Tout à fait, les risques sont également non-négligeables pour les ménages dont beaucoup ont fait de l’immobilier leur principal plan d’épargne, mais aussi réserve de liquidités disponibles, avec la croyance selon laquelle jamais les prix de la pierre ne pourraient baisser.

      Enfin, dernier maillon de la chaîne à trinquer en cas de crise : les banques françaises dont l’actif est bourré de prêts immobiliers jusque-là considérés comme sans risque.

  • La FFB et autres organisations professionnelles de la construction et de l’immobilier sont archaïques et répètent toujours la même chose

  • Il ne faut pas oublier non plus qu’il reste pour les acteurs du bâtiment un marché considérable de travaux de transformation des bureaux en logement (réduction de l’usage par le télétravail et besoin de logements) et pour l’isolation des bâtiments

    • La réduction du besoin de bureaux due au télétravail, je demande à voir. Le recours au télétravail, ça ne fait pas prospérer les entreprises, c’est une attitude qui correspond à baisser la tête dans la tourmente. Quel patron voit un gain financier au télétravail ? Le gain qu’il voit est de ne plus avoir dans les pattes de ceux qui travaillent ceux qui glandent, mais dont il ne peut se débarrasser.
      Le marché de travaux pour l’isolation des bâtiments est quasi-nul. La rentabilisation des travaux demande des décennies, il y a longtemps que les cas où c’est rentable ont été traités sans intervention des règles écologiques.
      Donc dans un cas comme dans l’autre, nous sommes avec des Ateliers Nationaux, des gens employés à s’agiter, payés par le contribuable pour détruire sa richesse. Et le jour approche très vite où il n’y aura plus de richesse à détruire en France.

      • Il y a même cette étude anglaise qui montre que l’effet d’une rénovation énergétique d’un bâtiment disparaît au bout de 3 ans, perte d’efficacité et moindres précautions de la part des habitants. On dépense des fortunes en rénovation payées par l’argent des autres, alors que des travaux sont engagés au fur et à mesure de la vente de ces bâtiments, les nouveaux propriétaires ayant toujours un budget d’amélioration et de mise aux normes.

  • Plus de normes écologiques sur le neuf = augmentation des prix = moins d’acheteurs = chômeurs. Oui mais. Car il y a un mais.
    Mais sur ces 100.000 chômeurs annoncés, combien de travailleurs sans papiers ? Et un travailleur sans papiers ne peut pas s’inscrire au chômage. Donc il n’y aura pas 100.000 chômeurs. Ainsi, le gouvernement peut rester « droit dans ses bottes » selon son expression. Donc pas de panique. Les indicateurs du chômage resteront bons.
    Sauf ceux de l’accès au logement bien sûr. Mais posséder son logement, n’est ce pas capitaliste et anti écolos ?

    • « Mais posséder son logement, n’est ce pas capitaliste et anti écolos ? »
      Surtout que de plus en plus, vous avez intérêt à louer plutôt qu’acheter! Le locataire a tous les droits, le propriétaire aucun, alors le choix est vite fait!

  • Je suis un artisan du bâtiment.
    Oui, c’est une mauvaise chose, re oui c’est clairement la faute de nos élites et surtout des banques centrales, mais aussi à l’Europe, les escrolos… Tous nos chefs à la noix quoi…
    Malgré tout, j’y vois un ré équilibrage.
    Comme dit dans un com plus haut, combien de sans papier dans ces potentiels futurs chômeurs ? Ce n’est pas la bonne formule car ils sont tous en règle, il faut parler de travailleurs détachés plutôt. Donc, combien de Roumain, de Turcs, de Polonais ou de Portugais payés une misère par des boîtes française vont rentrer chez eux? Attention, je suis moi même issue de l’immigration, je n’ai rien contre eux (heureusement qu’ils sont là) mais plutôt contre ce système d’exploitation (d’esclavage pardon).
    Dans l’absolu c’est mauvais, dans le pointu c’est pas si mal.

  • c est beau de voir un appel a plus de subvention etatique dans un journal liberal. L auteur devrait proposer un article a l humanité vantant les privatisations ….
    Plus serieusement, il y une bulle immobiliere et celle ci eclate. c est tres sain et l etat ne dois en AUCUN CAS intervenir. Au contraire il devrait meme arreter les PTZ et autre pinel, qui ne font que solvabiliser artificiellement les acheteurs.
    Un fois le marché retablit, les prix se trouveront en accord avec les ressources des acheteurs. C est a dire plus bas. Ce qui est sain pour tout le monde. Le contribuable ne devra plus engloutir de l argent pour maintenir des prix elevés. les gens voulant se loger pourront depenser moins en logement et donc auront plus d argent pour d autres choses. evidement certains seront perdant. pas tant celui qui a achteé il y a 2ans qui va revendre pour racheter (il fera unemoins value sur son achat mais son nouveau logement aura aussi baissé). Les seulsperdant sont les vendeurs net d immobiliers, soit les proprietaires de residences secondaires ou les gens ages qui vendent pour acheter plus petit. mais comme la plupart ont achete il il a des dizaines d annees, ils feront juste moins de plus value

    PS:
    – le foncier represente pres de 30 % des couts d un logement neuf. donc une baisse sensible des prix du foncier va rendre de nouveau la construction rentable. il faut juste que les vendeurs atterrissent et fassent leur deuil des prix bullesques (disons d ici 2 ans)
    – le gros de l immobilier c est pas le neuf. On peut meme dire qu un effondrement des prix serait bon pour l emploi dans le batiement vu qu il restera plus d argent pour la renovation dans l ancien

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