Plan de sobriété énergétique : un agenda inversé

En termes de sécurité industrielle, les progrès reposent d’abord et avant tout sur une reconnaissance et une analyse des erreurs passées.

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Screenshot 2022-07-04 at 15-38-35 Elisabeth Borne voit un risque pour notre pays après l'absence de majorité absolue - YouTube

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Plan de sobriété énergétique : un agenda inversé

Publié le 10 octobre 2022
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Au cours d’une séance fleuve de près de trois heures au Parc des Expositions de Paris, le gouvernement a dévoilé ce jeudi 6 octobre son plan de sobriété énergétique.

Des prescriptions pour les administrations et les entreprises aux incitations pour les particuliers, les discours d’Élisabeth Borne et de ses principaux ministres ne sont pas sans rappeler les interventions lénifiantes de Jean Castex et d’Olivier Veran durant les confinements de 2020 et 2021.

Hormis que « lavez-vous les mains et portez votre masque sur le nez » ont été remplacés par « mettez un col roulé, réduisez la durée de votre douche et baissez la température de votre logement à 19° ». Le télétravail va également revenir en force : le « confinement pandémique » que nous avions connu durant les pandémies de ces deux dernières années risque-t-il de se transformer cet hiver en « confinement énergétique » ? Allons-nous voir réapparaître sous une forme similaire des attestations de sortie et l’interdiction de circuler dans un périmètre restreint à quelques kilomètres ? Rien n’est moins sûr !

Pas besoin d’une séance de trois heures pour comprendre qu’il est impératif d’optimiser notre consommation d’énergie : nous avions sur le site de l’Institut Sapiens publié dès juillet dernier une liste de 20 gestes écoresponsables dans le logement et les transports.

Quant à la réduction de la consommation dans le tertiaire public et privé, elle représente effectivement un gisement très significatif d’économies. Alors que le tertiaire est occupé moins d’un tiers du temps, en revanche, il est énergétisé 81 % du temps. Éclairage permanent, surchauffage l’hiver ou surclimatisation l’été il y a effectivement beaucoup à gagner. Dans L’Utopie de la Croissance Verte un paragraphe entier est consacré au sujet.

On y démontre qu’en réduisant le taux d’occupation énergétique de 81 % à 50 %, on peut économiser jusqu’à 90 TWh d’énergie. Mais en dehors de comportements écoresponsables, cela nécessite quelques travaux de domotique qui pour la plupart n’ont pas été réalisés. Gouverner c’est prévoir dit-on : ce n’est malheureusement pas le fort des politiques obligés aujourd’hui de soigner un cancer généralisé avec de l’aspirine.

Il y a dans la « liste à la Prévert » gouvernementale un point sur lequel il est indispensable de s’arrêter : l’objectif de réduction de la consommation énergétique. Les chiffres les plus fous ont circulé : l’Allemagne parle de 15 % en un an, la France de 10 %. Dans son discours, la Première ministre Élisabeth Borne semble avoir révisé ses ambitions à la baisse avec 10 % sur deux ans. Peu importe, ces chiffres représentent une fois de plus un agenda inversé dont les politiques sont friands.

Car ce n’est ni en réglant son chauffage à 19° ni en télétravaillant qu’on réduira la consommation du pays de 10 points. En 20 ans, grâce à la technologie et aux évolutions lentes des comportements, la consommation d’énergie en France a été réduite de 19 % soit en moyenne de 1 % par an1. Par ailleurs l’année horribilus 2020 s’est soldée par une récession économique de 7 % associée à une réduction de la consommation d’énergie de 10 %.

Alors que Bercy n’a rien publié à ce jour quant aux conséquences économiques du plan de sobriété gouvernemental (il a juste abaissé sans autre précision sa prévision de croissance de 1,4 % à 1 % pour 2023), la fondation iFRAP a réalisé une étude détaillée d’impact.

Dans l’Opinion Agnés Verdier-Molinié indique justement :

« Pour arriver à -10 % de consommation d’énergie, il faudra arrêter la production de nombre de nos usines… Lorsque les entreprises produisent moins, que les Français consomment moins d’énergie et se déplacent moins, cela a un effet sur la croissance. »

Selon cette étude, une réduction de 10 % (soit environ 170 TWh) de la consommation d’énergie l’hiver prochain se traduirait au mieux par une récession de 1,3 % alors qu’en l’étalant sur deux ans cette récession ne serait que de 0,5 %. Si ces chiffres paraissent bien optimistes par rapport à ce qui avait été enregistré durant le premier confinement, une chose est certaine : ce que madame Borne nous présente comme un plan de sobriété choisi est bel et bien un plan de rationnement qui se fera dans la douleur !

Qu’importe rationnement ou sobriété s’il s’agissait réellement d’un effort partagé au nom d’une noble cause comme le ressasse chaque jour la Première ministre :

« Défendre la démocratie en supportant l’Ukraine contre la Russie et combattre le réchauffement climatique ».

Le grand Winston Churchill n’avait-il pas embarqué son peuple en lui promettant « du sang, de la peine, de la sueur et des larmes ».

Mais on sait qu’en filigrane du discours moralisateur d’Élisabeth Borne se cachent 20 ans de carence politique et d’errements énergétiques. Vingt années au cours desquelles notre filière d’excellence nucléaire a été progressivement décimée sous la houlette d’écologistes irresponsables nous faisant croire à un 100 % renouvelable pour nous emmener de façon insidieuse vers la décroissance économique. Vingt années d’errements auxquels l’exécutif actuel a largement contribué en abandonnant le projet ASTRID, en décrétant en 2019 l’arrêt définitif de 12 réacteurs nucléaires et en ordonnant en 2020 la fermeture de la centrale de Fessenheim. Vingt années d’errements en n’ayant pas voulu entrevoir qu’une crise gazière pourtant évidente se profilait sous nos yeux. Mais surtout 20 années au cours desquelles il n’y a jamais eu le moindre mea culpa de l’exécutif.

En termes de sécurité industrielle, les progrès reposent d’abord et avant tout sur une reconnaissance et une analyse des erreurs passées. Sans ce minimum de repentance personne ne vous suivra et aucun progrès ne sera possible. N’en déplaise à madame la Première ministre, la politique n’échappe pas à la règle.

 

  1. Source : BP statistical review 2022
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  • un plan de sobriété énergétique est au premier ordre, sans miracle technologie, un plan d’appauvrissement..

    il faut donc enfumer …
    On trompe les gens qui font les « bons gestes (?)  » en leur donnant l’argent qu’on prend aux autres.. ou qu’on emprunte..
    On fait aussi payer ‘intermittence aux pilotables..
    Et sans jamais dire aux gens l’effet climatique..supposé être la raison..

    Pour le moment on a deux choses. un transfert vers les pays en voie de développement .. et la perte par les individus de leur liberté de choix de dépenses.. ce qui s’accompagne de la création d’unebureaucratie pour « gérer et « rien sur les émissions globales..

  • La particularité de l’homme/la femme politique est un ego surdimensionné qui ne pense qu’à une chose : laisser son empreinte au patrimoine du pays de manière à ce que son nom reste gravé à jamais dans les mémoires.
    Et pour cela il est prêt à toutes les compromissions et toutes les vilenies et bassesses possibles et imaginables, quitte à retourner sa veste si nécessaire (on ne compte plus ceux qui ont changé de camps au gré des élections, n’est-ce pas Mr Lemaire ?)
    Voilà longtemps que je n’ai absolument plus aucune confiance en eux car ils mènent notre pays à sa perte et nous régressons d’année en année.

  •  » progrès reposent d’abord et avant tout sur une reconnaissance et une analyse des erreurs passées. Sans ce minimum de repentance personne ne vous suivra  »
    CPEF! Ils n’apprendront jamais que le premier rôle du chef, c’est de donner l’exemple, s’il veut être suivi et soutenu dans sa mission. Et ça n’est pas l’idéologie socialiste qui leur ouvrira les yeux ( l’esprit et la conscience de leurs responsabilités!)

  • Vu la fuite en avant des fous qui « gouvernent » le pays avec la volonté d’accélérer le développement des moulins à vent et des panneaux solaires, il est clair qu’ils n’ont pas pris conscience de leurs erreurs passées.
    Ils sont comme le gars qui s’est cassé un bras et qui se soigne à l’aspirine, qui augmente la dose parce que son bras ne guérit pas et qui finit par mourrir de la gangrène en se disant sur son lit de mort qu’il aurait du prendre plus d’aspirine.

  • Arrêtons de reprendre la novlangue en cours. Ce n’est pas un plan de sobriété. C’est beaucoup de choses sauf ce mot qui renvoie à la modération. Là, nous sommes sur un plan de gestion de la pénurie (créée par cette fine équipe en plus), ou un plan de contrainte comportementale.
    En continuant de reprendre les éléments de langage de ce gouvernement, nous participons à leur bourrage de crâne, leur propagande. Nous nous devons d’être critique.
    Il ne fallait pas être devin pour savoir que nous nous dirigions tout droit à ce genre de situation. Quand on diminue la production, qu’on développe de l’intermittence (et qu’on persiste) et qu’en même temps on augmente la demande (bâtiment, transport, etc…), c’est sûr que ça allait mal se passer.

  • Les écologistes sont, certes, irresponsables mais ils n’ont, heureusement, jamais été en responsabilité.
    C’est bien à des gouvernements issus de partis réputés raisonnables qu’on doit cette situation.
    Cela nous conduit à des catastrophes industrielles, énergétiques, agricoles… mais c’est aussi un déni de démocratie puisque le poids de l’écologie dans les urnes est proche de zéro.
    Quant à la reconnaissance des erreurs passées, c’est beaucoup demander à ceux dont l’immodestie n’a d’égale que l’incompétence…

    • Comment voulez-vous qu’un individu comme Borne – qui est à mi-chemin entre tatie Danielle et une receveuse des postes – reconnaisse les erreurs de ses prédécesseurs (et les siennes)!
      Elle est là pour obéir à Macron (comme tous les autres soi-disant ministres), sinon, elle saute. Un point c’est tout. C’est cela la démocratie dans la France de Macron.

  • Bravo Philippe pour cet article et cette comparaison entre mesures sanitaires et mesures énergétiques : si le satire dissout l’assemblée , peut être pouvons espérer un renouveau pour la France

  • Il ne faut pas attendre de miracle de la sobriété. Le marché de l’énergie primaire est dominé par les producteurs. Si les consommateurs essaient de se donner un peu de marge par des économies, les producteurs vont immédiatement essayer de monter leurs prix pour ne pas voir baisser leurs revenus (c’est bien ce que fait l’OPEP en baissant sa production). Et c’est d’autant plus facile pour eux qu’un consommateur ayant ramené sa consommation à un niveau incompressible ne peut plus que s’incliner quand le producteur augmente son prix. Cela devient alors une question de vie ou de mort et pas seulement d’abandon de conforts futiles. C’est une application basique de la loi de l’offre et de la demande. Le consommateur ne peut rééquilibrer le système qu’en devenant lui même un producteur d’une partie significative (inutile d’aller jusqu’à l’autarcie complète) de ses besoins incompressibles.
    Et pour produire de l’énergie primaire, il n’y a pas de mystères. Il faut du nucléaire et du fossile extrait de notre propre sol ou de celui d’alliés fidèles.
    En résumé : faire seulement des économies c’est resserrer le nœud coulant. Ce qu’il faut c’est produire plus.

    • cela fait quelques décennies que les taxes ont rendu l’énergie de plus en plus chère et quelques décennies que les français ont adopté la sobriété… Pas grand chose à gratter de ce côté !

  • Le terme « sobriété » est plus acceptable que celui de « décroissance » et pourtant c’est vers cette dernière que nous emmène le timonier en chef sans oser le dire !

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