Bruno Le Maire le « libéral » autoproclamé qui aime l’État

Bruno Le Maire est un libéral qui aime l’État. Ce n’est pas censé être une blague : c’est lui-même qui le dit.

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Bruno Le Maire by UMP (CC BY-NC-ND 2.0) Photos on Flickr

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Bruno Le Maire le « libéral » autoproclamé qui aime l’État

Publié le 13 juillet 2022
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Bruno Le Maire est un libéral qui aime l’État. Ce n’est pas une blague : c’est lui-même qui le dit.

Parce que oui, c’est une blague de se dire libéral et en même temps que l’on aime l’État. Tout comme c’est une blague de se dire communiste et d’aimer la bourse, ou de se dire vegan et d’aimer le steak tartare.

C’est d’autant plus une blague, que la raison invoquée par le ministre de l’Économie, est que l’État aurait la responsabilité du long terme. L’exemple donné par Bruno Le Maire pour illustrer ses propos est encore plus lunaire : il cite la Chine comme référence d’un État qui gagne en crédibilité car il y occupe une place centrale.

En Chine, il n’y a pas d’État. La Chine est une dictature prolétarienne régie par un parti unique : le parti communiste chinois.

 

Dérive totalitaire

Dans le jargon léniniste, cette position idéologique a un nom : le centralisme démocratique,  l’alignement de tous une fois la décision discutée et votée à la majorité, la délégation de l’organisation de la conduite des opérations à des professionnels.

Ce que nous présente Bruno Le Maire sous couvert de libéralisme, ce n’est rien d’autre que le cœur de la pensée totalitaire telle que mise en œuvre par tous les régimes communistes et nationalistes : la disparition des volontés individuelles au profit de la volonté du parti au pouvoir.

Dès lors que l’État s’occupe du long terme, il prend le pouvoir sur la société et sur les individus. Il les écrase en imposant par la force (dont il possède le monopole légal) un agenda politique et économique.

Dès que l’État s’occupe du long terme, il devient totalement illégitime et dictatorial. Les États ont été inventés pour être des instruments de conquête, ils ne peuvent proposer que deux choix à long terme : l’impérialisme ou l’autarcie.

 

Dérive constitutionnelle 

Pour éviter ces dérives totalitaires, pour éviter que l’État ne devienne un oppresseur, la légitimité de celui-ci doit impérativement provenir d’un mandat clair et révocable donné à l’organisation en charge (en l’occurrence en France, la république) par les individus unis.

C’est ainsi que l’État français définit lui-même sa propre légitimité dans une Constitution qu’il doit à la fois respecter et faire respecter. Bruno Le Maire, en serviteur de l’État, qui plus est en charge de fonctions importantes, est sommé de suivre à la lettre cette Constitution.

Article 3 de la DDHC de 1789, annexée en préambule à la Constitution de 1958 :

« Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. »

Article 3 de la Constitution de 1958 :

« La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. »

Article 34 de la Constitution de 1958 :

« Des lois de programmation déterminent les objectifs de l’action de l’État. »

 

Il ne peut donc y avoir aucune discussion sur le sujet : dans la République française telle qu’elle est codifiée dans sa propre Constitution, la crédibilité du pays ne repose pas sur l’État : c’est exactement le contraire.

L’État a pour mission de défendre la crédibilité du pays et cette mission n’est nullement une mission que l’État déciderait selon son bon vouloir, elle est subordonnée à des objectifs décidés par la communauté des citoyens nationaux qui seuls décident de la direction vers laquelle le pays doit s’orienter lorsqu’il s’agit de destin collectif.

Ce n’est ni au chef de l’État, dont le rôle est de faire respecter la Constitution, ni au gouvernement, dont le rôle est d’atteindre les objectifs fixés par le pays, d’être responsable du long terme. Ils ont une obligation de résultats, pas une obligation de moyens et encore moins la responsabilité de définir sur le long terme de l’avenir du pays. Cette mission revient aux citoyens et aux partis politiques, dans la mesure où ceux-ci se conforment à la Constitution et n’en profitent pas pour embrigader les citoyens dans des délires ou des agendas mortifères.

Article 2 de la DDHC de 1789, annexée en préambule à la Constitution de 1958 :

« Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression. »

 

Dérive populiste

Mais si ce n’était que cela ! Utiliser le libéralisme comme caution de l’État est proprement inacceptable.

Le fondement du libéralisme est qu’aucune organisation n’a le droit de limiter les libertés des individus sans leur consentement. L’État est donc au mieux un mal nécessaire, au pire un ennemi qu’il faut combattre vigoureusement dès lors qu’il contrevient à ce principe de respect des droits des individus.

Quelle basse manœuvre que celle de singer ainsi les populistes qui utilisent à tout-va le mot libéralisme comme homme de paille, comme stratagème pour camoufler leurs incohérences, comme amalgame pour laisser libre cours à leur anti-américanisme, leur anti-européanisme, leur xénophobie, leur anticapitalisme, leur narcissisme et leur arrogance.

Bruno Le Maire ferait mieux de sentir l’atmosphère de la rue plutôt que de jouer les démagogues. De plus en plus de gens sentent leurs libertés clairement menacées. C’est la raison pour laquelle ils se tournent vers d’autres horizons, quitte à prôner le mal pour combattre le mal.

Ce n’est pas par philosophie. On ne parle pas ici de libertés philosophiques, mais de libertés bien concrètes : de propriété, de santé, de sécurité…

 

Dérive dangereuse

Les récentes élections ont pourtant été claires, les citoyens dans la rue il y a 4 ans l’ont pourtant été tout autant. Une des plus concrètes et des plus fondamentales des libertés est au cœur de toutes les discussions, elle se voit chaque jour à la pompe à essence, à la fin de chaque mois quand il faut faire les courses.

Dans le jargon technocratique, on a appelé cela le pouvoir d’achat. Bruno Le Maire, par son poste, devrait être le premier intéressé par le sujet. La liberté le plus fondamentale, la liberté de travailler, de commercer et de dépenser librement, la liberté d’accéder aux biens et aux services est plus que sérieusement malmenée dans ce pays.

La liberté de nourrir ses proches, de les éduquer, de les soigner… la liberté de gagner sa vie et d’améliorer ses conditions de vie.

Cette liberté économique, le ministère qu’il dirige n’a eu de cesse de la réguler, de la condamner, de la culpabiliser, de la ridiculiser, de la contraindre, de la taxer et de la subventionner, se complaisant dans les thèses les plus farfelues et les plus mortifères par pur calcul électoraliste.

On sait très bien ce qu’il se passe quand cette liberté disparaît. Il suffit de regarder ce qu’il se passe au Sri Lanka, au Venezuela, en Corée du Nord, à Cuba

 

La France a besoin de libéralisme, de toute urgence !

Bruno Le Maire n’est pas un libéral, ni par ses actions, ni par ses discours, ni par ses références. Cet adjectif n’est qu’une posture qui a été utilisée lors des élections de 2017 pour séduire l’électorat centriste et progressiste.

Quand on est libéral, on ne voue pas un culte à l’État : on fait en sorte, en mobilisant tous les moyens dont on dispose, que cette machine qui à la moindre occasion devient folle et obèse, retourne à sa place.

 

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  • On peut être libéral et reconnaitre à l’Etat ses prérogatives régaliennes, ce qui ne veut pas dire l’aimer.
    Depuis longtemps déjà, l’Etat se mêle de tout et oublie ses devoirs de sécurité et d’équité (justice, pas égalitarisme).
    Or, Le Maire aime l’Etat qui se mêle de tout et nous ruine et qui sous Macron nous prive de liberté comme jamais avant lui: confinement, assignation à domicile, « papier » pour mettre le nez dehors…… et maintenant, délais délirants pour obtenir un passeport sans volonté gouvernemental d’y remedier.
    Toujours plus égalitariste tendance URSS et de plus en plus liberticide, cet Etat français qui se gausse de sa devise!

  • La dernière de ce « crypto-communiste » : proposer de faire payer l’électricité à un prix proportionnel aux revenus ! Pas forcément de manière linéaire mais tout de même que les « riches » (plus de 4.000 euros/mois) payent plus cher que les pauvres…
    Quand on pense que cet … (de Vire) était LR cela donne une idée de ce parti…
    Ils ne s’arrêteront que quand tout le monde sera pauvre.
    « Le vice inhérent au capitalisme consiste en une répartition inégale des richesses. La vertu inhérente au socialisme consiste en une égale répartition de la misère ». Churchill

  • «je suis un libéral qui aime l’Etat.»
    En dehors de ce que pense Le Maire, cette phrase n’est pas nécessairement une contradiction. Tout dépendra de ce que l’on admet pour le terme « Etat ». Il revêt un certain nombre d’aspects différents (espace géographique, résidants de cet espace, institutions, gouvernance, etc..) et surtout l’administration (nécessaire à minima pour former un Etat fonctionnel). Ce qui m’aurait choqué c’est que Le Maire se définisse comme un libéral qui aime l’administration. Mais je soupçonne cependant une confusion dans l’esprit de beaucoup de politiques entre Etat, administration et gouvernance.

    • On peut effectivement être libéral et reconnaître l’importance de l’Etat (pour les questions régaliennes).
      Ce qui est stupéfiant, c’est d’oser prendre la Chine, une des pires dictatures qui soient, pour exemple.
      BLM m’intrigue. Il est très intelligent, cultivé, écrit bien…. mais, régulièrement il sort des bêtises tellement énormes qu’on se demande s’il a réfléchi avant de parler. Pendant le débat des primaires en 2012 par exemple, il avait sorti une telle bêtise en matière de politique étrangère que Sarkozy et Fillon en avaient sursauté et, alors que l’échange entre ces deux là était tendu, ils avaient renvoyé BLM à ses délires en une ou deux phrases.

      • En paroles, BLM prend peut-être la Chine en exemple, mais en actes… Il ne ferait pas 24 heures comme haut responsable chinois. D’ailleurs
        Chine: importations juin +4,8% sur un an en yuans
        Chine: exportations juin +22,0% sur un an en yuans
        Chine: balance commerciale CNY650,1 mds en juin

  • La France n’a pas besoin de liberalsme mais de gens intelligents qui eux sauront faire du libéralisme ou autre chose, un peu vieux maintenant le libéralisme, non ?

  • Je n’avais écouté la vidéo avec Lenglet.
    La fin est ce qu’il y a de pire : BLM explique qu’en France « l’Etat dépasse la politique ».
    Dans son esprit, ça veut dire qu’il est garant du long terme.
    Il ne se rend absolument pas compte que ça signifie concrètement que les décisions structurelles sont prises par les hauts fonctionnaires (ou parfois les moins hauts) et que les élections ne servent grosso modo à pas grand chose.
    Entre ça et son patron Macron qui ne rêve que de shunter l’Assemblée Nationale, il n’y a plus aucun doute sur le mépris avéré de la démocratie par cette sinistre bande !

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