Depuis la parution de mon analyse prospective de la trajectoire politique wallonne « Du fédéralisme au communisme », on ne cesse de m’interroger : s’agit-il d’un pronostic ? L’arrivée du communisme en Wallonie est-elle pensable ? N’y a-t-il pas là une sorte d’exagération, de la licence pamphlétaire, comme on parle de licence littéraire ?
Ces questions, bien légitimes, me font sourire. La gauche wallonne occupe l’intégralité du spectre politique parlementaire — à l’exception d’un parti, le MR, qui représente 20 % des électeurs. Tous les autres partis représentés au Parlement wallon se réclament de gauche. Quand ils refusent ces distinctions surannées entre la gauche et la droite — ce qui est le cas du plus petit d’entre eux — c’est en précisant aussitôt qu’ils ne sont évidemment pas de droite.
La gauche wallonne
La gauche wallonne est cornaquée par trois formations — le PS, ECOLO et le PTB — en situation de majorité parlementaire, qui professent leur intention de gouverner ensemble. Nul besoin de prospecter les données : lire les journaux et savoir compter suffit !
Cédons quelques instants la parole aux futurs conducators de la Wallonie rouge.
Le président du Parti socialiste (PS) exige « l’interdiction du commerce électronique » (sic), promet de soustraire la Wallonie à « l’économie marchande » au profit de « l’économie non marchande » — mais qui donc payera les non marchands ? — et dit sa volonté farouche de gouverner à la gauche de la gauche.
Vient ensuite le parti ECOLO, objectivement le plus extrémiste d’Europe — son programme correspond à l’univers mental de Sandrine Rousseau. Un exemple entre mille : la vice-présidente écologiste Maouane est accusée d’avoir relayé l’an dernier un chant appelant au meurtre des fils de Sion. Tranquillement. Naturellement. On ne va pas s’énerver pour si peu.
S’impose enfin l’étoile rouge montante de la gauche wallonne, le PTB, parti marxiste de stricte observance, qui se gargarise de l’expérience marxiste dans son intégralité, Lénine, Mao, Staline. Le PTB n’est pas un parti gauchiste, sur le mode de Syriza en Grèce, mais marxiste, et le diagnostic n’est pas de l’auteur de ces lignes : il est du PTB lui-même, qui le proclame comme on défile sur la Place rouge.
De façon caractéristique, les médias wallons ne tolèrent le populisme le plus graveleux que lorsqu’il est issu de l’extrême gauche, et se refusent à prendre au sérieux le marxisme du PTB. Cette montée en puissance du PTB, constante et linéaire depuis dix ans, vous a par conséquent un air bon enfant, quasiment sympathique. Mignon, croquignolet. Oh, si typiquement wallon !
Tout aussi pittoresque, la dette wallonne, qui se monte actuellement à 200 % de ses recettes ; 300 % si l’on prend en compte la dette de la Fédération Wallonie-Bruxelles dont elle est la garante de fait.
300 % ! Mais ce n’est pas grave. Car cela fait belle lurette que ces chiffres ont cessé de préoccuper l’électeur wallon, qui préfère ne pas savoir et se figure qu’un autre finira par payer pour lui : la Flandre, l’État fédéral — c’est-à-dire la Flandre — et pourquoi pas l’Europe ? Solidarité !
Le réel pourrait avoir d’autres plans.
Un gouvernement communiste wallon intronisé en 2024 se trouverait du jour au lendemain confronté à la dégradation de la notation de sa dette publique, qui n’est soutenable que dans les fantasmes des larrons. Cette dégradation jetterait, dans l’heure, la Wallonie en cessation de payement.
Ce qui offrirait aux communistes l’opportunité de mettre en œuvre l’aspect le plus fondamental, ce cri primal de la doctrine marxienne qui, depuis le Manifeste de Karl Marx et Friedrich Engels, est la saisie de la propriété privée. Dans son principe, ou par des taxes expropriatrices. Les Wallons qui parce qu’ils sont petits pensent y échapper devraient jeter un œil sur l’histoire du marxisme et du communisme.
Si les Wallons persistent dans leur déni du réel — ce qui est en effet mon pronostic, je l’assume pleinement — ils se réveilleront demain — 2024 ! — avec le premier gouvernement communiste de l’histoire de l’Europe occidentale.
Du fédéralisme au communisme ? : le carnage belge expliqué à un ami européen, Drieu Godefridi, juin 2022.
Vote communautariste ?
Je partage le tableau. Maintenant les belges ayant « une brique dans le ventre » (expression locale) et ayant une forte capacité à l’arrangement et au compromis (« on tire notre plan » disent ils ) , je les vois mal partir sur un marxisme dur qui touche à la pierre : c’est la révolte assurée . Donc nos amis belges arriveront à neutraliser même les marxistes les plus fous . Par ailleurs entre un flamingant sur la ligne dure et un wallon communiste ça me fait mal à mon libéralisme mais je préfère mille fois le wallon lequel est un joyeux drille avec lequel on peut toujours s’arranger .
En gros, vous préférez préférez négocier avec le loup rouge dans l’espoir qu’il ne vous mange pas entier mais juste les jambes, simplement parce qu’il a l’air plus sympa…tant qu’il n’a aucun moyen de coercition à votre égard à sa disposition.
Pari dangereux.
Les chiliens (avec Allende), les vénézuéliens et, plus largement, tous les pays qui ont mis au pouvoir démocratiquement pour non l’extrême gauche au pouvoir devraient vous rappeler sa nocivité une fois installée et l’extrême difficulté à la chasser du pouvoir.
erratum « …démocratiquement ou non l’extrême… »
L’auteur s’en prend au PTB-PVDA (parti des travailleurs de Belgique-partij van arbeid van België ) j’ai des doutes que le MR (mouvement réformateur) ex parti libérale a 20 % des voies en Wallonie, parti qui n’hésite pas à faire une alliance, avec des partis flamands nationalistes ( le RN sont des enfants de cœur) qui la pour écraser le petit peuple comme au début du 20 siècle ou les ouvriers travaillaient pour des clopinettes, l’auteur pourrait il expliquer ou sont partis les aides Européennes destiner a relancé économiquement la Wallonie
Ces aides ne sont clairement pas passées dans l’enseignement… Plutôt dans le soutien de canards boiteux, de saupoudrages locaux en fonction du baron qui criait le plus fort et de diverses malversations dont le personnel politique wallon est coutumier. Pendant ce temps, les Flamands, pas forcément plus honnêtes, ont au moins eu un souci minimum d’efficacité. Quant au MR, ils n’ont pas grand chose de libéral : c’est la petite entreprise Michel & Fils comme le RN est la petite entreprise Le Pen & Co en France. Et ils se sont alliés non pas aux nationalistes du VB, qui sont effectivement des fascistes de la pire espèce mais à la NVA, dont le programme économique est de loin le plus libéral de ce qui est proposé en Belgique. Dommage qu’en tant que Wallon, je ne puisse pas voter pour eux. Certes, la NVA traîne encore quelques nostalgiques puants mais ce n’est rien à-côté de l’admiration de certains écolos pour la dictature rouge.