Doliprane, étendard du libéralisme

Monsieur Friedman, de votre crayon jaune, nous n’aurions sans le libéralisme ni le bois, ni le graphite, ni la gomme. Nous devrons également nous soigner de riens, dans nos habitations chauffées par les courants d’air…

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Doliprane, étendard du libéralisme

Publié le 26 avril 2022
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Paraphrasons : personne ne sait comment fabriquer un comprimé de Doliprane…

Hier, le grand Milton Friedman prenait l’exemple du crayon jaune, afin d’exposer sa vision du libéralisme.

 

Hélas, je ne dispose ni de son talent, ni de sa vision. Je ne suis qu’un chirurgien de province mais cela m’offre un minime avantage : les inconvénients, je les vis. J’ai même le nez dans les diverses ruptures de stock dont souffrent plus cruellement les patients qui comptent sur un système de santé français aux antipodes du libéralisme. Planifié, centralisé, véritable obèse nourri aux cerfas, il se ratatine doucement contre le mur de la réalité.

Certes, il n’existe ici-bas aucun système idéal, mais s’il fallait choisir, je serais toujours dans le camp de la liberté, de la responsabilité individuelle et de l’initiative. Dans un monde pacifié, ce sont les clés. L’État constitue un frein, sûrement pas un moteur.

Le libre-échange est globalement profitable

Les problèmes naissent le plus souvent des limites que l’État lui oppose ou encore des luttes auxquelles se livrent les nations. Il est évidemment possible de verrouiller un pays, et tant de candidats à l’élection semblent en rêver. D’astucieux industriels ayant développé le brevet qui les protège accapareront des monopoles et les citoyens n’auront qu’à payer deux fois.

Durant les années 1990, j’ai vu se réaliser les délocalisations. Je me demandais alors comment, en éloignant les pôles où s’effectue le travail, les citoyens pourraient en tirer avantage. Comment occuperaient-ils leurs journées ? Où trouveraient-ils leurs revenus ? Je le répète : je ne suis nullement économiste et je vous livre les réflexions d’un lambda.

Certes, adieu usines et volutes de fumées noires, adieu chaînes de production et pointeuses mais bonjour économies et donc finances. Et loin de fuir vers d’autres nations, cette manne financière aurait dû servir à créer, étudier, développer, former. Ainsi, les connaissances se développent et dans un monde pacifié les innovations se répandent, chacun bénéficiant du résultat, du Doliprane au crayon jaune, en passant par le téléphone portable.

L’argent aurait dû alimenter des universités hermétiques aux moyens supposés dignes uniquement s’ils proviennent de l’État. Eh oui, nous en sommes encore là, dans les temples de la science où des génies s’affairent. QI élevé ou pas, le dogme et la loi de la meute vous soumettent : la communauté scientifique française semble ne croire qu’en l’État.

Mais d’où vient l’argent que collecte cet État, sinon des richesses privées qu’il parasite allègrement ?

Heureusement, la recherche privée a pallié la lourdeur de la recherche publique, dont les grandes découvertes peinent à émerger. Faute à l’argent et aux moyens. Imaginez les capacités d’un Google, comparées aux moyens dont dispose un CNRS, dont je critique l’organisation mais aucunement les valeureux chercheurs voués à œuvrer pour des misères.

Quel pays peut rivaliser avec les géants mondiaux, les GAFAM ? Certains, mais sûrement pas la France. L’Europe aurait peut-être pu jouer sa carte mais où sont ses GAFAM ?

L’Europe socialisante est occupée à détruire ses richesses, à sauver une planète que seule la technologie préservera. Comme la Chine, hier, elle va entrer dans une phase de léthargie. Ainsi vont les sociétés et peu importe le prétexte. L’Europe ne souhaite plus participer à la lutte et comment le clamer plus ouvertement qu’en se lançant dans des luttes dérisoires au nom d’une philosophie de la décroissance qui fera sourire nos descendants, comme nous sourions encore des millénaristes et de Denys le Petit. Les plus pauvres d’entre nous pourraient bientôt afficher un sourire de même couleur que celle du crayon de Milton, quand ils se verront écrasés par les coûts faramineux des contraintes vertes…

Les délocalisations et la supériorité d’autres nations, en partie liées à la faible compétitivité de notre pays, ont éloigné les centres de production et nous en subissons les effets pervers. Les conflits rebattent les cartes.

La crise covid, incident de parcours largement amplifié par des politiques publiques ruineuses et liberticides, a handicapé les process industriels et les ennuis vont, dès lors, pleuvoir en cascades. Nous allons payer cette hibernation socialisante, ce refus de participer à la lutte, ce désir assumé de vivre dans une société supposée protégée de tout risque. Nous allons regretter de ne plus briller, de ne plus innover. Nous voici dépendants de nations qui ne feront guère d’efforts.

Déjà, certains choix énergétiques sont, pour partie, à l’origine d’une guerre. La condition édictée par Friedman, la paix, n’est plus présente. Les innovations ne seront plus partagées. Les nations se verrouilleront le temps de tourner la page. La France a loupé l’opportunité et son avenir ne semble plus graviter qu’autour de la dette, du chômage, des faillites, des restrictions, du rationnement et de l’inflation. Nous verrons. Je n’aime pas le pessimisme, fondement de la collapsologie tellement en vogue. Du courage et du risque plutôt que de la trouille et la précaution, voilà mon souhait : non, il n’est jamais trop tard, pas plus aujourd’hui que dans trois ans…

Matériel chirurgical, molécules, professionnels, tout manque, quand ça n’est pas l’État français qui décrète autoritairement que telle avancée est à exclure. C’est le fameux Service médical rendu (SMR) de l’administration centrale qui doit atteindre un certain seuil faute de quoi aucun remboursement ne sera accordé.

Ce n’est pas le libéralisme qui mutile notre destin

Dans mon domaine, la prostate, une nouvelle technique permet aux patients souffrant de troubles mictionnels d’origine prostatique d’être traités en consultation par endoscopie sous anesthésie locale. Voilà un an, un collègue anglais avait déjà réalisé 450 procédures. En France, seuls trois CHU sont autorisés. Ce lifting de la prostate permet de contrer les effets secondaires sexuels de la résection, geste extrêmement répandu, générant de la fameuse « éjaculation sèche ».

La nouvelle procédure va dans la direction recherchée par tous depuis des années. Je me suis précipité vers la formation avant d’apprendre que l’État avait décrété ne pas rembourser les implants. Le SMR, toujours lui. Une fois de plus.

Voilà qui résume bien notre situation : une innovation née dans une autre nation du monde dit libre, des patients et des chirurgiens soucieux de préserver une fonction physiologique appréciée par les deux sexes (67 % des femmes ont déclaré, sur questionnaire, apprécier, euh, je cherche à éviter les termes médicaux un peu crus, apprécier les sécrétions issues de la prostate, au terme de l’acte de chair), une solution adaptée dont le prix chuterait à l’usage et un État, supposé garantir nos intérêts, qui s’oppose, au nom de prétextes purement financiers. Eh oui : l’État aussi est avide d’argent. Les victimes ? Les patients, leurs épouses et, pire encore, le plaisir de vivre ici-bas.

La solution ?

Libéraliser la France, ce qui supposerait des conditions propices et des années d’effort. Je suis trop vieux, hélas. Je ne connaîtrai pas cette situation. La politique de santé va se calquer sur celle de l’énergie. Une ministre l’a dit récemment, devant la crainte de pannes : chauffez-vous moins l’hiver. Alors si vous êtes malade, ayez la bonté de ne pas vous soigner.

Monsieur Friedman, de votre crayon jaune, nous n’aurions sans le libéralisme ni le bois, ni le graphite, ni la gomme. Nous devrons également nous soigner de riens, dans nos habitations chauffées par les courants d’air…

 

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