Déficit, endettement, dépenses publiques : la France au bord du gouffre

L’endettement de la France dépasse la limite acceptable, à laquelle s’ajoute la dette privée des Français et des entreprises qui au total frôle les 10 000 milliards d’euros.

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Déficit, endettement, dépenses publiques : la France au bord du gouffre

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 30 mars 2022
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Ce n’est peut-être pas le moment de dénoncer la faiblesse de la France, mais ça ne l’a jamais été. À force de reporter des réformes nous sommes maintenant au pied du mur.

Tous les pays les ont engagées avec plus ou moins d’ampleur. Avec sa révolution annoncée nous aurions été en droit de penser que Macron président allait s’y atteler. Malheureusement encore une fois la France s’est dérobée.

Les signaux d’alarme se multiplient et leur accumulation nous fragilise à un niveau jamais atteint.

Un déficit devenu inacceptable

Déjà dénoncé dans mes précédents articles, l’endettement de la France dépasse la limite acceptable, à laquelle s’ajoute la dette privée des Français et des entreprises qui au total frôle les 10 000 milliards d’euros.

Il est irresponsable de spolier l’avenir de nos enfants et petits-enfants qui, en plus du remboursement d’une grande partie de cette dette devront affronter un avenir chargé de nombreux défis tels que le réchauffement climatique et l’insécurité mondiale que l’on voit poindre actuellement.

Une politique drastique de désendettement doit être mise en place immédiatement car ce ne sont pas les générations à venir qui doivent en assumer le remboursement, surtout lorsqu’elles concernent notre bien-être au détriment d’investissements d’avenir.

Les taux d’intérêts vont s’envoler

Jusqu’à ce jour le coût des intérêts de la dette était supportable puisque les taux ont diminué, voire sont devenu négatifs. Contre toute évidence, nos dirigeants ont essayé de nous convaincre que cela allait durer encore de nombreuses années, jusqu’à essayer de nous persuader qu’avec des taux négatifs nous allions gagner de l’argent, oubliant au passage qu’il faut également rembourser le capital.

Après avoir affirmé que l’inflation actuelle ne pouvait-être que provisoire, la majorité des économistes nous annonce au contraire une inflation pérenne qui pourra même dépasser les 5 % en zone euro.

Avec notre endettement actuel, 1 % de d’augmentation des taux coûtera dans 10 ans 29,5 milliards supplémentaires par an. Donc si, comme c’est probable, les taux augmenteront à 5 % (la BCE ne pourra que s’y résigner) cela amputera notre budget d’un supplément de l’ordre de 150 milliards.

Autant dire une quasi faillite nous attend si nous ne réagissons pas.

Une administration pléthorique

La lourdeur de l’administration française n’est plus à prouver, nous l’avons constaté avec la pandémie de covid mais également dans la gestion du pays.

Ce système est devenu ingérable, il n’obéit plus aux injonctions des élus du peuple, il s’auto-alimente avec un effectif croissant alors que la majorité des candidats disent vouloir le réduire (réduction de 120 000 postes dans le programme Macron qui finit par une augmentation de 170 000 postes durant son quinquennat).

Tout au song de sa carrière un fonctionnaire français travaille 30 % moins qu’un fonctionnaire allemand (ce qui correspond à un équivalant temps plein de 1 680 000 postes). Avec un coût par fonctionnaire estimé à 3,5 millions d’euros par l’État français, ce sont 5880 milliards sur 40 ans de carrière que nous pourrions économiser, soit 147 milliards par an.

Malgré ce sureffectif, aussi bien chez les fonctionnaires de base que chez les hauts fonctionnaires, l’État fait appel à des sous-traitants privés comme McKinsey dont la facture dépasse le milliard par an.

L’industrie à la dérive

Environ 150 milliards : la surtaxation des entreprises françaises, principalement industrielles, les a amené soit à périr puisqu’elles ne représentent plus que 10 % du PIB (alors qu’elles dépassaient largement, comme en Allemagne actuellement, les 20 % il y a encore 20 ans), soit à s’expatrier.

Pour survivre, une grande partie des entreprises du CAC 40 a été dans l’obligation de délocaliser, pendant que les PME & ETI disparaissaient. Ce ne sont pas les incantations de Bruno Le Maire qui les feront revenir ou qui encouragera la création de nouvelles entreprises, mais la baisse immédiate de 150 millards de taxes et impôts dont elles sont accablées afin que le pays puisse rejoindre le club des pays fortement industrialisés.

Depuis 1980 l’industrie française a perdu deux millions d’emplois. Depuis 1990, la France est passée de la deuxième à la cinquième place des producteurs automobiles, passant de 3,35 millions de véhicules à 1,3 million en 2021.

Balance commerciale de plus en plus déficitaire

C’est malheureusement la conséquence d’une stratégie de l’abandon de notre industrie au profit des services qui a été prise fin des années 1990 en oubliant tout simplement que le principal client de ces services c’est l’industrie.

Le déficit de la balance commerciale historique est de 84,7 milliards en 2021. La France s’enfonce dans une régression catastrophique, tandis que l’Allemagne dépasse les 180 milliards d’excédent. Même l’Italie a une balance positive de 63 milliards.

La France est le cancre de l’Europe.

Un chomage persistant

Oui, le chômage a baissé sous le quinquennat Macron mais pas de quoi pavoiser car il reste largement au-dessus de la moyenne européenne qui se situe à 6,4 % en Europe alors que la France affiche 7,4 % malgré des artifices pour le rendre plus présentable.

Un nombre important de chômeurs ont quitté les statistiques en basculant dans la formation qui a doublé de 2019 à 2020 passant de 517 000 à 984 000. Les chiffres pour 2021 et 2022 s’annoncent encore en forte augmentation : selon la Dares 1,6 million de contrats ont été signés ces trois dernières années.

Le classement par catégorie A,B,C,D et E permet de minimiser la réalité des chiffres qui, selon l’iFRAP, pourraient atteindre en réalité 13 %.

La France est le pays qui indemnise le mieux et le plus longtemps un chômeur, et c’est certainement la principale cause de la persistance du chômage.

L’éducation est peu efficace

Le classement PISA le rappelle chaque année, le pays se classe à la 26ème place, en perte constante d’efficacité.

Néanmoins, les ingénieurs français correctement formés coûtant trop cher à l’entreprise partent à l’étranger où leur salaire net est beaucoup plus attrayant.

Le système éducatif français forme à grands frais une élite qui part travailler dans des pays étrangers, permettant à ceux-ci de bénéficier d’un ingénieur qui ne leur aura rien coûté en formation et leur permettra alors de concurrencer outrageusement le pays.

Indépendance énergétique sacrifiée par idéologie

Nous disposions d’un savoir-faire dans le domaine nucléaire, mais par pure idéologie, voire complaisance et électoralisme, la France a décidé de sortir du nucléaire, jusqu’à fermer la centrale de Fessenheim.

Couplée à la décision de M. Macron, alors ministre des Finances, de brader Alstom à General Electric, cela ressemble à un suicide collectif.

Il a en même temps fragilisé EDF, proche du dépôt de bilan au point que le gouvernement évoque sa renationalisation.

Ce gaspillage se compte par dizaines de milliards d’euros, mais ce n’est pas grave puisque nos petits-enfants paieront !

Le revirement récent sur le nucléaire est la preuve d’une absence flagrante de stratégie.

Une pandémie qui n’en finit pas

Les mesures du quoiqu’il en coûte ont été prises et notre Président a bien réagi, il faut l’admettre.

Les bonnes mesures ont bien été prises mais ont été mal équilibrées.

Concernant les salariés : le gouvernement a bien pris la décision de financer le chômage partiel. Nos voisins allemands ont indemnisé à hauteur de 60 % du salaire (67 % pour un employé avec enfant).  Àvec 84 % les salariés français ont pu augmenter leur épargne de presque 200 milliards sur deux années.

Concernant nos entreprises : le résultat est comparable mais à la différence près qu’il s’agit d’un remboursement partiel d’une surtaxation qui dure depuis une quarantaine d’années.

Mais cet argent a servi également à certaines entreprises zombies de se maintenir, alors qu’elles auraient de toute façon déposé le bilan.

L’invasion de l’Ukraine

La situation catastrophique du pays n’était pas encore désespérée, nous devions récupérer le PIB de 2019 et pourquoi pas, l’évolution que nous aurions raisonnablement dû atteindre en 2020.

C’était sans compter la guerre déclarée par Poutine à l’Ukraine.

Selon certains experts, l’année 2022 devrait rester stable, voire en récession. À cela s’ajoute une envolée du prix des matières premières et, plus grave, une explosion du cours du gaz et du pétrole, quand ce n’est pas une pénurie.

Le quoiqu’il en coûte ne peut-être éternel et les agences de notation ont déjà commencé à baisser la note française. Il est à craindre que cette décote s’accélère dans les mois qui viennent et que le pays, étranglé par une dette déjà insoutenable et qui va exploser avec l’augmentation des taux, soit acculé à un défaut de paiement suivi d’une mise sous tutelle du FMI.

Le taux de base à 10 ans vient de passer de négatif à 1 %, et ce n’est pas fini, des jours terribles attendent donc les Français.

Conclusion

Quitte à me répéter inlassablement, le redressement du pays passe par un copier/coller des mesures prises par Schroeder pour son pays, accompagné d’un effort colossal pour le remboursement de la dette et donc impérativement par une baisse drastique des dépenses de l’État !

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Créer un compte Tous les commentaires (14)
  • La relation entre taux d’intérêts et inflation est ambiguë.
    Pour un état glouton, un taux obligataire à long terme faible ou nul est une aubaine qui incite à se surendetter pour promettre monts et merveilles et refiler la patate chaude à la génération suivante. Mais l’inflation, au sens de hausse des prix, est aussi une aubaine puisqu’elle dévalorise le capital restant à rembourser et en plus elle permet de taxer comme plus-value la progression apparente de la valeur des biens comptée en €uros dépréciés.

  • le constat est bon mais c est dommage qu il y ait peu de piste pour redresser la barre.
    En plus dans certains cas, c est pas forcement une bonne idee. Par ex l auteur parle du nombre de fonctionnaire. A mon avis c est un attaquer le probleme du mauvais coté : supprimer une Agnes Saal est plus utile que supprimer 3 cantoniers.
    Et la reduction du nombre de fonctionnaire sera toujours un echec si on ne se pose pas d abord la question des missions de l etat. autrement dit ce qu on doit garder dans le giron de l etat (regalien ?), ce qu on doit deleguer au privé (par ex l entretient des routes) et ce qu il faut tout simplement supprimer (s il y a une demande solvable, le prive prendra le relai. par ex la TV)

    De toute facon c est pas la qu on va reduire sensiblement les depenses. Si vous regardez la ventilation des depenses https://www.aft.gouv.fr/fr/argent-public , l administratif c est 6.6 % des depenses. la recherche et le regalien c est 8 %. 57 % c est la protection sociale
    C est donc la qu il faut faire porter en priorite l effort, pas sur les 6 % qui paient l administratif. Mais je reconnais que c est pas facile car le premier poste c est le paiement des pensions, vient ensuite les soins medicaux. Mettre nos depenses au niveau de la RFA, c est soumettre les retraités a un regime drastique: un suicide electoral

    • J’ai longtemps pensé comme vous : la réforme de la fonction publique devait démarrer par l’examen des missions avant de calibrer les effectifs.
      Je comprends aujourd’hui que cette approche ne peut pas fonctionner : tout le monde (syndicats comme politiciens soucieux de ne pas déplaire) a intérêt à sauver le maximum de missions.
      Je crois donc qu’il commencer par couper dans les effectifs ; les administrations s’adapteront, elles s’apercevront alors qu’il y a un paquet de leurs actions totalement inutiles.
      Pour le reste, je vous rejoins totalement : les grandes masses de dépenses sont les pensions, la santé et… la famille. Si on se contente d’aller taper ailleurs, rien ne bougera vraiment.

      • Les grandes masses de dépenses sont ……. les fraudes aux prestations sociales.
        50 milliards d’Euros par an. (cf: Le magistrat Ch. Prats)
        Un détail me direz vous.

        • @austrasie
          Outre que ces 50 milliard sont purement theorique (comment un magistrat peut connaitre l ampleur de la fraude ?) et ne represente que 5 % du budget, vous oubliez le cote pratique.
          Pour recuperer ces milliards il faudrait depenser de l argent pour faire des controles (aka embaucher des fonctionaires ?). Meme si ca sera rentable, supprimer 50 milliards de fraude vous rapportera pas 50 milliards

          -1
      • @Pierre
        Si vous reduisez le personnel, ca va juste faire que les missions seront toute faites mais mal
        Et si vous vous palignez on vous dira que c est a cause des effectifs insufisant

        Baisser les effectif ne permet pas non plus d avoir un debat et des choix. vous serrez tributaire de l age des fonctionnaires : un service avec beaucoup de fonctionnaire age sera reduit rapidement alors qu un autre avec plein de jeunes ne changera pas de taille. et pourtant il serait peut etre necessaire de reduire le second et pas le premier !
        C est a mon avis pourquoi ca n a jamais marche quand sarkozy a essaye cette methode. Vous etes obligé d embaucher ou il y a des besoins criants. comme il n y a ni debat ni consensus les autres services passent en pilotage automatqiue (on reduit un peu mais pas trop) et au final vous avez un echec

    • D’où l’intérêt d’introduire au plus vite une part de capitalisation dans les retraites !

  • Mouais.
    Si l’on intègre dans le raisonnement la dette privée des Francais, alors il faut aussi tenir compte de leurs actifs : immobiliers plus financiers, on est bien au-dessus de 10000 milliards d’euros.
    Par ailleurs, il faut rappeler que l’endettement est une nécessité pour les entreprises qui veulent se développer rapidement. Donc la dette n’est pas un mal en soi.
    Qu’on baisse – drastiquement si l’on veut – les dépenses de l’Etat, pourquoi pas si cela peut redonner du pouvoir d’achat aux Français, briser le cercle vicieux de l’assistanat et favoriser le libéralisme…
    Mais le mythe de l’endettement catastrophique doit être abandonné. Et par pitié, qu’on arrête de jouer les nostradamus de pacotille en pronostiquant la mise sous tutelle du FMI. Un peu de sérieux, que diable. Les investisseurs achèteront encore longtemps de la dette française.

    • @Pierre
      Pour les dettes privés il faut certes prendre en compte les actifs mais ceux ci sont surevalués.
      Les actions et surtout l immobilier francais est actuellement dans une bulle a cause des taux artificiellement bas de la BCE.

  • Comment peut-on croire que les états super endettés que sont les pays riches finiront par rembourser leur dette un jour ??? Ce sont ces mêmes pays qui font les lois et décident qui paye quoi.

    Moralité : Une dette, ça s’annule ou ça s’oublie. Le reste, c’est du blabla.

    • Moralité : Du fait de leur dette, les « pays riches » ne sont pas riches, et la réalité se rappellera un jour à eux et à leurs citoyens.

  • « Les mesures du quoiqu’il en coûte ont été prises et notre Président a bien réagi, il faut l’admettre. » ah ?
    C’est parce qu’il a justement mis dans la panade lesdits entreprises qu’il a du les aider ; et encore heureux il les a aidé, de part des mécanismes qui existaient déjà avant sa « présence »…
    La majorité des entreprises n’auraient jamais du avoir besoin de cette aide sans la tonne de restriction mis en place par « la bonne réaction de notre Président ». Et les gagnants sont essentiellement les entreprises zombies ou les entreprises du cac40 qui n’avaient absolument pas besoin d’aide (et en ont profité pour investir gratuitement et creuser encore plus l’écart entre grosses et petites entreprises).
    Non merci donc.

  • Les commentaires sont fermés.

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