Vers une pénurie de pétrole provoquée

Les différentes décisions des dirigeants politiques sont en train de pénaliser le secteur des énergies fossiles. Créant un risque de pénurie de pétrole.

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pétrole-antoine moens de hase-(CC BY-NC-ND 2.0)

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Vers une pénurie de pétrole provoquée

Publié le 26 novembre 2021
- A +

Par Henry Bonner.

Les entreprises pétrolières sous-investissent. Le gaz russe est frappé de sanctions. Les énergies renouvelables concentrent les faveurs du pouvoir. Tout est en place pour une hausse des énergies fossiles que les consommateurs subiront.

À partir de l’année prochaine, les voitures auront toutes un système de limiteur de vitesse.

Le but est de vous inciter à conduire plus lentement et de sauver des vies, prétendent les autorités. Cela concernera-t-il aussi les voitures des cortèges officiels ?

Au Royaume-Uni, dès l’année prochaine, tout nouveau logement aura une borne de recharge pour les voitures électriques. Oui… car à partir de 2030, les Britanniques n’auront plus accès aux voitures à moteur à explosion.

Que d’imagination !

Nos propres dirigeants ne tarderont pas à surenchérir. Notre économie et notre mode de vie foncent droit dans le mur.

Les investissements en production pétrolière s’effondrent

Les sociétés pétrolières l’ont bien compris. Nul ne sait quand les autorités produiront un effondrement brutal – à court terme – du prix, comme elles l’ont fait en appliquant les confinements. Le mieux pour elles est de laisser le pétrole sous terre…

C’est ainsi qu’en dépit de la hausse du prix du pétrole, les producteurs ne réinvestissent même pas.

Selon Oilprice.com :

Le réinvestissement dans la production pétrolière des sociétés américaines baisse au niveau le plus bas de tous les temps au troisième trimestre 2021 d’où une trésorerie nette record. Les réinvestissements devraient baisser encore plus avant la fin de l’année, selon le groupe Rystad Energy.

[…]

Parmi les sociétés analysées par Rystad, le taux de réinvestissement des bénéfices était de 46 % en 2021, soit encore plus faible qu’en 2020, quand il était de 53 %. La moyenne historique est au-dessus de 130 %.

Le graphique ci-dessous montre l’évolution des bénéfices opérationnels (CFO), des investissements dans la production (Capex), et le taux de réinvestissements.

 

Évolution des bénéfices, des investissements et du taux de réinvestissement des entreprises américaines du secteur du pétrole de schiste

Entre 2014 et 2019, les pétrolières investissaient plus que leur trésorerie, elles s’endettaient ou levaient des fonds.

Suite au désastre de 2020, quand les sociétés de production pétrolière ont perdu des milliards (le groupe d’entreprises étudié par Rystad a perdu 8,1 milliards de dollars sur la deuxième moitié de l’année), les entreprises trouvent que l’environnement est trop risqué pour se relancer dans de nouveaux projets. Elles se contentent de faire tourner les puits déjà mis en production.

Les multinationales ont emprunté cette voie de la décroissance depuis des années. Regardez ci-dessous les investissements des principaux groupes pétroliers (source : IEEFA). Ils baissent depuis près d’une décennie.

Évolution des investissements des majors pétrolières

En bref… ne vous étonnez pas de trouver des coûts plus élevés à la pompe et ils sont partis pour durer.

En même temps, les gouvernements poussent vers les renouvelables… Ce qui va créer encore plus de changements imprévisibles dans le coût de l’énergie, en fonction de la météo.

À quand un limiteur de consommation d’électricité chez vous ? Ou une limite à la distance de vos déplacements en voiture ?

La politique énergétique de la rareté

La disponibilité de l’énergie a pris un autre coup cette semaine avec l’annonce de restrictions d’approvisionnement par la Russie, qui représente la source de 40 % du gaz naturel vendu dans l’UE.

La Russie et l’Allemagne ont déjà achevé l’installation du gazoduc Nord Stream 2, qui permet au producteur national russe, GazProm, d’envoyer davantage de carburant (source carte : Gazprom).

Mais le gazoduc attend de devenir opérationnel. Les autorités allemandes, très favorables aux énergies renouvelables, n’ont toujours pas donné de date pour son entrée en service.

Et maintenant, le projet souffre d’un nouveau revers, cette fois à cause des sanctions et embargos

Le Secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a prévenu :

Même si nous continuons à nous opposer au gazoduc Nord Stream 2, y compris par des sanctions, nous travaillons avec l’Allemagne et nos autres alliés et partenaires afin de réduire les risques créés par ce gazoduc pour l’Ukraine, les autres pays de l’OTAN et l’UE, et nous opposer aux activités nocives de la Russie dans le domaine de l’énergie.

Les sanctions génèrent des ennuis, avant tout pour le consommateur, à titre particulier ou professionnel, contraint de payer plus cher son gaz. Le professionnel répercutera la hausse dans ses prix et le particulier subira…

À notre avis, le pétrole n’a pas fini son ascension.

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  • Il y en a que ça réjouit…

    et ensuite en finir avec les supermarchés..

    les engrais chimiques.. les pesticides..

  • Le pass sanitaire est un échauffement, un entraînement. Quand le pli social sera bien marqué, voici l’écopass ! Cette nuit j’ai fait un cauchemar. Suite à la suppression du cash, tout achat est analysé en direct par le Ministère du Salut Planétaire et évalué en termes écologiques. J’achète un ananas, du café ? Produits exotiques, empreinte carbone > je perds des points sur mon écopass. Surtout que ma borne de recharge connectée et mon ordinateur roulant (une « voiture » qui fait un bruit de machine à laver ) ont informé le Ministère d’une augmentation anormale de mes déplacements. D’ailleurs, mon appli vient de vibrer et de sonner l’alerte: de retour chez moi, je répondrai au questionnaire d’écoresponsabilité. Quand elle détectera ma prochaine visite au centre commercial, elle me signalera les produits sur lesquels le Ministère m’impose une HTTP, une Hausse Tarifaire Temporaire Personnalisée jusqu’à ce que j’aie retrouvé un minimum de points sur mon écopass. Mais heureusement, mon appli me propose immédiatement un stage ÉROS – Éco Responsabilisation & Optimisation Sociétale pour regagner des points.
    Comme je ne peux me rendre au stage qu’à vélo, que c’est l’hiver et qu’il pleut, j’essaie de sortir de mon cauchemar et de revenir dans le monde réel.
    Mais c’est impossible: je ne dormais pas.

  • « activités nocives de la Russie dans le domaine de l’énergie  » .. par là les USA veulent dire « nous concurrencer avec du gaz moins cher et plus facile à fournir « 

  • Et les banques qui refusent de financer tout projet qui ne serait pas écolo-citoyenno-responsable!
    Ce qui est sur c’est qu’a force de ne pas chercher de pétrole ou de gaz on va finir par ne pas en trouver. Une fois de plus, nos économies européennes se tirent je balle dans le pied, et avec nos impôts qui plus est

  • Article mensonger.

    Déja, la référence sur Oilprice.com ne parle que des producteurs de schiste américain (Shale Oil, ce n’est même pas le procédé par fracturation). Généraliser à tous les producteurs de pétrole américain n’a pas de sens.

    En ce qui concerne les majors, un article soumis fin septembre 2021, par des chercheurs de l’INRIA, « Peak oil and the low-carbon energy transition: A net-energy perspective », indique que l’EROI du pétrole ne fait que diminuer.
    Autrement dit, ça consomme de plus en plus d’énergie pour produire la même quantité d’énergie.
    Autrement dit, ça coûte de plus en plus cher pour produire la même quantité d’énergie.
    On peut toujours gagner en efficacité dans les procédés industriels, mais les problèmes sont:
    -on ne trouve plus aisément de gisements conventionnel à EROI fort (gisement terrestre, off shore 500m, schiste, sables…) encore conséquents, sont plus coûteux à extraire. Si ces gisements doivent compenser la chute du conventionnel en volume, il est normal que le coût augmente.
    -et encore faut-il exploiter ces sources. On s’oppose à la laideur des 8000 éoliennes françaises, mais des dizaines de milliers de puits, ça ne pose pas de problème?

    En face, le prix de vente est dicté par le marché. Depuis quand le marché tiens compte des investissements?

    A prix constant, la rentabilité des investissements ne tend qu’à diminuer. Quand une multinationale a historiquement le conventionnel comme source de revenu principal, comment doit-elle réagir quand cette source diminue et que les alternatives sont moins rentables ?

    Même pas besoin de parler de l’interventionnisme des états.

    • Hep hep hep… Les sources sont claires et l’auteur ne généralise pas à tous les producteurs américains comme vous dites. Strawman fellacy.
      Ok on trouve moins de pétrole qu’avant. Thank you Mr Obvious…
      Ca fait mponter les prix: Ok, on le sait.
      Les puits, aussi laids que les éolienne? C’est une blague? Aussi nombreux que les éoliennes? C’est une blague?

      Le marché tient compte des investissements parce que le marché c’est aussi la bourse. Et quand on parle de prix on parle aussi d’anticipation. En, clair, si de nombreuses boites investissent dans le pétrole, on sait que le prix va baisser et on anticipe. Si les boites n’investissent pas, on sait que le prix va monter et on anticipe aussi.

      Je ne sais pas si l’article est mensonger mais la vérité ne transparait pas de votre commentaire avec beaucoup plus d’évidence.

      • Visiblement vous n’avez rien compris.

        Investir dans de nouveaux gisements aujourd’hui, revient à monter un business plan qui se résume à investir plus qu’avant pour produire autant (gisements non-conventionnels, vu qu’on trouve rarement de nouveaux gisements conventionnels) alors que pour encore au moins une ou 2 décennies, ce sont les pays producteurs de conventionnels qui dicterons les prix par leurs productions et leurs réserves (OPEP vs schistes américains).
        En clair, investir pour gagner moins.
        A part pour éviter une faillite imminente, aucune entreprise ne fait ça.

    • J’avais lu (je n’ai plus les référence en tête) que les réserves prouvées (P1) sont de 50 ans pour le pétrole et le gaz. On est loin de la pénurie et encore moins pour le charbon.
      Depuis 1968 on nous annonce la fin du pétrole dans 20 ans. Il est vrai qu’un jour cela va arriver. On verra bien alors et il ne faut pas compter sur l’état pour faire autre chose que de la nuisance.

  • De toutes façons, dans 50 ans, plus de pétrole ni de gaz… Faites vos jeux !

    • Il y aura toujours du pétrole et du gaz, simplement plus onéreux à extraire ( tout comme l’or, le cuivre, etc), donc avec un prix de reviens plus élevé pour le producteur. Il faut se rappeler que le dernier grand essoré du pétrole de schiste aux US s’est fait quand le baril approchait des 100$ car beaucoup de projets devenaient rentables.

      Le pétrole a eu un impact sur les conditions de vie de l’homme sans précédent ( au même titre que la gestion du feu peut-être) et continuera a contribuer à notre développement pour encore un sacré moment

      • Si nous sommes d’accord sur le formidable bénéfice des énergies fossiles pour le développement de l’humanité, je ne partage pas votre optimisme sur nos stocks de pétrole. Les réserves connues seront épuisées dans une cinquantaine d’années.
        Même si certains estiment les réserves non connues au double des réserves connues (ce qui en théorie nous octroierait un sursis d’un siècle), aux difficultés d’extraction s’ajouteront, les coûts de recherche des nouveaux stocks. Le prix à payer pour continuer d’utiliser du pétrole sera exorbitant. Et au lieu de bénéficier aux nouvelles prospections/extractions, ce coût élevé bénéficiera d’abord à la recherche et la mise sur le marché de ressources alternatives.
        Je n’explique pas autrement l’urgence qu’il y a à remédier à un (supposé) réchauffement climatique, bien moins catastrophique qu’on ne l’annonce ; un bel exemple de gouvernance par la peur pour nous inciter à abandonner une énergie sans avenir durable. Il est plus facile de nous faire redouter que le ciel nous tombe rapidement sur la tête que de nous alerter sur la fin du pétrole quand on sait que la première réaction serait voisine de la votre : « on a le temps de voir venir »…

        • La fin des énergies fossiles ? L’Inde et la Chine en tout cas ne renonceront pas si facilement au charbon et la (trop) vertueuse Europe est elle-même de plus en plus dépendante du gaz naturel.
          La fin du pétrole ? Peut-être. Mais celle-ci ne devrait pas pour autant signifier une décarbonation à marche forcée de l’économie sur des bases irrationnelles qui tiennent beaucoup plus de la religion que de la raison : https://www.youtube.com/watch?v=OaEi9b84lxg

          • Nous sommes d’accord. Le charbon, si ma mémoire est bonne, c’est 300 ans de stocks !
            Et si nous pouvons, nous l’occident, jouer les vertueux avec le carbone parce que nous avons atteint un bon niveau de développement et que nous avons les finances pour développer des solutions alternatives, ce n’est pas le cas de la Chine, de l’Inde et de la plupart des pays africains…

  • Pour ceux qui veulent en savoir plus regardez les vidéos de ce que dit Benjamin Louvet sur le pétrole, les pénuries à venir. Qui sait, vous apprendrez plus qu’avec cet article!

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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