Retraites : Macron veut une réformette, pas une réforme

Plutôt que d’engager une réflexion de fond sur le système de retraites par répartition, Emmanuel Macron n’avance que quelques ajustements à la marge d’un système dont la philosophie générale ne change pas.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Emmanuel Macron, président de la République by Mutualité Française on Flickr (CC BY-NC-ND 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Retraites : Macron veut une réformette, pas une réforme

Publié le 7 septembre 2021
- A +

Par Frédéric Mas.

Selon le journal Les Échos, Emmanuel Macron souhaiterait supprimer les régimes spéciaux de retraite et instaurer une pension minimum à 1000 euros avant la fin de son mandat.

À quelques mois de l’élection présidentielle, le président de la République et candidat à sa propre succession nous fait un best of de son mandat : Macron tour à tour social, sécuritaire et écolo à Marseille, a remis son costume de réformateur ce lundi pour parler des retraites. Pour beaucoup, c’est sur cette réforme mal engagée, qui suscite à la fois l’hostilité du conservatisme syndical et ne convainc pas les libéraux qui dénoncent sa timidité, que le président joue sa crédibilité de « progressiste ».

Des ajustements à la marge

Plutôt que d’engager une réflexion de fond sur le système de retraites par répartition, Emmanuel Macron n’avance que quelques ajustements à la marge d’un système dont la philosophie générale ne change pas. Le calendrier pressant le futur candidat, il n’est plus question de remettre l’ensemble du système de retraites sur le tapis, mais de promettre à la fois le changement et la sécurité, l’ersatz de réforme et la paix syndicale.

C’est pourtant le système de retraites par répartition qui plombe -du moins en partie- le coût du travail en France et entraîne le pays vers le déclassement. Comme le note un rapport récent de l’Institut économique Molinari :

Les dépenses de retraites représentent 15 % du PIB, contre 5 % en 1959. Les pensions ont progressé bien plus vite que les autres dépenses publiques. Elles expliquent 61 % de la progression des dépenses depuis 1959 et, indirectement, la montée du chômage, multiplié par 6, et l’incapacité de résorber les déficits publics.

Pour les experts de l’Institut Molinari, la solution réside dans la mise en place de capitalisations collectives : « [la capitalisation] permet de s’appuyer sur les performances des marchés financiers, qui bonifient les cotisations issues des prélèvements obligatoires. Avec une même quantité de prélèvements obligatoire identique, la capitalisation génère bien plus que les retraites par répartition. »

Risque de la disparition des régimes spéciaux

À l’appui de leur raisonnement, les auteurs du rapport peuvent citer les bonnes performances des régimes spéciaux du secteur public (ERAFP, banque de France, Sénat) qui fonctionnent discrètement selon ce principe. La réforme des régimes spéciaux portée par Macron pourrait donc être plus conservatrice qu’elle ne semble être : si elle finit par imposer l’alignement de toutes les caisses sur le régime général, elle risque fort de consolider la répartition au détriment de la capitalisation, pénalisant les bons gestionnaires au profit des mauvais.

Comme le rappelait Jacques Garello dans les colonnes de Contrepoints, choisir la capitalisation est aussi un choix de société, celui que Gary Becker décrivait ainsi :

C’est un retour au travail, plus de gens seront actifs et le seront plus longtemps. C’est un retour à l’épargne alors que la répartition dilapide l’argent gagné et la richesse nationale. C’est un retour à la responsabilité personnelle ; la répartition contient tous les germes de la collectivisation et aboutit à faire disparaître toute idée de progrès personnel.

Voir les commentaires (13)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (13)
  • La reforme des retraites… sans nul doute, une tarte à la crème élaborée pour plaire au zélateurs de la cuisine socialiste française.
    La campagne électorale s’intensifiant pour la réélection du grand timonier français, il semble évident qu’un projet redistributif est seul à même d’obtenir le consensus du plus grand nombre d’électeurs…

  • A part dépenser des milliards pour calmer les mécontentements qu’il a lui-même créer par son inconséquence, Macron nous a prouvé, qu’en termes de résultats tangibles, le compteur était bloqué à zéro. Ne comptons donc sur rien et surtout pas sur une réforme des retraites tant il est vrai qu’il commit l’exploit que lui-même ne comprenait plus rien lorsque le Covid lui a permit d’enterrer ce nouveau désastre.
    De plus, la réflexion des retraites étant appuyée sur les rapports du C.O.R. qui sont grossièrement faux quant aux hypothèses de croissance et d’emplois sur lesquelles le C.O.R se base pour ses prévisions, on ne voit pas très bien comment quelque chose d’intelligent pourrait surgir d’une base de réflexion fausse.

  • « Les dépenses de retraites représentent 15 % du PIB, contre 5 % en 1959. »
    Quelqu un qui propose de diviser par 3 les pensions de retraites n a aucune chance d etre elu !

    Meme si on passe demain a la capitalisation, il faudra taxer autant voire plus les actifs pendant au moins 15 ans si on veut payer les pensions actuelles, a moins la encore de mettre a la diete severe les retraités actuels

    • Le renoncement à toute part de retraite par répartition doit être récompensé par une exonération fiscale sur les investissements en capitalisation et sur les revenus qu’ils génèrent. En choisissant habilement les paramètres, il serait aisé de rendre l’opération très attrayante pour le futur retraité et bénéficiaire pour le système social. L’imposition actuelle du capital et de ses revenus est totalement contre-productive, elle n’a de justification que politique et électorale.

      • @MichelO
        Le probleme n est pas la. Si vous passez demain a la capitalisation, vous aurez quand meme les retraites des retraités actuels a payer (et probablement un peu plus car la personne a 5 ans de la retraite va capitaliser tres peu)
        Donc les actifs auront a payer les cotisations sociales au niveau actuel pour les retraités actuel et en plus capitaliser pour eux (meme en franchise d impots ca change pas grand chose au fait qu ils devront payer 2 fois)

        • J’ai bien compris, mais c’est comme pour Laffer, l’état bénéficie d’un tel surcroît de recettes via les volumes et les autres avantages pour lui d’avoir favorisé l’investissement général dans le capital quand il en réduit la taxation qu’il est au final gagnant. En affectant ce gain à la répartition qui reste, il aura suffisamment de marge pour réduire les taux des cotisations bien que la diminution de la répartition ne soit que lente. Et laisser au futur retraité de quoi financer sa capitalisation…
          En bref, on supprime l’imposition sur l’épargne et ses produits quand ils remplissent une condition d’affectation à la retraite par capitalisation, et le gain pour l’Etat grâce à cette sorte d’effet Laffer est tel qu’il peut financer la transition. Pour le futur retraité, la dispense d’impôts est conditionnée aussi à une réduction de ses droits à répartition, mais le calcul lui montre vite qu’il a intérêt à ce renoncement.
          Enfin, si le projet est bien construit, il sera possible de trouver des prêteurs même s’il faut 20 ans pour étaler la dépense de la transition.

          • ca parait quand meme optimiste comme raisonnement.
            il y a environ 13 millions de retraités. si on prend une pension moyen de 1000 €/mois (c est plus mais ca rend le calcul plus facile) ca nous fait 156 milliard a financer par an, soit 3100 milliards pour 20 ans (et je vous ai fait ici cadeau des interets)

            • Prenons les déjà retraités qui sont propriétaires d’un logement. Si vous exonérez les revenus que peut leur procurer la mise sur AirBnB de ce logement en échange d’une réduction (plus faible) de la retraite à leur verser cette année-là, vous allez voir exploser les aménagements de logements à offrir sur AirBnB. Ca ne coûte rien au fisc et ça fait marcher le commerce en décoration et ameublement. Tout bénéf pour le fisc…

  • Rien est fait pour favoriser la création d’ emplois à valeur ajoutée nécessaires avant toute prétention à la retraite…peut-être faudrait-il commencer par là en cassant tout ce qui empêche de bosser au lieu de vouloir mettre son nom sur une réforme qui ne sert qu’ à empêcher toute vraie réforme.

  • La seule envie de Macron pour les retraites est de piquer les fonds des régimes qui ont gardé une trésorerie de « survie » ou de « jours difficiles ». En mettant tout en régime unique géré par l’état, MDR… Juste une garantie internationale pour réduire notre dette et mettre sous tutelle les recettes.

  • « Les pensions ont progressé bien plus vite que les autres dépenses publiques.  »
    Il ne fallait pas être devin pour comprendre que le nombre des retraités augmentant régulièrement et la durée de vie aussi, le montant GLOBAL des pensions allait exploser!

  • Il faut remonter à la genèse du système actuel. Quand il a été instauré il s’agissait de donner une retraite à des gens qui n’avait jamais cotisés. Quelque part c’était une bonne idée cela permettait à un certain nombre de gens de pouvoir s’arrêter de travailler à un âge avancé et d’avoir une fin de vie décente.
    MALHEUREUSEMENT ce système aurait dû évoluer vers un système où la capitalisation devenait de plus en plus importante, on ne l’a pas fait, pour plein de raisons, les syndicats puisent un pactole de plus en plus important sur les cotisations.
    En France nous sommes dans un système où tout est cher, de plus en plus cher, pour être sûr que les Français ne puissent pas avoir un peu d’argent devant eux c’est-à-dire jouir d’un minimum de liberté. C’est très triste.

  • Cette réforme que l’on nous dit urgente, a souvent été annoncée pour toujours être remise. Pourquoi ? Parce que le sujet fait peur. A qui ? A nos hommes politiques surtout, craignant de voir une partie de leur électorat leur tourner le dos. Il est certain que la réforme des retraites est un choix de société crucial. Et l’on ne peut pas dire que les gouvernements successifs n’aient pas été à maintes reprises alertés, par quelques esprits clairvoyants. On peut même aller jusqu’à considérer que la réforme des retraites a entre 30 ou 35 ans de retard. La réforme des retraites des fonctionnaires de l’Etat et des régimes spéciaux les plus généreux, EDF, SNCF, RATP et surtout la très prodigue Banque de France a au minimum 35 ans de retard ! Car, il faut le savoir, nous ne sommes pas tous égaux devant la réforme. Le régime général qui concerne les salariés du privé a subi de profonds changements pénalisant en 1993, réforme dite  » Balladur « , sans qu’aucune modification n’ait été apportée aux régimes des fonctionnaires. Les syndicats n’ont pas bougé. Le système des retraites n’était déjà pas équitable, il est devenu profondément injuste.
    Nous sommes, au final, dans un système paradoxal, où ceux qui payent le moins reçoivent le plus. Les fonctionnaires ne contribuent pas autant que les salariés du privé au financement de leurs régimes.de plus, ils n’ont pas de caisse retraite car leurs cotisations sont intégrées dans le budget de l’état pour l’année en cours. Donc, dans le cas de l’Etat patron, ni les cotisations des agents, ni celles de l’Etat, qui sont énormes, ne sont versées à une caisse. Les retraites des fonctionnaires sont directement payées par le budget de l’Etat. Les cotisations, qu’elles soient salariales ou patronales restent fictives, Il en résulte une conséquence importante : il est alors facile de dissimuler la charge à la collectivité et aux fonctionnaires eux-mêmes qui restent persuadés qu’ils financent leurs retraites. Quand le fonctionnaire met 1 euro de cotisation, l’Etat employeur en met 4. Quand le salarié du privé verse 1 euro, son employeur en met 1,5. Cette différence entre les employeurs est en fait à la charge de la collectivité toute entière et c’est la collectivité qui paye les avantages en matière de retraite des fonctionnaires de l’Etat.
    Nous sommes devant le choc et nous n’avons encore rien fait. Il s’agit bien d’un problème financier, sérieux, grave, qui met en péril le système par répartition même. Les pays qui nous entourent en Europe n’ont pas attendu d’être dos au mur pour réagir. Chez beaucoup de nos voisins, la réflexion a été anticipée et les réformes sont déjà à l’œuvre car il ne faut pas négliger le temps nécessaire pour faire évoluer le système. En Allemagne, en Belgique, il n’existe pas de règles particulières concernant le public, celui-ci est soumis au même régime que le privé à l’exception de quelques cas particuliers qui sont la police, les militaires. En Suisse, le statut des fonctionnaires a été supprimé, le 24 mars 2000. Le combat de la fonction publique en France semble plus un combat pour les privilèges plutôt que pour l’équité.
    C’est donc tout notre système qu’il faut revoir, mais compte tenu de l’inculture économique en France (même au plus haut niveau) et la crainte de réactions des syndicats pouvant bloquer le pays aucune réforme de fond n’est pas possible. La faillite réglera cette situation catastrophique mais dans la douleur à la Grèce.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
7
Sauvegarder cet article

Notre nouveau et brillant Premier ministre se trouve propulsé à la tête d’un gouvernement chargé de gérer un pays qui s’est habitué à vivre au-dessus de ses moyens. Depuis une quarantaine d’années notre économie est à la peine et elle ne produit pas suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins de la population : le pays, en conséquence, vit à crédit. Aussi, notre dette extérieure ne cesse-t-elle de croître et elle atteint maintenant un niveau qui inquiète les agences de notation. La tâche de notre Premier ministre est donc loin d’êtr... Poursuivre la lecture

Le fait pour un gouvernement de solliciter et d’obtenir la confiance de l'Assemblée contribue à la prévisibilité, la stabilité et la sincérité de l’action publique, et cela devrait être reconnu comme indispensable.

Le 30 janvier dernier, Gabriel Attal a prononcé son discours de politique générale, sans solliciter la confiance de l’Assemblée, avant qu’une motion de censure soit soumise, puis rejetée le 5 février. Le gouvernement Attal, comme le gouvernement Borne avant lui, a donc le droit d’exister, mais sans soutien de la chambre.

... Poursuivre la lecture
8
Sauvegarder cet article
« Je déteste tous les Français »

Le 3 février dernier, un immigré malien de 32 ans, Sagou Gouno Kassogue, a attaqué au couteau et blessé grièvement des passagers de la Gare de Lyon. Finalement maîtrisé par l’action conjuguée des passants, des agents de sécurité et des membres de la police ferroviaire, l’homme en garde à vue a été mis en examen pour tentative d’assassinat aggravée et violence avec armes aggravée.

Les premiers éléments de l’enquête dévoilés par le préfet de police de Paris révèlent les discours conspirationnistes d’un in... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles