Rôle et conséquences de la prohibition

Le Pass sanitaire est une prohibition, qui entraînera des conséquences néfastes inattendues et en occasionne déjà.

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Rôle et conséquences de la prohibition

Publié le 14 août 2021
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Par Marius-Joseph Marchetti.

Toute prohibition a pour but (ou du moins, pour conséquence) de modifier le schéma des incitations et des coûts d’opportunités pour diriger le comportement des citoyens et des consommateurs vers des objectifs que le législateur juge salutaires. Cela a été le but de toutes les prohibitions, de l’alcool, de la drogue, de la prostitution, en passant par le contrôle des loyers et du prix du gel hydro-alcoolique ou les prix plancher du travail ; le contrôle des prix des produits agricoles a ses similarités avec les précédents exemples même si ici, le but affiché est le pouvoir d’achat des agriculteurs.

Or, toute prohibition, comme toute intervention, entraîne son lot de conséquences inattendues, du moins aux yeux du législateur bien intentionné. C’est ce qui se passe lorsqu’on fait face à un phénomène complexe appréhendé par un seul point.

Prohibition : exemples historiques et typiques

La prohibition de l’alcool

Durant les années 1920 aux États-Unis, elle a abouti à la fabrication d’alcool de contrebande frelaté à des degrés jamais rencontrés à l’époque légale. Elle est tout autant responsable de l’apparition de personnages comme Al Capone et une augmentation de la criminalité.

La prohibition de la drogue

La prohibition de la drogue a des conséquences également innombrables : apparition de drogues extrêmement nocives avec de nouveaux modes de consommation ; source de revenus des mafias (voire de certains courants islamistes) ; ghettoïsation de certains quartiers, etc.

La prohibition de la prostitution

Elle ne l’a pas fait disparaître mais a simplement renforcé certaines pratiques des proxénètes et a augmenté l’insécurité des prostitués.

Le contrôle des prix

En URSS, la plupart des marchés de biens de consommation ont entraîné l’apparition de nombreux marchés noirs parallèles. Fait comique, ce sont ces marchés noirs qui permettaient aux habitants de l’URSS d’avoir un niveau de vie acceptable, et c’est lorsque Gorbatchev commença son œuvre de régularisation de l’économie que l’URSS a fini de s’effondrer1.

Il n’y a pas meilleure façon de détruire une ville qu’en appliquant un contrôle des loyers, puisque les propriétaires n’ont plus aucune incitation à entretenir leurs biens. Ce sont les familles nombreuses ayant besoin de grands logements qui sont coiffées au poteau par de jeunes couples, dont l’urgence d’un grand logement est moindre (par exemple à San Francisco et en Suède).

Certains en sont arrivés au rationnement et aux files d’attentes, avec tout ce que cela entraîne en termes de corruption. C’est un phénomène auquel toute personne ayant déjà fréquenté le système hospitalier canadien a déjà été confrontée, selon les dires de certains camarades outre-Atlantique2.

Le salaire minimum

Tout ce qui augmente le prix du travail au-dessus de sa valorisation sur le marché tend à créer : le chômage des personnes les moins expérimentées, le gaspillage de ressources et l’employabilité des chômeurs, du travail au noir, pour ne citer que les effets principaux.

Le gel hydro-alcoolique

Il a été un des sujets abordés par une de mes vignettes sur Juridiquoi, en mars 2020. En effet, la fixation d’un prix plafond a entraîné un détournement des ressources en alcool vers d’autres usages mieux rémunérés.

Prohibition et pass sanitaire

De la même façon, le Pass sanitaire est une prohibition, non pas au niveau des prix, mais des quantités. Il a pour but d’inciter les gens à se faire vacciner (à tort ou à raison, ce n’est pas le sujet) en augmentant le côté coûts (accès impossible pour certaines activités à moins d’avoir un PCR négatif ou d’être vacciné) de l’analyse coût-bénéfice. Ainsi, même les gens ayant peu de risque de contracter une forme grave se retrouvent incités à la vaccination.

Cette prohibition entraînera cependant des conséquences néfastes inattendues, et en occasionne déjà : on voit des soirées Covid émerger par-ci, par-là (résultat inattendu de la modification des avantages coûts/bénéfices) dans l’espoir de contracter le Covid et d’obtenir un certificat de rétablissement ; certains commerces vont purement et simplement fermer le temps que la situation s’éclaircisse à nouveau pour le législateur (quelques exemples émergent déjà ici et là) on aura probablement des faux, ou alors des marchandages de passe, comme on s’échangeait les tickets de rationnement dans le temps ; et on verra probablement d’autres formes de nuisances arriver, et l’État viendra au galop avec son lot d’interventions pour corriger les nuisances amenées par la première intervention.

Conclusion : libre-marché ou contrôle social ?

Il n’y a pas de système mixte possible sur le long terme.

Chaque intervention entraîne son lot de conséquences néfastes en modifiant les prix relatifs, en fournissant de nouvelles incitations, etc. Et chaque lot de conséquences entraîne une demande d’interventions par le public qui attribue cette nocivité à l’irrationnalité de l’espèce humaine. Soit on décide de révoquer ces interventions stupides, soit on se dirige vers un système de contrôle social où la propriété privée est abolie ou simplement vidée de sa substance.

Quelqu’un a dit un jour que l’économie se venge toujours. Il serait bon d’ajouter qu’elle ne se venge pas seulement de manière économique. C’est un point de vue qui doit être nécessairement occulté par les législateurs et leurs intellectuels, eux qui sont en quête de l’établissement de la justice cosmique, ou dans ce cas-là de la justice sanitaire.

  1. Sur ce sujet, je vous conseille deux ouvrages de Peter J.Boettke : Calculation and Coordination, et Why Perestroika failed : The Politics Economics of Socialist Transformation.
  2. Sur le sujet du contrôle des loyers, voici un article de Milton Friedman et George Stigler est disponible sur le site de l’Institut Coppet ;  mais également Rent Control In Sweden: Lessons From A Thirty Year Old Socio-economic Experiment, Sven Rydenfelt, dans Toward Liberty: Essays in Honor of Ludwig von Mises, vol. 1 (1971)
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  • le problème est que ça marche dans l’instantanné…

    je prends l’argent de paul…je suis bien plus riche…ça marche!!!!

    mais en effet on modifie les incitations ..

    condamner » l’égoisme »…ne pas penser à soi d’abord..ben voyons!!!!

    tout ça pour faire passer des mesures arbitraires..

    .

  • « La photo d’illustration est une vraie photo de contrôle du passe »

    C’est Eliot Ness et sa brigade qui perquisitionnent un bar clandestin.

    • A alan et machin.
      Si l’on en vient à commenter la photo illustrant le texte, c’est que l’article ne vaut pas tripette.

  • Je ne crois pas, non. Des « groupes de citoyens » sans foi ni loi, ou bien justement animés par une foi et une loi importées (du Maghreb, par exemple) ? Vous vous considérez certainement comme un bon citoyen animé d’intentions pures sur base de principes éthiques gréco – judéo – chrétiens. Et vous seriez heureux de faire partie de ces milices avec des citoyens qui partagent vos valeurs qui ne rendront des comptes qu’à… vous – même, Maréchal ? Mais croire que tous nos compatriotes sont aussi vertueux que vous est une illusion. Ou bien, votre milice fera le tri entre les « bons » et les « mauvais » ? Ça va se conclure à la Kalachnikov dans certains quartiers. Ah ! que la MG42 nous manque…

    • Oui votre raisonnement se tient mais il est valable aussi pour l’état qui ne veut pas forcément votre bien.
      Il fait mieux des forces de sécurité qui sont local plutôt qu’une police monolithique qui peut tomber entre les mains d’un Pétain.
      PS c’est vrai que Pétain a créé la police nationale a ses ordres.

  • bah , le  » commerce  » de la drogue se fait en ligne sans que l’état ne puisse y faire grand chose ; et ça marche ; il n’y a pas de raisons qu il n’en soit pas de même avec les faux pass sanitaire ;

    • Vous croyez que l’état est uniquement spectateur? Les sommes qui circulent sont trop importantes pour ne pas attirer sa convoitise, et ses mauvaise habitudes mafieuses de captations indues.

  • Le problème c’est donc la justice ou l’in-justice pas la police, que ferait de plus les milices sans une justice digne de ce nom.

  • C’est pourquoi il ne faut réglementer que quelques aspects essentiels, mais être sans pitié sur ceux-là. Or une bonne part de notre réglementation sert à masquer la tolérance de fait.

    • Et de toutes manières, une grande partie de la population considère que en tant qu’échappatoire aux contraintes abusives, la corruption ou le marché noir sont des choses normales et bénignes, voire intelligentes.

      • Compte tenu de l’amoncellement de lois/règlements (aucune , jamais, abrogée) qui nous étranglent l’issue ne peut être que celle la…comment échapper à la contrainte permanente et ubiquitaire autrement ?

        Comme pour l’impôt: trop de lois (et de règlements) tue la loi (en tout cas son respect).
        Le pire étant une loi apparaissant comme stupide à tout un chacun…ou simplement inapplicable (il y en a).

        Vous construisez une cabane pour les outils au fond du jardin que personne ne voit : si vous déclarez outre l’aspect « cerfa » c’est la taxe qui vous attend…si vous ne dites rien vous ne faites de mal à personne mais vous avez la paix. Pas de cerfa et pas de taxe.
        On encourage l’incivilité.

        Impôt sur les fenêtres au temps de Napoléon premier : moins de fenêtres aux habitations.

        Pas d’impôts locaux aux baléares si la maison n’est pas terminée : les habitants ne la termine pas en ne mettant pas l’enduit (crépis).

        Stratégie d’évitement.
        D’ailleurs vous l’avez dit : contraintes « abusives »…

  • En effet l’économie se venge de façon non économique ici.
    On voit que le pass a augmenté les contaminations au moins de deux façons : les non vaccinés jeunes qui essaient de se refiler la maladie pour avoir le pass si plus vite et les vaccinés qui se pensant parfaitement protégés et sans risques se contaminent sans masque en boîte etc. ne se font pas tester et contaminent ensuite les non vaccinés tout en les injuriant et en disant que tout est de leur faute.

    Les prohibitions sont souvent, comme beaucoup d’actions gouvernementales, une occasion de se rappeler du mot de Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes » !

  • La prohibition est un interdit formel entraînant clandestinité et sanctions, le passe sanitaire est une ségrégation. Différence fondamentale !
    Les « réceptions » clandestines se déroulaient durant le confinement généralisé ou pendant le couvre feu ; elles étaient verbalisées… ou aurait dû l’être.
    Si on rejette le passe sanitaire en organisant des soirées chez soi, elles ne sont pas clandestines mais privées. Aucun flique (jusqu’à présent) ne peut intervenir et sanctionner une veillée, un pince-fesse, une sauterie maison… contrairement à E. Ness qui luttait contre un commerce illicite combattant les fabriques interdites et entrepôts clandestins.

    • C’est la vision du cinéma et la TV. En fait, l’action et la réussite de Ness a surtout été de lutter contre la corruption pour atteindre une cible désignée par le président Hoover (lui-même « focé » par d’autres) : Al Capone … pour un résultat de 11 ans de prison pour fraude fiscale.

      L’alcool dans tout ça ?!?

      • A alan
        « L’alcool dans tout ça ?!? » c’était le bon prétexte !

        • @corbc
          Bonjour,
          Le fait même que l’alcool était prohibé a été la cause de l’ascension de Capone qui était déjà une belle crapule avant.
          Comme maintenant, l’alcool était la cause, comme le sont les armes à feu de nos jours… en particulier à Chicago, ville où Capone a sévi, et où le crime est en augmentation fulgurante depuis un an, où l’alcool était interdit, où le 2nd Amendement est bafoué et l’accès aux armes à feu de façon légale est le plus strict des USA.
          Des personnes sont tuées quotidiennement par des individus munis d’armes à feu (légalement déjà difficile à acquérir légalement), bien plus que ce que le Covid fait comme victimes, mais à Chicago, les 2 priorités sont la lutte contre le Covid et les armes à feu, tout en laissant libres des assassins.

  • Je ne sais pas si c’est la photo d’un contrôle de passe sanitaire.
    Mais votre réflexion sur les armes et le gilet pare balle… Vous vivez dans quel pays ?
    TOUS les flics ont des armes et des gilets pare balle.

    • @laurent75005
      Bonjour,
      « TOUS les flics ont des armes et des gilets pare balle. »
      Oui, et ils estiment qu’ils ne sont pas assez bien équipés pour protéger leurs vies en cas de besoin… alors que nous sommes littéralement à poil. Du coup, ils ont du mal à assurer leur mission de protection des citoyens, mission qui est la 5ème et dernière mission de leur code de déontologie.
      De plus, même quand leurs vies est directement menacée (cocktails molotov lancés dans une voiture de patrouille par exemple, ou une embuscade lancée sur des agents en planque une fois reconnus) ils ne font pas usage de leur équipement voué à préserver leurs vies.

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