Loi Prostitution : tout se déroule mal, comme prévu.

Les libéraux et avec eux, différentes associations responsables et compétentes, avaient prévenu que la Loi Prostitution pénalisant le client engendreraient de graves effets de bords. Surprise : c'est exactement ce qui s'est passé.
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Prostitution à Paris (Crédits Nils Hamerlinck, licence creative Commons)

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Loi Prostitution : tout se déroule mal, comme prévu.

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 18 avril 2018
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C’est parfois avec amusement, parfois avec tristesse que les (rares) libéraux de France constatent que leurs prévisions politiques et économiques se réalisent avec cette justesse qui ne doit finalement rien au hasard.

Dès l’avènement de Chavez au Venezuela, ils étaient les premiers à dire que le pays trottait à sa ruine, qui lui arriva comme prévu, totale et indubitable.

Les problèmes de l’Euro, largement prévus par Friedman, n’auront surpris que ceux qui continuent d’ignorer les bases mêmes de l’économie.

Les prévisions d’enfoncement de la France, basées sur l’observation méthodique des causes profondes du marasme économique dans lequel elle baigne, se révèlent toutes aussi exactes depuis plusieurs décennies : comme on y combat avec acharnement et application toutes les libertés fondamentales, les entreprises et avec elles les emplois, les richesses, la culture et le savoir-vivre à la française s’étiolent peu à peu.

Et plutôt que multiplier les exemples, on s’arrêtera à l’actualité récente, féconde.

En 2012, je notais la tendance du gouvernement d’alors de vouloir absolument légiférer à tort et à travers sur le sujet de la prostitution : dans un billet du mois de juin, j’expliquais que Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre « des Droits de la femme », avait décidé d’en finir avec la prostitution, et je prédisais ainsi que

cela repoussera la prostitution dans des endroits encore plus difficiles à contrôler pour l’État, et accroîtra le risque pour les prestataires et les clients.

Bien évidemment, il aura fallu un peu de temps pour transformer l’interventionnisme de l’insupportable péronnelle en véritable texte de loi avec contraintes, amendes et vexations puisqu’il faudra attendre 2016 pour que le prurit législatif se traduise par des actions : la loi passe en avril de cette année-là, ce qui ne manque pas de déclencher quelques prévisions pessimistes des quelques libéraux inquiets de voir une nouvelle fois le législatif et l’exécutif faire absolument n’importe quoi, n’importe comment, par pur dogmatisme et sans tenir compte des réalités de terrain.

Dès 2016, ceux qui le veulent peuvent donc lire quelques éléments de réflexion sur la question avec des effets de bords déjà prévus et déjà évoqués

Petit à petit, le pays se vide de la prostitution officielle et la fait durablement passer dans le marché noir, augmentant tragiquement les risques et dangers de celles et ceux qui pratiquent ces professions. Plus à propos, cela entraîne aussi un exil massif des prostituées frontalières hors du pays.

À la fin de l’année, le constat est sans appel. Farouchement portée par les habituels foutriquets frétillants à la Montebourg et autres mouche du coche comme Rossignol, cette loi ne marche pas : les clients qui restent sont les plus violents, les prix des prestations chutent, les risques pris augmentent.

Belle réussite.

Devant ce constat, un gouvernement responsable reverrait sa copie. Nous sommes en France, et le ramassis de parasites incompétents et d’arrivistes sans scrupules qui nous dirigent ont autre chose à faire que se préoccuper des petites gens, surtout ceux qu’ils prétendent défendre (à commencer par les prostituées, cela va de soi).

Rien ne changera donc pendant les deux années qui suivront.

Il faut donc être d’une extraordinaire mauvaise foi pour prétendre à la moindre surprise lorsqu’en avril 2018, deux ans plus tard, on aboutit aux mêmes conclusions en lisant le résultat (officiel cette fois-ci) des études menées sur le milieu de la prostitution française suite à l’application de cette loi (présentée comme « la loi Veil de notre temps » par ces infatués gouvernementaux) : la « loi prostitution » d’avril 2016 est une véritable catastrophe qui aggrave nettement la situation des personnes qu’elle entendait niaiseusement améliorer.

Sauf à tordre le sens des mots – ce que s’empresseront de faire les associations lucratives sans but luttant contre les travailleurs du sexe – le résultat concret de cette loi porte directement préjudice aux prestataires, bien avant les clients.

C’est un ratage total. Les témoignages abondent :

En 20 ans, je n’ai jamais vu une précarité si importante, une extrême clandestinité dans le travail du sexe et une telle violence. Il y a un rapport de force inversé, aujourd’hui, c’est les nanas qui proposent des rapports non protégés pour avoir à manger.

Et zut, la moraline, étalée à gros pinceaux par les habituelles associations ramasse-subventions, ne prend pas et dégouline sans prendre masse. Et crotte, le marché, bien compris, a réagi précisément comme les libéraux s’y attendaient. Et flûte, tout se déroule exactement comme prévu.

Conclusion ? Mais c’est évident : pour les associations favorables au texte (Mouvement du nid, collectif Abolition 2012), il s’agit de réclamer « son application pleine et entière »… Pour étendre la misère et le malheur dans les moindres recoins que la moraline n’aura pas aspergés, je présume.

parabole de l'aspirine (c) Maître Du Monde

En somme, alors qu’on savait avant même que la loi entre en vigueur qu’elle provoquerait des effets délétères strictement opposés à ceux recherchés, alors qu’on observe effectivement depuis deux ans que la situation des prostituées s’aggrave conformément à ce qui avait été prévu tant par les libéraux que par les associations responsables et compétentes sur le terrain, et alors que les expériences comparables à l’étranger ont toutes amené aux mêmes conclusions, absolument rien n’a été fait pour revenir sur la position dogmatique du gouvernement et des associations moralistes pudibondes.

Le législateur et l’exécutif ont donc laissé une situation s’envenimer. Ils sont directement coupables du sabotage consciencieux de la vie de centaines d’individus. La société française a, très concrètement, perdu deux années pour corriger une situation inique.

Du reste, s’il s’agissait de vraiment éradiquer la prostitution (but parfaitement ridicule en soi tant, rappelons-le, les vices ne sont pas des crimes), il existe une méthode éprouvée : une des méthodes les plus efficaces pour éradiquer complètement une institution, une habitude ou un marché consiste à l’institutionnaliser, à le nationaliser voire, mieux encore, à le fonctionnariser avec rentes, avantages acquis (de haute lutte ou pas), convention collective et syndicats jaloux de leurs prérogatives.

En mettant en place un Service Public de Prostitution, nul doute que l’État aurait durablement ringardisé la profession, complètement fusillé un marché en transformant la prostitution en bureaucratie paperassière et provoqué les inévitables catastrophes sociétales que ce genre de constructivisme provoque systématiquement.

prostiteo

En attendant que cette idée aussi lumineuse qu’imbécile ne germe un jour dans les esprits malades des politiciens et de leurs associations parasites, on devra se contenter des études sérieuses qui, toutes, alertent sur les résultats catastrophiques et demandent toutes la remise à plat de la loi.

Parions qu’il faudra encore des années de misère, de violence, de maladies et de risques accrus pour revenir en arrière. Mais on s’en fiche : le Camp du Bien progresse !
—-
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Voir les commentaires (17)

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  • il se passera ce qu’il se passe d’habitude : quand la situation sera catastrophique au point de faire la une des journaux , nous verrons la bande de glands au pouvoir revenir sur le sujet en promettant la lune pour améliorer la vie des prostituées ; le laxisme des dirigeants Français est connu mais ce laxisme là retombe toujours sur une certaine France , toujours la même …..

  • C’est comme ça que l’Etat protège ! Et ce sont là les résultats de sa protection, qu’on paye au prix fort.

  • Mais oui bien sûr, il suffit de savoir que l’état ne peut rien faire contre l’homo oeconomicus pour en déduire cette règle que nos politiques devraient garder en tête :
    « Pour couler un secteur de l’économie, il ne faut surtout pas l’interdire, il suffit au contraire de le nationaliser. »

    • @ cachou42

      Ben oui! Mais une France qui se veut à la fois « laïque » et « morale » et la « Lumière Universelle » ne pouvait pas éliminer « le plus vieux métier du monde »! Un simple coup d’oeil par dessus vos frontières vous en aurait persuadés!

      Ce n’est donc qu’un nouvel échec de cette France prétentieuse! (N.B. dans les autres pays, les prostituées payent évidemment leurs impôts!) (les Français sont hyper-sensibles à l’argument « pognon »!)

      Enfin, ce qu’on ne peut pas possiblement « interdire », on peut accepter de le « tolérer », même quand on n’est pas client!

      • @mikylux
        Bonsoir,
        Certaines prostituées renseignaient sur leur feuille d’impôts leur activité professionnelle, et déclaraient leurs revenus, et payaient donc des impôts… pour avoir une certaine protection de leurs droits, de leur intégrité physique et de leurs biens.
        Les patrons qui gagnent leur vie dérangent correctement les crétins qui sont « en charge » , alors les prostituées sont à mettre au bûcher pour ces crétins.

      • @mikylux
        J’étais bien au 1er degré (malgré les apparences ?)
        Sans avoir besoin de jeter un coup d’oeil par dessus nos frontières, on peut affirmer sans crainte de beaucoup se tromper le caractère assez général de cette règle, qui s’applique à coup sûr à de nombreux autres secteurs de l’économie que je connais mieux que celui-ci.

  • Les (rares) libéraux n’étaient pas les seuls à critiquer la loi de pénalisation du client. En réalité, on a surtout entendu les associations humanitaires type Médecins du monde et quelques partis politiques, comme le Modem ou les Verts.
    Tous ceux qui n’étaient pas sur des positions idéologiques, dégoulinantes de moraline, étaient bien évidemment contre cette connerie monumentale.
    Le but de cette loi était parfaitement hypocrite. Sous couvert abolitionniste – mais qui peut croire sérieusement qu’on allait pouvoir éradiquer la prostitution ? – il s’agissait surtout de virer la prostitution des villes, de la rendre invisible. Ca, c’est plutôt réussi, mais hélas, cette loi n’a pas vraiment pénalisé le client (à peine un millier d’amendes en 2 ans), elle a d’abord et surtout pénalisé et précarisé les prostitué(e)s, en augmentant l’insécurité dont elles sont victimes.
    Pays de m… !

  • L’ÉTAT fait tout et son contraire …rien de nouveau…à un probleme vite une loi ou amendement ..sans réflexion résultat,i au lieu de régler le probléme ,l’empire…c’est du brassage d’air…il faut occuper l’espace médiatique. ..cela ne règle rien…bien au contraire !!!!

    • @ Lou 17
      Oui, c’est « normal »!

      Les politiciens parlent: c’est leur boulot: ils n’en ont (souvent) pas d’autre!

      Donc avec leur blabla, on fait un texte donc une loi, utile ou pas!
      C’est un boulot idiot, pourtant, ils sont nombreux à se bousculer au portillon!

  • Les assoces qui, comme le Nid, vivent de rentes du le dos des prostituées n’ont aucun intérêt à ce que la situation s’améliore.

  • Pourquoi a-t-on fermé les maisons closes ? Finalement c’était une bonne solution, les prostitués étaient au chaud et en sécurité. On a bien ouvert des centres de shoot.

  • Encore un article génial du génial h16. Je regrette seulement de ne pas avoir le temps de les lire tous.
    L’une des grandes forces du libéralisme, c’est effectivement sa capacité à expliquer les malheurs du monde de manière cohérente et donc à les prévoir. Au sujet de l’Euro, on lira avec profit ce remarquable et prémonitoire article (écrit en 1990) : http://fr.liberpedia.org/La_banque_centrale_europ%C3%A9enne%2C_ou_le_retour_de_l%27inflation. On se souviendra aussi, entre autres, que dès 1920, le grand Ludwig von Mises avait prévu, jusque dans les détails, l’inévitable échec du socialisme (https://mises.org/library/economic-calculation-socialist-commonwealth).

  • « Parasites incompétents et arrivistes sans scrupules ».
    C’est un constat juste de la qualité actuelle des politiciens français.
    Et je vous remercie de le faire partager.

  • Pour avoir discuter avec un policier, la lutte contre les réseaux de prostitution esclavagistes est le plus mal aimé des travaux de la police.
    Aucune collaboration des victimes en général qui refusent de dénoncer, pas trop de moyens d’acquérir des preuves, des enquêtes qui n’aboutissent pas, etc.
    A part les réseaux de prostitution de luxe plus valorisants pour les policiers que les pauvres nigériannes où bulgares et où la qualité des prestations entraine la dissémination de preuves, il n’y a pas de grands progrès à attendre pour ces filles.
    Alors abolir la prositution c’est un bon moyen pour l’état de se donner bonne conscience.

    • Et puis j’oubliais, lutter contre la prostitution et le proxénétisme oui mais faudrai pas fermer l’ensemble des palaces parisiens et de Cannes à la bonne saison, ça ferait mauvais genre…

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