L’Allemagne, cette mal-aimée

L’Allemagne est souvent critiquée par les Français qui préfèrent ne pas voir combien elle a su se relever économiquement.

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Berliner Mauer BY locken_rock(CC BY-ND 2.0)

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L’Allemagne, cette mal-aimée

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 29 mai 2021
- A +

Par Jean Kircher.

Décidément nous n’en avons pas fini de méconnaître et mal aimer notre grande voisine.

Lassés de sa réussite économique nous maintenons ce mythe de l’égalité avec elle et ne cessons de comparer nos performances avec les siennes. Certes nous avons nos joyaux du CAC 40 mais pour le reste nous sommes largués : nos PME sont trop rares à tenir tête aux siennes. Nos balances commerciales, notre déficit, notre PIB en baisse, notre endettement, bref notre niveau de vie est loin derrière l’Allemagne et ça en agace plus d’un.

Culturellement, le mépris est total car nous continuons de croire en notre supériorité et considérons que nous seuls sommes les maîtres de l’écriture à la suite de nos Lumières.

Le mythe de la supériorité française

Les berlinades n’ont aucune chance de rivaliser avec notre festival de Cannes qui promeut des films que personne ne va voir. Les grands écrivains allemands n’ont aucune chance d’être au niveau de nos Montaigne, Voltaire, Rousseau, Molière et autres.

Historiquement, seule la France a une histoire et on ignore complètement les dynasties des Saxe, Bavière, Wurtemberg ou la grande cour d’Autriche. Autrefois nos étudiants allaient volontiers faire quelques détours dans les grandes universités de l’Empire mais aujourd’hui il n’est question que d’aller passer des masters en Angleterre ou au États-Unis.

Et pourtant, l’Allemagne a de quoi rayonner

Bien que la langue allemande soit de loin la langue la plus parlée en Europe, nous continuons de nous gargariser et de caresser l’espoir du français universel. Nous nous sommes arrêtés au français, parlé par toutes les cours d’Europe mais cette nostalgie n’est plus qu’une chimère. Nous avons le deuxième corps diplomatique du monde mais nous ne représentons plus qu’une France en déclin.

Des chroniqueurs comme Éric Zemmour continuent de décrire les routes et les ponts en mauvais état en Allemagne mais c’est bien la preuve qu’il n’y est jamais allé. Toutes les grandes villes allemandes sont contournées et les villes moyennes sont traversées par des tunnels. Ne parlons pas du réseau autoroutier. La France est championne des ronds-points et 36 % de nos routes sont en mauvais état…

Sur le plan sportif et le football en particulier, nous n’avons d’yeux que pour les championnats d’Espagne et d’Angleterre et refusons de voir les 5 étoiles sur les maillots de l’équipe nationale allemande. Nos stars sont Messi, Ronaldo ou Mbappé, jamais Levandoski qui a marqué 41 buts en cette année de championnat.

À partir de 1989 les Allemands ont réussi à intégrer l’Allemagne de l’Est qui était dans un état catastrophique ! Quinze millions d’habitants en plus, des infrastructures complètement délabrées, une mentalité à apprivoiser. Et en France, l’intégration de 12 millions de musulmans a plutôt été ratée !

Un modèle politique différent

Une chancelière humble et pragmatique a réussi pendant 18 ans à mener son pays vers la prospérité sans heurts ni éternelles polémiques, intrigues et complots, le tout sans une armada d’énarques carriéristes et un appareil d’État obèse et inefficace.  L’Allemagne compte trois millions de fonctionnaires pour 85 millions d’habitants alors qu’en France ils sont 6,5 millions pour 65 millions d’habitants !

Nous changeons de Premier ministre tous les deux ans…

Une structure d’État décentralisée partage le pouvoir avec les régions alors que l’État jacobin continue de monopoliser tous les rouages du pouvoir. En Allemagne les contre-pouvoirs permettent à la démocratie de fonctionner normalement.

Non seulement notre modèle social et politique est en déconfiture mais les Français en redemandent : l’État nounou doit s’occuper de tout ! Non seulement nos médias mainstream font tout pour maintenir le couvercle bien fermé sur la cocotte-minute, encourageant ainsi les ultras minoritaires à se rebeller avec grand bruit mais ils contribuent surtout à maintenir le peuple dans l’ignorance de toutes les choses politiques, économiques et démocratiques.

Pendant ce temps la France s’appauvrit et le coq sur son tas de fumier continue de chanter…

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  • Complètement d’accord avec vous, cher Monsieur. La preuve la plus flagrante de notre dédain ? La langue allemande est de moins en moins apprise, systématiquement dénigrée, alors que notre principal partenaire économique est l’Allemagne…
    ayant appris cette langue en 6e en 81, jamais arrêté ensuite de la pratiquer, vivant désormais dans le sud, cette langue est un plus dans mon travail vu le nombre d’Allemands, Hollandais et autre germanophones ayant des résidences secondaires ici (en plus ce sont des s,lauds de riches !).
    Alors ma fille l’apprend aussi et revendique cette langue chaque fois que des copines la regardent avec de grands yeux tout ronds. Elle entame LEA anglais-allemand cette année, nul doute que, comme moi, grâce à l’allemand, elle se démarquera.
    De l’art étatique français, encore et toujours, de se tirer une balle dans le pied. Tout comme il a dénigré les filières manuelles, qui fait que de nos jours, les bouchers, plombiers etc se font des c… en or !

    • J’ajoute que cette langue a été un plus pour moi déjà en région parisienne, simplement parce que nos partenaires économiques étant Allemands, parler cette langue dans une entreprise internationale est appréciée. Certes, les Allemands parlent l’anglais -nettement mieux que nous d’ailleurs- mais sont tellement ravis de rencontrer une française parlant leur langue, que dès le départ, votre entreprise a un plus sur les autres.
      Mais bon, dans le pays de la facilité, mieux vaut apprendre l’espagnol, parle en Europe seulement en Espagne….

  • très bien vu dans l’ensemble, mais le passage sur l’intégration ratée des musulmans en France montre que, comme beaucoup de gens, l’auteur n’a rien compris au problème. Les Allemands de l’Est avaient la même langue, la même histoire, la même culture. Aucun point commun avec les musulmans dont la culture et le mode de vie n’ont rien de commun avec les nôtres, qui se revendiquent musulmans avant de se considérer comme Français, et qui veulent imposer leurs us et coutumes sans partager les nôtres (à de très rares exceptions près).

    • Jusqu’à ce qu’ils aient ramené ce pays au niveau de leurs pays d’origine, ensuite ils viendront en Allemagne (les éclaireurs sont déjà sur place).

      😉

      Les Bobos allemands sont aussi neuneus et aveugles que les nôtres, ne rêvons pas…

    • d accord avec berliner, les ex allemands de RDA etaient allemand et culturellement plus proche d un allemand de RFA qu un algerien d un francais.
      Mais il faut quand meme pas exagerer, il y a de sacré difference entre un bavarois (RFA) et un saxon (RDA) et il y regene encore de nos jour un antagonisme entre les nouveaux et ancien lander (aka RDA/ancienne RFA)

  • un collectiviste pourra toujours trouver un pays quelque part qui justifie l’interventionnisme économique. parce que ce n’est pas un moyen, c’est un but.

    c’est moins cher et c’est plus égalitaire. grâce à l’état…si c’est moins cher et plus égalitaire dans un autre pays … ça tient aux spécificités du pays ..anomalie..en aucun cas applicable à la france…

    les résultats? d’accord ça a empiré mais sans l’état ça aurait été pire..

    c’est une idéologie qui suppose que vous êtes un con!!!! que votre liberté vous est funeste..

  • l’allemagne est un pays » forcé » à la modestie..par son rôle dans le seconde guerre mondiale.

    d’une certaine façon les allemands en profitent un peu..

    • Protestantisme ?

      Probablement de façon indirecte en ayant imprégné la culture. Les Flamands sont catholiques et pourtant il me semblent plus proches de la mentalité teutonne que gauloise ?

      • Je suis Flamand par le père, wallon par la mère et j’ai baigné dans les deux cultures, malgré 25 ans passés ailleurs en Europe.

        La langue et la religion ne sont à mon sens pas les points qui différencient les Belges du Nord de ceux du Sud. C’est le développement industriel précoce et remarquable de ce dernier et l’influence subséquente du socialisme syndicaliste qui ont fait plonger une grande partie de la Wallonie. Cependant, cette région de Belgique comporte des provinces plus prospères que celles de Flandre et les Wallons ne veulent majoritairement pas être rattachés à la France.

  •  » l’état nounou doit s’occuper de tout « …..l’état , les français s’en foutent ; ce qui les interresse , c’est l’argent que l’état déverse sans compter et souvent sans contrepartie ;

  • Un Etat fédéral bien organisé et solidaire. Des écoles qui enseignent les matières mais pas les idéologies. Un apprentissage qui forme réellement sans être une machine à main-d’oeuvre bon marché, une organisation sociale structurée et responsabilisante. Des syndicats puissants mais pas idéologues. Et puis surtout du travail sérieux et bien achevé….Quelques sources d’inspiration pour nos théoriciens du on rase gratis….

  • « Uber alles ».. n’est quand même pas une expression gauloise… !!!
    Si monsieur le boulanger vend profitablement des petits pains à la française aux cousins germains et gourmands, c’est que tout n’est pas totalement nul par ici.
    Parler de la grande réussite de l’intégration de l’ex-RDA…. oui MAiS on entend toujours beaucoup de bruits de botte dans ces Landers..
    NB: J’ai fait quelques études d’Allemand étant plus petit et je m’en réjouit toujours. Et j’aime bien l’Allemagne et les Allemands… J’ajoute que trois de mes tontons furent töten avec la venues des hordes brunes, un quatrième y est allé en « camping » prolongé…

    Tout est pourri ici et tout est bien la-bas!! Alors courage à deux mains.. il faut déménager.. Pourquoi continuer à pétrir dans notre cul-de-basse-fosse!!

    • Chacun reste attaché à sa culture comme à sa madeleine de Proust. Cela n’empêche pas d’envier des aspects de toute autre culture de tout autre pays, même si on en rejette d’autres.

      En revanche, il faudra bien un jour définir clairement ce qui est acceptable et ne l’est pas … et redéfinir certaines priorités mises à mal par le « camp de bien ». Peut-être leur payer des lunettes pour myopes ?

    • Pourquoi déménager, il est chez lui, lui !

      Pas comme le colonisateur Louis (catholique) qui a payé le roi (protestant) de Suède pour envoyer des mercenaires écumer la région…

      Je m’imagine bien la Régente et le Mazzarini sur un sommet vosgien avec rafraichissements et ombrelles contempler les massacres des villageois dans la plaine d’Alsace;
      – Pouvons nous y descendre, mon bon Mazarin ?
      – Attendons votre altesse, j’en vois qui bougent encore…

      Selon le roman national, nous les aurions accueillis les bras ouverts (pour ceux qui en avaient encore…)

      Un dernier détail, l’Alsace n’ était pas allemande avant 1648, elle a toujours fait partie de l’empire autrichien.
      Elle est devenue prussienne (allemande) en 1870 pour la toute première fois…

    • Les petits pains français ne pèsent pas bien lourds face au Mittelstand allemand. La démocratie allemande se fait avec bien moins d’hypocrisie qu’en France. La France ne serait jamais arrivé à réintégrer un second pays comme l’a fait l’Allemagne. L’ex-RDA était un désert. Une génération complète a quitté les Lands de l’est à l’ouverture du mur sans infrastructure, sans économie. Chaque allemand a payé un impôt pour la reconstruction de l’est.
      Le bruit des bottes est tout aussi assourdissant dans notre pays il résonne partout. La santé économique et la structure démocratique en Allemagne est bien plus efficace.
      Pour diriger il faut :
      1. Être majoritaire à 50% des suffrages exprimés
      2. Créer une coalition avec un autre parti en cas de majorité relative.

      Donc sans partenaire pour gouverner le Land, on revote.

      Le système politique allemand oblige au dialogue.
      En BW les verts sont majoritaires mais doivent composer avec la CDU. Ça fonctionne parce que toute décision prise par les verts qui serait un désastre pour l’économie serait immédiatement refusée.

  • Ils ont aussi inventé la Grünen-mania.. c’est pas trop une grande réussite sur le plan énergétique (efficacité), économique (leur kWh 1.7 fois plus élevé), et pollution (accros au CO2 = lignite, charbon et gas..). La seule branche de SIemens bien profitable est celle des éoliennes.. qu’on leur achète (danke!) massivement comme 1er client… Il semblerait que la-bas les moulins à vent soient y soient très « efficaces »…

  • L’Allemagne a quand m^me fait la connerie de l’Energiewende qui risque de lui faire à terme sa sécurité d’approvisionnement énergétique. De ce côté là, la France, qui subit mais tente de résister à ses écologistes illuminés et fascistes est un peu moins à blâmer.

    •  » Hunde sind besser politisch informiert als viele Menschen,
      denn sie scheissen auf alles was grün ist… « 

      • Ca fait de l’engrais !

        C’est le problème avec l’écologie : c’est comme les frites Mac-Cain. Les plus écolos sont ceux qui en parlent le moins, se contentant de soigner leur jardin et d’éviter les gaspillages.

  • L’écologie allemande n’est pas dogmatique et castratrice comme celle en France.
    Elle s’allie à l’économie pour faire prospérer le pays.
    La réussite dépend de l’organisation du pays. Au Bund de régalien et aux Lands le reste.
    L’Etat propose les Lands disposent.
    En France c’est une oligarchie qui dirige et centralise en tuant dans l’œuf les initiatives des élus locaux.
    Les grandes régions sont trop grandes et trop éloignées de leurs bassins économiques. C’est un non sens économique et politique qui est en fait tenu en laisse par le gouvernement central.

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