Islamo-gauchisme et climato-gauchisme : les mêmes filiations

OPINION : la destruction du capitalisme reste le dénominateur commun et le but ultime à toute forme de gauchisme qu’elle soit classique, climato ou islamo.  

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Chemnitz - Marx Monument By: motograf - CC BY 2.0

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Islamo-gauchisme et climato-gauchisme : les mêmes filiations

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 25 février 2021
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Par Philippe Charlez.

Fils illégitime du marxisme, le gauchisme est apparu à l’aube des années 1920. Fortement critiqué par Lénine qu’il qualifia de « maladie infantile du communisme », il s’est surtout développé dans l’Europe post 1968.

On retrouve d’ailleurs à l’époque cette opposition frontale entre Georges Marchais condamnant dans L’Humanité « les groupuscules gauchistes s’agitant dans tous les milieux », et Daniel Cohn-Bendit publiant Gauchisme, remède à la maladie sénile du communisme.

Le marxisme canal historique et le gauchisme ont un objectif commun : ils se sont lancés dans une croisade contre les oppresseurs de la société de croissance pour obtenir la peau de son démon capitaliste. Pour ce faire, ils prônent la révolution prolétarienne à travers la lutte des classes.

Comme les marxistes orthodoxes, les gauchistes abhorrent la liberté d’entreprendre assimilée à l’exploitation des masses laborieuses. Ils perçoivent le capitalisme et la mondialisation comme sources d’inégalités et de pertes de liens sociaux, partagent un certain nombre de valeurs dont l’égalitarisme est le socle et la solidarité le levier.

La première filiation du gauchisme est donc bien le marxisme. Mais marxistes et gauchistes s’opposent aussi sur de nombreux points à la fois économiques, politiques et philosophiques.

 

Les gauchistes décroissantistes

Le gauchisme juge sévèrement le marxisme classique qu’il considère comme une sorte de capitalisme d’État dont est issue une nouvelle classe dominante : la bureaucratie 1. Promettant l’égalité dans l’opulence, il a échoué sur le plan sociétal en étant source d’oppression pour le prolétariat.

Mais surtout, sa pensée productiviste a oublié l’environnement. Contrairement aux marxistes, et convaincus que le réchauffement climatique conduira rapidement l’espèce humaine à sa perte, les gauchistes sont favorables à la décroissance. Ce constat relève de l’écologisme. C’est la seconde filiation.

Leur haine du capitalisme se double d’une détestation des principaux véhicules du développement. Les plus radicaux 2, rejettent en masse l’école, la science, les médias, la publicité, l’aide au développement, mais aussi les politiques sociales et sanitaires : accroître l’espérance de vie ou réduire la mortalité infantile deviennent des contre-objectifs.

Ils souhaitent au contraire « décoloniser l’imaginaire économique et productif » 3 par un retour à des sociétés vernaculaires frugales s’articulant autour de communautés autosuffisantes dans lesquelles les besoins matériels sont limités et les ressources produites localement.

 

Des racines dans l’anarchisme

Enfin, le gauchisme puise ses bases politiques dans l’anarchisme. C’est sa troisième filiation. Il condamne tout autant la démocratie représentative « opprimant le peuple par le marché » que le totalitarisme marxiste où « la masse est aliénée par l’élite du parti ». Sa structuration en communes économiquement autonomes va de pair avec une démocratie directe associant tous les citoyens de la communauté aux décisions quotidiennes.

Une forme de communautarisme économique où la propriété privée disparaît, la monnaie n’existe plus et les biens rares sont répartis de façon homogène mais parcimonieuse en fonction des besoins de chacun. La seule liberté consiste à participer aux assemblées dont les décisions sont appliquées de façon autoritaire.

À ces trois filiations du climato-gauchisme vient s’ajouter une quatrième filiation pseudo-religieuse. Si le marxisme classique avait en bloc rejeté les grandes religions occidentales (judaïsme, catholicisme et protestantisme) que Marx lui-même avait qualifiées d’« opium du peuple », il existe depuis le début du XXe siècle une proximité entre marxisme et certains courants de l’islam.

Proche de Lénine, G. Zinoviev déclarait en 1920 que « l’International communiste devait se tourner vers les peuples d’Orient pour les appeler à une Guerre Sainte contre l’impérialisme occidental ».

La collusion entre le marxisme et le monde islamique relève d’une lutte des classes entre colonisés et colonisateurs. Dans une démarche semblable, le gauchisme trouve aujourd’hui dans l’islam des « prolétaires de substitution » au monde ouvrier traditionnel ayant migré en masse vers l’extrême droite porteuse d’un message relevant souvent du marxisme classique : retraite à 60 ans, 35 heures, rétablissement de l’impôt sur la fortune.

 

Un allié dans la destruction du capitalisme

L’islamogauchisme prend donc ses racines dans « un remplacement du prolétariat par l’oumma », communauté des musulmans. Si aucune religion ne détient la palme de la richesse ou de la pauvreté, l’islam concentre davantage de pauvreté. Cumulant frustration coloniale, croissance démographique, pauvreté et très forte religiosité, le monde musulman représente aux yeux des gauchistes un allié de destruction du capitalisme.

Le climat, la colonisation, la religion, le féminisme ou l’écriture inclusive ne sont en fait que des instruments détournés. La destruction du capitalisme reste donc le dénominateur commun et le but ultime à toute forme de gauchisme qu’elle soit classique, climato ou islamo.

Gauche – Corrélation richesse et religiosité

Droite – Richesse par habitant des pays musulmans

(Source des données : Pew-Research et Banque Mondiale)

  1. R. Gombin (1973) Les origines du gauchisme ; Serge Latouche (2009) « Oublier Marx », Revue du MAUSS, n° 2, 2009.
  2. I. Illich (1971) Une société sans école, Éditions du Seuil ; I. Illich (1975) Némésis médicale, Éditions du Seuil.
  3. Mario Bonaïuti, À la conquête des biens relationnels, in M. Bernard/V. Cheynet/B. Clémentin (dir.), op. cit., pp. 28 et suiv.
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  • ouiap l’égalitarisme implique une société policière totalitaire, il faut que tout le monde sache ce que fait ce que détient tout le monde..

    leur erreur profonde est de regarder et de prendre pour modèles des sociétés primitives « harmonieuses »…

    alors bon si » on parvient » à faire passer une population de plusieurs milliards.. à des groupes humains vivant sans technologie pointue où chacun connait et voit l’autre sans compétition pour les ressources entre eux.. ça va marcher du tonnerre..

    bon on a jamais vu ça dans l’histoire surtout pour la compétition entre les groupes..

    sinon mes amis écolo communistes ou autre par pitié ne dites pas que vous êtes contre la « police »..vous voulez fliquer tout le monde tout le temps..

  • Pourquoi le capitalisme occidental judéo chrétien est plus dangereux que le capitalisme musulman, car c’est dans les pays musulmans pétroliers qu’il y a les plus grosses fortunes capitalistes.

    • Ne confondons pas création de richesse par le travail et rente par captation de richesse issue de ressources naturelles dont d’autres ne disposent pas.
      Le second finit souvent en catastrophe, quand la ressource se tarit – seule la Norvège a résisté aux sirènes du « dépensons sans compter » en créant un énorme fonds souverain qui lui permet de « voir venir ».

  • Bon résumé de la situation ; notre civilisation se meurt comme d’autres avant elle car nous ignorons notre bonheur et quelques gourous nous promettent un avenir radieux qu’une minorité agissante et turbulente veut atteindre rapidement par tous les moyens !!! Les opportunistes font le reste !!!!

  • Analyse brillante. Les graphes sont lumineux.

  • Excellente analyse. Il reste à espérer que la perspective de la décroissance et de la pénurie finisse quand même par ouvrir les yeux des presque convertis !

  • Les commentaires sont fermés.

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