Face au parlement, Olivier Véran s’emporte contre l’opposition

Le confinement décrété par l’exécutif à partir du 30 octobre ne pourra être renouvelé au-delà du 30 novembre qu’après accord du Parlement. Cela crée quelques remous…

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Screenshot_2020-09-29 Marseille Olivier Véran assume les nouvelles restrictions AFP Extrait - YouTube

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Face au parlement, Olivier Véran s’emporte contre l’opposition

Publié le 5 novembre 2020
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Par Laurent Sailly.

L’État d’urgence sanitaire, mesure exceptionnelle pour faire face à l’épidémie de Covid-19, prévoit la possibilité de limiter drastiquement les déplacements ou de confiner la population sur tout ou partie du territoire.

Déclaré une première fois par décret en conseil des ministres sur le rapport du ministre chargé de la Santé pour une durée maximale d’un mois, sa prorogation doit être autorisée par la loi.

Le 21 octobre 2020, le gouvernement a donc présenté un projet de loi pour prolonger l’État d’urgence sanitaire jusqu’au 16 février 2021. Le samedi 24 octobre 2020, l’Assemblée nationale adoptait le projet de loi autorisant la prorogation de l’État d’urgence sanitaire et portant diverses mesures de gestion de la crise sanitaire.

Mais si le gouvernement dispose d’une majorité docile à l’Assemblée nationale, il n’en est pas de même au Sénat dont l’opposition menée par la droite (LR en tête) a été confortée lors des élections partielles de septembre dernier.

Les sénateurs sont-ils des tontons flingueurs ?

Vendredi 30 octobre 2020, le Sénat a adopté la prolongation de l’État d’urgence sanitaire au-delà du 16 novembre prochain, tout en veillant à ce que le Parlement puisse encadrer les choix arrêtés par le gouvernement dans le cadre d’un régime d’exception, par nature restrictif des libertés individuelles.

À cette fin, il a ramené au 31 janvier 2021 le terme de l’État d’urgence sanitaire et supprimé la prolongation du régime transitoire de sortie afin que le Parlement puisse se prononcer au terme de trois mois d’application de l’État d’urgence sanitaire.

La chambre haute a également souhaité que le Parlement autorise expressément le maintien, au-delà du 8 décembre prochain, de la mesure de confinement décidée par le gouvernement le 29 octobre dernier, et réduit de moitié le nombre d’habilitations à légiférer par ordonnances, préférant inscrire directement dans la loi les mesures d’urgence en matière économique et sociale.

L’Assemblée nationale s’est néanmoins refusée à s’engager dans cette voie d’un contrôle parlementaire exigeant, pourtant essentiel dans une démocratie lors de la commission mixte paritaire (CMP) réunie le jour même.

Le projet de loi modifié par le Sénat a donc été renvoyé devant l’Assemblée nationale pour une nouvelle lecture ce 3 novembre (initialement le Sénat devrait être saisi du nouveau texte le 5 novembre).

Assemblée nationale : les caves se rebiffent ?

Des oppositions très remontées, des députés LREM trop peu nombreux, des déclarations intempestives dans les couloirs de l’hémicycle, des couacs dans la communication du gouvernement ; bref, de votes litigieux en suspensions de séances, l’enlisement du débat a abouti à l’adoption d’un amendement de Paul Molac (Libertés et territoires) contre l’avis du gouvernement.

Il prévoit que « le confinement décrété par l’exécutif à partir du 30 octobre ne pourra être renouvelé au-delà du 30 novembre qu’après accord du Parlement ». Les oppositions se sont entendues pour fixer la date de la fin de l’État d’urgence sanitaire au 14 décembre 2020, au lieu du 16 février 2021.

Nous n’attendions pas une telle réaction de cette chambre basse habituée à exécuter les moindres désirs de Matignon (dictés par l’Élysée). Depuis plusieurs mois déjà, on assiste au délitement du groupe LREM.

Les démissions et les ralliements vers d’autres groupes se succèdent, les vieux briscards recherchent plus d’indépendance politique et les jeunes députés (ceux du nouveau monde) ayant du mal à distinguer entre conciliation et compromission.

Enfin, depuis maintenant au moins cinq ans, la vieille institution sénatoriale mourante reprend du poil de la bête, notamment via son président de la Commission des lois M. Philippe Bas. Les députés se sentant réduits à une simple chambre d’enregistrement trouvent dans la gestion de cette crise (gestion gouvernementale désastreuse s’il en est) le moyen de se rebiffer.

Les députés-opposants à la politique de M. Emmanuel Macron ont l’occasion d’en remontrer sur le sujet à un exécutif autocrate et à faire du Palais-Bourbon le centre du débat démocratique du pays. Si, au passage, cette réaction permet de limiter les atteintes aux libertés, nous ne nous en porterons que mieux.

Quand M. Olivier Véran se prend pour  Le Président

De retour au Palais-Bourbon, le ministre de la Santé Olivier Véran a demandé la « réserve des votes » sur les amendements et articles restants. « Je ne voudrais surtout pas que nous ayons à présenter aux Français un texte tellement déstabilisé » a justifié le ministre.

Ce dernier a reproché ensuite à l’Assemblée de débattre sans fin « alors que nos soignants se battent pour sauver des vies » et après avoir raconté le quotidien des soignants, s’emporte : « C’est ça la réalité ! Si vous ne voulez pas l’entendre, sortez d’ici ! Elle est là la réalité de nos hôpitaux ! »

Les cris d’orfraies du ministre auraient fait sourire si le sujet n’était pas si grave. Si la réalité des soins se joue dans les hôpitaux, la réalité de la politique se tient aux assemblées. Le Parlement (Assemblée nationale et Sénat) est garant des libertés individuelles et se doit de contrôler la politique du gouvernement.

La réaction emportée, pour ne pas dire incontrôlée, du ministre de la Santé est caractéristique de l’approche que peut avoir le président de la République de la démocratie (création in nihilo d’un conseil scientifique alors que les dispositifs d’alertes et de gestions existent par ailleurs ; de même la Convention citoyenne pour le climat dont les membres n’ont été élus par personne, alors que le sujet aurait très bien pu être traité par le C.E.S.E., institution qui, certes n’a jamais eu ma faveur, mais existe dans la Constitution).

Lorsque l’on est un responsable politique aux affaires du pays, on ne peut pas se comporter en chef de parti. L’absence de démocratie au sein de LREM ne regarde que les adhérents de ce mouvement. Le Premier ministre et le président du groupe LREM auraient certainement à s’interroger sur ce sujet pour éviter les défections et la démobilisation de ses élus.

Du rififi à Paname

Le gouvernement a le moyen de revenir sur ces deux votes avant l’adoption définitive du projet de loi. En effet, le règlement intérieur de l’Assemblée nationale lui permet de demander une nouvelle délibération sur les deux amendements, ou de recourir à la procédure du vote bloqué.

Concernant le Sénat, le jeu des navettes fait que les députés ont le dernier mot en cas de désaccord entre les deux chambres.

Nul doute que des éclats de voix vont encore résonner. Pendant ce temps-là, les libertés et les petits entrepreneurs (commerçants, artisans, professions libérales) se meurent…

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  • Cette gesticulation colérique dit « caca nerveux « de ce ministre minus fait la démonstration de la volonté dictatoriale de ce système .
    Il est cependant tout à fait intolérable que ce « gugus »et son collègue Attal se permettent d’insulter les représentants élus (les députés).
    Il est à espérer que ces incapables soient un jour jugés.

    • Caca nerveux de ministre contre caca nerveux d’élus, je ne fais pas de différence.
      Le problème est que depuis Aout cette seconde vague était prévue, les élus ne pensaient qu’au clientélisme et à leur réélection, des individus criaient au risque de dictature, d’autres minimisaient au maximum le risque quand à certains ils étaient prêts à sacrifier les vieux. Bref tout cela me dégoute.
      Dans quelques jours on sera dans une merde pas possible, qu’importe, ces élus s’en taperont le popotin en plaidant leur bonne foi et l’incompétence du gouvernement.
      Confier une guerre à des civils, c’est la défaite assurée

      • les élus ne pensaient qu’au clientélisme et à leur réélection,

        Bah oui, ils ne pensent qu’à ça tous les jours, même sans élection. Un lit de réanimation ne vote pas au contraire d’un Tchetchene armé d’un couteau et d’une carte d’électeur.

      • La seconde vague était prévue… oui, il suffit de nommer « Covid » toutes les infections respiratoires qui allaient survenir immanquablement en ce début d’automne.
        Vu un témoinage: une personne qui s’est suicidée: on a mis « Covid » sur le certificat de décès.
        Honte aux médecins et autres directeurs d’hôpitaux qui, pour du fric ou par faiblesse, cèdent aux pressions gouvernementales!

  • Il serait temps ! Depuis le début de cette affaire, les députés macronistes ont entériné toutes les dérives du pouvoir. Le Parlement a ainsi avalisé sa propre mise à l’écart. Le mépris des ministres, et en particulier de Véran, pour toute forme d’opposition a été de plus en plus manifeste. Il est bien tard pour réagir…

  • Cet homme a un problème., il n’y aucune raison pour un ministre de s’emporter de la sorte alors qu’il sait qu’il aura le dernier mot et que la question était sans importance, on n’est pas à 15 jours près puisque cette histoire est censée ne jamais s’arrêter.

  • un peu d’ambiance à l’Assemblée nationale ?

    Veranus a montré depuis des mois qu’il est nul ! C’est en plus un menteur.
    Il faut le virer et toute sa clique (Delfraissy, Salomon, Hirsch…).

    Qu’il soit toujours en place en dit long sur l’état de notre gouvernement !

  • il craque le sieur véran ? que ne prend t’il de longues , longues vacances ; nous n’avons pas besoin d’énergumènes de cet acabit , d’autant que la colère est mauvaise conseillère ;

  • Ne jamais oublier que Véran est un socialiste pur jus ,cela ne s’oublie pas ils sont formatés à jamais le stylo effaceur de
    Men in black n’existe pas à LREM malgré toutes leurs tentavives.
    Et il réagit en tant que tel,cad socialiste,de l’autoritarisme mâtiné d’idéologie surtout quand les choses ne vont pas dans leurs sens,on a jamais vu de socialistes résoudre une crise tant l’idéologie prime .

  • Par contre on attend ses explications sur l’interdiction de l’utilisation de l’HCQ par Raoult et de son rôle vis à vis de Sanofi,et dans le calme .

  • Cette situation me rappelle l’origine d’une marée noire en Bretagne, pendant que le bateau dérivait, il y avait une discussions de marchands de tapis entre l’armateur et les remorqueurs. Bilan le pétrolier s’est échoué déversant sa bile noirâtre.
    Ici c’est pareil, le bateau coule et les élus discutent du sexe des anges.
    Le traitement de cette pandémie me rend de moins en moins démocrate, surtout lorsqu’elle se limite à une série de bavassages improductifs et inutiles.

    • Et encore, pour l’Amoco,les bureaucrates refusaient le « no cure, no pay » en sous-évaluant le risque, mais il y avait une sorte de légitimité à négocier pour éviter des clauses léonines. Tandis que la discussion pour décider si les fourchettes ou les chaussettes sont de première nécessité ou non est bien plus proche, en effet, de celle sur le sexe des anges.

    • @Tany: M’enfin ! Ne vous en prenez à une saine et pure négociation libérale entre 2 partenaires libres de toute contrainte étatique ! :-))

  • il n’y a que les coupables qui prennent les vérités pour des insultes. Charles Exbrayat

  • Le petit homme se voit déjà à la place du calife.

  • « Vous n’êtes rien ».

    Et vous monsieur le ministre, vous êtes une grosse *****

  • Le sénat joue donc son rôle de sûreté contre les dérives tyranniques: il faut s’en féliciter. De même, avec un peu de chance, certains députés godillots Lareumeu se rendent-ils compte, confusément, que leurs maîtres jouent avec le feu.
    Il faut vraiment en finir avec cette abomination qu’est la combinaison vème république + calendrier législatif aligné avec la présidentielle. La faiblesse des contre-pouvoirs est plus que criante.

    • Oui, mais il n’y a pas que ça. Une partie de la haute administration a été subvertie, voire corrompue, par des pouvoirs qui luttent contre les intérêts de notre pays.

      • Bien d’accord, capitalisme de connivence et tutti quanti. Il n’empêche, il serait bon de remettre en place les verrous démocratiques avant de s’attaquer à ce problème.

  • Dérive tyrannique de ses prédécesseurs socialistes des années 80 dont le symbole restera le maire d’Issoudun qui tout imbu de son pouvoir avait déclaré à l’Assemblée Nationale
    « Vous avez juridiquement tort car vous êtes politiquement minoritaire »
    Danton n’aurait pas dit mieux en son temps,mais au moins il a fini comme il le méritait.

    • Ce théorème d’André Laignel n’est pas faux en ce qu’il constate, avec délectation, qu’hélas la démocratie converge vers un forme de totalitarisme (la dictature de la majorité).

    • Sans parler du devoir d’obéissance des fonctionnaires imposé par Anicet le Pors. Lesdits fonctionnaires obéissent aussi aux ordres illégaux qui rapportent du pognon des autres.

  • Comme tous les enfants pas très malins qui s’enfoncent dans leurs mensonges et s’entêtent bêtement, Véran n’admettra jamais s’être trompé sur toute la ligne. On ne peut même pas lui dire: retournez à vos occupations habituelles car, celles-ci étant médicales, je préfèrerai laisser faire la nature plutôt que mettre mon corps dans les mains de ce Diafoirus!

  • Vous êtes durs !!
    Le pauvre Véran n’y est pour rien. On ne peut pas reprocher à un nul, d’être…nul !
    Les reproches, les tombereaux de reproches, c’est au petit caporal élyséen qu’il convient de les faire.
    Ah, c’est déja fait ??

  • La colère et la peur sont de très mauvaises conseillères.

  • Finalement ce gars n’est pas à la hauteur. Un ministre, un gouvernement qui paniquent ; On est mal patron, on est mal !!!!!Cela dit la situation est quand même critique, je reconnais que ce n’est pas facile de concilier santé et économie. Plutôt que confiner au petit bonheur, il aurait peut-être fallu laisser tous les commerces ouverts et faire un vrai couvre-feu le soir à partie de 20 h, et confinement strict le dimanche.

    • Non, on confine le gouvernement, les médias et les ARS tout en laissant le personnel de terrain s’organiser, plutôt que de courrir comme un poulet sans tête.

  • Rappelons à ce demi psychopathe que la SEULE fois où les députés ont été sommés de sortir de l’Assemblée, c’est le 23 juin 1789 quand le Grand Chambellan de Louis XVI, le Marquis de Dreux Brézé a ordonné aux délégués du peuple : « Sortez d’ici ». Il a eu cette réponse célèbre de Mirabeau: « Allez dire à votre maître que nous sommes ici par la volonté du peuple et qu’on ne nous en arrachera que par la puissance des baïonnettes. »

  • Problème contourné par le procédé des votes bloqués ce matin. Le riz est en train de devenir le plat national.

  • Et personne pour lui répondre « nous sommes ici par la volonté du Peuple » ?

  • On peut le remplacer Véran par un marabout ou des voyants payaient à la séance, l’effet sera identique

  • Loin de soutenir ce gouvernement totalement dépassé, mais franchement vous faites des polémiques avec le moindre sujet insignifiant.

  • « C’est ça la réalité ! Si vous ne voulez pas l’entendre, sortez d’ici ! Elle est là la réalité de nos hôpitaux ! » Olivier Véran, ministre la Santé.
    Depuis combien de temps se voile-t-il la face sur l’état des hôpitaux ?
    N’alerte-t-il pas depuis des mois sur une seconde vague qui a l’air de le submerger plus qu’autre chose ?
    Quand se décidera-t-il à laisser les médecins faire leur boulot ?

    Il est médecin lui !? je plains ses patients !

  • Pourquoi lit-il un texte (une anti-sèche !?) pour raconter une histoire qu’il dit avoir vécue ?

  • Les commentaires sont fermés.

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