La nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre n’aurait pas dû surprendre. Il est probablement l’homme politique qui représente le mieux la configuration actuelle de l’Assemblée nationale. Les sondages montrent tous que le pays est à droite. Logiquement, l’Assemblée nationale est donc nettement à droite. S’il en était autrement, les élections ne seraient qu’une farce.
Étant donné les dérives du discours politicien, relayées complaisamment par beaucoup de médias, il est nécessaire d’examiner par soi-même la réalité.
Voici donc la composition exacte de l’Assemblée élue le 7 juillet 2024.
Effectifs des groupes à l’Assemblée nationale :
Dénomination du groupe | Effectif | Sous-totaux |
La France insoumise – Nouveau Front Populaire | 72 | |
Gauche Démocrate et Républicaine | 17 | |
Écologiste et Social | 38 | |
Socialistes et apparentés | 66 | |
TOTAL GAUCHE | 193 | |
Ensemble pour la République | 97 | |
Les Démocrates | 36 | |
Horizons & Indépendants | 33 | |
TOTAL EX-MAJORITÉ PRÉSIDENTIELLE | 166 | |
Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires | 22 | |
Droite Républicaine | 47 | |
TOTAL DROITE CLASSIQUE | 69 | 69 |
Rassemblement National | 126 | |
À Droite | 16 | |
TOTAL DROITE NATIONALE | 142 | |
Députés non-inscrits | 7 | 7 |
TOTAL GÉNÉRAL | 577 | 577 |
(Source : Assemblée nationale)
La droite, largement majoritaire
Depuis le 7 juillet la gauche affirme avoir gagné les élections, et que le gouvernement doit donc être issu de ses rangs. Cette fiction politicienne se heurte aux chiffres.
La gauche proclamant que le macronisme est de droite, elle devrait logiquement en conclure que l’Assemblée est fortement orientée à droite. Dans cette hypothèse, le tableau ci-dessus indique en effet 193 députés de gauche et 377 députés de droite (166 + 69 + 142).
Une position plus mesurée consisterait à considérer que la moitié du camp présidentiel est de gauche, ce qui est très généreux. Dans ce cas, 276 députés sont de gauche (193 + 166/2) et 294 (142 + 69 + 166/2) de droite.
Enfin, le front républicain, concept de tactique politique, permet à certains leaders d’exclure de l’arc républicain le Rassemblement national et le groupe À Droite. Ces deux partis sont donc excommuniés, et leurs représentants n’interviennent pas dans le calcul de la majorité.
Calculons donc la majorité en respectant la doxa de gauche.
Macronistes et droite comptent alors 235 députés (166 + 69), largement plus que les 193 députés du NFP.
Décidément, quel que soit le calcul, il apparaît que la majorité se situe à droite dans cette Assemblée. Les objurgations du NFP sur le déni de démocratie à la suite de la nomination du Premier ministre ne sont que de la comédie politicienne, un mauvais spectacle à destination du « peuple de gauche ». Les dirigeants des partis de gauche semblent prendre leurs électeurs pour des imbéciles, incapables d’appréhender la réalité. Mais la vérité est toute simple : ils ne veulent pas gouverner et se contentent de figurer sur la scène médiatico-politique en jouant un rôle. Leurs scénaristes sont nullissimes, mais les acteurs s’en aperçoivent-ils ?
Le choix d’un Premier ministre de droite situé à l’épicentre des tendances politiques représentées au Parlement s’imposait presque. Rappelons qu’au Sénat le groupe le plus important, et de très loin, est celui des Républicains (131 sénateurs).
Membre du parti gaulliste (UDR à l’époque) depuis la décennie 1970, Michel Barnier peut faire état d’un parcours politique caractérisé par la constance de son engagement, mais aussi par la grande diversité de ses responsabilités, tant à l’échelon local en Savoie qu’à l’échelon national (plusieurs fois ministre) ou international (deux fois commissaire européen et négociateur en chef du Brexit). Cette expérience est particulièrement précieuse dans le contexte politique actuel. Le contraste avec Lucie Castets, sans la moindre expérience politique, est tout à fait saisissant.
Pas de revanche de « l’ancien monde »
Cette nomination est-elle une revanche de « l’ancien monde », (droite contre gauche) sur le « nouveau monde (« en même temps ») ?
Cette analyse, assez appréciée dans les médias, reste superficielle. Macron est un centriste dont la politique peut balancer entre la droite modérée et la gauche modérée. L’arrivée au pouvoir du centre en 2017 ne fut possible que parce que la gauche sociale-démocrate avait accompli sa mission historique et n’avait plus rien à proposer. Nous vivons déjà dans un État socialiste avec des dépenses publiques de 57 % du PIB. Par ailleurs, la droite de gouvernement n’avait pas su répondre à la demande populaire concernant l’immigration, l’identité nationale et la sécurité. D’où la montée constante du Front national puis du Rassemblement national depuis des décennies.
Il n’y a donc pas de « nouveau monde ». Les sujets à traiter sont toujours les mêmes. La reconfiguration des forces politiciennes avec affaiblissement des partis traditionnels n’est qu’un ajustement organisationnel en cours, loin d’être achevé. Par le dialogue avec tous les représentants du peuple, Barnier, grand négociateur, est l’un des politiciens les plus capables de naviguer dans cet univers instable.
Politique de l’offre ou relance keynésienne ?
Dans le domaine économique, le programme du nouveau gouvernement n’étant pas connu, seuls les grands axes sont discernables.
Emmanuel Macron a choisi une politique de l’offre qui a amélioré l’attractivité du pays et permis de faire reculer le chômage. Le programme du NFP, totalement à l’opposé, prévoyait une politique keynésienne de relance par la demande avec augmentation importante des dépenses publiques. Bien évidemment, Michel Barnier maintiendra globalement la politique de l’offre.
Le déficit budgétaire prévu pour 2024 (5,6 % du PIB) est insoutenable. La gauche prévoyait d’augmenter massivement les impôts « des plus riches » : nouvel impôt sur la fortune à assiette très large (y compris biens professionnels, ce qui est un suicide économique), multiplication du nombre de tranches de l’impôt sur le revenu et augmentation des taux d’imposition des tranches supérieures.
Évidemment, la politique du nouveau Premier ministre ne sera pas celle-là . Mais il faudra trouver des sources d’économies et ne recourir que modérément aux hausses d’impôts dans un pays qui est déjà champion du monde des prélèvements obligatoires.
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Mais vous pourrez le hurler, le clamer, que les gens de gauche, tous les gens de gauche le verront comme une trahison. En sport , cela s’appelle la différence entre une médaille par équipe et une médaille individuelle. La gauche a toujours joué en équipe et la droite en individuel (c’est d’ailleurs assez raccord avec leurs doxas) . Et donc le groupe NFP a décroché la médaille. Et donc il fallait leur laisser cette victoire au poteau . Cela aurait été judicieux : 1. Ils se seraient plantés rapidement n’ayant pas de majorité et un Macron contre eux 1bis. avec un peu de bol on aurait été mis sous tutelle FMI (seule possibilité de réforme) 2. cela aurait coupé l’herbe à la grogne de gauche 3. cela nous aurait évité la victoire cette fois ci totale de NFP en 2027. Mais voila , l UE et le monde des affaires voulaient du temps pour s’organiser , alors ils vont “s’organiser” (sortir les chaloupes) , et nous , nous allons rester sur le rafiot et couler avec . Merci Macron, merci la droite décidemment la plus bête du monde .
NFP ne veut pas gouverner. Donc en 2027, on nous rejouera le même scénario du front républicain et du centre de gravité. A ceci près que d’ici-là , le déficit sera près des 10%, intenable pour l’Europe qui devra nous lâcher dans l’escarcelle du FMI.
Je croyais que c’était le plan astucieux du président de donner les clés du trésor à une opposition populiste naïve qui démontrerait de façon spectaculaire aux français moyens où mène son incompétence. C’est raté: il n’y a pas eu de gagnant.
Les mauvaises langues prétendent que Macron voulait le RN à Matignon pour casser l’irrésistible ascension de MLP d’ici 2027.
Raté. Il ressemble bcp à Hollande : il se prend pour Machiavel quand il n’est que Gribouille.
Ne regrettons pas le NFP, qu’on soit pour ou contre : Lucie Castets aurait été défaite en moins de 35 heures ! Et cela n’aurait rien changé à l’hypothèse NFP pour 2027. 35 heures, c’est trop peu pour faire la preuve de son incompétence.
Voilà qui change agréablement des diatribes superfétatoires d’un H16.
En effet, dès l’instant où Macron a expliqué qu’il ne voulait pas d’un gouvernement qui puisse être pulvérisé au premier virage, il ne restait que la solution d’un gouvernement de droite, qui aurait l’assentiment de la Macronie et de la droite et la bienveillance du RN.
Pour autant, le nom de Barnier n’avait rien d’automatique car Macron nous a habitué à des personnages moins habités par la lumière – pour ne pas lui faire de l’ombre.
En général, les PM me déçoivent assez rapidement (Fillon, Ayrault, Valls, Philippe…) sauf ceux qui partent vite (Castex, Attal…).
Barnier ne devrait pas rester longtemps, ou alors ne pas faire grand chose. Deux hypothèses qui le rendent déjà sympathique à mes yeux.
L inaction evitera les bêtises que collectionnent nos gouvernements et nos parlementaires pour faire plaisir à leurs électeurs ainsi qu un statuquo bienvenu des impots des taxes des normes…..car la créativité du monde politique est sans limite dans ce domaine….🤣🤣🤣🤣
Il faut être sacrément gonflé pour affirmer que le macronisme serait de droite !
Il suffit d’examiner le bilan pour se convaincre du contraire : interventionnisme de l’état comme jamais, dette abyssale, censure digne de l’URSS, subventions pour tout et n’importe quoi…
Pour les LFI le PR est un l’ultra libéral de droite et pour les souverainistes le PR est un dangereux communiste……😅😅😅😅😅
M. Barnier est un excellent choix et il reste à espérer qu’il pourra mener à bien les réformes nécessaires sans être contrarié sottement.
Si (bien évidemment avec des si on arriverait à mettre Paris en bouteille) les apprentis sorciers appelés M. Macron et M. Attal n’avaient pas imaginé et mis en oeuvre la fameuse machine infernale du “barrage”, en vendant au passage leurs âmes au diable de la gôche (surtout de l’extrême), il y aurait eu une très large majorité de députés des droites à l’Assemblé nationale, partant moins de difficultés pour nommer et installer un premier ministre et un gouvernement issus des droites. Mais voilà ce sont des Mozart de la politique à défaut d’être des Mozart de la finance. Le sort politique et financier de la France et des français ne les a jamais intéressés.