Avec Emmanuel Macron, l’argent tombe du ciel

On a l’impression de voir passer le Père Noël en plein été… Le plan de relance européen « ne coûtera rien au contribuable français ». C’est notre Président qui nous l’assure.

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Avec Emmanuel Macron, l’argent tombe du ciel

Publié le 27 juillet 2020
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Par Johan Rivalland.

En l’espace de quelques mois, nous sommes passés du « quoi qu’il en coûte », à cela « ne coûtera rien au contribuable français ».

Certes, je me livre à un petit raccourci, car notre Président n’évoquait pas exactement la même chose. La deuxième référence se rapporte au plan de relance européen. Mais quand même…

Nous sommes en droit d’être quelque peu circonspects et de nous poser quelques petites questions. Car les milliards pleuvent en abondance depuis quelques temps, et à un tel rythme que l’on a un peu de mal à imaginer que ce soit vraiment gratuit, tout en se demandant éventuellement (c’est du moins le danger que beaucoup entrevoient) pourquoi alors des tonnes d’argent n’ont pas été distribuées plus tôt.

L’hélicoptère monnaie

Ce sont d’abord plusieurs centaines de milliards d’euros qui ont été consacrés au soutien à l’économie, à la suite de la paralysie qu’a connue le pays et une bonne partie du monde lors de l’épisode de confinement.

Des sommes gigantesques en comparaison desquelles les pauvres petits 10 milliards distribués à la suite de la crise des Gilets jaunes semblent aujourd’hui faire pâle figure, alors que nous pouvions être impressionnés à l’époque, voire inquiets au regard de l’endettement français et des hausses d’impôts que cela allait sans nul doute occasionner.

Chômage partiel, mesures de soutien à différents secteurs d’activité, aides multiples, l’ampleur de l’intervention était à la hauteur des dommages occasionnés à l’économie par cette paralysie provoquée par ce strict confinement lié à la pandémie et la mise à l’arrêt prolongé d’une bonne partie de notre économie.

Puis se sont succédé de nouveau de multiples plans d’aide : quelques milliards pour les soignants par ci, pour les jeunes par là, sans oublier les agriculteurs, l’automobile, l’aéronautique, le secteur de la culture, le tourisme, les petits commerçants, la reprise d’une partie de la dette des hôpitaux, de la SNCF, l’augmentation de l’allocation de rentrée scolaire

La liste est tellement longue que je ne saurais la dresser de manière exhaustive. Et elle sera inéluctablement allongée de tous ceux qui risquent de se sentir laissés pour compte et ne manqueront pas de faire valoir leurs « droits ». Car on serait bien bêtes de ne pas « en profiter ».

Ce qu’ailleurs on appelle « l’hélicoptère monnaie », en référence à une image utilisée par Milton Friedman à la fin des années 1960, s’apparente à une sorte de vision magique, où il suffit de créer de la monnaie ou d’en distribuer massivement pour résoudre de nombreuses difficultés.

Le problème étant l’illusion dans laquelle on plonge le plus grand nombre : il existerait un moyen facile de créer de « l’argent gratuit ». Avec le danger que chacun entrevoie des lendemains difficiles, où il deviendra extrêmement difficile de tenter d’expliquer désormais que l’on ne peut pas émettre des chèques en blanc, distribuer des subventions, aides ou subsides de toutes sortes à chaque problème, éponger les dettes, mettre sous perfusion tel ou tel secteur ou activité ou encore corps constitué.

Le mirage de la gratuité

Et voilà qu’intervient, en sus de toutes les sommes faramineuses déjà engagées, le grand plan de relance européen dont notre président se glorifie de la signature, évoquant les 40 milliards d’euros de subventions reçus par la France, mais omettant d’évoquer le montant supérieur qui devra être déboursé.

Rien moins que 750 milliards d’euros, en partie sous forme de subventions, en partie de prêts remboursables. Un plan obtenu malgré la résistance de ces « égoïstes » de pays dits « frugaux », à qui on reproche, nonobstant la rigueur dont ils ont pu faire preuve ces dernières années contrairement à certains pays « cigales », de ne pas avoir accepté sans condition cette idée pourtant si lumineuse et absolument incontestable que constituait ce plan tel qu’il était présenté.

Et notre président de nous assurer que « ce n’est pas le contribuable français qui paiera ». Mais alors, au vu des sommes engagées, qui ? Il n’est pas question pour moi ici de tenter d’y répondre. J’ai lu et écouté de nombreuses analyses sur le sujet et je ne souhaite pas me substituer aux analyses brillantes que j’ai pu parfois entendre, ni les résumer.

Je me contenterai donc de poser simplement des questions légitimes que chacun peut se poser et de faire part des doutes que nous sommes nombreux à partager. Pour faire court, donc, nous pouvons nous poser les questions suivantes :

– Ne sommes-nous pas en train de créer ce que d’aucuns appellent avec ironie – mais non sans raison – de la « fausse monnaie » ?

– La signature de l’État français ne risque-t-elle pas, même si c’est sous couvert de la Banque Centrale Européenne, de perdre de sa crédibilité (les leçons de l’histoire en la matière pourraient être utiles…) ?

– Si le contribuable français ne paye effectivement pas (ou pas durant l’actuel mandat ?) la facture de toutes ces gigantesques sommes engagées, ne sera-t-elle pas payée sous d’autres formes (inflation notamment, même si ce n’est pas pour tout de suite) ?

– Le consommateur, qui est aussi le contribuable, ne paiera-t-il pas le prix du protectionnisme mis en place parmi les solutions envisagées par le président pour financer ces engagements ; car d’économies il ne saurait être question ?

Les taxes européennes

Revenons en particulier sur le dernier point. Le président évoque des taxes européennes dont il affirme qu’elles ne pèseront pas sur le contribuable français ou européen, mais sur les importations en provenance de nos partenaires extra-européens.

Qu’il s’agisse de la taxe sur le numérique qu’il imagine (et à supposer que l’ensemble de nos partenaires parvienne à trouver un accord sur la question), ou de la taxe sur le plastique (les deux faisant un peu court pour espérer trouver les sommes correspondantes au financement nécessaire), qui va les payer en réalité ?

Certes, on compte aussi sur le surcroît d’activité permis par l’ensemble des mesures du plan de relance pour récupérer une partie des recettes fiscales qui auraient sinon été perdues.

Mais le consommateur français ne va-t-il pas forcément payer – au moins partiellement – la facture via une répercussion de ces taxes dans les produits importés ?

Et pire encore, ne subira-t-il pas le revers de la médaille de tout ce qu’impliquent traditionnellement les mesures protectionnistes, c’est-à-dire les mesures de rétorsion ou les mesures similaires que ne manqueront pas d’imaginer de leur côté les partenaires avec lesquels nous échangeons ?

Ce qui se paiera en diminution des ventes de nos entreprises exportatrices, et de leurs ventes, puis des emplois ou de ceux qui auraient pu être générés dans les secteurs concernés ?

Bref, rien n’est réellement gratuit et c’est un bien grand raccourci que de prétendre ou de penser que le contribuable français ne paiera rien. Encore mon analyse n’est-elle que très partielle et très rapide (pour les raisons évoquées plus haut).

Mais, bien entendu Emmanuel Macron n’avait bien évidemment aucun intérêt à dire autre chose que ce qu’il a dit, s’il ne voulait pas miner le moral des agents économiques et assurer le succès de son entreprise, et de sa réélection ? L’économie demeure un domaine très complexe et sujet à de multiples interprétations.

Mais une chose est sûre (je l’évoquais plus haut) : il sera dorénavant plus que difficile d’argumenter à l’avenir en faveur de la gestion rigoureuse des finances de l’État. Et de refuser des chèques par-ci et par-là face à la moindre pression. Nos politiques avaient déjà une forte propension à y céder assez facilement et régulièrement. S’il y a un « monde d’après », alors loin d’être le monde enchanté dont certains rêvaient, il nous promet au contraire de sacrés conflits et de terribles difficultés.

Sans compter les effets diffus du prix à payer pour ce fantastique plan, dont l’origine mal identifiée conduira à n’en pas douter à de nouveaux conflits et demandes d’aides que nos politiques, englués dans « l’horreur politique », ne sauront pas vraiment refuser…

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  • Tristes fins de mandat : bis repetita !
    Sarko avait déjà largement utilisé la dette en fin de mandat (un « petit » 600 milliards quand même…). Macron a juste fait « quite ou double ».
    Et il est indubitablement prêt à accentuer la facture pour faire plaisir aux écolos dont il attend sa ré-élection sur fond de duel avec MLP.
    Quand la gangrène a atteint un membre il faut le couper.

  • La monnaie est cette chose tout à fait mystérieuse pour tous selon laquelle quelqu’un accepte de fournir un travail, un service ou encore de se désaisir d’un bien en échange d’un morceau de papier ou d’une écriture comptable.
    Il le fait parce qu’il a confiance qu’il pourra utiliser ce qu’on lui a donné pour lui-même acquérir quelque chose de valeur similaire.
    Les Etats peuvent donc créer autant de monnaie qu’ils veulent… tant que les citoyens ont confiance.
    Comme la confiance est impalpable et ne se mesure pas, on ne sait pas jusqu’où on peut aller. Il faut donc de la sagesse pour ne pas la détruire.
    Est-on aller trop loin, a-t-il encore de la marge, personne n’en sait rien, et surtout pas les apprentis sorciers des plans de relance… qui ne relancent jamais grand chose.

    • On peut aller très très loin dans la fabrication de billets, ça durera tant que les oncles piscou l’enfermeront dans des coffres, l’équivalent du coffre étant la dette éternelle. Le vrai miracle du xxeme siecle

      • En l’occurrence, ce n’est pas le remplissage du coffre d’Onc’ Picsou que nos économistes du dimanche déplorent, mais le gonflement du matelas de Mr Toulemonde, qui outre l’inquiétude par rapport à l’avenir ne peut même plus aller au resto, voyager, acheter un diésel, ou investir dans un logement (sans le faire expertiser pour vérifier qu’il est écolo et donc une bonne ou mauvaise affaire) afin de dépenser sa fausse monnaie.

        • Le problème, ce n’est pas le remplissage du coffre de L’oncle AVEC DES PIÈCES D’OR, mais le gonflement du matelas de M. Toulemonde AVEC DU PAPIER qui comme chacun le pressent actuellement à une valeur qui tend vers celle du PQ, avant qu’elle ne tende vers zéro. Remarquez qu’avec une bonne imprimante laser couleur et un stock conséquent de rouleaux de PQ, on peut en imprimer des billets de monopoly!

          • Oui, il est important de bien insister qu’Onc Picsou ne stocke pas de la fausse monnaie LUI ! Et donc que la pseudo-redistribution héliportée est une double absurdité ou une double tromperie.

  • Bah, on devrait être content, c’est tellement dur de trouver un banquier pour vous faire crédit quand vous n’avez pas un rond, Mr macron, j’attends mon chèque.

  • macron a dit : les Français ne paieront pas ….ce qu’il n’a pas dit , c’est que les entreprises répercuteront cet argent ponctionnée sur les produits qu’achèteront les consommateurs ….un faux cul vous dis je ….

  • Nous avons depuis trois ans assisté à un formidable numéro d’illusionnistes. Même David Cooperfiel n’aurait pas imaginé un tel « truc »…
    Arrivé de nul part comme un hologramme, nous a fait un show de diversion avec le grand débat, puis maintenant nous sort de sa manche des millards d’euros qui ne coûtent rien…
    C’est du grand cirque… franchement spectaculaire…
    Mais nous n’attendons pas d’un chef d’état un numéro de clown. Nous attendons d’être gouvernés, donc qu’il soit prévoyant et sache mobiliser les forces vives de notre pays c’est à dire notre peuple tout entier afin de dépasser nos problèmes quitte à ce que nous acceptions temporairement des efforts.
    La France ne doit pas être transformée en kermesse pour distribuer des « bienfaits » octroyés par de « généreux donateurs » sans contrepartie.

  • Nous allons , nous, nos enfants , nos petits enfants voir plus vont se souvenir du nom de macron et de nombreux noms des guignols de LAREM tous aussi incompétents les uns que les autres.
    Dire que ces gens là ne seront jamais poursuivis!

  • ne vous inquiétez pas, le pitre bruno le maire a dit qu’on rembourserait avec la croissance qu’il espère à 11 % l’an prochain.
    croissance réalisée avec les entreprises qui auront fait faillite en 2020 à cause d’un confinement stupide, juste un grain de sable dans cette belle mécanique…

  • La création de monnaie c’est d’abord un transfert de propriété de ceux qui n’en reçoivent rien vers ceux qui en reçoivent. Car la nouvelle monnaie n’est bien évidemment pas distribuée à tout le monde, ni en même quantité à ceux qui la reçoivent. La création de monnaie est donc un impôt dont les effets sont rigoureusement les mêmes.

  • Oui, c’est catastrophique, merci d’oser l’écrire.

  • C’est un peu comme ça depuis la nuit des temps et demain cela sera pareil.. Faut vous adapter et ne pas croire au père Noël.

  • Si on se réfère au passé les plans de relance n’ont jamais fonctionné. Le New Deal US fut un échec, tout comme ceux qui ont suivi en France. Le seul est le plan Marchall, mais c’est différent puisqu’il s’agissait de reconstruire les destructions de la guerre! On a du mal à en comprendre l’utilité. Il va provoquer une hausse inéluctable des prélèvements et des prix. Nos crétins, y compris notre crétin en chef, n’ont aucune connaissance en histoire et ne possède aucune logique pour analyser les conséquences de cette stupidité!

    • Tous les dettes autres que celles de reconstruction après un conflit devraient être interdites pour les états.

    • Et nos crétins enarchisés n’ont surtout aucune compétence en économie, en gestion, en prise de risque entrepreneuriale, ils manqueraient de sable si on leur donnait le Sahara!

  • C’est, en fait, très simple. Macron peut, en effet, dire « ce n’est pas le contribuable français qui paiera » pour plusieurs raisons :
    – Les promesses n’engagent que ceux qui y croient
    – Avec un peu de chance (pour nous) Macron ne sera plus au commande du pays dans 2 ans : et un autre président pourra toujours faire payer les Français.
    – Les impôts peuvent ne pas augmenter, mais des prestations être supprimer, diminuer; l’inflation peut exploser, les banques ne plus prêter, etc…
    Ne pas oublier qu’ils peuvent nous enc… à l’insu de notre plein gré.
    Comme d’habitude, personne ne pose la bonne question, si ce n’est pas le contribuable français qui paient, alors ce sera QUI ?
    Si le président dit qu’il n’y aura pas de pluie demain, il peut grêler, neiger ou pire…

  • oui oui, les taxes sur le lait sont payées par les vaches !

  • Les francais ne paieront pas ??ce n’est pas sans rappeler une boutade de je ne sais quel abrutis d’avant: « ça ne coute rien , c’est l’état qui paye »

  • La technocratie, qui ne sait rien faire à part entraver le pays, n’a qu’une manière de gagner l’élection présidentielle : acheter des voix avec notre argent.
    Et vous verrez que les assistés français vont en redemander…

    • Tout à fait, c’est pour ça que les socialos s’acharnent à en fabriquer de plus en plus pour être sûrs d’avoir des voix. Surtout que les assistés le sont avec l’argent des autres.

  • Pour dire des conneries le minus est doué. C’est d’ailleurs sont seul don!

  • ce qui m’étonne le plus c’est que les gens acceptent au mins pour la forme ce discours..

    je connais m^me un hardcore qui CROIT à cela..

  • Comment reconnaître un socialiste ? Quand il parle pognon, les Juifs ne sont jamais loin.

  • « avant, c’étaient les électeurs qui élisaient le PR, maintenant ce sont les électeurs et les créanciers»
    (Propos tenu par J-P. Raffarin bien avant l’élection de Macron)
    Après cette élection de 2017, on peut maintenant dire que le PR est choisi par les créanciers…

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