La Convention citoyenne pour le climat, un produit du marxisme écologique

À la pédagogie, la liberté et la responsabilité, la Convention citoyenne pour climat a clairement choisi la coercition.

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La Convention citoyenne pour le climat, un produit du marxisme écologique

Publié le 23 juin 2020
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Par Philippe Charlez.

Née de la crise des Gilets jaunes et du Grand débat qui a suivi, la Convention citoyenne sur le climat a rendu ce week-end sa copie finale. Expérience inédite de démocratie participative, elle a réuni 150 citoyens ordinaires censés représenter la France dans toutes ses diversités. Débutée en octobre 2019 elle a formulé des propositions concrètes visant à réduire de 40 % les émissions françaises de GES, et ce sur cinq thématiques : se nourrir, se loger, consommer, se déplacer, produire-travailler.

Dans un article publié en octobre 2019, nous avions émis des craintes quant au manque de diversité du comité de gouvernance et de ses garants. Pas de scientifiques, d’industriels du public ou du privé, aucun expert en questions énergétiques mais des membres majoritairement issus de la gauche de la gauche, tous très anti-libéraux avec un passé de syndicaliste ou de militant dans des organisations écologiques et altermondialistes.

On pouvait craindre, au vu de cette composition, qu’un débat « promis sans biais » véhicule insidieusement une pensée unique écrite à l’avance, les citoyens servant de caution à une cause qui n’est pas vraiment la leur. Les propositions finales qui avaient déjà fuité dans la presse depuis quelques jours ont été publiées hier soir.

Elles confirment malheureusement nos craintes initiales.

 

L’essentiel volet énergétique escamoté du débat

Il est stupéfiant que le volet énergétique qui est à la base de la problématique climatique ait été totalement escamoté du débat. Vers quel mix énergétique la France devrait-elle s’orienter pour atteindre la neutralité carbone en 2050 ?

Tel était le prérequis sur lequel le groupe aurait dû travailler. Sachant que l’électrification des transports, la production d’hydrogène vert ou l’introduction des pompes à chaleur augmenteront de façon significative la consommation d’électricité au cours des prochaines décennies, on aurait pu attendre de la Convention qu’elle fasse des propositions objectives et non partisanes sur l’équilibre futur entre le nucléaire et les renouvelables intermittents. Jugé… « trop clivant » par les organisateurs, le sujet n’a même pas été abordé

Aussi l’agenda a-t-il été « inversé », proposant des objectifs sans y mettre ni les solutions technologiques, ni les moyens financiers, ni les conséquences sociétales. Le débat s’est uniquement concentré sur la façon dont les Français pouvaient agir au quotidien pour améliorer leur efficacité énergétique, et ce notamment en modifiant leurs comportements.

Les propositions concrètes retenues restent très générales et enfoncent bien souvent des portes ouvertes. Ainsi, rénover les passoires énergétiques, introduire des pompes à chaleur en lieu et place des chaudières au fuel, limiter la consommation de viande, réduire le poids des voitures, limiter leur vitesse ou préférer les véhicules profilés aux SUV sont des mesures séculaires faisant partie de tous les scénarios de transition écologique. La question n’est pas tellement de les énumérer, mais de savoir comment les réaliser. 

 

La coercition plutôt que la pédagogie

À la pédagogie, la liberté et la responsabilité, la Convention citoyenne a clairement choisi la coercition.

Car derrière les objectifs généraux se cachent de multiples mesures idéologiques et autoritaires : contraindre propriétaires et bailleurs à rénover, obliger le changement des chaudières, limiter le recours au chauffage et à la climatisation, prendre des mesures coercitives pour stopper les aménagements de zones commerciales péri-urbaines, renforcer la loi Egalim en imposant des normes encore plus strictes à la restauration collective, contraindre les industriels à afficher sur des produits jugés persona non grata des messages incisifs du type « l’huile de palme contribue à la déforestation ».

Même constat dans les transports où la Convention veut interdire les véhicules neufs les plus polluants ou obliger les transports routiers, via des nouvelles réglementions fiscales, à changer de mode de propulsion. Enfin « cerise sur le gâteau », la Convention invente le « crime d’écocide ». Peut-être le citoyen pourrait-il être jugé par un nouveau « comité de salut public » ?

 

Le rouge au secours du vert

À la lecture des propositions initiales on est également abasourdis quant aux libertés prises par la Convention pour sortir de son scope climatique, la pastèque verte dévoilant sans ambiguïté son « cœur rouge vif ».

Ainsi, dans un parfait discours de lutte des classes, on n’échappe pas aux requiem des pesticides et des OGM, ou aux jérémiades altermondialistes réclamant de réviser l’accord CETA. La Convention propose également de taxer les dividendes des entreprises distribuant plus de 10 millions d’euros annuels et surtout (même si cette dernière recommandation n’a finalement pas été retenue), le passage de 35 heures à 28 heures avec un taux horaire du Smic horaire… augmenté de 20 %. On imagine les conséquences économiques d’une telle mesure dans une France quasi exsangue après deux mois de confinement. Il est d’ailleurs étonnant que le rétablissement d’une « ISF écologique » n’ait pas fait partie des mesures proposées. 

De cette Convention ne ressort aucune stratégie énergétique, la plupart des actions proposées sont coercitives, et nombre d’entre elles n’ont rien à voir avec la problématique climatique. Le comité de gouvernance composé pour l’essentiel d’écologistes marxistes et décroissantistes est donc parvenu sans difficulté à éluder tous les problèmes importants, mais à inoculer insidieusement, sous couvert climatique, son agenda idéologique. Appliquées, ces mesures accéléreraient encore un peu plus la récession économique provoquée par la pandémie du Covid-19. Si elle veut se redresser tout en réduisant ses émissions, la France a aujourd’hui besoin de pragmatisme et non d’idéologie. 

 

Le président s’égare sur une voie périlleuse

Le plus affligeant dans cette affaire est l’égarement croissant du président. Pour appliquer son programme économique d’obédience libérale, il avait au début de son quinquennat donné quelques gages à sa gauche. Peu intéressé par les problèmes environnementaux, sa stratégie du « en même temps » l’avait notamment conduit à nommer Nicolas Hulot au ministère de l’Environnement.

Emmanuel Macron avait fait de la croissance économique la pierre angulaire de son mandat. Rattrapé par les mouvements « jeunistes » sur le climat, heurté par le mouvement des Gilets jaunes, vexé par le résultat des Verts aux élections européennes et traumatisé par la dernière pandémie, Emmanuel Macron s’engage sur une voie politique extrêmement périlleuse. Comme le montrera le résultat des municipales, son calcul électoral est suicidaire. Lâché par une partie verte de sa majorité, véhiculant l’image d’un mondialiste perverti par la société de croissance, il n’attirera jamais le « jeunisme vert ».

Par contre, il est en train de se déconnecter progressivement de son électorat de centre droit acquis à son positionnement économique. Ses choix climatiques pourraient bien sonner le glas du macronisme.

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  • Le président a voulu qu’ils discutent du volet social, comment rendre heureux les futurs pauvres de france. Nous aurons peu, très peu mais de haute qualité… Après, ne jamais réagir à chaud, les 28h de boulot était une bonne décision, dans un pays qui ne produit plus rien ou si peu il faut occuper les gens sinon ils pensent avec leur ventre au lieu de croire l’état le guide supreme… ventre affamé n’a pas d’oreilles…

  • À quand une ou deux éoliennes sur le toit de la mairie de Paris… Hidalgo doit montrer l’exemple dans « SON » Musée (oui, la ville musée de Paris) Musée Nationale entretenue par le contribuable des fins fonds de la Creuse, de la Lozère et encore des Ardennes !

  • « La convention citoyenne pour le climat », élaborée par des tirés au sort, doit être vue comme un témoin de l’absence de véritable démocratie dans ce pays complètement voué aux initiatives et aux élucubrations d’une Macronie de plus en plus débridée…
    A n’en pas douter, cette « convention citoyenne » doit être considérée comme un vivier de mesures à visées électoralistes à utiliser en tout ou en partie pour l’échéance de 2022…
    Stratégiquement, les moyens à mettre en œuvre pour amadouer les « écolos » alliés à l’instrumentalisation de la « justice », devraient permettre de jouer les prolongations jusqu’en 2017…

  •  » le président s’égare…. » macron ne s’égare pas , il se met dans la poche l’électorat de toute la gauche et des verts , tout un tas de branleurs qui pensent plus à leurs intérêts qu’à celui de la France , en vue de 2022 ; d’ailleurs , hidalgo va se faire réélire avec le même tas de branleurs : le parti des pastèques ;

    • Il est pris dans son propre piège du « en même temps », limite schizophrène.
      Les personnes qui ont discuté avec lui reconnaissent qu’ils connait bien les dossiers, c’en est même étonnant, mais ça ne l’empêche pas de prendre des décisions disons étonnante là aussi où le curseur coût/bénéfice paraît évident, pour de viles raisons électorales Bref, le monde d’avant.

  • Excellent tirage au » sort » des 150 citoyens verts et rouges , résultat assuré . Ruine de la mojorité des français , dictature de la noblesse politicienne et des affairistes banquiers et bourgeoisie commerçante. Bravo au président pour l’encadrement au cordeau

  • Avoir mit Hulot, un paparazzi de seconde zone reconverti dans le commerce douteux du savon liquide, (Douteux, Car une Fondation , n’est pas a priori le support publicitaire classique d’une action commerciale du même nom, LE PNF , en aura-t_il le temps ….) Prendre Hulot comme ministre est donc une preuve absolue d’incompétence crasse !

  • « 150 citoyens ordinaires censés représenter la France dans toutes ses diversités »

    Compte tenu des critères exposés sur le site de la convention, il aurait fallu recruter pratiquement 27000 participants pour représenter toute la diversité officiellement représentée. Typiquement, une jeune femme pauvre ayant le bac vivant dans une zone urbaine du nord de la France n’est qu’un cas parmi 27000 combinaisons possibles. Et encore, il aurait fallu pondérer les voix exprimées en fonction du poids réel de chaque combinaison dans la population. Autrement dit, 150 citoyens n’avaient aucune chance de représenter la diversité de la population française.

    En outre, les critères essentiels n’étaient pas retenus, notamment le poids économique de certaines catégories, celles qui produisent les richesses qu’on prétend ensuite taxer, contrôler, surveiller, sanctionner. Combien d’entrepreneurs, d’actionnaires, d’investisseurs, de commerçants, d’artisans, d’agriculteurs parmi ces Français soi-disant représentatifs ?

    Tôt ou tard, il faudra se résoudre à pondérer les voix en fonction de la représentativité économique, faute de quoi on se condamne à l’appauvrissement collectif par découragement de la production. Tôt ou tard, il faudra se résoudre à écouter en priorité les 25% qui font vivre les 75% restants.

    Ce n’est pas une riche idée de mordre la main qui nourrit.

    • La représentativité est une chose. Elle ne remplace pas les compétences.

      • La capacité à produire les richesses qui font vivre le pays devrait être la principale compétence valorisée. Las, les impôts et les normes (et les médias) punissent sévèrement ceux qui produisent le plus. S’il persiste dans cette erreur, ce pays n’a pas d’avenir.

  • Comment aligner des moyens pertinents quand la finalité (la neutralité carbone) manque de justification solide?
    Un précurseur des mouvements écologistes actuels, Maurice Strong, fixait comme objectif de détruire l’industrie. C’est toujours le but poursuivi, même s’il est souvent masqué et défendu par des idiots utiles qui n’ont absolument pas conscience de ce qu’ils font

  • Est-ce à dire qu’avec une voiture électrique qui ne rejette aucun polluant on va pouvoir débouler à 300 km/h sur autoroute ?

  • Les articles de M. Charlez évitent toujours soigneusement le fond du problème qui est que les émissions de CO2 n’ont pas d’influence sur la température de l’atmosphère. Tant que l’objectif de la neutralité carbone ne sera pas abandonné, on continuera à s’enferrer dans des politiques ineptes qui ruineront nos pays. Le discours sur le RCA n’a aucune base scientifique.

    • la question n’est pas de savoir si elles ont de l’influence la question est combien..

      j’admets pas principe qu’elles en ont..j’admets même la premiere étape de l’estimation , purement hypothétique, et ensuite rien..

      • Pour la France, .0004°C ; pour la planète 0.005°C. Considérant la précision des thermomètres actuels (0.1°C), j’en conclus que l’influence est nulle car non mesurable (démarche d’ingénieur).

  • Les commentaires sont fermés.

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