La guerre gouvernementale contre internet continue

Le gouvernement entend « muscler » la lutte contre les sites méchants en pourchassant de leurs assiduités mal foutues « les sites miroirs ».

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La guerre gouvernementale contre internet continue

Publié le 13 décembre 2019
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Par h16.

Pour les politiciens français, toute liberté n’est que menace. Elle doit être sévèrement encadrée, régulée voire réprimée si c’est possible puisqu’elle représente une façon de s’affranchir de l’influence de l’État et, plus concrètement, de s’affranchir de leur pouvoir. Or, si les députés, les ministres et tous les autres élus se sont bien fait suer pour arriver là où ils sont, ce n’est certainement pas pour voir se débiner sans mal ceux sur lesquels ils entendent régner, scrogneugneu !

C’est donc exactement pour cela que, dès ses débuts, un espace de liberté comme internet n’a jamais été considéré que comme un danger avant tout et que nos politiciens, dès les années 1990 où le développement des réseaux devenait enfin visible, se sont donc employés à déverser lois, décrets et contraintes pour l’amener dans le champ du régulable et du taxable.

Malheureusement, au contraire de bien des domaines dont la nature concrète rend aisées les opérations de bombardement législatif en continu, la nature essentiellement abstraite et numérique d’internet, ainsi que la technicité évidente de ce domaine provoquent une dissonance cognitive grave entre d’un côté, la volonté farouche de nos pisse-lois d’enfin l’encadrer au plus serré, et de l’autre, ce marché fluide, extrêmement mobile et versatile, que ceux qui l’utilisent maîtrisent finalement nettement mieux que ces trop zélés élus.

Autrement dit, pour internet, il est bien plus aisé de pondre de la loi au kilomètre que de la faire appliquer et qu’elle ait effectivement un impact. On pourrait multiplier les exemples où le législateur s’est parfaitement ridiculisé avec ses tentatives idiotes, depuis HADOPI en passant par l’obligation de facturer la livraison pour Amazon (qui a donc facturé 1 centime) jusqu’à la dernière tentative de taxe GAFA qui sera, comme tout le monde s’y attendait, intégralement reportée sur les vendeurs et donc sur le consommateur, mais on comprend rapidement l’idée : dans le domaine, les agitations de nos élus, ministres et autres sbires gouvernementaux se sont systématiquement soldées par des échecs qui, bien qu’inavoués, n’en sont pas moins cuisants.

Logo HADOPI : haute autorité destinée à observer les petits internautes

C’est donc sans surprise mais avec cette consternation toujours entière que nous découvrons l’énième tentative de nos gouvernants de faire semblant de comprendre quelque chose aux problèmes de copie privée, de droit d’auteur, de blocage de sites et d’interdictions de contenus divers et variés : l’idée est encore une fois aussi simple qu’idiote puisque, cette fois-ci, le gouvernement entend « muscler » la lutte contre les sites méchants en pourchassant de leurs assiduités mal foutues « les sites miroirs ».

Ainsi, profitant de l’improbable fusion entre la HADOPI (dont on ne rappellera surtout pas les performances, cataclysmiques) et le CSA pour enfin disposer d’un mélange carpe/lapin à même de faire des étincelles sur les intertubes, Franck Riester, l’actuel ministricule de la Culture, tente de pousser une nouvelle bordée de petites lois de derrière les fagots pour lutter notamment contre ces abominables sites pourtant interdits (parce que produisant du contenu « contrefait ») qui se servent de noms de domaine non couverts par les décisions de justice pour continuer leurs méfaits.

On attend avec gourmandise les textes de lois précis et pointus qui tenteront d’encadrer une pratique dont les déclinaisons sont suffisamment larges pour rendre rapidement caduques ces pathétiques tentatives, et avec la même appétence le développement de l’utilisation de services VPN qui ruinera durablement les éventuels résultats que l’ARCOM, la fumeuse fusion CSA-HADOPI, ne manquera pas de fanfaronner sur toutes les ondes pour justifier de son existence.

Ouf, Frank Riester n'a pas tout misé sur la politique

Eh oui : la loi n’est pas encore votée ni même appliquée, la fusion n’est pas même encore opérée qu’il existe déjà de multiples solutions à la fois simples et peu coûteuses pour contourner les décisions de justice françaises basées sur des textes législatifs écrits par des personnes qui n’y comprennent à peu près rien…

Et si nos gouvernants comprennent confusément leur impuissance, ils ne peuvent tout simplement pas se résoudre à cette dernière, malgré les échecs, les coûts, l’humiliation qu’ils subissent et font subir à l’appareil législatif et judiciaire français, et ce quand bien même cette impuissance ne se traduit par aucun effet néfaste palpable (doit-on encore une fois revenir sur les chiffres de tous les domaines soit-disant impactés négativement par la copie pirate et dont les profits sont, actuellement, au plus haut ?).

Et malgré l’échec humiliant de ces mesures généralement inappropriées voire contre-productives, on continue d’observer un acharnement compact de la part des gouvernants et des élus à vouloir absolument dicter au numérique sa façon de se comporter, sans jamais tenir compte des effets de bord néfastes et de plus en plus nombreux qu’entraîne cette politique de législation compulsive.

Ainsi, à mesure que l’internet « à la française » ressemble de plus en plus à un rigolodrome des contournements rapides de lois imbéciles (au milieu d’un internet « à l’européenne » passablement encombré de popups aussi agaçants qu’inutiles à la sauce RGPD), on découvre que nos députés continuent obstinément sur la lancée générale de législorrhée : et c’est ainsi qu’internet devient un champ d’expérimentations pour le signalement vertuel grotesque d’une député LREM, Paula Forteza, qui entend montrer à tout le monde à quel point elle est bien bio-compatible et éco-consciente en imposant une interdiction de l’autoplay sur les navigateurs internet, ainsi qu’une réduction de la résolution des vidéos, le tout pour favoriser une baisse de la consommation énergétique des internautes.

Oui, vous avez bien lu : barbouillant son texte de « sobriété énergétique du numérique », la député LREM demande donc que les contenus vidéos soient proposés par défaut dans une qualité combinant un confort suffisant pour l’utilisateur et la consommation de données la plus faible possible », ceci afin de « diminuer les émissions de gaz à effet de serre liées à la consultation de vidéos en ligne.

Lutte chimérique contre la copie numérique et les sites miroirs, lutte ridicule contre un chat spatial géant rose qui ne fait rien qu’à réchauffer la planète avec ses vidéos pornos en 4K, rien n’arrête l’engeance politique qui cherche encore une fois à justifier son existence en multipliant les jetons de présence législatifs qui viendront s’entasser sur des codes déjà obèses.

Toujours jugée aux intentions et jamais à ses résultats, cette engeance continue à pourrir la vie de ceux qui ne lui ont pourtant rien demandé.

Vous ne vouliez pas d’une augmentation des coûts de livraison ? Vous l’avez eue. Vous ne vouliez pas d’une taxe GAFA ? Vous la paierez quand même. Vous n’aviez nul besoin d’un HADOPI inutile, d’un CSA encombrant ? Vous aurez l’ARCOM, la fusion des deux, tout aussi nul, mais certainement encore plus coûteux. Vous n’aviez que faire d’une interdiction de l’autoplay, d’une diminution a priori de votre qualité d’image vidéo ? Peu importe, la députaillerie tentera de vous l’imposer !


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  • Ils finiront par se lasser..d’ailleurs y pas une semaine j’ai due changer de dns …je conseille d’ailleurs opera avec son vpn pour contrer ces parasites dans le futur.

  • Quel a été le coût de dix ans d’Hadopi au fait? Rappelons que François Hollande avait promis de supprimer la loi dès son arrivée au pouvoir… en 2012! Vous avez totalement raison: il est absolument vain de tenter seulement de lutter contre les échanges de fichiers, VPN, sites dans des pays inatteignables, échanges à travers systèmes cryptés, etc… Maintenant, il est aussi parfaitement vrai que tout ceci signe une sorte de fin des droits d’auteur tels qu’on les connaissait depuis Beaumarchais et qu’évidemment les créateurs, en particulier les musiciens, en sont les victimes collatérales.

    • Quels est l’évolution des revenus de l’industrie musicale depuis les années 80 ? Pas besoin de chercher très loin, le Minarchiste a donné ces chiffres ici : https://www.contrepoints.org/2019/09/18/353766-industrie-musicale-la-fabrique-des-tubes
      Si toutes les industries en crise se portaient aussi mal que celle-ci, il n’y aurait aucun problème de retraite en France. Désolé de ne pas pouvoir pleurer sur ces « pauvres auteurs qui ne peuvent plus vivre à cause du grand méchant Internet ».
      Au passage, dans un autre domaine : un jour j’ai voulu lire un livre électronique. J’ai un Kindle, mais je ne suis pas fan du format fermé d’Amazon – pour moi un livre se conserve et doit pouvoir être relu. Je l’ai donc cherché en ePub. Première surprise : le prix est fixe, et entre celui du « poche » et celui du « broché ». Un peu cher, mais passons. 2e surprise : impossible de trouver un site vendant ce livre en France au format ePub sans un DRM qui m’empêcherait de l’utiliser sur ma liseuse… l’industrie du livre est en-train de faire la même ânerie que celle du film, qui barde ses ventes légales de messages impossibles à passer, disant que « le piratage, c’est mal », messages évidemment absents quand on récupère les œuvres par des moyens « alternatifs ».

      • Certes mais vous vous trompez. Les musiciens – et cela partout dans le monde occidental en tout cas – n’ont quasiment plus la possibilité de vivre de leurs droits d’auteur et d’interprète comme cela était le cas il y a encore une vingtaine d’années. Et je ne parle pas de « l’industrie musicale » mais des artistes. Cela ne veut pas dire que je suis partisan de contrôler l’internet, je crois l’avoir dit dans mon message, cela est impossible. Par contre, la réalité de ce que je dis (et cela est valable pour quantité d’autres mêtiers artistiques) est absolue et quand on connaît des musiciens on peut le vérifier de visu.

        • Cela concerne peut-être certains artistes « installés » mais d’autres profitent au contraire de ces nouveaux moyens de diffusion. A chacun de s’adapter.
          En parallèle, cela a permis à de très nombreux autres artistes de se faire connaitre ce qui leur aurait été quasiment impossible autrement. Alors oui, une fois qu’ils commencent juste à être connus, ils gagnent peu. C’est à eux de continuer à travailler pour passer à un auditoire de taille suffisante pour les faire vivre. Sans internet, bcp ne seraient pas là.

          Désolé, mais votre argumentation m’évoque celle des défenseurs des « droizacquis » ou de la défense des maréchaux-ferrants devant l’arrivée de l’automobile. Il y a un changement. Mieux vaut l’accompagner plutôt que de s’arcbouter sur un modèle économique qui ne tient plus.
          Et encore!! N’y avait-il pas de production musicale avant l’arrivée des disques et diffusions radiophoniques? La SACEM continue à demander des droits à tout ceux qui pratiquent une diffusion publique des œuvres musicales et ce, depuis 1851!! Simplement, une des voies de diffusion (disques, CD…etc) perd de sa prééminence.

        • Avant ils étaient cantonnés dans une zone géographique maintenant ils ont le monde , je ne crois pas un instant qu’un bon chanteur crève la faim surtout que le coût de diffusion des oeuvres est égal a pas grand chose

        • Vous oubliez également un élément: il y a bcp plus d’auteurs, chanteurs (…etc) diffusés actuellement qu’il y a 20-30 ans avec une explosion des différents moyens de diffusion et un accès bcp plus facile aux productions étrangères.
          Or le « marché » (càd le nombre d’oreilles et de temps disponible pour ces oreilles) français n’a pas grandit dans les mêmes proportions. D’où, à la base, une fragmentation de l’argent drainé par ce marché sur un nombre bcp plus important d’acteurs même si, globalement, la CA de l’industrie musicale est en hausse.

        • « n’ont quasiment plus la possibilité de vivre de leurs droits d’auteur et d’interprète »

          Ils ne l’ont jamais autant eu.
          Auparavant le 0,01% des artistes arrivaient dans le circuit des maison de disque et pouvaient en vivre, actuellement des millions d’auteurs et d’interprètes peuvent toucher des sommes parfois rondelettes via youtube et autres plateformes.

    • Les droits d’auteurs, même à « l’ancienne », ont toujours été contournés. Au XVIIIè et XIXè siècles, prospérait toute une activité du faux en matière de livres (en particulier venant de Hollande). En peinture également, entre les copies « légales » venant de l’atelier du Maitre et celles illégales, faisant toujours poser de nombreuses questions aux experts.

      Quant aux musiciens actuels, je n’ai pas l’impression que ceux déjà bien établis crient misère. Au contraire, les plus actifs tirent profit des moyens techniques actuels pour mettre en ligne à disposition de chacun leur dernières productions pour une somme modique inférieure aux anciens moyens de diffusion et permettant à l’acheteur de prendre ce qu’il désire et non l’intégralité d’un CD. Il y a de la fraude certes mais il y en avait avant avec les copies sur cassette.
      Et internet permet à de très nombreux musiciens de se faire connaitre à moindre cout sans avoir à passer par les fourches caudines des maisons de disques. Alors certes, ces musiciens débutants risquent de voir diffuser leur production sans en retirer un sou. Mais c’est un moyen de se faire connaitre pour éventuellement gagner plus ensuite. Chose quasi-impossible il y a 20-30 ans.

  • Paula Forteza devrait faire la promotion de la vidéo mono-pixel :mrgreen:
    Cela a de la gueule très reposant pour le cerveau en plus d’être économe…
    Mais par hasard, il n’y a pas une petite roue dentée en bas à droite qui permet de choisir la résolution ?
    Il n’y aurait pas une bonne âme chez LREM pour lui montrer ❓
    C’est sec ? Ce sont des glands…
    VPN, ils connaissent?
    Encore un coup d’épée magistral dans le vide à venir.

    Quand à nos pisse-lois, ils semblent se moquer de l’écologie. Auraient-ils pensé un instant à tous ces arbres qu’il faut abattre ❓ Vous voyez bien qu’ils n’ont aucun cœur.

  •  » cette engeance continue à nous pourrir la vie….. » ; c’est justement parce qu’on ne leur demande rien qu’ils nous pourrissent la vie , sinon , comment justifier de leur triste existence sauf à emmerder les autres jusqu’à la gauche ; à croire qu’il n’y a que ça pour les faire bander ;

  • proxy accounts
    bulgarie , argentine , balouchistan et hop dans les chox hadopi

  • Attention, tout cela n’est valable que dans un état qui fait encore semblant d’être de droit.
    Dès lors qu’il se met à crever les yeux de gens et manipuler judiciairement des élections sans qu’aucun média des « anywhere » ne hurle à la dictature un contrôle directe des fournisseurs comme en Chine devient parfaitement possible.

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