Par Jean-Baptiste Noé.
La chasse est la culture de l’homme. Durant de longs siècles, elle fut utilitariste : il fallait chasser pour pouvoir se nourrir. Puis elle est devenue gratuite : la chasse est aujourd’hui une passion, un sport, un loisir. Une nécessité aussi, car les chasseurs participent à l’entretien du territoire, à la régulation des espèces sauvages, à la protection de la faune.
C’est toute une culture qui se développe autour de la chasse : la culture des armes, des vêtements, des chants, des traditions, de la cuisine. C’est une activité qui transcende les classes sociales, regroupant aussi bien l’élite économique et intellectuelle que les classes populaires. Peu d’activités parviennent ainsi à regrouper des milieux sociaux et intellectuels aussi différents.
Non contente de participer à la construction des territoires, la chasse construit aussi la société et la fraternité. Les recettes de Bruno Doucet, accompagnées des photographies de Louis Laurent Grandadam, conjuguent la poésie et l’introduction dans cette culture nemrod qui échappe aujourd’hui à une partie de la population coupée de la nature.
La photographie met en valeur les animaux de la chasse : chiens, faisans, sangliers, et les objets de l’homme pour cette activité : fusils, vestes, cartouches. Elles montrent que le chasseur est un dans la nature, qu’il la reconnait et qu’il la respecte. Chasser, c’est rencontrer ce monde méconnu de la nature, le connaître et le comprendre.
Ce livre est à la fois un livre de voyage à travers les paysages de France, un livre de connaissance, présentant les différentes espèces à poils et à plumes et un livre de cuisine, proposant 85 recettes afin de sublimer au mieux les animaux prélevés. Accompagné d’anecdotes, d’histoires et de dessins, il est un livre de présentation globale de ce que sont la chasse et sa culture.
C’est un livre du temps, du présent, et d’un monde immémorial qui passe comme les saisons et qui revient comme chaque saison. Un livre de la transmission d’une mémoire populaire et collective qui se donne par l’exemple et par les propos et qui est ici fixée sur le papier. Il cultive la nostalgie d’un sous-bois humide de novembre et le plaisir des tablées familiales réunies autour des produits de la chasse. Il est un livre personnel et de partage.
Il résume finalement ce qu’est cette activité de plus en plus méconnue, de plus en plus intrigante qu’est la chasse. À l’heure des sports techniques et individuels, cet art de vivre qui se conjugue à plusieurs échappe à une partie de nos contemporains. Il est trop lié à la nature authentique quand beaucoup rêve une nature imaginée et fabriquée. Il est trop lié au temps, quand beaucoup ne supporte que l’immédiateté. Il est trop humain, avec sa part d’échec, de conflits, de violence, d’amour, de respect, quand beaucoup ne jure que par le transhumanisme.
La chasse est humaine parce qu’elle se préoccupe de la nature et qu’elle la met à sa juste place quand certains pensent l’animal supérieur à l’homme. Elle trace la frontière invisible entre l’être humain et la bête, quand la mode est à l’effacement de l’homme et à son abolition.
C’est pourquoi ce livre est un acte de culture. Mêlant les différents arts que sont la photographie, la cuisine, la littérature, la chasse, il est lui-même une part d’humanité.
- Bruno Doucet, Gibier, La Martinière, 2018.
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Cela ne me pose aucun problème qu’un chasseur tue un animal par nécessité, que ce soit pour se nourrir ou se soigner ou se vêtir de sa fourrure ou autre, ou pour participer « à l’entretien du territoire, à la régulation des espèces sauvages, à la protection de la faune. »
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En revanche, comment peut-on justifier moralement (rappel : morale =/= droit ) la chasse qui n’est pas une nécessité, c’est-à-dire le fait tuer un animal uniquement pour le plaisir ? On aura beau s’acharner à enjoliver tout ça en rétorquant « c’est la beauté des traditions ! les traditions c’est sacré ! », un jour ou l’autre, les générations futures prendront conscience de la vérité : éprouver du plaisir dans le fait de tuer un animal sans raison valable, ce n’est rien d’autre que du sadisme.
Oui. Il faut le manger. Et tout, le foie, le museau, la cervelle, tout
Le gibier? Je ne sais pas ce que c’est, je ne connais que des animaux, êtres vivants qui pourraient gambader joyeusement autour des promeneurs, si ces derniers n’étaient des tueurs par plaisir.
Chasseurs défenseurs de la nature? A d’autres! J’ai vu récemment un pauvre renard mourir atrocement empoisonné: les chasseurs mettent du poison dans les terriers.
Ahem, la laie avec ses petits ne accueillera pas avec des cris de joie. Vous aurez intérêt à la présence d’arbres à proximité.