Si vous voulez la richesse, il faut de la productivité

La société avance par un levier principal qui est l’amélioration de la productivité.

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Si vous voulez la richesse, il faut de la productivité

Publié le 13 octobre 2018
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Par Yves Buchsenschutz.
Un article d’Entrepreneurs pour la France

Une société dont l’informatique était bloquée convoqua un spécialiste extérieur pour décoincer la situation. L’homme arrive, se dirige vers un écran, l’allume et parcourt un certain nombre d’icônes et de fichiers. Après 10 minutes de recherche il se tourne vers le directeur qui l’a sollicité et lui indique un bouton en lui disant : « s’il vous plaît, pressez sur ce bouton ! ». Le directeur s’exécute et l’ensemble de l’informatique se remet à fonctionner.

Le directeur se tourne vers le consultant, le félicite, le remercie chaleureusement et lui demande de lui envoyer sa note d’honoraires. Ce dernier s’en va et envoie quelques jours après une facture de 1 000 €, libellée comme suit : « Intervention informatique dans la société S. ».

À réception, le directeur s’indigne : « Quoi ? 1 000 € pour 10 minutes d’intervention, c’est exorbitant ! Demandez-lui une facture détaillée ». Ce qui fut fait. Le consultant renvoya une facture libellée désormais de la manière suivante : « Indiquer le bouton sur lequel il est nécessaire d’appuyer : 1 euro ; identifier le bouton susnommé : 999 € ; TOTAL 1 000 €.

Le levier universel de la richesse : la productivité

La société avance par un levier principal qui est l’amélioration de la productivité. À l’origine les hommes ont d’abord été des chasseurs-cueilleurs et sur 10 individus, les 10 se livraient continuellement à cette activité. Il est possible d’ailleurs que dès cette époque une certaine spécialisation se soit instaurée entre les chasseurs proprement dit et ce que nous pourrions appeler des rabatteurs aujourd’hui. Si la chasse de ces 10 personnes en est devenue plus efficace que la somme de celles des 10 individus pris isolément, ces derniers venaient d’inventer la productivité.

  • Comment produire davantage avec un nombre d’individus donné, ou bien
  • Comment produire la même chose avec un nombre d’individus réduit.

Dans les deux cas la production par tête, et pour simplifier, la richesse, s’est améliorée. Accessoirement, du temps disponible a été libéré qui va pouvoir être consacré à imaginer la couche suivante de productivité.

Après la cueillette et la chasse, les hommes sont passés à l’agriculture, plus efficace et plus productive, puis n’ont cessé d’empiler les améliorations pour n’employer plus à ce jour, que moins de 4 % de la population active dans les pays développés, pour nourrir la société, alors que 90 % ou presque des individus s’y consacraient encore dans les années 1900. A suivi la révolution industrielle.

Vive la mondialisation de la productivité

La dernière couche massive de productivité a été la mondialisation, fort injustement taxée aujourd’hui de tous les maux alors qu’elle a permis l’accès à l’aisance de la plus grande partie des populations des pays développés et la sortie de la pauvreté absolue d’un nombre grandissant de pays en voie de développement.

Elle repose sur une optimisation mondiale de l’allocation géographique de la production permise d’une part par les progrès extraordinaires du transfert et de la rapidité de l’information, et d’autre part de l’efficacité et du faible coût des transports en particulier maritimes. Elle ne s’est bien entendue pas faite sans cris ni douleurs, mais ceci n’est pas nouveau (rappelons-nous déjà de la Révolte des canuts) et c’est tout de même grâce à elle que désormais la famine a disparu de Chine et que l’ouvrier français peut acheter sa télévision 200 € et son tee-shirt 10 € (ce qu’il oublie souvent de reconnaître).

La productivité demain

La question est de savoir quelle sera la prochaine couche ? On entend le plus souvent parler désormais de la révolution numérique. Il est certes tentant de penser que l’amélioration des systèmes d’information et en particulier de leur massification permettra des gains substantiels de productivité : par exemple on parle depuis des années en France d’un dossier médical unique.

Chaque individu pourrait avoir demain une sorte de casier informatique virtuel dans lequel la totalité des informations concernant sa santé serait stockée. Dès lors, plus de double visite, plus de triple examen et d’attentes inutiles, etc., ce serait un grand progrès. Se pose le problème de la confidentialité mais il a été résolu dans bien d’autres cas similaires pourvu qu’on veuille bien s’en donner la peine. Beaucoup d’échanges monétaires peuvent également s’automatiser : d’où la montée en puissance par exemple des prélèvements, etc.

Les quatre vraies raisons

Il me semble qu’en parallèle, cette révolution de l’information devrait permettre, et d’ailleurs c’est ce qu’elle fait déjà, une amélioration importante de l’allocation des ressources et en particulier des investissements. Nous avons tous un marteau que nous n’utilisons que 2 × 10 minutes par an ce qui en termes de saturation des outils de production est une véritable catastrophe. Pour les marteaux ce n’est pas très grave mais c’est la même chose pour les voitures ou pour les logements.

Le principal intérêt de Vélib’, d’Auto lib’, ou d’AirBNB c’est d’abord le partage et en conséquence la saturation de l’utilisation du capital investi. Nous pouvons désormais éclater massivement la propriété entre détention du bien et usufruit de ce dernier ou de la prestation correspondante, surtout si elle est disponible immédiatement. Je pense qu’il ne faut pas confondre l’amélioration de la saturation des investissements avec la révolution numérique qui la rend possible.

D’immenses progrès ont par ailleurs été réalisés dans la gestion de la Supply Chain. C’est le succès d’Amazon qui l’a d’ailleurs couplé avec la notion de plate-forme (lieu d’échange protéiforme d’informations et de produits entre les producteurs et les consommateurs) et le mode de financement par la publicité (vente de carnets d’adresses indexées avec les habitudes d’achat), indolore pour le consommateur.

Que le meilleur gagne, à armes égales

Se pose dès lors la question, comme toujours, de la compétition entre l’ancien système (par exemple les hôtels ou les magasins physiques) et le nouveau (Airbnb ou Amazon). Comme Schumpeter, je dirais « Que le meilleur gagne ». Encore faut-il que les conditions de concurrence soient claires et équitables.

Les logements mis à disposition par les particuliers devraient se plier aux mêmes règlements de conformité que les hôtels, que ce soit en matière de prestations, de sécurité ou de fiscalité et réciproquement ; la livraison d’Amazon doit être aussi fiable et contrôlable que le geste d’achat physique pour le consommateur et la prestation du magasin doit se comparer à celle du site : livraisons en particulier, etc. Un gros travail réglementaire et fiscal est encore à réaliser, qui se doit d’être efficace mais ne doit pas étouffer, sous prétexte de perpétuer des rentes, l’éclosion de nouvelles productivités.

Sur le web

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  • le mot productivisme est par contre vilain chez les bien pensants.

  • Les canuts ont fait face au machinisme, aujourd’hui on fait face au différentiel du niveau de vie, ce qui n’est pas pareil.

  • C’est fondamental, mais ignoré. Il faut donc toujours recommencer avec des exemples simples, comme le faisait Alfred Sauvy. Donc merci pour les quelques exemples de l’article !

    Sur le thème « sans productivité, l’économie est un jeu à somme nulle, voire négative du fait de la prolifération des contraintes » je mène une bataille toujours renouvelée sur les réseaux sociaux. Je mets mes arguments à disposition de tous les gens courageux (yvesmontenay.fr, recherche : productivité). Les articles anciens sont plutôt relatifs au concept et les nouveaux à ce qui se passe concrètement en France et en Chine.
    J’ai le souvenir d’une réunion de spécialistes des retraites pour « éclairer » les sénateurs, où le représentant de la CGT disait « il n’y a qu’à augmenter la productivité, et tout est résolu », alors que sur le terrain la lutte quotidienne de son syndicat était de bloquer les changements. Bref on attend une productivité qui tombe du ciel et atterrit chez les autres !

    • @YvesM : « le représentant de la CGT disait « il n’y a qu’à augmenter la productivité, et tout est résolu », alors que … »
      Paradoxal, en effet. Ce représentant devait être plus communiste que syndicaliste…

    • l’augmentation de la productivité de la nation serait certaine en supprimant 2/3 des élus et 1/3 des ponxionnaires.

  • Le mal pensant dit : l’objet social de l’entreprise à trois contraintes, faire du fric, du flouze et de la thune et c’est parfaitement moral puisqu’il y a « social » dedans.

  • Le gros problème est l’affectation des gains de productivité. Chaque fois qu’un bien peut être produit plus efficacement, cela libère des moyens (cf l’exemple de l’agriculture cité dans l’article). Si on utilise ces moyens pour produire un autre bien qui soit vraiment souhaité par beaucoup de monde, la richesse augmente. Mais si ces moyens sont affectés à une bureaucratie parasite supplémentaire et à de soi-disant élites se comportant plus en profiteurs qu’en moteurs de la société, alors cela mange la marge de progrès. C’est à mon avis pour cela que la production augmente si lentement malgré des progrès techniques incontestables. Les parasites captent tout !

  • La nouveauté avec Amazone, c’est « the big tail », son offre de produits particuliers qui n’intéressent que très peu de clients. D’un principe de « niches », où les produits rares à trouver sont chers par le coût que le distributeur a à les trouver, Amazon les a rendu à leur vrai prix en constituant une offre exhaustive et un coût de distribution égal.

    J’ai un peu l’impression qu’amazon a approché – on le voit dans ses publicités – la civilisation des Krell dans le film « planète interdite » :
    la création par l’esprit.

    Rappelons nous la publicité d’Apple : « il y a une application pour cela », soit-disant quelque soit votre besoin, il y a une activité dans le store d’Apple qui peut y répondre.
    Eh bien, avec Amazon, pour 99% de la population (ses besoins et ses finances), désormais, la simple expression du besoin suffit pour que le lendemain, le produit voulu se matérialise devant sa porte.

    • @amike
      « J’ai un peu l’impression qu’amazon a approché (…) la création par l’esprit. »

      « avec Amazon, pour 99% de la population (ses besoins et ses finances), désormais, la simple expression du besoin suffit pour que le lendemain, le produit voulu se matérialise devant sa porte. »

      C’est exactement ce qui, pour moi aussi, explique la réussite d’Amazon. Merci de l’avoir aussi bien formulé.

  • « La saturation des investissements » est un argument intéressant mais il ignore la véritable nature de l’investissement.

    La valeur de l’investissement dans un marteau (achat vs location) est moins de pouvoir taper sur son clou que de pouvoir le faire quand on le souhaite, à l’instant où on le souhaite, sans attendre.

    Si la location automobile permettait de saturer l’investissement, alors la location conduirait à une réduction du coût d’usage de l’automobile. Or, il n’en est rien. Louer revient dans la plupart des cas beaucoup plus cher qu’acheter à usage équivalent.

    Ces deux exemples prouvent que l’investissement qu’on prétend saturer est d’une nature beaucoup plus complexe qu’elle n’apparaît superficiellement.

  • « Dès lors, plus de double visite, plus de triple examen et d’attentes inutiles, etc., ce serait un grand progrès. »
    étand donné la fiabilité des examen clinique il n’est pas exagéré de dire que plusisieurs examens ne sont pas du luxe. Tout comme lorsque vous faitre appel à un plombier ou un électricien ou à un garagiste il est prudent de faire faire des devis afin d’essayer d’éliminer les escrocs et les incompétents il est tout a fait loiqique de faire de même avec les médecins. je dirait qu’il est même qi’il y encore plus de raison de la faire. Un mauvais plombier vous laissera quelques fuites, un mauvais médecin peut vous couter la vie.
    pour ma part j’attends avec impatience l’arrivée de l’intelligence artificielle dans les diagnostique médicale pour éliminer le factuer humain encore principalement responsable d’énormément d’erreurs et de faire baisser dramatiquement les couts en le couplant à la robotique pour les opérations.

  • « Les logements mis à disposition par les particuliers devraient se plier aux mêmes règlements de conformité que les hôtels, que ce soit en matière de prestations, de sécurité ou de fiscalité et réciproquement. »

    La mise en conformité que vous préconisez montre que vous méconnaissez l’immense diversité de l’offre de logements par des fournisseurs plus ou moins professionnels. En matière de prestations, il n’y a aucune mise en conformité possible sans appauvrir drastiquement l’offre de logements qui présentent des intérêts radicalement différents. Laissez donc les clients avoir le choix entre des offres qui cultivent chacune un avantage concurrentiel totalement incompatible avec une standardisation mortellement ennuyeuse.

    Quant à la sécurité, tout loueur doit produire des attestations qui certifient que le logement est conforme aux normes et c’est assez.

    Pour ce qui concerne la fiscalité, elle ne pose un problème que depuis qu’elle est devenue abusive. De ce point de vue, entre les particuliers et les professionnels, le combat doit être le même : tous contre cette spoliation fiscale qui annule tout effort tant de créativité que de productivité et nous assigne tous à l’appauvrissement généralisé et à l’inactivité.

  • « …cette révolution de l’information devrait permettre, et d’ailleurs c’est ce qu’elle fait déjà, une amélioration importante de l’allocation des ressources et en particulier des investissements. »

    En théorie, c’est séduisant de mettre les investissements à la disposition de multiples utilisateurs pour qu’ils fassent les trois huit. En pratique, c’est infernal. Les investissements sont comme nous, ils ont besoin de dormir, d’avoir de bonnes nuits, des dimanche et des vacances. Bref, ils ont besoin de beaucoup de temps où ils ne sont alloués à rien et c’est grâce à cette disponibilité intelligemment préservée qu’ils sont prêts à remplir leur rôle quand cela est nécessaire.

  • La productivité comme but, pour quel résultat? Elle a été l’argument des socialistes pour réduire la semaine de travail à 35h. Le mot d’ordre était de gagner en productivité pour travailler moins longtemps. Résultat, la France est devenue un pays de chiens où tout le monde maltraite tout le monde (ou presque) car pas une seconde ne doit être consacrée à faire quelque chose de gratuit, en plus, pour arranger les choses, pour le plaisir d’en rajouter.

    Or ce temps en moins dont les salariés ont été privés pour faire leur travail par le diktat des 35h, c’est ce qui leur permettait d’en reprendre la maîtrise, de ne pas se sentir simplement employés mais maîtres de ce qu’ils faisaient ; parce que ce plus qu’ils avaient le loisir d’apporter leur donnait une supériorité, une dignité, une conscience professionnelle, toutes choses que le socialisme a balayées et détruites avec un acharnement criminel.

    Il est en effet criminel d’avoir détruit en très peu de temps une valeur travail que la population avait eu tant de difficultés à acquérir et dont elle était enfin fière. Mais justement, cette fierté au travail était exaspérante pour la gauche… pour la droite aussi d’ailleurs. Le fond du problème étant qu’il est subversif de ne plus être soumis à la malédiction biblique d’avoir à gagner sa vie à la sueur de son front pour au contraire la gagner en s’éclatant avec enthousiasme et allégresse.

    Cela pour dire que la productivité ne peut en aucun cas être un but mais seulement une conséquence du bonheur qu’il y a à pouvoir travailler en faisant preuve de créativité.

    Donc ce qui crée la richesse, ce n’est pas la productivité, c’est la créativité. Quand on est créatif, la productivité jaillit automatiquement, elle coule de source et ce n’est même pas la peine de s’en préoccuper.

  • la productivité devrait être , a une meilleure gestion , mais ce n’est pas le cas , ce sont des depenses publiques en plus pour L’ÉTAT,
    plus de rentrée et plus de déficit , il y a un problème de compétence de nos gestionnaires…. a quand le changement … ?

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