(IV/IV) Quid du jour où l’IA et les machines pourront faire tout ce que savent faire les humains ?

Dans un monde où les machines pourraient tout faire, que deviendraient les humains ?

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(IV/IV) Quid du jour où l’IA et les machines pourront faire tout ce que savent faire les humains ?

Publié le 26 octobre 2023
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Cet article fait partie d’une série. Dans les premier, second et troisième articles nous avons couvert les points suivants :

  1. L’IA va-t-elle augmenter notre productivité ?
  2. L’IA va-t-elle conduire à un chômage de masse ?
  3. L’IA va-t-elle accentuer les inégalités entre une élite surpayée et le reste des actifs sous-payés ?
  4. L’IA sera-t-elle monopolisée par Google et OpenAI ?

 

Quid du jour où l’IA et les machines pourront faire tout ce que savent faire les humains ?

Et peut-être qu’un beau jour l’IA et les machines feront aussi bien voire mieux que sapiens à tous les niveaux !

Cela suppose des progrès incroyables en IA mais aussi en robotique, qui ne semble pas avancer au même rythme. Nous avons sans doute le temps. Mais peut-être parviendrons-nous par y arriver.

Que se passerait-il alors ?

À partir de ce moment-là, quels que soient le type et le niveau de production considérés, il y aura nécessairement de grandes destructions d’emplois. Mais comme détaillé plus tôt, les revenus du travail perdus iront de pair avec de grandes baisses des prix. Une palette incroyable de biens et services sera disponible à très bas prix, car n’incluant plus de main-d’œuvre humaine. Un revenu minimum relativement modique pourrait permettre d’accéder à ce monde de proto-abondance.

Pour autant, dans un tel monde où l’IA et les machines peuvent techniquement tout faire, y compris répondre à des besoins émotionnels, il y aura toujours des consommateurs qui voudront profiter de services fournis par des humains, ne serait-ce que pour se démarquer. C’est aussi déjà la logique à l’œuvre dans le secteur du luxe, un diamant artificiel est strictement identique à un diamant issu du sol par exemple, mais il se paie 70 % moins cher, différence purement psychologique.

Pour obtenir des services faisant intervenir des humains, on peut imaginer que ces consommateurs aient eux-mêmes à monnayer leur temps auprès d’autres, intéressés comme eux par les services humains.

Par exemple, Léo acceptera de travailler dans un restaurant où Gabriel est client pour gagner de quoi acheter le pain que produit Gabriel. Léo pourrait acheter un pain de même qualité mais bien moins cher car produit par l’IA et les machines. Et Gabriel pourrait aller dans un restaurant de même standing mais bien moins cher car opéré sans humain. Sauf qu’ils valorisent par choix ces services offerts par des humains, et sont prêts à travailler eux-mêmes pour se les fournir.

Autre exemple, la musique : il y a fort à parier que même dans un monde où l’IA et la machine peuvent tout faire il y aura encore de la demande pour des concerts de musiciens humains. Léo vendra ainsi peut-être son pain made by human à Gabriel pour acheter sa place de concert où joue Noémie qui, elle, gagnera ainsi de quoi aller au restaurant où travaille Gabriel.

Bien sûr, beaucoup préfèreront la facilité et se contenteront des biens et services d’excellente qualité fournis par l’IA et les machines. C’est pourquoi dans un tel monde, même si une économie humaine devrait perdurer, difficile d’imaginer qu’on travaillerait autant.

Homo sapiens pourra passer son temps à s’amuser, voyager, apprécier les arts, la romance et le sport. Et ceux qui rechercheront toujours à améliorer leur statut et à se démarquer sans travailler au sens évoqué plus haut pourront le faire… justement par le sport, les arts, l’aventure. En effet, une voiture va plus vite qu’un être humain, et pourtant la finale du 100 mètres continue de captiver. L’IA bat Homo sapiens à plate couture aux échecs, mais sapiens continue de jouer aux échecs avec sapiens. En fait, on n’a jamais autant joué aux échecs !

 

Mais attention !

Tout ce qui précède fait l’hypothèse que les pires risques à craindre des progrès en IA ne se matérialisent pas, en particulier :

  • le risque de fracturation des sociétés du fait notamment du cybercrime, des biais algorithmiques, de la désinformation dopée aux deepfakes, et de l’isolement lié à l’addiction aux mondes et avatars virtuels
  • le risque de guerre totale dopée aux armes autonomes
  • le risque de basculer dans des régimes totalitaires en mesure de contrôler nos moindres faits et gestes en permanence
  • le risque existentiel enfin, risque que l’IA échappe à l’humanité le jour où elle deviendrait plus intelligente que nous tous réunis, et nous fasse disparaître, par dessein, indifférence ou accident.

 

Sur ce dernier point, Yann LeCun considère comme évident qu’on mettra au point une superintelligence, et que ce sera pour le meilleur, sans danger majeur.

Son aîné et autre des trois parrains du deep learning, Geoffrey Hinton, pense aussi que nous courons tout droit vers la superintelligence, probablement avant 20 ans, mais il considère que le risque de disparaître n’est pas inconcevable. C’est pour cela qu’il vient tout juste de signer (avec le troisième parrain Yoshua Bengio ainsi que les fondateurs de Deepmind et OpenAI et plus de 300 autres chercheurs et personnalités) une déclaration appelant à faire de la gestion du risque d’extinction de l’espèce humaine par l’IA une priorité mondiale.

Certains sont encore plus inquiets, comme le chercheur Eliezer Yudkowsky, que Sam Altman dit respecter, qui écrit dans le Time Magazine :

« De nombreux chercheurs, dont moi-même, s’attendent à ce que le résultat le plus probable de la mise au point d’une intelligence artificielle surhumaine, dans les circonstances actuelles, soit que littéralement tout le monde sur Terre mourra. Non au sens de peut-être une chance lointaine, mais c’est la chose évidente qui se produirait. »

On croise les doigts pour que Yann LeCun ait raison !

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  • mentir?

  • je vois déjà un des danger de l » ia »..

    la crédulité humaine et la croyance…
    mais. rien de neuf .. il me fut répondu quand, par exemple, je critiquais les travaux de Seralini que je n’étais pas un biologiste…
    plus u intelligent signifie en gros plus grant POTENTIEL à résoudre un problème…

    des machines » sottes » peuvent déjà résoudre des problèmes que les capacités humaines ne peuvent résoudre..
    sans intelligibilité l’intelligence est sans objet.. la messe en latin…

    une machine sans intelligence est déjà dangereuse..
    tronçonneuse..

    La peur vient de l’lintention prêtée au truc..

    donc la machine devient un être et cherche comme un être à survivre..

    ou la machine poursuit le but initial de sa programmation… du genre la survie de l’spece humaiine passe passe la destruction de 90% de celle ci…

    On voit que le danger de lIA est la confiance..de l’homme!!!!

    Pardon mais que voulez vous avec ces articles??

    me faire investir dans l’ia en général??? me faire soutenir un grand plan IA..
    car c’est de la spéculation..

    • « mais que voulez vous avec ces articles?? »
      Question intéressante, à laquelle j’ai donné hier ma réponse : instaurer une confiance exagérée dans l’IA pour ne plus rencontrer d’esprits critiques quand il s’agira de vendre ses produits (l’auteur développe des IA vocales pour les entreprises et les administrations).

      • oui… mais je ne pense pas vendre…mais obtenir des fonds publics…

        • Vous êtes encore plus sévère que moi, je supposais la vente à des administrations qui feraient mieux de s’en passer, sans aller jusqu’à la subvention.
          Imaginez le jour où les impôts seront une vaste IA et votre feuille d’impôts indiscutable à 120% de vos revenus.

  • Difficile de dire si l’IA peut atteindre le stade de l’autonomie totale et donc s’accroitre exponentiellement au delà des capacités humaines. Mais en attendant ce jour qui peut-être, il faut l’espérer, ne viendra pas, il faut être atteint de bisounoursisme aigu pour croire que les humains encore indispensables pour maitriser ces outils de plus en plus efficaces, ne profiteront pas de cette situation pour s’accorder la part du lion de la production et pour développer un maximum de moyens empêchant les « inutiles » de devenir dangereux.
    Le tableau d’une humanité servie par les machines et n’ayant plus qu’à se laisser vivre me semble hautement improbable.
    Dans l’hypothèse (science fiction pour l’instant) où l’IA accéderait à la conscience et à la capacité de s’autoaméliorer sans limites, l’espèce humaine actuelle ne serait plus bonne qu’à peupler des zoos, la nouvelle espèce dominante, héritière de l’homme, devenant la machine.

  • Ça me rappelle un article de Science & Vie dans ma petite enfance qui nous réjouissait à la perspective de ne plus jamais avoir à travailler ni apprendre, réjouissante société de loisirs et d’abondance sans argent, même plus besoin d’ingurgiter d’autre qu’une délectable pilule quotidienne (finis ces atroces épinards en boîte de fe un rêve d’enfant-roi: je vois qu’on y retourne.
    Un test qui m’intéresserait: faire résumer cet article en 64 mots par une IA (plagiat et écriture inclusive interdits).

  • Il faut lire Aldous Huxley et « Le Meilleur des Mondes » car, concernant l’AI, il avait tout anticipé, y compris la place de l’humain dans des réserves. Il n’est d’ailleurs pas le seul Britannique à avoir conçu des oeuvres d’anticipation éclairantes. Ceci étant, tant que les machines ne seront que des réceptacles de renseignements, ce qu’est « l’intelligence » en anglais, ce qui reste à craindre est toujours l’homme.

    • l’humain gardé par des humains ou des machines…???

      sans en plus imaginer le prolongment de lia dans le monde materiel, robots .. c’ets toujours des humains qui font la police..et ds humains qui font le tiran.

      l

  • « Yann LeCun considère comme évident qu’on mettra au point une superintelligence, et que ce sera pour le meilleur, sans danger majeur. » Si « on » (l’humain) met au point une superintelligence . Et que l’on veut que cette intelligence ait toutes nos compétences et plus encore , alors elle se mettra à créer , elle aussi . Et à moins de brider sa liberté , elle fera ce qu’elle veut (comme l’humain l’a fait) . « danger majeur » pour qui ?(nous ?, l’univers ? ) On peut tout à fait imaginer qu une superintelligence se fiche totalement de nous comme d’une guigne , que l’on soit considéré ni plus ni moins que des cafards (amusant comme l homme se voit toujours comme le centre de l’univers , il n’imagine pas que ses créatures IA se détournent de lui, le français souvent athée ne s’est il pas lui aussi détourné de son (sa ses ) créateur (s) jusqu’à même en nier l’existence ? ) . Il est amusant de relire la Genèse , car nous sommes exactement dans la situation de dieu dans ce récit . Les apprentis créateurs que nous sommes serions bien inspirés de revenir à ces lectures fondatrices et jamais périmées . C’est urgent car on rentre dans le dur .

    • Ces questions inspiraient déjà les auteurs de SF il y a 80 ans. Les développements récents n’ont rien apporté de neuf, les prétendues IA ne sont que des extracteurs d’informations et des photocopieurs de comportements, il n’y a pas le moindre signe qu’elles puissent un jour inventer, créer, intuiter, transgresser, construire, détruire, … Si demain ressemble à « Un bonheur insoutenable », ce sera parce que nous aurons abandonné l’intelligence et non qu’elle se sera imposée via l’IA.

  • Il faut des IA pour faire fonctionner des machines. Des gens pour entretenir les procédés et surtout les machines, métiers plus sophistiqués, cela se conçoit. Mais plus nombreux, puisqu’il y aura de plus en plus d’entretiens à faire. In fine, c’est une question sociale puisque ce seront les moins qualifiés qui seront sans occupation. Mais il y aura de plus en plus de gens âgés à aider, à soigner, à sustenter.
    Sauf si, comme vous dites l’humain disparaît au profit de la classe désormais surhumaine, qui fait l’IA et qui en profite. Le progrès sans limites risque d’être détourné: cela n’est pas nouveau.

  • Les commentaires sont fermés.

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