L’innovation à la française

La digitalisation permet aux élus d’innover dans le monde législatif, avec de nouvelles interdictions et taxes pour ramener le consommateur sur le droit chemin. Avec parfois quelques absurdités.

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minitel 2 credits frederic Bisson (CC BY 2.0)

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L’innovation à la française

Publié le 6 juillet 2018
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Par Philippe Nantermod, depuis la Suisse.

Tandis que le président Macron s’époumone à chanter les louanges de l’intelligence artificielle, son parlement ferraille contre les géants de la digitalisation.

Il y a eu l’interdiction des livraisons gratuites. Hadopi. La loi sur les fake news. Aujourd’hui, nos amusants voisins débattent du Pacte national pour la revitalisation des centres-villes et centres-bourgs. Ça manquait, c’est sûr. Dans le détail, on innove. On invente la taxation du commerce en ligne. Pour lutter contre les mauvaises habitudes des gens. Pour sauver le petit commerce. Consommer local. Salauds de consommateurs.

Comme d’habitude, ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère. La taxe s’élève à cinquante centimes d’euro par kilomètre. Le Toulousain qui aura la mauvaise idée de commander la bio de Nougaro stockée chez Amazon à Lille s’acquittera de la coquette somme de 18 €. Plus 447 de taxes. Dissuasif.

Un truc pas encore taxé

Pour justifier cette mesure frappée au coin du bon sens, le Sénat rappelle que « la livraison de biens commandés par voie électronique ne fait l’objet d’aucune taxation spécifique ». On découvre avec stupéfaction qu’il restait un truc qui n’était pas encore taxé. Il fallait bien agir.

Chers voisins, rassurez-vous, vos élus vont adoucir le texte. Mais il en restera toujours quelque chose. Et dans quelques mois, un député suisse s’inspirera de cette charmante initiative et nous proposera une version helvétique. Sans les abréviations et les néologismes, mais avec la même bonne volonté à faire frémir.

On n’innove pas sans casser des œufs. Je n’y étais pas, mais je suppose que beaucoup de palefreniers ont perdu leur boulot après l’invention du moteur à explosion. Les standardistes sont les victimes du téléphone numérique et il ne reste d’allumeurs de réverbères que sur une planète imaginaire. Pourtant, les députés veulent arrêter le temps. Stopper l’évolution. Revenir au minitel. Interdire l’innovation.

Qu’on l’aime ou pas, les choses changent. En France comme ailleurs. J’adore la France. Si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer. Mais ce serait probablement interdit.

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  • Voila qui va sauver La Poste : des lettres Lille – Toulouse à 448 € ( dont 1 € d’affranchissement ) redeviendront rentables. Non ? Ce serait ratissé par « le croc à phynance » ? Versé dans le tonneau des Danaïdes ? Non encore ? Je suis rassuré : ce sera transféré à des commissions fossilisées chargées de redynamiser le commerce en ville, ce qui est nettement plus enthousiasmant.

  • Par contre, il y a un truc qui est fortement taxé au point ou on l’a oublié c’est « Le BON SENS »

  • LA taxation au kilomètre parcouru a été abandonnée en séance au profit d’une taxation forfaitaire beaucoup plus « douce » : « Son montant est alors de 1 % du prix du bien quand cette distance est inférieure à 50 km, 1,5 % entre 50 km et 80 km et 2 % au-delà. » – voir https://www.nextinpact.com/news/106747-le-senat-adopte-taxe-sur-livraison-biens-en-ligne-variant-selon-distance-parcourue.htm.
    Ca reste n’importe quoi, mais un peu moins que la taxation brute au kilomètre.

  • En Suisse, les citoyens ont la possibilité de faire une votation pour stopper les idées de leurs élus !

  • On devrait taxer la débilité de nos élus.
    Arrêter le vote à bulletin secret afin de faire payer les taxes votées uniquement ceux qui ont voté pour ces débiles de politiques taxateurs, cela responsabiliserai les électeurs…

  • Les commentaires sont fermés.

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