(IV/IV) Jean-Marc Jancovici se trompe : voici pourquoi le trafic aérien va exploser au XXIe siècle

Selon Jean-Marc Jancovici, l’humanité est acculée à choisir entre la sobriété choisie ou contrainte. Pour Thomas Jestin, de nombreuses données viennent contredire cette affirmation.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Image générée par IA

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

(IV/IV) Jean-Marc Jancovici se trompe : voici pourquoi le trafic aérien va exploser au XXIe siècle

Publié le 17 octobre 2023
- A +

Cet article est le quatrième et dernier article de cette série. Voici les liens vers la première, deuxième et troisième partie de cette série.

 

Dans cette quatrième et dernière partie, nous allons voir qu’au rythme actuel des déploiements de panneaux solaires, avec un parc total installé qui double tous les deux ans, la taille critique sera atteinte avant 2040.

 

Un parc installé d’ici 2040 ?

Combien de temps pour arriver à 236 000 GW de puissance solaire photovoltaïque totale installée ? C’est le niveau requis pour produire l’équivalent en méthane de synthèse de notre consommation mondiale actuelle en énergies fossiles.

Le parc total mondial installé à fin 2023 sera autour de 1600 GW. Nous avons vu précédemment qu’à fin 2023 il aura fallu moins de deux années pour voir doubler ce parc total. Le temps mis pour doubler s’est même réduit de doublement en doublement depuis un certain temps.

Supposons que le temps pour doubler cesse de se réduire, et même ralentisse un peu pour se stabiliser tous les deux ans. Au bout de sept doublements, en 2039, on dépasse les 400 000 GW de puissance totale installée. Même sans suivre ce tempo, il semble possible d’atteindre les 236 000 GW installés d’ici à 2050.

Soyons clairs, on parle bien là d’un chantier titanesque.

Sans l’ombre d’un doute, l’industrie des panneaux solaires va exploser. Mais rien d’impossible, au contraire : la rentabilité, l’espace, les matières premières le permettent tout à fait, nous l’avons vu dans la troisième partie de cette série. Cette révolution pourra être décalée, retardée de quelques années, mais elle paraît inéluctable, inarrêtable, et du reste déjà lancée.

Avant 2050, nous pourrions être en mesure de synthétiser, de façon neutre en carbone pour l’atmosphère, et pour moins cher qu’aujourd’hui, l’équivalent en gaz de la quantité d’énergie fossile consommée en 2022 dans le monde.

On s’en sortira avec le solaire par les prix, avec une abondance énergétique neutre en carbone en vue avant 2050, sans avoir à choisir à partir de là entre pauvreté ou sobriété ! La fusion pourra venir aussi à la rescousse pour accélérer encore ce calendrier, mais ce n’est pas indispensable. La profusion d’énergie électrique verte à venir permettra aussi de produire les hydrocarbures neutres en carbone dont nous aurons besoin pour perpétuer et amplifier le trafic maritime, aérien et même spatial. Nos enfants et petits-enfants pourront bien profiter des joies d’un transport aérien bon marché pour découvrir notre monde et bientôt au-delà.

D’ici là cependant, toutes les émissions de CO2 qui ne pourront pas être capturées et stockées, c’est-à-dire la quasi-totalité, vont continuer de pourrir l’atmosphère, il reste donc urgent de continuer à investir dans les autres « climate tech » et de prôner la sobriété autant que possible pour limiter plus encore la casse en attendant.

 

L’humanité a relevé un défi similaire il y a plus de 100 ans !

En 1898, l’homme de science Sir William Crookes tint un discours d’anthologie à la British Academy of Sciences devant tout le gratin scientifique de l’époque.

Il lança un avertissement sans concession à l’auditoire : notre planète allait bientôt manquer d’engrais naturel pour permettre à l’agriculture de fournir assez de nourriture à l’humanité. D’ici 1930-1940 au plus tard, faute d’inventer et produire en quantité suffisante des engrais de synthèse (du fumier chimique dit-il, chemical manures), la famine tuerait par centaines de millions. On sait maintenant qu’il avait raison sur toute la ligne, sans engrais de synthèse, l’agriculture naturelle sur Terre ne peut nourrir que 4 milliards de personnes environ.

Le facteur limitant étant l’azote fixé dans des molécules faciles à exploiter par les plantes : bien que notre atmosphère regorge d’azote (78 % de sa composition), celui-ci est inerte et non exploitable par les plantes par défaut. Les processus naturels qui le fixent dans des molécules exploitables sont lents, c’est tout le problème. L’avertissement de Sir William Crookes, doublé d’un appel solennel à l’innovation, fit immédiatement sensation et se répandit très vite dans la communauté scientifique et au-delà.

En 1909, le chimiste allemand Fritz Haber parvint à fixer l’azote atmosphérique en laboratoire. En 1913, à peine cinq ans plus tard, une équipe de recherche de la société BASF dirigée par Carl Bosch mit au point la première application industrielle des travaux d’Haber : le procédé Haber-Bosch. C’est ce procédé qui permet à ce jour de produire assez d’engrais de synthèse pour nourrir bientôt 8 milliards d’Homo sapiens. Il y aurait deux fois moins d’âmes sur Terre sans cela aujourd’hui. Difficile de penser à une innovation aussi capitale au XXe siècle.

Terraform Industries va capitaliser sur la chute de l’énergie solaire photovoltaïque pour populariser une technique cousine : fixer le CO2 de l’atmosphère pour produire les hydrocarbures dont nous allons avoir besoin, quoi qu’on en dise, pour offrir aux prochaines générations un monde d’abondance, et cela, à très grande échelle, sans réchauffer la planète et en battant les énergies fossiles sur les prix.


Disclaimer : Thomas Jestin, n’est actionnaire, ni directement ni indirectement, d’aucune des entreprises citées dans cette série.

Voir les commentaires (2)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (2)
  • Terraform va pomper les subventions à un niveau encore jamais vu, pour produire de l’énergie à 10 fois le prix des sources classiques, fossiles et nucléaire, en faisant croire que ça n’est pas plus cher. Au lieu de payer l’électricité à un producteur suivant une démarche commerciale concurrentielle, nous la paierons à l’Etat suivant une bonne démarche collectiviste comme le monde n’en a pas connu depuis Lénine et Mao. Les frères Collison suivent leur modèle Musk pour monter une pompe à subventions encore plus grosse que la voiture électrique, normal, comme Musk ils n’y connaissent rien en ingénierie et en construction, mais un max en finance et en connivence publique.

  • Dans tout ce calcul il est oublié que la « durabilité » des équipements n’est que de 10 à 20 ans et qu’après il faut les remplacer, donc il faut bien plus de fabrication – et donc de matières premières proprement ignorées – pour arriver à un tel résultat.
    Il faut aussi se rappeler que l’on investit depuis 25 ans des sommes colossales et que cela n’a en rien ralentit la croissance de la consommation des énergies fossiles et on veut en 25 autres années les remplacer? Il est temps de revenir dans le monde réel

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Dans ce second volume de sa série sur La religion écologiste, Christian Gérondeau interroge la validité des affirmations du GIEC, dont découlent le catastrophisme ambiant au sujet de l’avenir de notre planète, et la désespérance d’une partie de la jeunesse.

Il s’alarme en particulier des conséquences graves sur la vie des plus pauvres.

 

Le mensonge de Glasgow

Dans une première partie, Christian Gérondeau commence par revenir sur la conférence de Glasgow, dite COP 26, qui marque un tournant majeur dans ce cycle de ré... Poursuivre la lecture

Je viens d'écouter l'audition d'une petite heure de Jean-Marc Jancovici au Sénat, qui a eu lieu le 12 février dernier dans le cadre de la « Commission d’enquête sur les moyens mobilisés et mobilisables par l’État pour assurer la prise en compte et le respect par le groupe TotalEnergies des obligations climatiques et des orientations de la politique étrangère de la France ».

Beaucoup d'informations exactes, qui relèvent d'ailleurs bien souvent du bon sens, mais aussi quelques omissions et approximations sur lesquelles je souhaite reveni... Poursuivre la lecture

5
Sauvegarder cet article

Comme chaque année, les chiffres de la balance commerciale sont minorés et présentés en retirant les frais de transport du montant de nos importations.

Les frais de transport sont pourtant une partie intégrante du coût de revient et sont répercutés sur le prix de vente au consommateur. Mais pourtant, ils sont retraités afin de les comparer aux chiffres des exportations qui, eux, n’intègrent pas les frais de transport. L’opération semble contestable…

Les « vrais » chiffres de la balance commerciale de 2022 avaient ainsi frôlé les... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles