Retraites : la vraie réforme, c’est la capitalisation pour tous

Le système actuel repose sur un malentendu largement répandu dans l’imaginaire collectif. La plupart des Français pensent qu’ils cotisent pour eux-mêmes, ce qui est totalement faux.

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Retraites : la vraie réforme, c’est la capitalisation pour tous

Publié le 19 mars 2023
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La réforme présentée aux Français vise à « sauver » le système de retraite par répartition en rétablissant l’équilibre financier à l’horizon 2030.

Les chiffres de l’INSEE sont implacables… Le véritable problème de notre système de retraites n’est pas pour 2030 mais pour 2040. C’est à partir de 2040 que la population active française commencera à décroître régulièrement jusqu’à la fin du siècle… Maintenir le niveau actuel des pensions sera t’il possible à l’avenir dans ces conditions ?

 

La retraite par répartition est conçue pour une population active en augmentation ou stable

Quand la population active diminuera franchement, maintenir le niveau des pensions deviendra impossible sans une adaptation profonde de notre système car si les marges de manoeuvre pour une réforme paramétrique existent actuellement, elles ne seront en aucun cas suffisantes après 2040. Nos taux de cotisations pour la retraite sont déjà parmi les plus élevés d’Europe avec 28 % de prélèvements sur le salaire brut ; ils ne pourront pas être augmentés au-delà… Reste le paramètre de l’âge de départ, mais le modifier substantiellement a un effet dévastateur sur la cohésion sociale et la paix civile.

Adapter notre système de retraite, ce n’est pas faire une réforme paramétrique dont tout le monde sait qu’elle ne suffira pas. C’est changer de logiciel !

Changer de logiciel, c’est instaurer une petite dose de capitalisation pour tous comme l’ont fait la plupart de nos voisins européens.

La capitalisation existe déjà en France depuis de nombreuses années. Les pharmaciens, les fonctionnaires et les employés de la banque de France se sont déjà dotés de leurs propres fonds de pensions.

L’exemple de la caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens est particulièrement inspirant car le nombre de pharmaciens en activité à commencé à décroître à partir des années 2000. Avec 0,9 actif pour un pharmacien retraité, l’équilibre financier de la caisse de retraites des pharmaciens n’aurait pas pu être assuré sans les rendements de la capitalisation. Leur pilier de capitalisation leur a permis d’économiser un milliard d’euros de cotisations sur les 4,7 milliards distribués au cours des 30 dernières années. Il leur a permis de maintenir le niveau des pensions tout en leur offrant une grande souplesse d’ajustement de l’âge de départ à la retraite.

Actuellement, le Français retraité moyen gagne légèrement plus que ce que gagne le salarié moyen. Sans l’apport des rendements d’un pilier de capitalisation pour compenser la démographie négative des actifs, une baisse drastique du niveau de vie des retraités est probable après 2040.

Les représentants politiques et syndicaux présentent souvent la capitalisation comme une menace qui ferait peser un risque sur l’avenir des retraites. Ce discours est paradoxal car refuser la capitalisation, c’est assumer une baisse certaine du futur niveau des pensions de peur de prendre un risque mesuré sur les marchés financiers pour une partie des sommes collectées. C’est finalement préférer la certitude d’une perte à la possibilité d’un gain !

Au cours du siècle passé, les rendements des marchés financiers ont été de 6,7 % en termes réels (après inflation). Un pilier de capitalisation permet à chacun de profiter de ces rendements en limitant les risques car les fonds sont répartis sur de nombreux actifs diversifiés et sont gérés par des professionnels. L’effet collatéral bénéfique à l’économie nationale de la mise en place de la capitalisation réside dans le fait que ces fonds sont investis dans l’économie réelle et permettent de financer le développement de nos entreprises et donc de créer des emplois.

 

Le système actuel repose sur un malentendu largement répandu dans l’imaginaire collectif

La plupart des Français pensent qu’ils cotisent pour eux-mêmes, ce qui est totalement faux. Avec un taux de prélèvement sur le salaire brut de 28 % pour les cotisations retraites, la plupart des Français n’ont évidemment pas les revenus nécessaires pour épargner en prévision de leur retraite car les ressources qui auraient permis cette épargne sont utilisées pour financer la retraite des autres. Seuls les hauts revenus ont les moyens de constituer une épargne en actions afin de profiter des dividendes boursiers. C’est une véritable inégalité.

En introduisant un pilier de capitalisation correspondant à un tiers des cotisations retraites, ce qui permet de profiter des rendements de la capitalisation sans prendre de risques excessifs, une partie des cotisations retraites d’un salarié ira sur son compte personnel de capitalisation, ce qui lui permettra de toucher des dividendes. La généralisation de la capitalisation permet une véritable redistribution sociale d’un avantage qui est aujourd’hui réservé aux hauts revenus.

Il est assez incompréhensible qu’une partie de notre personnel politique fustige les superprofits des actionnaires arguant qu’il s’agit là d’une injustice vis-à-vis des travailleurs modestes tout en refusant absolument la capitalisation pour tous, qui permettrait justement à chacun de profiter de ces dividendes. La cohérence voudrait qu’ils imitent les prises de positions de Jean Jaurès, dont ils revendiquent généralement l’héritage. En 1909, en première page de L’Humanité, Jean Jaurès prenait position pour la retraite par capitalisation afin que les ouvriers puissent bénéficier des avantages des rendement financiers procurés par les actions.

La décrue du nombre de pharmaciens en activité par rapport aux retraités à partir des années 2000 préfigure ce qui arrivera au niveau du pays tout entier à partir de 2040. En mettant en place tout de suite un pilier de capitalisation pour tous les Français, il sera possible de maintenir le niveau actuel des pensions.

Cela demande de l’audace et le courage de faire une véritable réforme au lieu de se contenter d’ajustements paramétriques.

 

Un article publié initialement le 23 février 2023.

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  • Une autre solution, la plus grande entreprise française, l’état, bouche les trous….. En faisant des économies… Arrêt de toutes les subventions non productives

    -1
  • « La plupart des Français pensent qu’ils cotisent pour eux-mêmes, ce qui est totalement faux. »
    « En introduisant un pilier de capitalisation correspondant à un tiers des cotisations retraites, ce qui permet de profiter des rendements de la capitalisation sans prendre de risques excessifs […] »
    On doit pouvoir faire mieux comme plaidoyer, non ?

    -1
  • L’opposition à la capitalisation est dogmatique et comptable. Dogmatique car les syndicats sont contre le capital/capitalisme/capitalisation même s’ils profitent tous du système y compris les fonctionnaires et élus.
    Comptable, car comment faire accepter par la population que les retraites des fonctionnaires ne sont pas provisionnées/cotisées mais payées par le budget annuel c’est à dire par les contribuables ? (Rapport Pebereau)
    Et pour financer tous les avantages disproportionnés des retraites des fonctionnaires il faut conserver ce dispendieux et inefficace et bien entendu inégalitaire système par répartition

    • Oui très beau résumé mais également le bénéfice pour les politiciens et c’était comme ça que Bismarck l’avait conçu c’est bien sûr de pouvoir contrôler la population

    • Comment le faire accepter par la population ? Ca devrait bientôt être évident avec l’imminence de la faillite du pays. Et pour s’en sortir, il n’y aura pas d’autre choix que d’emprunter pour faire une transition vers la capitalisation pour les fonctionnaires aussi ou faire apparaître de manière insupportable leur parasitisme…

    • « les avantages disproportionnés des retraites des fonctionnaires ». Il n’y a plus d’avantage. Le seul qu’il y avait, c’était que c’était calculé sur la dernière année, mais après quasi 25 ans de gel, les rémunérations ont décroché. Les primes ne sont pas comptées dans le calcul, il n’y a pas de complémentaire, et ils ne pourront pas compter sur pôle emploi pour finir les 3 dernières années au chômage, car ils ne peuvent même pas faire de rupture conventionnelle.

  • Rien n’empêche actuellement d’acheter des actions. En ce qui me concerne, que chacun en fasse autant m’arrangerait égoïstement car cela ferait monter les cours de mes actions ! En revanche je serai moins optimiste pour la suite car cela ferait baisser le ratio bénéfice/cours. Contrairement à ce que l’on lit souvent, je ne pense pas que les entreprises profitables manquent de capitaux pour se développer, il est très facile de trouver de l’argent si l’on a un projet convaincant. Donc faciliter l’accès au capital ne peut bénéficier qu’à des entreprises boiteuses. Quel intérêt ?
    La capitalisation a un avantage qui est pudiquement passé sous silence habituellement, c’est que l’on capitalise pour soi, sans qu’une part importante des cotisations par répartition se dirige vers des catégories ayant peu voire pas cotisé. Bien entendu si la capitalisation se généralisait, l’état trouverait bien un moyen pour récupérer ce qui lui échappe. Une taxe ou un impôt supplémentaire serait prélevé au passage sur ce qui est mis en capitalisation. Tant que l’on restera en régime cryptosocialiste, il n’y aura pas de solution satisfaisante.

    • Je crois que le besoin de capitaux existe bien plus qu’on ne le voit, il est simplement masqué par les contraintes étatiques, taxes et réglementations, sur la rentabilité. Plein de projets ne trouvent pas le créneau réglementaire pour se développer, d’autres ne sont rentables que par le jeu des lois et des subventions, et au lieu d’avoir des bons projets qui s’envolent et des mauvais qui s’effondrent, on a plus ou moins une stagnation où les bons ne sont jamais excellents et les mauvais jamais catastrophiques. Et de toute façon, il y a plein d’endroits dans le monde où le manque de capital est criant : Afrique, Asie, etc…
      En revanche, la question des taxes reste décisive. Mais la faillite de la répartition serait un excellent moment pour obtenir des exonérations fiscales en échange de renoncement à sa retraite par répartition. Il suffirait qu’un parti pas trop gauchiste le propose, quel argument y aurait-il contre une réduction d’impôts pour ceux qui cessent de peser sur les comptes de la répartition ?

    • Il y a aussi un certain jeu du marché : les dividendes ne traduisent pas une gratitude envers les actionnaires, mais le prix que l’entrepreneur est prêt à payer pour obtenir des capitaux. S’il y avait moins de demande pour les capitaux, les dividendes se réduiraient…

    • En comptant large et en supposant tous les Français convertis, le montant capitalisé en régime de croisière serait de l’ordre de 300k€ par ménage retraité et de moitié par actif, soit moins de 700Mds. au total, à comparer avec une capitalisation boursière française de 2100Mds. mais surtout mondiale de l’ordre de 100000Mds.

  • Et oui bonjour Loïc mais la France de Pétain c’est tellement mieux !
    pouvoir dénoncer les Juifs pour prendre leur appartement pouvoir contrôler la santé et la retraite de la population pour mieux l’asservir et puis vivre du travail des autres c’est quand même plus reposant non ?

  • La question n’est pas tant la répartition ou la capitalisation. C’est en partie un faux problème.
    Votre retraite de toute façon est payée par les gens qui travaillent. Si l’économie globalement se porte bien, votre retraite trouvera son financement. Pourquoi y a t il un problème de retraites non résolu depuis trente ans ? c’est tout simplement parce que l’économie française se porte de plus en plus mal, avec la ruine de notre secteur énergétique, le désindustrialisation massive, la perte de notre secteur automobile, le poids délirant de la fiscalité sur l’immobilier, le chômage chronique, l’effondrement du commerce extérieur , la dette de 3000 milliards, les directives absurdes de la commission européenne, les sanctions auto punitives contre la Russie, etc

    • La capitalisation permet d’aller voir ailleurs sans s’exiler. La répartition garde les cotisants au sein des conditions catastrophiques du pays.

      • La capitalisation permet….. de voler le travail ailleurs…. Nous ne serions que de petits voleurs face aux autres d’où l’interdiction de capitalisation pour la France, enfin, ses retraités privés… Les autres, ça va, les impôts y pourvoient.

    • Il y a certes une dépendance forcée des retraites envers la bonne santé de l’économie, mais il est trompeur de la mettre en avant : même avec une bonne santé de l’économie, la répartition ne peut pas marcher autrement qu’en détruisant justement cette économie !

    • La moitié de la réponse vous est livrée par Michel. La mauvaise santé de l’économie française.
      Je vous donne l’autre moitié – le deuxième avantage de la capitalisation. Elle permet de s’exonérer de la question démographique.

  • Il y a ici une certaine obsession pour la capitalisation. Que l’on préfère ce système à la répartition, je suis entièrement d’accord (encore qu’il faut veiller à ce que les individus s’assurent un minimum dans la mesure où la société de toutes façons ne laissera pas les séniors dans la rue). Mais que la capitalisation soit le remède miracle pour supporter les conséquences démographiques est tout à fait abusif. Si l’on avait un tel système, le basculement démographique provoquerait des cessions d’actifs importantes, et comme les acheteurs locaux ne deviendraient pas plus riches d’un coup, ce sont les étrangers qui ramasseraient le morceau. En tout état de cause, il y aurait une chute radicale de l’investissement, une baisse du prix des actifs et partant une chute sévère de l’économie. La même chose d’ailleurs avec la répartition si l’on ne fait rien : hausse des cotisations ou du déficit, ou les deux, baisses des retraites (déjà commencée en valeur réelle). Bref, qu’importe le système, il n’y a que deux voies : le surplus de travail ou l’appauvrissement général. On est bien partis dans la seconde vu la fake-réforme actuelle.

    • Obsession raisonnable, car la répartition ressemble de plus en plus à cet immeuble de Soulac, rasé il y a quelques jours.
      Je vous l’accorde : il faudra bien, à côté de la capitalisation – obligatoire ou optionnelle – un filet de sécurité pour l’impécunieuse cigale.
      Et si ! nous deviendrons « plus riches d’un coup ». De ce 28 % qui nous est prélevé sur notre paie. En lui rendant cela, l’actif – qui dans l’idéal devrait être libre de le placer où il veut – investissera pour son propre avenir – comme il est marqué sur certains panneaux – mais aussi au profit de l’économie.

    • Expliquez un peu ce que vous appelez « basculement démographique ».
      Il est clair que la capitalisation se fait dans un cadre international, et qu’on n’a jamais vu les bourses mondiales manquer d’investisseurs à cause du vieillissement de la population. On a vu d’autres raisons, mais là n’est pas la question. Vous semblez raisonner à système de richesses fermé, sans la moindre création, ou alors je n’ai pas compris.

    • La capitalisation n’est pas une obsession, c’est le seul moyen mathématiquement viable et juste de se garantir un moyen d’existence quand on ne peut plus travailler

  • Ceux qui défilent dans la rue contre le projet de retraite, me font beaucoup rire.
    ils confient la gestion de la retraite à l’Etat
    et ensuite s’étonnent que l’Etat décide de l’âge de départ à la retraite.

  • https://fr.irefeurope.org/publications/les-pendules-a-lheure/article/le-ministre-stanislas-guerini-oublie-que-les-fonctionnaires-beneficient-dun-regime-special-de-retraite/?utm_source=IREF&utm_campaign=8a857addc4-EMAIL_CAMPAIGN_2023_02_22_08_12&utm_medium=email&utm_term=0_-8a857addc4-%5BLIST_EMAIL_ID%5D
    Régime spécial de retraite des fonctionnaires payé par l’Erat , donc par les contribuables.
    2 ans de plus de travail pour les sans dents permet aux roitelets élus de garantir aux 6 millions de fonctionnaires leur régime. Les syndicats pensent comme les élus

    • Ce billet de l’IREF me confirme, en ai-je encore besoin, que ce machin est au libéralisme ce que Terra Nova est au socialisme. Un repère de drôles, parfaitement oubliable.
      Ben oui, la retraite des fonctionnaires est payée par l’impôt. Comme leurs salaires. Par quoi d’autre pourrait-elle bien être payée ?
      Pour le reste, le même blabla déjà entendu 100 fois. Les 6 derniers mois. Les 75 %. De l’art de ne voir que le verre à moitié plein. Même Zemmour, en son temps, avait dressé du comparatif privé vs public un tableau plus subtil. Faut croire qu’il est mieux armé intellectuellement que Delsol et Cie.

      • Il faut arrêter avec les 6 derniers mois, qui ne concernent en gros que les quelques hauts fonctionnaires promus sur le tard. La majorité qui est au plafond a 20 ans de la retraite n’a rien à y gagner. Les 75% super ça compense en parti un salaire beaucoup plus bas que dans le privé et basta.
        Si la fonction publique est si avantageuse pourquoi les concours se vident de candidats ? Personne n’a envie d’être un parasite et de profiter d’une situation dorée au soleil ?

        • Eh bien si ça ne concerne presque personne, pourquoi ne pas l’abroger ? Etrangement, je sens monter la levée de boucliers… Et si le privé est si intéressant, pourquoi plus de fonctionnaires n’y passent-ils pas, ou ne réclament-ils pas la privatisation de leur activité ?

          • Regardez l’étude 103 de la dress de novembre 2022. 60% des fonctionnaires auraient une meilleure retraite en alignant le mode de calcul sur le privé ! Ceci dit la différence est a la marge (moins de 10%).
            Mais on leur a tellement bourré le mou avec l’avantage de leur système de retraite que même ceux qui y perdent n’y crois pas.
            Le système de calcul est de plus fait pour pénaliser fortement les carrières mixtes public privé, histoire de limiter les départs.

          • Le verre…
            En contrepartie, il faudrait intégrer les primes des fonctionnaires dans le calcul de la pension et revaloriser de fait les salaires des fonctionnaires, notamment des catégories A et B, les plus « coûteuses ». Ni l’Etat ni le contribuable n’y ont intérêt.

  • « La plupart des Français pensent qu’ils cotisent pour eux-mêmes, ce qui est totalement faux. »
    Merci de ne pas penser à la place des français en les prenant au passage pour des idiots. PERSONNE autour de moi pense ce que vous prétendez par exemple…

    « La réforme présentée aux Français vise à « sauver » le système de retraite par répartition en rétablissant l’équilibre financier à l’horizon 2030. »
    C’est effectivement ce que prétend le gouvernement, mais c’est totalement faux. Il ne s’agit en aucun cas de « sauver » le système de retraite…
    Il s’agit SEULEMENT de se conformer aux grandes orientations de politique économiques imposées par l’Union Européenne (union de plus en plus proche de l’Union soviétique mais au service d’un capitalisme de connivence financiarisé).
    Cette réforme ne sauvera absolument pas le système de retraite (qui n’est en réalité pas en danger) mais va seulement très lourdement pesé sur l’économie réelle en empêchant les entreprises de faire partir rapidement à la retraite les salariés « rincés » pour les remplacer par des jeunes (évidemment, ils le feront quand même et on aura des armées de vieux chômeurs inemployables et en mauvaise santé) et en empêchant les jeunes d’entrer sur le marché du travail… Et ce n’est qu’un seul des effets très négatifs de cette réforme. Je ne parlerais évidemment pas de l’aspect moral (le fait que les travailleurs pauvres et précaires vont s’en prendre plein la tête) parce que la moral n’est pas trop une notion qui semble avoir cours sur ce site…

    « Les chiffres de l’INSEE sont implacables…  »
    Ils sont surtout totalement trafiqués et ne correspondent pas à la réalité factuelle mais à celle qui arrange le pouvoir en place… La différence entre l’inflation INSEE et l’inflation réelle devrait vous mettre la puce à l’oreille quant à leur honnêteté (ou simplement leur capacité à décrire le réel).

    « Maintenir le niveau actuel des pensions sera t’il possible à l’avenir dans ces conditions ? »
    Oui, si on accepte de changer de paradigmes… En fait, si on accepte le fait (car c’est un fait) que la productivité d’une heure de travail de 2023 est très nettement supérieure à la productivité d’une heure de travail de 1960 (automatisation, informatisation, etc.), il parait moralement juste de faire participer l’entreprise à la bonne marche de la société. Et ça ne mettrait en aucun cas les entreprises en question en danger.

    « Quand la population active diminuera franchement, maintenir le niveau des pensions deviendra impossible sans une adaptation profonde de notre système car si les marges de manoeuvre pour une réforme paramétrique existent actuellement, elles ne seront en aucun cas suffisantes après 2040. »
    Sauf si on change de paramètres justement. C’est une option qui existe et qui parait viable économiquement et moralement mais qui est totalement ignorée des libéraux que vous prétendez être puisque vous êtes obnubilés par la finance.

    « Changer de logiciel, c’est instaurer une petite dose de capitalisation pour tous comme l’ont fait la plupart de nos voisins européens. »
    Pas nécessairement. On peut aussi changer de paramètres en acceptant le fait que le travail est bien plus productif aujourd’hui que lorsque la retraite par répartition a été créée… Ce différentiel de productivité est au bénéfice exclusif des entreprises et pas du tout des salariés alors que ce sont toujours les salariés « en bout de ligne » qui font le boulot. Moralement, demander une participation des entreprises n’a vraiment rien de choquant et économiquement, ça n’aura aucune des conséquences apocalyptiques que vous pouvez imaginer.

    « Sans l’apport des rendements d’un pilier de capitalisation pour compenser la démographie négative des actifs, une baisse drastique du niveau de vie des retraités est probable après 2040. »
    Le problème, c’est que ces rendements de la capitalisation ne se font pas DU TOUT au bénéfice de l’économie réelle, bien au contraire. Etes-vous au courant de toutes les destructions d’entreprises, voire de secteurs complets, (et tous les problèmes économiques qui vont avec) qui ont accompagnées, dans le monde, les investissements des fonds de pension américains qui se comportent en véritables rapaces et ont acquis une puissance réellement inquiétante? Visiblement, non.

    « Il est assez incompréhensible qu’une partie de notre personnel politique fustige les superprofits des actionnaires arguant qu’il s’agit là d’une injustice vis-à-vis des travailleurs modestes tout en refusant absolument la capitalisation pour tous, qui permettrait justement à chacun de profiter de ces dividendes. »
    Les « superprofits » des actionnaires pèsent lourdement sur l’économie réelle parce qu’ils ne sont que TRES marginalement réinvestis. Il servent essentiellement à enrichir une toute petite fraction de la population au détriment de tous les autres (avec une accélération constante de ce phénomène depuis 2008 et une sur-accélération depuis l’élection de Macron). L’investissement privé en France étant totalement à la ramasse, l’économie réelle est en fait portée à bout de bras par les investissements publics, donc par toute la population. Enfin… Toute la population qui paie des impôts donc pas les plus pauvres et, évidemment, pas les plus riches qui pratiquent massivement l’optimisation fiscale et qui passent par les paradis fiscaux.
    Les marchés financiers sont tous des bulles spéculatives qui n’ont plus aucun rapport avec l’économie réelle. L’économie réelle est totalement asséchée (plus d’agriculture, plus d’industrie et maintenant, c’est le secteur tertiaire qui est en train d’en prendre plein la poire) à cause des marchés financiers non régulés. Faire appel à ces marchés financiers pour les retraites ne pourra qu’ajouter encore plus de problèmes à ceux qu’on a déjà.

    • Les cris qui résonnent le plus ne viennent manifestement pas de ceux qui raisonnent le mieux.
      Par exemple, que deviendraient les profits qui ne sont pas réinvestis ? Sur les 10 dernières années, la capitalisation boursière des plus grosses entreprises est passée de 13 à 35 tera$, soit un taux de croissance annuel moyen de 10.4%. Sur la même période, les indices boursiers dividendes réinvestis ont eu un taux de croissance entre 9.5 et 10.5%, tandis que ceux hors dividendes n’ont progressé que de 6.3 à 8%. Donc les chiffres montrent que tout se passe bien comme si la totalité des dividendes étaient réinvestis, et que les retraits sont du même ordre que les nouveaux apports.

    • En France, malgré quelques tracasseries administratives, chacun peut, s’il le souhaite, créer son entreprise. Donc celui qui trouve que son travail n’est pas rétribué à sa juste valeur et que l’entreprise qui l’emploie s’en met plein les poches peut se mettre à son compte et garder dans ses propres poches ce montant. S’il ne le fait pas, qu’il se taise.

  • Tout à fait d’accord avec la nécessité de la capitalisation, mais « en introduisant un pilier de capitalisation correspondant à un tiers des cotisations retraites », on prive immédiatement la CNAV d’un tiers de ses recettes ! Alors on diminue les retraites de 33 % ? Ça paraît difficile…
    Comment faire pour qu’une génération cotise à la fois pour les retraités et pour elle-même ?

    • Posé ainsi le problème est insoluble. Mais on se trompe profondément en pensant que la réforme des retraites est la mère de toutes les réformes. Vaut il mieux en effet déplacer 1% du PIB des actifs vers les retraités ou augmenter ce PIB de plusieurs pour cent ? Ce serait pourtant assez facile si on lâchait tous les freins bridant la croissance : arrêter d’empiler des réglementations stérilisantes (et ayant souvent des effets contraires à ce qui est espéré), récompenser les entrepreneurs qui créent des richesses, ne plus subventionner ce qui ne marche pas et, si l’on tient à donner des coups de pouce ne le faire que pour accélérer ce qui est en voie d’être un succès etc… C’est malheureusement impossible tant que nous sommes gouvernés par des woko-progressistes. Lâcher les feins implique en effet assez vite des succès et donc des têtes qui dépassent, ce qui est le crime ultime pour ceux qui préfèrent l’égalité dans la pauvreté à des pauvres moins pauvres mais avec un peu plus d’ouverture de l’échelle des revenus.

    • Comment faire ? D’abord, rendons-nous compte que la génération actuelle cotise pour les retraites par répartition 3 fois ce qui suffirait à financer une retraite par capitalisation. Donc la réduction immédiate nécessaire des recettes de la CNAV n’est pas de 33%, mais de 11%. Et pour la financer, le plus simple est de réduire de 11% les pensions, en effet. La figure de l’article https://www.contrepoints.org/2023/03/19/452672-la-reforme-des-retraites-va-t-elle-alimenter-un-conflit-de-generations montre que c’est possible sans diminuer le revenu net des retraités : les impôts font 15% de ce revenu net des retraités, il suffit de réduire leurs impôts du même montant que leurs pensions ! Donc la question de l’équilibre de la CNAV est réglée.
      Reste à savoir comment compenser la perte de recettes pour l’Etat lui-même, en supposant qu’il y en ait une parce que l’effet Laffer jouerait à plein, en particulier si au lieu de diminuer la feuille d’impôts du retraité, on exonérait ses sources de revenus, et notamment son patrimoine déjà accumulé qui paie près de 30% de sa valeur puisqu’il est constitué essentiellement de plus-values. En effet, n’oublions pas que 44% des flux partent en prélèvements obligatoires, et que ce qui ne sera pas pris en impôts au retraité le sera en TVA ou par d’autres canaux chez ceux auprès desquels il effectuera ses dépenses et finiront dans les coffres de Bercy tout pareil. Mais par l’exonération, une motivation puissante apparaîtra pour augmenter la productivité du patrimoine, et la baisse des taux se traduira par une hausse des totaux pour le fisc https://www.contrepoints.org/2012/03/02/71422-impot-les-hauts-taux-tuent-les-totaux
      Et si la leçon portait, les dépenses de la CNAV baisseraient même tant et si bien qu’on pourrait poursuivre par une baisse significative des cotisations.

  • « Le système actuel repose sur un malentendu largement répandu dans l’imaginaire collectif. La plupart des Français pensent qu’ils cotisent pour eux-mêmes, ce qui est totalement faux ».
    Non, ce sont les français honnêtes qui ont raison. En versant mes cotisations, j’achète des trimestres ; je cotise donc pour moi-même. De mon point de vue de cotisant, je suis déjà dans une logique de capitalisation.
    Le problème est ailleurs :
    1/ La notion d’achat de trimestres est opaque ; elle ouvre la porte à tous les arbitraires.
    => Son remplacement par l’achat de points serait déjà plus lisible.
    2/ Mais le gestionnaire est malhonnête : il détourne les cotisations de leur objet :
    L’État gère en fait les cotisations comme s’il s’agissait d’un impôt spécial sur les travailleurs, une entrée d’argent dont il pourrait disposer à sa guise : pour le financement des syndicats, pour la redistribution des revenus,…
    => Si on veut instaurer une redistribution des revenus, pourquoi pas. Mais il faut alors la financer par un impôt qui dit clairement son nom, un impôt sur le revenu dont l’assiette doit être étendue à TOUS les revenus et pas seulement aux revenus des salariés.
    3/ Puisqu’il considère les cotisations comme un impôt, l’État se dispense de faire les réserves qui seraient nécessaires pour donner à chacun la juste contrepartie de ce qu’il a cotisé. Il dépense tout tout de suite, sans se préoccuper du lendemain. C’est une mauvaise gestion. C’est une gestion malhonnête, sous la pression politique de personnes qui veulent recevoir beaucoup plus que ce qu’ils ont eux-mêmes donnés.

  • Merci pour cet article. Ce point de vue est presque absent du débat public et c’est très dommage.
    La retraite par capitalisation est un système plus vertueux et plus juste :
    – les ouvriers qui ont une espérance de vie plus faible que les cadres et cotisent plus longtemps se font tondre actuellement : 1 euro cotisé par un cadre/prof. int. lui rapporte plus à la retraite qu’à un ouvrier. Avec la capitalisation, si le capital peut être récupéré/hérité, tout le monde est rétribué à proportion de ce qu’il a cotisé.
    – l’argent capitalisé peut être géré par des caisses publiques (cf. pharmaciens) qui investissent dans l’économie nationale : mieux vaut que les entreprises françaises appartiennent aux français qu’à des fonds américains ou chinois qui peuvent être prédateurs.

  • Si l’état était une entreprise, elle aurait pris les mesures pour garantir le bien être de ses employés. Les milliards de primes données aux entreprises non rentables (et qui devraient donc disparaitre) mais amies avec le pouvoir, l’agriculture intensive subventionnée, les impôts non payés, les cadeaux fiscaux, et j’en passe.

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L’INSEE vient de publier un bilan démographique pour l’année 2023 qui met en évidence un affaissement de la natalité française. Selon des sources concordantes, celle-ci n’est plus guère soutenue que par la fécondité des femmes immigrées. Ce qui laisse entrevoir à terme une diminution de l’effectif global de la population, et une nouvelle configuration de sa composition ethnique et culturelle.

Faut-il s’en inquiéter ? Pour la plupart de nos concitoyens, cette question n’a pas de conséquence directe et immédiate, encore moins pour les re... Poursuivre la lecture

L’agression russe contre l’Ukraine a déjà des conséquences démographiques dramatiques. La stratégie militaire archaïque de l’armée russe consiste à envoyer au front une masse de soldats mal formés et mal équipés. La jeunesse russe est décimée. Mais les jeunes les mieux formés, pouvant travailler à l’étranger, ont quitté le pays pour ne pas être mobilisés. Pour les Russes, il en résulte une vision sombre de l’avenir, peu propice à un sursaut nataliste.

 

Le déclin démographique russe ne date pas d'hier

Le graphique suivant f... Poursuivre la lecture

Sommes-nous heureux ? Qu’allons-nous devenir ? Pourquoi j’existe ?

Des questions bien trop nébuleuses pour le penseur de l’économie, des questions qu’il préférera résumer en une seule : quel PIB par habitant ? Un indicateur critiquable, mais quantifiable.

Le PIB par habitant reste l’indicateur le plus utilisé pour évaluer nos progrès, notre rang, notre niveau de vie. Or, c’est justement sa mesure qui inquiète aujourd’hui. Le PIB par habitant croît toujours, mais de moins en moins vite, et l’horizon pourrait s’assombrir davantage... Poursuivre la lecture

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