Démographie : tout est joué ou presque

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Démographie : tout est joué ou presque

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 31 mars 2025
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Les humains seront moins nombreux et vivront plus longtemps. Les politiques natalistes des États n’ont aucun effet sur cette évolution inéluctable.

Deux constats démographiques s’imposent à tous : le vieillissement de la population mondiale et sa stabilisation ou sa diminution à terme plus ou moins rapproché. Le vieillissement de la population mondiale est inéluctable puisque nous vivons plus vieux que par le passé. D’après les données des Nations Unies, l’espérance de vie mondiale à la naissance pour les deux sexes est passée de 46,5 ans en 1950 à 71,7 ans en 2022. D’autre part, la fécondité diminuant la population augmente déjà moins vite. Selon la Banque mondiale, le taux de fertilité mondial (nombre moyen de naissances par femme) était de 4,7 en 1960 et de 2,3 en 2022.

Donc, moins d’enfants et des êtres humains plus âgés. Les démographes ne sont pas tous d’accord sur la chronologie. La population mondiale commencera-t-elle à diminuer dans la seconde moitié du 21e siècle ou plus tard ? Les réponses varient. Mais un quasi-consensus existe sur les deux constats : vieillissement et diminution.

Un vieillissement et une stabilisation inéluctables

La population mondiale est passée de 1 milliard à 8 milliards d’êtres humains de 1800 à 2023. Le chiffre le plus cité pour la fin du 21e siècle se situe autour de 10 milliards. Le décuplement en trois siècles à partir du chiffre déjà élevé d’un milliard d’humains est un phénomène absolument nouveau dans l’histoire de l’humanité, mais transitoire. Il est impossible qu’il se poursuive.

Le tableau suivant, purement illustratif, montre que le doublement de la population s’est produit de plus en plus rapidement. Une telle croissance exponentielle est désormais intenable.

Il est évident que cette évolution ne peut se poursuivre. Si le doublement en 50 ans persistait, il y aurait 16 milliards d’humains en 2075, à 32 milliards en 2125 et à 64 milliards en 2175. Il n’y aura jamais 64 milliards d’humains sur la planète Terre et très vraisemblablement jamais 16 milliards.

La stabilisation approximative du nombre d’humains est donc une certitude à plus ou moins long terme. Sa diminution est probable eu égard à la baisse de la fécondité qui est désormais maîtrisée par la contraception. Le vieillissement de la population est aussi une certitude puisque nous vivons plus longtemps.

La compétition entre États-nations pour le rajeunissement temporaire

Pourtant, les États-nations, chacun de leur côté, perpétuent les politiques natalistes. On comprend facilement pourquoi. Une population vieillissante est moins dynamique, beaucoup moins créative et elle pose des problèmes économiques et sociaux spécifiques : taux d’emploi plus faible, charges sociales plus élevées de retraites à verser, état de santé moins bon de la population et dépenses de santé beaucoup plus importantes. Les gouvernants cherchent donc à endiguer le vieillissement de la population de leur pays en favorisant l’immigration en provenance de pays plus pauvres à population plus jeune (l’Afrique principalement pour l’Union Européenne).

Mais cette compétition entre États pour le rajeunissement ne produit pas de résultats durables. Le démographe Alain Parant explique dans un article du Figaro que les politiques natalistes n’ont que des effets temporaires. Le taux de fécondité retombe plus ou moins rapidement au-dessous du seuil de renouvellement de la population (2,1 enfants par femme). Les politiques familiales (garde des enfants, avantages financiers à partir de 3 enfants, etc.) n’ont enrayé durablement la diminution du nombre d’enfants ni en Suède, ni en Allemagne, ni en France. Les familles de plus de deux enfants se font de plus en plus rares dans les pays riches.

Deux phénomènes majeurs et irréversibles

Les gouvernants n’ont en effet aucune prise sur les deux causes majeures de l’évolution démographique en cours.

  1. Les progrès considérables de l’hygiène et de la médecine et l’amélioration de la qualité de l’alimentation dans les pays riches expliquent l’allongement de la durée de vie. Le retour en arrière est impossible, sauf cataclysme planétaire.
  2. Le nouveau statut des femmes en Occident est à la base de la chute de la natalité. Jusqu’au 19e siècle, les femmes étaient assignées à la maternité. Entre 15 et 45 ans, les grossesses, l’allaitement et la charge des jeunes enfants occupaient tout leur temps. Au grand nombre de naissances ne succédait pas un grand nombre d’individus adultes car la mortalité infantile (avant l’âge de 1 an) était considérable et la mortalité des enfants également. Certains démographes ont parlé de l’équilibre de l’esturgeon, poisson qui pond un nombre considérable d’œufs, très peu d’entre eux devenant des poissons adultes. La contraception et les évolutions juridiques vers l’égalité hommes-femmes ont radicalement changé le statut social des femmes. Leur participation à toutes les activités, au même titre que les hommes, n’est pas compatible avec un grand nombre d’enfants. Les pays les plus pauvres (Afrique en particulier), qui n’ont pas connu ces évolutions, conservent donc un taux de fécondité plus élevé, mais malgré tout en diminution.

Plus vieux et moins nombreux

Tout est donc joué ou à peu près pour la fin du 21e siècle et le suivant. Les progrès de la médecine se poursuivront et les femmes ne renonceront pas à leur liberté. La population mondiale vieillira et ne pourra pas continuer à croître. Seuls une guerre mondiale, un cataclysme climatique ou une régression politique majeure vers la tyrannie pourraient enrayer le processus.

Les paroles malheureuses des gouvernants, peut-être inspirées par des communicants médiocres, n’ont évidemment aucun effet sur des évolutions aussi fondamentales. Le « réarmement démographique », évoqué par Emmanuel Macron, relève de l’incantation. Pour les États-nations, il s’agit seulement de vieillir un peu moins vite que le voisin sur le court terme. L’horizon des politiciens ne dépasse pas quelques années, tout au plus une décennie. Nous ne pouvons pas leur en vouloir car l’avenir à long terme est indéterminable. Cependant, dans le domaine démographique, l’avenir est connu : les humains seront plus vieux et moins nombreux.

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  • L’avenir proche est connu , comme vous le décrivez . Mais l’histoire des hommes est faite de ruptures : cataclysmes comme vous le dites et bonds technologiques . Alors sur le long terme , nous ne savons pas et c’est mieux comme cela . Notre petit minuscule bout d’histoire c’est : les conséquences de la 2e guerre avec ses cataclysmes et ses bonds technologiques : l’atome par ex . Nous avons surfé la dessus et terminons d’épuiser ses fruits : la paix relative (la guerre est toujours quelque part) , nous cherchons en vain la prochaine rupture ( peut être un fruit de l IA ? ) . La prochaine guerre et rupture techno ouvrira une nouvelle page et la démographie suivra . En tous les cas annoncer un monde de vieux me paraît totalement auto centré, surtout avec un grand sud très jeune qui pousse à nos portes (et aux portes de tous les mondes de vieux … Us , Asie …)

    • En Afrique la natalité baisse également, plus ou moins suivant le niveau de vie des habitants. C’est inéluctable. Seule leur incapacité à développer leurs pays les maintient dans la pauvreté et avec pour conséquence une natalité élevée! Le pic devrait donc atteindre 9 milliards pour redescendre ensuite!

  • Le billet parle de l’humanité. La grande variété de pays et populations permet de faire des prédictions moyennes. Lorsque l’empire romain s’effondrait les germains, puis les vikings ont eu une forte croissance démographique.
    L’Insee a publié les nb d’enfants par femme selon les départements. Certains sont encore en expansion et d’autres comme les coréens. Il aurait pu le faire selon les religions et les milieux sociaux. En Palestine, les colons israéliens font des efforts pour égaler et dépasser la natalité des palestiniens.
    Pour une communauté donnée, la trajectoire n’est pas écrite et on peut imaginer que certaines vont s’atteler à résoudre les raisons qui empêchent les femmes qui ont un désir d’enfants (3) de les porter et de les élever.
    L’Europe se dépeuple… belle opportunité pour les communautés qui s’y répandront.

  • pastor_of_muppets
    1 avril 2025 at 12 h 10 min

    Si les gens font moins d’enfants c’est peut-être aussi parce qu’ils n’arrivent pas à se projeter dans l’avenir avec un enfant, en termes de pouvoir d’achat ou d’accès au logement. Plutôt que souhaiter vainement un réarmement démographique, Macron devrait plutôt s’attaquer aux causes de ce qui l’entrave.

  • L’avenir décrit dans l’article est le plus probable même si la démo pèche par endroits, notamment ici :
    “Il est évident que cette évolution ne peut se poursuivre. Si le doublement en 50 ans persistait, il y aurait 16 milliards d’humains en 2075, à 32 milliards en 2125 et à 64 milliards en 2175.”

    Un élément essentiel a été oublié. Si nous avons pu croître aussi vite, c’est en raison d’une nourriture abondante, une constante dans les espèces. Pour nous, merci le progrès ! Agriculture intensive ces dernières décennies. Comme dans les temps anciens, 10000 ans en arrière, l’invention de l’agriculture et le passage de notre état nomade de chasseurs-cueilleurs à un état sédentaire, propice à l’accroissement.

    La taille de notre population ne dépend pas, c’est vrai, de notre volonté, les politiques natalistes ou décroissantistes n’y feront rien ou si peu.

    Dans un environnement stationnaire, alimentaire, mais aussi énergétique, la population devrait demeurer stable.
    Mais personne ne peut prévoir l’avenir énergétique ou alimentaire. Y a qu’à voir la belle plantade de Malthus, la première d’une longue suite de plantades.

  • Les démographes cherchent les raisons de la chute de la natalité dans de très nombreuses sociétés ces dernières années, vu qu’elle a lieu dans des sociétés très différentes il est très difficile de trouver des corrélations politiques, économiques, sociétales, religieuses, etc, ce que j’ai trouvé le plus convaincant c’est la baisse de conjugalité (nuptialité quand le mariage était encore la norme).
    Moins de couples, moins d’enfants dans des pays bien différents.

    • L élévation du niveau de vie à permis l émancipation des femmes ( études, travail, revenus…..donc moins d enfants subis et seulement qq uns désirés)
      Ce qui est valable pour toutes les sociétés

  • Il est excellent que la réalité démographique soit de mieux en mieux connue, et que l’on parle moins de la surpopulation (voir mon article plus bas). Mais il manque encore un cran au raisonnement : un monde plus vieux aura du mal à se nourrir : qui y aura-t-il dans les champs pour produire de nourriture, qui y aura-t-il sur les routes pour la distribuer, un petit nombre d’infirmières suffira-t-il pour prendre soin de nous (une grande partie des vieux n’ayant plus l’enfant) ???
    Certes nous nous adapterons dans la douleur en travaillant sans arrêt pour sauver notre peau (adieu les beaux rêves de retraite… le départ à 60 ou 62 ans paraîtra très vite une revendication ridicule).

    Certains disent que tel ou tel système financier donnera de l’argent. Peut-être, mais que ferons-nous avec l’argent si les producteurs de nourriture et de soins sont vieux et en nombre insuffisant ?

    Il est exact que les politiques natalistes ne donnent rien. Reste à espérer que la prise de conscience changera les comportements… Donc bravo pour cet article, et continuons à alerter les citoyens

    • Le départ à 60 ou 62 ans est déjà une hérésie. Les progrès de la médecine permettent heureusement de vivre bien plus longtemps en bonne santé et donc de travailler plus longtemps également, ce qui me semble du bon sens. Quant à la natalité, je ne connais pas aujourd’hui beaucoup de femmes prêtes à mettre au monde dix enfants quitte à en perdre deux ou trois, d’ailleurs, comme jadis, et passer une grande partie de leur existence à laver des couches en coton, l’écologie interdisant bientôt les couches jetables. Il y aura peut-être moins d’humains mais si cela leur permet de vivre longtemps bien et en bonne harmonie, je trouve que c’est plutôt un progrès.

  • Si les politiques natalistes ne sont pas efficaces, c’est qu’elles ne sont pas du tout à la hauteur du problème. Elever un enfant coute des centaines de milliers d’euros. Bien plus qu’autrefois. Et il ne rapporte rien, car les pensions de retraites sont indépendantes du nombre d’enfants.
    Il est donc bien plus intéréssant financièrement de ne pas en faire. Il y a les aides, la fameuse politique nataliste. Mais leurs montants sont tout à fait ridicules, quelques centaines € par mois, et ne peuvent attirer l’intérêt que des personnes avec le moins de potentiel économique de travail, et qui minimiseront les couts d’éducation.
    Au vu des montants nécéssaires, il n’y a qu’une possibilité: rattacher la pension retraite avec le fait d’avoir des enfants. Avec une formule simple pour commencer: pas d’enfants, pas de retraite (par répartition). C’est politiquement impossible.
    Actuellement, les seuls qui font des enfants sont les plus pauvres et les religieux (catégories qui se recoupent largement). Et ainsi la messe est dite, ce sera une fatwa. Seuls les musulmans se reproduisent raisonnablement (entre 2 et 3 enfants/femme au moins).
    “les femmes ne renonceront pas à leur liberté”: C’est là que je crains les choses. Il va y avoir un puissant renouveau religieux, et un courant s’opposant frontalement aux droit des femmes. Alors que les femmes qui défendent leurs droits, n’auront que peu ou pas d’enfants. C’est ainsi que les femmes renonceront à leur liberté: celles qui y ont déjà renoncé auront des filles à qui elles apprendront qu’elles ne sont pas libres. Les autres n’en auront pas.
    Je reste persuadé que nous vivons l’équivalent de la chute de l’empire romain. Baisse des naissances, économie stagnante, inflation, migrations. Combiné avec une baisse de l’intelligence et une peur de l’avenir. Et il y a une chose très claire: dans l’histoire, une fois qu’une civilisation a amorcé le déclin, il n’est jamais arrivé qu’elle se reprenne.
    Mais ne vous inquiétez pas. Le début du 4ième siècle était encore relativement prospère. Il a fallu attendre le 5ième siècle pour la guerre civile, les invasions, l’écroulement. Nous pouvons vivre nos petites vies dans ce déclin.

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