Depuis un certain nombre d’années se développe le phénomène de fact-checking (vérification de faits) au sein des médias et des réseaux sociaux.
Le principe part d’un bon sentiment : avec la prolifération des informations, il faut démêler le vrai du faux. Toutefois, on assiste à une dérive au niveau des fact-checkers qui tendent de plus en plus à rejeter toute hypothèse qui n’irait pas dans le sens idéologique dominant en l’accusant de complotisme. Le problème est que certaines théories deviennent soit probables soit avérées, affaiblissant de fait le fact-checking et renforçant le vrai complotisme.
Le cas du covid échappé du labo : de théorie du complot à hypothèse très possible
Le cas de l’origine du Covid-19 est un bon exemple d’une dérive des fact-checker. En 2020, déclarer que l’origine de la pandémie est une fuite du laboratoire de Wuhan était qualifié de complotiste par la presse. Le fait que Donald Trump, alors président des États-Unis, ait relayé cette théorie a contribué à l’hostilité médiatique. Le problème est que cette réaction pavlovienne s’est cassé les dents face à l’évolution de la situation et des discours. On se retrouve désormais en février 2023 avec le FBI qui considère que l’hypothèse d’une fuite de laboratoire est désormais très probable.
Certes, pour l’instant, rien n’est encore sûr et certain sur l’origine du virus mais les discours ont changé et nous sommes passés d’un débat interdit à un débat possible et encouragé.
Une dangereuse généralisation du complotisme
L’erreur d’un fact-checker est en soi plus grave qu’une simple erreur. Considérer comme complotiste une information qui ne l’est pas tant que ça, en se positionnant comme le rempart contre la désinformation, détruit la confiance. Pire, la remise en question d’un narratif assimilé à de vraies théories farfelues (l’hypothèse de la fuite du labo placée côte à côte avec les complots liés à la 5G) fait progresser les secondes dans l’espace médiatique.
De plus, en pointant que les théories relatives à l’origine du covid sont propagées par des personnalités d’extrême droite, les fact-checkers leur font de la publicité involontaire. Et en considérant ces théories d’extrême droite, ils créent un tabou social, offrant à l’extrême droite l’exclusivité de cette théorie. Évidemment, quand celle-ci devient vraie ou possible, les gains politiques se font en faveur de cette dernière.
L’exemple des viols à Cologne lors du Nouvel An 2016 illustre la façon dont les médias popularisent l’extrême droite en voulant lutter contre elle.
Comme le précise le New York Times le 5 janvier 2016 : « Les agressions n’ont pas été mises en évidence par la police et ont été largement ignorées par les médias allemands durant les jours qui ont suivi. » Ce silence médiatique qui se voulait justifié pour éviter de donner du grain à moudre aux anti-immigrants a renforcé ces derniers.
Le complot existe en politique et en géopolitique
Rejeter l’idée de complot dans la vie politique est en soi un problème, car l’Histoire montre l’inverse. Les relations internationales et la géopolitique sont riches d’épisodes de manipulations et de stratégies peu éthiques. Une information présentée comme la narration de faits réels peut se révèler complètement fausse.
L’une des plus célèbres est le massacre de Katyn pendant la Seconde Guerre mondiale. Plus de 22 000 membres de l’intelligentsia polonaise ont été tués. Pendant toute la guerre froide, les Soviétiques ont imputé ce massacre aux nazis. À la chute de l’URSS, il a été révélé qu’il avait été commis par les Soviétiques sur ordre de Staline.
Les Soviétiques ne sont pas les seuls à pratiquer la désinformation officielle. En 1989 l’affaire des charniers de Timișoara a provoqué un emballement médiatique occidental sur l’existence d’un charnier de plus de 4000 morts à Timișoara en Roumanie suite à la répression du dirigeant communiste Ceaușescu. Les images de ces charniers ont tourné devant les caméras occidentales. Problème : la large majorité des corps exposés n’avait rien à voir avec la répression et avait été extraite des cimetières. Si les médias se sont excusés par la suite, cette affaire reste un traumatisme pour le milieu médiatique.
Dans les deux cas, ces mensonges servaient de propagande pour manipuler la masse. Qu’il s’agisse d’un État comme l’URSS ou d’un groupe tel celui qui voulait renverser le régime communiste roumain, la désinformation n’a pas attendu la montée des extrêmes. Elle est de fait une composante de l’action politique.
Par conséquent, il ne faut pas être naïf et tomber dans une totale paranoïa. Recouper les sources plutôt que suivre une référence ultime est l’un des meilleurs moyens de lutter contre la désinformation.
Merci pour ces rappels !
Recouper les sources d’information n’est pas aussi évident que ça, car en 2023, vous avez des sites/sources d’informations dites « complotistes » ou « d’extrême droite », donc considérées comme non fiables et quaduc dans une conversation/argumentation.
Les vérités qui déplaisent ne peuvent germer que parmi les « fake news ». C’est vraiment là qu’il faut les chercher sans prendre ses désirs pour la réalité.
Ne jamais oublier le rasoir à deux lames Ockham-Hanlon !
bah..
j’ai du lire UNE fois un checkage de fait..et ce qu’lle dit est factuellement vrai..MAIS incomplet par contre ce qu’lle veut dire est vilain..
avoir introduit une rubrique de fact checking ( c’étatipas la bas??? de verifier les faits?) en dit long sur le reste du journalisme..
Et il faut TOUT fact checker ou rien…si on prétend à la vérité…et non juste contribuer au débat
tant que je ne lirais pas tous les jours « les écologistes disent des chose inexacte ou fausses ou confondent opinion et vérité… » le fact checking me fera rire..
l’acceptation de la dialectique du vocabulaire ambigu est au moins aussi important que le fact checking.. qui était supposé être une règle du journaliste…
des députés peuvent traiter des patrons de voleurs ou de traitres … sans trop de »fact checking » alors que ça relève de la diffamation… .
C’est vrai. Le but du « fact checking » c’est de pouvoir faire un titre en disant « faux » ! pour les opinions non conformes à la doxa du moment. Le truc c’est que dans 90% des cas si on lit l’article en lui même le vrai message devrait être « c’est vrai, mais dans ce contexte ça peut être méchant donc on va dire que c’est faux » ou « c’est vrai avec la définition usuelle des mots donnée par le Larousse de 1960, mais pas avec la nouvelle définition que je préfère donner aux mots » Ou encore « c’est vrai à 97% mais un détail est contestable, et comme le gars qui a dit ça est dans le camp du mal, on va dire que les 3% de faux sont dominants et donc c’est faux ! ».
Mais les gens ne lisent en général que les titres et donc ça marche… un peu. Tant que le « vrai » ou le « faux » en question n’ont pas été expérimentés par les lecteurs en question dans leur vie.
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