Par Bruno Pineau-Valencienne.
L’immobilisme français, la politisation du débat et du système éducatif, sans oublier le manque de culture économique de nos compatriotes, expliquent les résistances aux changements qui continuent de faire des ravages et constituent un sérieux handicap dans la nécessaire transformation de notre modèle social.
Tout d’abord nous vivons une époque de très grande mutation comparable à celle de la Renaissance au cours de laquelle tout fût remis en cause.
Mais aujourd’hui nos compatriotes appréhendent l’issue de cette troisième révolution industrielle qui fait référence à l’Internet des choses selon la formule de Jeremy Rifkin, dont ils ne saisissent pas tous les ressorts et qu’ils considèrent le plus souvent comme un saut dans l’inconnu voire une menace directe de leurs propres intérêts.
Pourtant il existe en France une connaissance répartie, une culture de la recherche et du développement qui laissent supposer que si nos compatriotes voulaient bien se mobiliser sur l’avenir plutôt que de répéter le modèle du passé nous serions probablement les plus grands bénéficiaires de la planète !
Les acteurs économiques doivent se transformer
Accepter le progrès ne semble pas si naturel au pays du principe de précaution… Pour reprendre les mots de Werner Sombart, Marx et Schumpeter, les changements structurels qui conduisent à une destruction créatrice évoluent à une vitesse phénoménale.
Les principaux acteurs économiques et politiques feraient mieux de réformer leur modèle d’affaire pour les uns et de revoir leur doctrine pour les autres au lieu de combattre dans une guerre perdue d’avance en tentant désespérément de sauver les industries d’antan par ignorance ou démagogie.
Peu importe de trébucher à un moment donné pourvu que vous appreniez de vos erreurs. En France, malheureusement, lorsque vous vous trompez vous êtes marqués au fer rouge, notre culture n’étant guère favorable à l’exploitation de l’échec.
Dans un autre registre, l’Éducation nationale qui fut pendant longtemps la courroie de transmission du parti communiste n’a eu de cesse depuis 1945, sous la houlette de la puissante FEN, de formater les esprits en pratiquant, sur fond de revenez-y de lutte des classes et de revanche sociale, la lobotomisation des esprits sur plusieurs générations depuis l’école maternelle jusqu’à l’université.
En effet, certains agitateurs politiques se sont crus autorisés à se mettre au service d’une seule idéologie marxiste, en l’occurrence, commettant un abus de pouvoir tout en jetant l’opprobre sur une profession tout entière.
Naturellement, il ne s’agit pas là de faire le procès du corps professoral dans son ensemble ou celui des maîtres et des enseignants de l’école de la République qui pour la plupart exercent un métier difficile dans une démarche quasi sacrificielle en tentant d’éduquer une jeunesse française jusque dans des zones de non-droit et au péril de leur vie.
Les effets de la propagande éducative
Raison de plus pour dénoncer avec force ceux qui se sont livrés à un véritable dévoiement de l’enseignement par le biais d’une propagande subversive et sournoise en diffusant à très grande échelle des idées nauséabondes dont nous mesurons aujourd’hui l’effet domino à tous les échelons de la société et dans les prises de décision quels que soient le rôle ou le statut social des principaux protagonistes : éducateurs, enseignants, juges d’instruction, magistrats, personnel hospitalier, hauts fonctionnaires, dirigeants politiques, recteurs d’université, tout comme les salariés du privé sans oublier les syndicats les plus zélés de cette cohorte se retrouvent à leur insu sous hypnose récitant scrupuleusement le catéchisme officiel anticapitaliste contre la mondialisation, le CAC 40, les patrons petits et grands, la finance, les (ultras) libéraux, ces nouvelles sorcières de Salem.
Cette immixtion des falsificateurs de l’histoire dans la conscience collective hypothèque lourdement l’avenir des générations futures.
Dans cet exercice cathartique, il nous faut également repenser le syndicalisme français en s’attaquant directement à son monopole.
Pour y parvenir il conviendrait de supprimer l’article L.1 du Code du travail qui pose le principe d’une concertation préalable avec les partenaires sociaux avant toute réforme sociale ou bien encore en limitant les mandats syndicaux à deux ou trois comme l’avait proposé Bruno Le Maire lors de la campagne des primaires de 2016.
En effet, les partenaires sociaux doivent contribuer aux succès de l’entreprise pour le bénéfice des salariés dans un esprit de concertation et non pas jouer la carte de l’intimidation, de l’affrontement voire de la violence en devenant des partis politiques de substitution.
Le camp des résignés
Face à l’intransigeance des syndicats, les Français ont progressivement rallié le camp des résignés, victimes du syndrome de Stockholm allant même jusqu’à embrasser la cause de leurs bourreaux qui les obligent à devoir éventuellement passer des fêtes de Noël seuls faute de moyen de transport, à se lever dès potron-minet pour se rendre au travail avec les moyens du bord ou bien même à échafauder des plans B, C et D pour assurer dans l’urgence la garde de leurs enfants eux-mêmes pris en otage dans ce système pernicieux.
Le manque de culture économique et financière explique aussi l’énorme défi que rencontrent nos dirigeants politiques pour faire passer des réformes difficiles alors que dans le même temps une certaine presse mal intentionnée ne se cache même plus pour pratiquer l’amalgame en faisant des raccourcis laborieux à partir de faits divers et en tirer des généralités, créant un climat anxiogène au sein d’une population déjà atteinte par une sinistrose ambiante.
À vrai dire, les électeurs ne maîtrisent pas forcément tous les concepts macro-économiques pour pouvoir prendre pleinement conscience des véritables enjeux qui les concernent directement et qui engagent leur avenir.
La pédagogie de la réforme doit être accompagnée en amont par une démarche proactive à travers un programme d’éducation adapté et recentrée sur les sujets d’actualité et ce dès le plus jeune âge afin de surmonter cette aversion culturelle qui n’a vraiment aucune raison d’être.
Certes nous devons aussi nous prémunir contre les excès inverse ou certaines business schools américaines sont devenus au fil des ans des Financial Schools délaissant leur mission originelle qui était de former des bâtisseurs industriels pour devenir aujourd’hui des pourvoyeuses de jeunes diplômés attirés par le profit à court terme et débarquant en masse à Wall Street.
Un rapport à l’argent compliqué
Pour conclure sur ce chapitre, rappelons que le rapport avec l’argent a toujours été compliqué dans un pays à forte tradition catholique où le clergé ne s’est jamais privé de stigmatiser les riches sauf durant la période du denier du culte…
Cette méfiance se retrouve également dans le comportement des épargnants puisque la France qui comptait environ 7,4 millions d’actionnaires individuels en 2000 a vu le nombre de ses boursicoteurs fondre de moitié en 2019. Les Français rechignent à prendre des risques préférant la pierre comme valeur refuge ou les assurances-vie contrairement aux Anglo-saxons qui naissent avec un compte titre.
Difficile dans ces conditions pour le gouvernement Philippe d’envisager un système de retraite mixte par répartition et par capitalisation n’ayant in fine pas d’autres choix que de mener une réforme a minima comme certains libéraux, à juste titre, semblent le lui reprocher.
Les réformes de structure ne sont efficaces que si elles sont accompagnées d’une véritable révolution des mentalités de nos concitoyens, lesquels doivent désormais privilégier l’intérêt général au lieu de s’arc-bouter sur leurs petits privilèges ou leurs acquis sociaux, anachroniques à l’ère de la mondialisation.
Ailleurs, des pays comme la Suède ou le Canada ont entrepris avec succès la modernisation de leurs économies en ayant su convaincre leur propre électorat quelque peu dubitatif. Preuve en est que, parfois, sous certaines conditions, les peuples acceptent qu’on leur dise des vérités désagréables…
Article publié initialement le 19 décembre 2019
Une « révolution » au nom de « l’intérêt général » ? Au lieu de reprendre les mots des socialistes, les libéraux seraient mieux inspirés d’étudier leurs méthodes, dont l’efficacité a été amplement démontrée.
D’évidence l’auteur ne s’exprime pas en novlangue et pour lui « intérêt général » ne signifie pas spoliation généralisée.
J’espère que les libéraux ont encore le droit de parler français sans se faire canarder.
Je n’en doute pas un instant. Alors pourquoi a-t-on inventé ce mot de « libertarien », par ailleurs très moche ? On n’écrit pas pour soi mais pour être compris. Pour tous les libéraux francophones, « intérêt général » signifie « spoliation généralisée ». Pour tous les autres, ça signifie quelque chose comme « il faut sacrifier les riches pour donner aux pauvres », ou un truc dans le genre. Sans compter que personne ne sait trop comment définir l’intérêt général. Non, je pense sincèrement que ces termes doivent être abandonnés.
C’est encore pire que ce que décrit l’auteur, mais nous citer en exemple le Canada, et, surtout, la Suède ? Je préfère encore le foutoir français, car il ne nous enlève pas tout espoir.
Autre blocage habituel concernant par exemple le système des retraites en capi vs la répartition:
« il faut avoir les moyens pour capitaliser, combien de ménages peuvent-ils se le permettre ? »
Il y a derrière cette remarque, une objection habituelle vs le libéralisme – largement exploitée évidemment par les socialistes – qui serait un système réservé aux « riches » et inaccessible aux « pauvres » !
Cette remarque spontanée et fausse , est en réalité le résultat d’un formatage mental, considérant que l’asservissement à l’Etat, ses structures, ses organisations (par exemple les assurances santé ou retraites), ET DONC LES SOMMES VERSEES à ce titre dans les impôts ou prélèvements des français, sont légitimes, définitives et bloquées, et qu’un système plus libre ne ferait qu’ajouter à leurs dépenses contraintes.
C’est naturellement une erreur car un système libre (de santé, de retraite voire d’éducation), permettrait en réalité de déporter les sommes versées par la contrainte, donc en diminution des impôts et prélèvements actuels, vers des systèmes libres et choisi par les individus.
Par exemple dans le cas d’un régime de retraite en capi, les prélèvements consacrés à la répartition devraient donc disparaitre (ou diminuer) et c’est le solde qui serait capitalisé, à dépenses constantes et progressivement inférieures … la liberté en plus.
Idem d’ailleurs pour l’enseignement où les français inscrivant leurs enfants dans le privé devraient bénéficier d’une baisse d’impôt correspondant à leur « non consommation » du service public, lequel serait ainsi en concurrence utile et permanente avec d’autres opérateurs du marché.
En réalité les régimes solidaires obligatoires financés par l’impôt ne devraient concerner que les indigents et accidentés de la vie selon des critères politiques révisables et assortis de règles et devoirs précis (pas de droits sans devoirs).
vous avez parfaitement raison, mais la raison principale du socialisme est bien de contrôler la population, de la conception à la mort : pour cela toutes les illusions sont bonnes.
Belle illusion que le socialisme tel qu’à pu le découvrir Montand par exemple en visitant ce bel Etat utopique,qu’était devenu la Russie, paradis terrestre ou le bonheur des hommes était sans fin….
….jusqu’au goulag car il n’y a pas de paradis sans enfer!
Facile d’être socialiste quand on a les poches pleines comme celles des artistes, des journalistes, de F. Hollande, de J. L. Mélenchon…
Certains libéraux fanatiques (au passage, admirez cet oxymoron dont je suis assez fier) vous rétorqueraient que c’est bien mal juger les Hommes que de penser qu’ils abandonneraient les plus malheureux d’entre eux à leur infortune. Les plus turbo-libéraux iraient même jusqu’à accuser l’Etat d’avoir créé cet égoïsme en soutirant tant d’argent aux citoyens-contribuables que ceux-ci s’accrochent comme des désespérés au peu qui leur reste.
Il y a aussi dans votre dernier paragraphe de quoi vous soupçonner d’être un énarque-shadok adepte des usines à gaz. Allons Gaston, ressaisissez vous !
Les mentalités ne se révolutionnent pas, elles évoluent. C’est bien aussi parce que ce gouvernement prétend tout révolutionner, tout en muselant ses opposants, qu’il a perdu la confiance d’une majorité de la population. Les casseroles diverses et (a)variées complètent le tableau.
Dans ce contexte, il est impossible de faire accepter une réforme complexe qui poursuit trois objectifs à la fois (système par points, équilibre financier, régimes spéciaux).
Il aurait fallu scinder ces trois objectifs et les prendre l’un après l’autre.
Le résultat prévisible, c’est qu’aucun ne sera vraiment atteint.
Comme je vous approuve ! Mais pour ça, il aurait fallu deux éléments qui font défaut :
– que les crânes d’œuf qui ont pondu cette réforme soient compétents, ce qui reste à démontrer;
– que les mêmes aient eu quelque expérience de management. Or le 1er d’entre eux est passé directement de la case « conseiller » à la case « patron ». Je serai plus sévère pour le second, qui a été maire d’une grande ville et qui devrait savoir qu’on ne violente pas impunément une société toute entière. ET que le problème soit urgent ne change rien à l’affaire car, comme vous le prédisez hélas fort justement, tout ça va merder. This will not end well, comme dirait notre maître à tous, le quasi-divin H16.
Et un troisième élément : que les crânes d’oeuf aient plus la volonté de construire un système qui tienne la route que de gérer leur propre carrière individuelle et de se faire bien voir des puissants.
Non Michel ! Pas ça ! Personne ne doit construire un système ! Seuls les socialistes inspirés par le programme du CNR (le totem absolu) veulent ça et au passage construire un homme nouveau. Nous autres libéraux devons au moins faire confiance au marché.
Ben si. Construire n’est pas administrer et diriger. Si on se contente de s’asseoir au bord de la rivière, on peut toujours attendre que le libre marché vienne y jeter un pont !
Et voilà qu’à l’occasion du refus par la HATVP que Muriel Pénicaud aille siéger au conseil d’administration du forum de Davos, on apprend que cette élitiste institution a pris position pour une réforme des systèmes de retraite dans le monde:
Plusieurs éléments ont alerté la HATVP et sont susceptibles de présenter un conflit d’intérêts pour Muriel Pénicaud : « La présence d’une ministre, fût-elle bénévole, au sein d’un organe où elle côtoie des PDG est une difficulté, ainsi que les prises de position du Forum en faveur d’une réforme des systèmes de retraites dans le monde » (Le Monde)
Les décisions qui nous concernent ne sont pas (toutes) prises à l’Elysée, nous sommes dirigés par une équipe de marionnettes du mondialisme.
Macron et Philippe ont d’ailleurs passé leur oral au Bilderberg bien avant l’élection de 2017.
Alors apparemment la suede n a pas avec succès entrepris sa modernisation : https://www.lindependant.fr/2023/01/22/reforme-des-retraites-en-suede-lhomme-qui-a-impose-le-depart-a-65-ans-demande-a-emmanuel-macron-de-ne-pas-reproduire-la-meme-erreur-10943565.php