Le LR deviendra-t-il le parti de l’ordre ou le parti libéral ?

La victoire d’Éric Ciotti ne manque pas d’interroger les libéraux. Où va-t-il mener le parti ?

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Eric Ciotti crédits UMP photos (CC BY-NC-ND 2.0)

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Le LR deviendra-t-il le parti de l’ordre ou le parti libéral ?

Publié le 14 décembre 2022
- A +

Les militants du parti ont fait le choix d’Éric Ciotti. Ce choix a-t-il une connotation libérale ? Au lendemain de la joute télévisée entre les trois candidats (le 21 novembre sur LCI) la rédaction du site www.nouvelle-lettre.com faisait un constat plutôt pessimiste :

« Il n’y a pas eu de quoi stimuler des électeurs libéraux […] les candidats sont loin de la position libérale (du moins dans la ligne de celle que nous diffusons).

Toutefois, deux positions semblaient positives pour des libéraux : d’une part Éric Ciottti avançait un programme de réduction massive des impôts, d’autre part Bruno Retailleau souhaitait que le parti se donne enfin une doctrine claire. Mais sur ces deux points il y avait antinomie : Bruno Retailleau préférait une baisse des dépenses plutôt qu’un allègement des prélèvements obligatoires et Éric Ciotti se réclamait de la famille gaulliste dont la doctrine est de ne pas en avoir (comme disait Michel Debré, à juste titre).

 

Moins d’État ou mieux d’État ?

La victoire d’Éric Ciotti (très discrètement commentée à cause des matches de foot au Qatar) ne manque pas d’interroger les libéraux et je me pose comme tant d’autres la question impertinente : où va-t-il mener le parti ?

Sa toute première déclaration a été pour se féliciter du retour à la famille gaulliste mais il a aussi laissé entendre qu’il faut réformer pour libérer. Son plaidoyer pour la flat tax et l’effet Laffer, jadis pièces maîtresses de la reaganomics, a de quoi séduire les libéraux.

Le gaullisme, c’est plus d’État, le libéralisme c’est moins d’État. Nous voici donc confrontés au paradoxe très français : peut-on libérer les Français en restaurant l’autorité de l’État français ?

Il est vrai que dans l’opinion publique les deux approches correspondent à un besoin profond : le déclin et le désordre règnent actuellement grâce au macronisme insaisissable et impuissant et le poids des impôts, des taxes et des règlementations devient intolérable.

Il est donc tentant de se demander si le parti LR sera celui de l’ordre (capable de reconstruire l’électorat de droite voire de l’extrême droite) ou celui de la liberté (capable de répondre à l’attente d’un électorat libéral aujourd’hui exclu du débat public). Vieille affaire : la droite française a-t-elle été un jour libérale comme elle l’est dans la plupart des pays libres ? J’enfonce donc une porte ouverte.

Mais je crois précisément que l’opposition entre ordre et liberté est mal comprise et je me fais un devoir de répondre à ceux qui s’interrogent sur sa nature. Je n’ai aucun mérite à relever le défi puisque tout revient à l’opposition qu’Hayek a marquée entre ordre créé et ordre spontané.

 

Ordre créé ou ordre spontané ? 

L’exception française bien repérée par Jean-Philippe Feldman est celle de l’ordre créé : c’est le pouvoir politique en place qui décrète ce que les gens doivent faire. Il n’y a aucune limite à cette ingérence de l’État, on va même jusqu’à considérer la Constitution comme une déclaration solennelle des droits individuels.

Le pamphlet de Bastiat La Loi dénonce l’erreur (de Rousseau) sur la « volonté du peuple » : le législateur élu peut tout régenter. C’est un excellent chemin vers la dictature et la servitude volontaire.

Par contraste l’ordre spontané est le fruit de la liberté et le garant de la liberté.

Fruit de la liberté parce que les institutions, règles du jeu social, évoluent naturellement à travers un processus d’essais et d’erreurs.

Garant de la liberté parce que les règles du jeu ont pour mérite d’anticiper le comportement prévisible des autres individus et rendent possible l’harmonie sociale née de la catallaxie, qui transforme des intérêts contraires en accords réciproques.

Il y a donc, comme Mises le soulignait, une praxéologie, un pari sur le comportement des êtres humains. Bien qu’Hayek n’ait pas voulu (pour diverses raisons) se référer au droit naturel, il y a bien quelque chose dans la nature de l’être humain qui le pousse à préférer la liberté, la responsabilité, la propriété et la dignité. Sans doute cette nature est-elle encouragée par l’éducation, par l’expérience, capables d’épanouir la personnalité. Voilà pourquoi le parti LR, sous la houlette d’Éric Ciotti, devrait donner priorité à l’école, à la famille, au contrat, là où existent actuellement tous les foyers de haine, de discorde, animés par les tenants de la lutte des classes, des races, des sexes.

Voilà l’ordre libéral. Puisse-t-il enfin devenir une vraie doctrine pour un vrai parti libéral.

 

Voir les commentaires (20)

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  • Ni le parti de l’ordre, ni le parti de la liberté, ce sera le parti de la déconfiture.

    Ciotti va lorgner sur les idées autoritaires de Marine, tout en promettant des baisses d’impôt. Bref il va faire du Zemmour. On a vu où menait ce genre de positionnement aux dernières élections…

    -4
  • C’est prêter beaucoup de talent et de courage à Ciotti que de penser qu’il va faire quelque chose de son parti.
    Il succède à Jacob car, comme lui, il ne représente aucun danger pour ceux qui lorgnent sur 2027.
    LR est un parti foutu et n’attendez pas qu’il défende nos libertés. Il a voté toutes les mesures Covid et Pécresse était même pour l’enfermement des non vaccinés.

    • Comme le mensonge vous sied bien !

      -2
      • Vous pouvez toujours m’accuser de mentir, ce serait encore mieux si vous démontiez mes mensonges.
        Ai-je menti en affirmant que LR n’a défendu aucune de nos libertés pendant la crise sanitaire ?
        Si le Sénat, majoritairement LR, avait eu un peu de courage, n’aurait-il pas refusé que les décisions fussent prises en Conseil de défense.
        Ai-je menti en affirmant que Ciotti est un personnage secondaire, n’ayant aucune épaisseur ?
        N’est-ce pas lui qui réclamait le retour du Service militaire alors qu’il s’est fait réformer ?
        J’ai longtemps voté LR, même pour Sarkozy en 2007, mais ce parti est devenu tellement peu fiable que je ne m’y reconnais plus.
        C’est un drame pour notre pays car il n’y a plus d’alternance possible.

  • Voici 40 ans qu’ils présentent un programme pseudo libéral et font du socialisme rampant, alors l’un ou l’autre ca ne changera rien et Wauquier en embuscade ne dérogera pas à la règle. Ce parti à trop trahi, il faut espérer que les français le renverront a sa place : aux oubliettes.

    • Les fautes des autres laissez-les là où elles sont !
      Les républicains aujourd’hui ne sont en rien responsables du passé ! Ils sont les seuls , il n’y en a pas d’autres à pouvoir redresser la France, car ils ont un personnel compétent et expérimenté qui a fait ses preuves sur le terrain. Ce qui n’est pas le cas des extrêmes. D’ailleurs posez-vous la question , comment ce fait-il que EM cherche à débaucher les élus LR ?

      -1
      • EM cherche à débaucher des élus LR uniquement pour gagner quelques barons locaux, comme Muselier ou Estrosi, ou encore pire, Raffarin qui défend les intérêts de la Chine.
        EM n’arrivera jamais à débaucher Bellamy, qui a beaucoup de courage, mais qui est bien seul.

  • Il n’y a pas de parti libéral en France. Pour être élu il faut promettre de distribuer de l’argent.
    Si d’aventure un libéral arrivait au pouvoir, il serait balayé à l’élection suivante et son successeur s’empresserait d’abolir les lois libérales : n’a-t-on pas vu Hollande détricoter les lois de Sarkozy (pourtant pas très libérales) dès son arrivée au pouvoir ?
    Les LR sont comme les autres. On l’a vu lors de la dernière élection présidentielle, pendant leurs 10 ans dans l’opposition, il n’ont pas bossés pour sortir et présenter un programme : donc leur seul but, c’est d’arriver au pouvoir pour y placer familles et petits copains ; pour le reste, laissons les gueux à leurs illusions !

    • On ne sait pas ce qui se passerait si par hasard un vrai parti libéral arrivait au pouvoir. Pour le moment, la réaction des électeurs a toujours été : tant qu’à avoir une politique plutôt socialiste, autant qu’elle soit menée par de vrais socialistes.

    • Ce n’est pas parce que vous n’avez pas lu le programme de V. Pécresse que Les Républicains n’avaient pas de programme, d’ailleurs celui-ci était de loin le meilleur pour redresser la France. Vous êtes également passé à côté du rapport d’étape des forums (187pages ) sur les travaux des Républicains. Ces forums ,ce sont + de 90 réunions et pas moins de 80 experts qui ce sont mobilisés autour du projets LR…Aucun autre candidat n’a proposé un projet aussi élaboré.

      -1
      • Vous résumez cela parfaitement : réunions, groupes de travail, et commissions pour décider quels groupes, réunions, commissions ou règlements envisager de supprimer. Alors qu’il faut envoyer paître écologistes, imposeurs, associations, taxes, prélèvements, et que ceux qui travaillent et entreprennent touchent les fruits de leurs efforts pendant que les autres ne soient maintenus la tête hors de l’eau qu’au plus juste.

  • Il n’y a pas de parti libéral en France. Pour être élu il faut promettre de distribuer de l’argent.
    Si d’aventure un libéral arrivait au pouvoir, il serait balayé à l’élection suivante et son successeur s’empresserait d’abolir les lois libérales : n’a-t-on pas vu Hollande détricoter les lois de Sarkozy (pourtant pas très libérales) dès son arrivée au pouvoir ?
    Les LR sont comme les autres. On l’a vu lors de la dernière élection présidentielle, pendant leurs 10 ans dans l’opposition, il n’ont pas bossés pour sortir et présenter un programme : donc leur seul but, c’est d’arriver au pouvoir pour y placer familles et petits copains ; pour le reste, laissons les gueux à leurs illusions !

  • «il y a bien quelque chose dans la nature de l’être humain qui le pousse à préférer la liberté, la responsabilité, la propriété et la dignité.»
    Ce quelque chose est réparti de façon inégale parmi les êtres humains. C’est suffisant pour fracturer l’édifice libéral. Certes on pourrait malgré tout avoir un parti plutôt libéral. Mais comme cela s’oppose à notre tradition politique de dirigisme dans un pays très centralisé, on aura au mieux une espèce d’hybride en contradiction permanente.

  • Par définition, on ne peut pas imposer le libéralisme.
    Ce qui manque c’est un vaccin contre la jalousie, maladie autoimmune héréditaire qui précipite la France dans le sous-développement.
    A inoculer dès l’école primaire.

  • Ne surtout pas changer une équipe qui gagne…

    -1
  • A part Alain Madelin, il y a-t-il jamais eu un homme ou une femme politique réellement libéral?

  • [Voilà pourquoi le parti LR, sous la houlette d’Éric Ciotti, devrait donner priorité à l’école, à la famille, au contrat, là où existent actuellement tous les foyers de haine, de discorde, animés par les tenants de la lutte des classes, des races, des sexes.]
    Ça tombe bien , cela était déjà en partie dans programme proposé par V. Pécresse ,encore eut-il fallut le lire ! Et cela est écrit noir sur blanc dans les 12 propositions que faisait E. Ciotti lors de sa campagne pour la présidence du parti, ainsi que son souhait que L. Wauquiez soit choisit comme candidat pour représenter la droite à l’élection Présidentielle.

    -1
    • Même si ça ne paraît que le blabla dépourvu de mesures précises d’application habituel, on se demande si VP, elle, l’avait lu…

  • En voilà un dilemme ! Le libéralisme ne construit pas de l’ordre mais ne peut s’en passer.

  • Ciotti peut bien mener le parti où il veut.
    L’avenir du libéralisme n’y figure pas.
    En vérité, je vous le dis : il est plus facile à un 🐫 de passer par le chas d’une aiguille qu’à un droitard d’entrer dans un temple libéral.

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