Économie : les murmures du Sénat méritent plus d’attention

L’économie française a besoin de renouer avec la liberté pour redevenir compétitive. Malheureusement, les réformes nécessaires ne peuvent se faire dans un système où le débat parlementaire a disparu.

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Économie : les murmures du Sénat méritent plus d’attention

Publié le 30 novembre 2022
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Depuis 2017, la France semble constamment agitée par des crises inédites.

De la jacquerie des Gilets jaunes à la pénurie énergétique en passant par la pandémie, la guerre aux frontières de l’UE ou l’urgence environnementale, le citoyen vit dans une atmosphère d’apocalypse permanente, certainement entretenue par intérêt politique.

La sensation est tellement étouffante qu’on en oublie les problèmes structurels majeurs du pays que ces conjonctures tendues ne cessent pourtant de mettre en évidence. Pointer ces problèmes, proposer des solutions de bon sens allant dans l’intérêt commun semble ne plus permettre d’exister sur la scène médiatique. Rares sont les élus de premiers plans à y risquer leur image. À l’exception, par exemple, du président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, qui a toujours affiché convictions dans un libéralisme économique ajusté aux mentalités du pays.

Cette mouvance mérite aujourd’hui d’être entendue.

En effet, au cœur du problème français, il devient urgent de se questionner sur la présence toujours croissante de l’État dans toutes les activités de la société, à travers une bureaucratie envahissante peu adaptée aux réalités du terrain et une fiscalité oppressive. Malgré un gouvernement dépeint de manière fantaisiste par l’extrême gauche et l’extrême droite comme étant « ultra-libéral », la France reste au-dessus de tous ses voisins européens, à l’exception du Danemark, en matière de prélèvements obligatoires (ce qui inclut les impôts, les taxes et les cotisations sociales), qui représentent selon Eurostat 47 % du PIB.

Ces lourdeurs entravent les axes de travail prioritaires pour rétablir les fondations économiques et sociales du pays. Le secteur de la santé est un exemple intéressant. La pandémie en a souligné la fragilité mais aussi l’ubuesque suradministration, qui grève ses coûts et son efficacité. En France, le taux d’administratifs est dix points plus élevé qu’en Allemagne où la qualité des soins est pourtant remarquable. Le constat interroge…

On peut aussi revenir sur les 35 heures qui, depuis 25 ans, plombent la productivité nationale, sans que l’on en comprenne la logique économique. Dans une démocratie libérale, la question du nombre d’heures travaillées par semaine ne devrait jamais être un sujet de politique nationale. Cette question, comme celle du départ à la retraite, ne concerne finalement que l’employeur et l’employé. La liberté devrait être donnée de négocier ces sujets selon les besoins et les envies de deux parties. Le référendum d’entreprise peut également être un outil pertinent pour donner un peu plus de liberté réglementaire. La liberté, voici ce qui manque dans ce pays !

Quand l’idéal de la liberté ne guide plus les esprits des élus et des dirigeants, les débats parlementaires se limitent et la démocratie étouffe. Ce constat est une réalité depuis des mois à l’Assemblée nationale, où le gouvernement, pressé par les deux blocs extrémistes, opte systématiquement pour le passage en force au milieu. Plus de discussions constructives, plus de recherche de consensus pour le bien des citoyens et du pays, plus de vote. Juste un programme, souvent discuté à Bruxelles, à appliquer. La bureaucratie, toujours…

Pourtant, il reste encore des lieux de débats parlementaires en France. Par exemple, les conseils municipaux, généraux et régionaux renvoyant ainsi à la nécessité d’une décentralisation plus avancée. Mais aussi le Sénat, où le mode de scrutin indirect a permis de conserver une représentation plus équilibrée des différents courants politiques. Les « anciens » grands partis de gouvernement, Républicains et Socialistes, y forment les deux groupes les plus importants alors qu’ils ont quasiment disparu de l’Assemblée. Malheureusement, dans l’agitation médiatique générée par l’apocalypse permanente, le peuple n’entend plus les élus responsables murmurer.

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  • Liberté économique = baisse des impôts = baisse de l’assistanat = renversement de la majorité aux prochaines élections = ré augmentation des impôts.
    Quand on a compris ce cycle, on sait que ça ne peut qu’empirer jusqu’à ce que le FMI siffle la fin de la partie.

  • Votre article est vraiment très intéressant et souligne bien les solutions qui pourraient être envisagées pour redresser la France. Vous avez raison, le Sénat mérite d’être bien mieux écouté.

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