Durant des décennies, la droite a été considérée comme une. La montée en puissance du Front national (devenu Rassemblement national), dans la seconde partie des années 1980, a modifié cette approche en mettant l’extrême droite en regard de la droite.
Petite(s) histoire(s) des droites1
Les divisions à droite sont anciennes, profondes et récurrentes. Les travaux historiques ont largement insisté sur la pluralité des droites en France, pour reprendre le titre du livre de René Rémond, Les Droites en France. L’historien insistait sur l’existence de trois familles structurant le paysage politique à droite depuis 1815 : les légitimistes (ou traditionalistes), les bonapartistes et les orléanistes. Pour Rémond, la famille nationaliste était considérée comme un avatar du bonapartisme.
Mais dans La Droite révolutionnaire. Les origines françaises du fascisme, 1885-1914, un ouvrage publié en 1978, Zeev Sternhell distinguait une quatrième droite : une droite révolutionnaire préfasciste indépendante de la famille bonapartiste.
En 2017, dans Histoire des droites en France de 1815 à nos jours, l’historien Gilles Richard distingue huit familles : les légitimistes, les orléanistes, les bonapartistes, les républicains libéraux, les nationalistes, les démocrates-chrétiens, les agrariens et les gaullistes. On s’étonnera de l’absence des conservateurs mis sur la touche par les droites françaises elles-mêmes depuis la fin du XIXe siècle. Pourtant ils constituent bien une neuvième famille.
Il n’existe pas aujourd’hui à droite de consensus sur la relation qui doit être établie entre nation et construction européenne, nation et mondialisation. Si le point de départ de l’histoire de la gauche est l’égalité, on ne peut réduire la droite à l’opposition à celle-ci. On a souvent vu les droites relever la tête dès l’instant où elles ont pu largement se fédérer autour d’un dirigeant, un chef doté d’un projet susceptible de transcender des clivages existants et d’apporter des réponses aux enjeux brûlants du temps.
Se présenter aux législatives, s’allier avec Zemmour, viser 2027… Que va faire Marine Le Pen après son troisième échec à la présidentielle ?
Peu avant 20 heures, ce dimanche 24 avril, Marine Le Pen a appris sa défaite au second tour de l’élection présidentielle. Si la déception était palpable au moment de découvrir du résultat, lors de son discours, la candidate s’est toutefois félicitée d’un score historique. Comme le veut la tradition républicaine, celle-ci a reconnu sa défaite, en appelant Emmanuel Macron, comme le révèle BFMTV, le mercredi 27 avril 2022. Après l’avoir félicité pour sa réélection, la candidate du Rassemblement national l’a prévenu que la prochaine élection présidentielle, en 2027, « sera très probablement la bonne pour elle ».
Marine Le Pen a déclaré qu’elle « mènerait la bataille des législatives aux côtés de Jordan Bardella ». À 53 ans, la dirigeante d’extrême droite veut prendre la tête de l’opposition, devant Jean-Luc Mélenchon.
Si les commentateurs s’interroge sur ce que va faire Marine Le Pen en 2027, la vraie question est de savoir ce que la droite va faire de Marine Le Pen. Si celle-ci a su dédiaboliser son mouvement et lui donner un élan jusque-là inconnu, elle se heurte encore au fameux plafond de verre. Or, si Marine Le Pen a su se créer un prénom, le poids du patronyme pèse encore trop lourd et le programme social nationaliste du Rassemblement national (que l’on peut résumer en quatre mots : populisme, localisme, nationalisme, souverainisme) empêche une union des droites en développant un programme libéral.
2027 : l’instant Marion ?
La prochaine élection présidentielle sera-t-elle le temps de la recomposition autour de Marion Maréchal ? La Constitution interdira à Emmanuel Macron de se représenter. Si Marine Le Pen n’aura que 58 ans, il est difficile d’imaginer une quatrième candidature, ce qui sera également le cas de Jean-Luc Mélenchon sans compter son âge.
Bref, dans 5 ans, l’absence du trio arrivé en tête en 2022 pourrait favoriser à droite une candidature unique autour de Marion Maréchal. Encore faut-il que celle-ci développe un programme libéral autour de trois axes calqués sur notre devise national :
- Liberté : respect de la propriété privée, libertés individuelles et publiques.
- Égalité (en droit) : méritocratie.
- Fraternité : solidarité nationale.
La nation doit être remise au cœur de la société française, notamment en ce qui concerne ses relations avec l’Union européenne.
L’État doit se recentrer sur les fonctions régaliennes (justice, police, santé publique, défense nationale) afin de diminuer la fiscalité tout en permettant le remboursement de la dette publique.
Les régions françaises doivent retrouver leurs limites territoriales d’avant la catastrophique réforme Hollande avec une autonomie renforcée.
Les initiatives entrepreneuriales doivent être favorisées avec une stabilisation de la fiscalité et une diminution des charges salariales.
L’équilibre libéral ainsi atteint serait une chance pour les Français, unis autour d’un chef charismatique.
- Le premier paragraphe a largement été inspiré par : Les grands textes de la droite et de la gauche lepoint.fr ; ainsi que par Qu’est-ce un Méchant Réac ? | Méchant Réac ! le site mechantreac.fr. ↩
Je suis entièrement d’accord avec l’analyse de fond et sa conclusion conservatrice et libérale, le programme socialisant de MLP était un repoussoir pour beaucoup et n’offrait pas assez d’esprit de synthèse même si personnellement j’ai voté pour elle, faute de mieux et par esprit bêtement d’efficacité je l’avoue, la vie n’étant qu’une somme de compromis sans compromissions.
La bonne blague du plafond de verre :elle a d’abord servi à expliquer pourquoi le FN ne dépassait pas les 20 %, puis au fil des élections : les 25%,30%,35%,40%. Le plafond de verre est une vue de l’esprit, au mieux un plafond mobile…
Pas d’accord avec l’ascension de Marion… ni de ceux qui l’ont soutenue. Ils ont voulu faire une OPA sur des électeurs. Or, par essence l’électeur n’appartient à aucun parti, même s’il ne vote pas comme on veut… la bourrique. Quant on voit les dégâts que ça fait, des électeurs gauchistes se sentant obligés de voter Macron. On voit bien là les limites d’une certaine Gauche, comme celles d’une certaine Droite… celle de Marion et au delà, car en réalité c’est vrai, elle pourrait ratisser très large. Mais voilà, son électorat ne lui appartient pas, pas plus que l’électorat « droitard » n’appartenait à Sarkozy, pas plus que l’électorat « gaucho » n’appartenait à Hollande… et pas plus que l’électorat « gaucho » n’appartient pas à Mélechon, un peu vieux certes, mais avec du temps devant lui pour s’en apercevoir !
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