Primaire populaire : échec et mat pour la gauche

La primaire populaire de la gauche est symptomatique de la faillite de la gauche et enfonce un clou dans son cercueil.

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Christiane Taubira - photo Philippe Grangeaud (CC BY-NC-ND 2.0)

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Primaire populaire : échec et mat pour la gauche

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 4 février 2022
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La gauche, c’est le camp du bien. Ça a toujours été le camp du bien, le camp de ceux qui veulent aider leur prochain, de ceux qui souhaitent voir disparaître le mal. La gauche, c’est le camp du progrès, le camp des libertés, le camp de l’égalité, de la fraternité, de la laïcité. La gauche, c’est le bon camp, le camp qui n’hésite pas à prendre les mesures les plus radicales pour lutter afin d’éliminer le mal de la surface de la planète.

La gauche, on l’a compris, c’est le camp des meilleurs, le camp de ceux qui sont purs, humains, généreux, compréhensifs, intelligents, respectueux, solidaires, responsables : le camp des Justes.

Ok, si vous n’avez toujours pas compris ce qu’est la gauche, bien que l’on vous répète ce qui est écrit ci-dessus depuis au moins 150 ans, procédez par élimination : la gauche, c’est l’inverse du mal. Et le mal c’est soit ce qui est identitaire (nationaliste), soit ce qui est conservateur (réactionnaire ou bourgeois) ou encore ce qui est néolibéral (productiviste). Tout ça, c’est horrible, méchant, pas beau. La gauche, c’est le camp de la justice sociale, de l’harmonie avec la nature et la démocratie.

La gauche, c’est une énorme crème chantilly de bons sentiments et de bonnes intentions.

Mais sous la couche de slogans et de promesses, il y a la réalité. Et la réalité, soit elle fait peur, soit elle donne envie de pleurer et de rire jaune de honte et de dégoût.

Un bilan catastrophique

Parce que, indéniablement, historiquement, socialement ou humainement, la gauche, c’est surtout une magnifique machine à berner les gens pour en tirer des bénéfices personnels et des satisfactions de pouvoir et d’ego.

Le XXe siècle est rempli à craquer de discours de gauche. Il est également rempli à craquer de piles de cadavres sur lesquelles brillent tout en haut le cortège des resplendissantes icones de gauche, psychopathes criminels aux egos bouffis et monstrueux : Lénine, Trotsky, Staline, Mao, Pol Pot, Castro, Guevara

Plus modérément, les tentatives successives en France se sont toutes soldées quasiment immédiatement par un échec retentissant : les nationalisations de 1981 ont totalement détruit le tissu industriel, les 35 heures supposées résorber le chômage n’ont eu comme résultat qu’une baisse substantielle des salaires et une précarisation généralisée, le débat sur la laïcité d’État empoisonne le pays, la taxe carbone a créé une des pires révoltes populaires depuis la guerre et qui est loin d’être terminée…

Plus prosaïquement, la longue litanie d’échecs, de casseroles et de scandales privés-publics (entre enfants cachés, adultères, détournements d’argent, histoires sordides dans des hôtels de Manhattan, jeux troubles avec des jeunes enfants et autres transgressions…) qui jalonne l’histoire de la gauche a quand même un peu de mal à coller avec les discours pleins de promesses et de leçons de morale.

Le souci dans cette magnifique histoire de la gauche camp du bien qui se termine en incarnation du mal, c’est que ça finit par se voir et par se savoir. Et là, aujourd’hui, à quelques semaines des prochaines élections, ça ne se voit plus : ça saute carrément aux yeux.

Entre ceux qui revendiquent la misère comme objectif, ceux qui font du clientélisme communautaire éhonté et ceux qui disent n’importe quoi pour que l’on parle d’eux, on ne peut pas rater l’escalade de jugements et la guerre intestine qui fait rage au sein du camp du bien.

L’arrivée tant attendue du messie de la primaire de la gauche

Ça saute tellement aux yeux, toutes ces chamailleries, toute cette compétition pour savoir qui sera le plus juste, le plus pur, le plus humain, le plus généreux, compréhensif, intelligent, respectueux, solidaire et responsable, que Christiane Taubira s’est soudain sentie investie de la mission divine de la plus haute importance : sauver la gauche.

Il fallait absolument un sauveur de plus. Il ne suffisait pas que Yannick Jadot aille sauver la planète, que Jean-Luc Mélenchon aille sauver l’avenir ou d’Anne Hidalgo veuille se sauver elle-même, il manquait absolument Christiane Taubira pour sauver la gauche.

Une petite pirouette démocratique plus tard, voici donc l’ancienne ministre du mariage pour tous propulsée dans la bataille présidentielle.

Et quelle propulsion ! Christiane Taubira récolte un B++ (et non une note ou un pourcentage de voix, parce que les notes c’est mal, ça stigmatise, ça n’est pas inclusif…) à la Primaire populaire organisée par l’association « Primaire Populaire » créée pour l’occasion par l’association « 2022 ou Jamais », elle-même lancée par le fondateur du collectif « Rencontre des justices » et dirigée par le fondateur du mouvement « Génération Cobayes ».

Que du beau monde (militants associatifs de gauche, mouvement citoyens de gauche, groupuscules apolitiques de gauche…) totalement représentatif de la France de 2022 !

Le marécage d’argent public et des groupes d’influence

On l’aura immédiatement remarqué : rien de populaire dans cette initiative en dehors de son nom. On nage en plein dans le marigot des bandes de copains subventionnées et instrumentalisées par tous les intérêts financiers intéressés par le filon ultra-rentable du bon-bien-bio.

En nage en plein dans ce qu’est devenu la gauche au fil du temps : une machine à laver la culpabilité et à monétiser le narcissisme, avec en fer de lance toute une génération bien au chaud dans le cocon de ses privilèges : retraites confortables, placements immobiliers, nostalgie de la révolution joyeuse et culte de soi-même et en cheville ouvrière toute cette jeunesse droguée aux promesses du monde meilleur et accros aux petits boulots d’intérêt collectif, défiscalisés et hautement subventionnés.

Mais ne jetons pas la pierre à toutes ces bonnes volontés et ne laissons surtout pas croire que la circulation Shadock d’argent public soit une spécificité de la gauche, on sera surpris (ou pas) de retrouver le logo de la région Île-de-France dirigée par valérie Pécresse à côté de celui de l’enseigne Biocoop dans la liste des généreux soutiens financiers de Génération Cobayes, l’un des éléments de la nébuleuse à l’origine de l’initiative.

La gauche est un naufrage

Mais rendons lui quand même hommage : la gauche a profondément marqué la France.

Marqué, changé, transformé… ce que l’on voudra. Il faut reconnaitre que la gauche a indéniablement réussi à mettre en place un nombre très important de ses projets.

Après, que les résultat espérés se soient révélés quasiment à chaque fois l’inverse ou le contraire de ce qui avait été vendu à la population, c’est une autre histoire.

Pour ne citer que celui-ci, car la liste serait bien trop longue, on ne peut que se rendre compte aujourd’hui du prix faramineux du magnifique système de santé et de retraite instauré en 1945 et de sa la terrible faillite à tous les niveaux : sanitaire, déontologique, financier, social…

La gauche a tellement profondément marqué le pays que celui-ci en arrive à trouver normal depuis deux ans des mesures collectivistes et discriminatoires dignes des pires régimes totalitaires du XXe siècle : la seule alternative consisterait à admettre le désastre total du sacro-saint système de santé que le monde entier est supposé nous envier.

La fin de la gauche avec cette primaire ?

Mais pourquoi s’étonner quand on continue toujours à trouver un peu partout dans ce pays des individus fiers d’afficher leur soutien aux pires thèses du XXe siècle tout en niant farouchement les liens entre les goulags soviétiques, les famines gigantesques, les guerres politiques ou les camps de rééducations et l’idéologie qu’ils défendent ?

Il est normal que la gauche voit Christiane Taubira comme un sauveur : son image est associée à une des très rares actions du camp du bien (le mariage pour tous) qui ne se soit pas transformée trois semaines plus tard, soit en scandale de détournement d’argent public, soit en impôts supplémentaires, soit en champ de ruines, soit en marché parallèle, soit en grosses combines.

Ce qui est somme toute assez logique, puisque le mariage pour tous n’a en fin de compte concerné qu’une minorité de la population et a surtout eu comme principal effet de désinhiber toute une frange de ses opposants.

Le camp du bien a besoin d’une incarnation du mal pour exhiber sa vertu. Il a aussi besoin d’une boussole pour lui indiquer où se situe la bête immonde : d’un grand timonier, d’un petit père des peuples, d’une guide suprême, d’un prophète laïc et éco-responsable.

 

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  • On comprend que pour ne pas polluer votre texte vous ayez « oublié » quelques psychopathes criminels dans votre liste, il faut pourtant se rendre à l’évidence : Hitler et Mussolini étaient socialistes.

    • Arguments éculés, si je puis me permettre.
      1. Mussolini s’était fait virer du PSI bien des années avant de fonder le parti fasciste.
      2. Le national-socialisme ce n’est pas comme le port-salut. Ce n’est pas parce que c’est écrit dessus que c’en est. C’est comme les républiques démocratiques, en général, ce sont des dictatures. L’idéologie nazie, c’est un Etat ultra-puissant, et une hiérarchie des classes (et des races) poussée à l’extrême ; l’idéologie socialiste, au moins sur le papier, c’est la fin de l’Etat et la fin des classes sociales. D’ailleurs Hitler était si peu socialiste qu’il a fini par faire la guerre à Staline. Hitler était farouchement anti-marxiste. A l’opposé, les socialistes le sont tous peu ou prou. Etc.
      Olivier Maurice a eu le bon goût de ne pas mettre ces deux-là à gauche. Elle est déjà suffisamment pourvue en affreux en tout genre…

  • Il y a un genre de point Godwin dans cet article quand l’auteur finit par assimiler la gauche au goulag soviétique et à la famine chinoise. Dommage, cette fin ruine un discours qui avait bien commencé. En cela, ça ressemble au communisme !
    L’ADN de la gauche, pour ceux qui s’en réclamaient jadis, repose sur le social, la laïcité, et la foi dans le progrès technique et la croissance.
    Ni les Verts, ni le PS, otage des premiers, ne croient plus au progrès technique pour améliorer le sort de l’humanité. C’est à qui sera le plus décroissant.
    LFI et d’autres n’hésitent pas à défiler en compagnie de la racaille islamiste. En matière de laïcité, on a vu mieux.
    Et enfin le social : c’est devenu dans les faits (depuis au moins l’analyse de Terra Nova) un caillou dans la chaussure. La gauche s’est transformée en sa propre caricature de gauche caviar. On l’a bien vu avec les Gilets jaunes : ils étaient pourtant pile son coeur de cible historique. Mais ça c’était avant. La gauche les a méprisés : – rien qu’un ramassis d’indécrottables d’automobilistes !
    Donc il ne faut pas se méprendre. Attention à l’erreur d’analyse. Quoiqu’on pense de la gauche, si elle fait aujourd’hui si peu recette, ce n’est pas parce que l’électeur aurait enfin ouvert les yeux. C’est parce que ce qu’il voit aujourd’hui de la gauche ne correspond plus à ce qu’il a connu, la gauche historique, celle qui reposait sur les trois piliers évoqués ci-dessus.
    Un seul candidat s’en rapproche aujourd’hui. Il défend la croissance, la production, le nucléaire. Il ne courtise pas les islamistes. Et se préoccupe encore du sort des ouvriers et des petites gens. Grâce à cela, et bien que communiste – gros handicap depuis des lustres – il bénéficie d’une dynamique positive.
    Cela prouve que la gauche bouge encore et que le jour où elle renouera avec ses anciens discours, jettera aux orties le wokisme, la décroissance et autres lubies intersectionnelles, et se confrontera un peu plus au réel (immigration, sécurité, paupérisation des classes moyennes) elle intéressera à nouveau l’électeur.

    • Est ce que toute la gauche a reconnu les multiples tares du régime soviétique : le goulag , les exactions, les déportations, les purges rituelles, la violence quotidienne., la police politique la terrible famine en ukraine……..idem pour la chine…..????
      Bien sur que non, alors cela ne vous gene pas un peu de faire l apologie du communisme aujourd’hui, vous êtes complètement amnésique……

  • « la Primaire populaire organisée par l’association « Primaire Populaire » créée pour l’occasion par l’association … dirigée par le fondateur du mouvement « Génération Cobayes »

    Histoire de comprendre où était passé la gauche, je suis allé voir le site de « Génération Cobayes ». Apparemment, ils militent pour l’adoption par les célibataires de canards sans phtalate.

    Leurs « visions politiques » sont encore plus perçantes que celles de Manu !

  • Juste un point mineur: « Il est normal que la gauche voiE Christiane Taubira ». Pas présent, mais subjonctif.

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