Violences conjugales : Darmanin plus fort que Dupond-Moretti ?

Que reste-t-il du Livre blanc sur la Sécurité intérieure ? Qu’en est-il du projet de lutte contre le trafic de drogue que nous avions qualifié de gadget dans un précédent article ?

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Screenshot_2021-02-02 Gérald Darmanin Plus de 600 000 contrôles ont été effectués depuis la mise en place du couvre-feu - DailyMotion

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Violences conjugales : Darmanin plus fort que Dupond-Moretti ?

Publié le 4 août 2021
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Par Laurent Sailly.

Dans une interview au journal Le Parisien diffusée en ligne dimanche soir, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a dévoilé le bilan 2020 des morts violentes au sein du couple. C’est un chiffre noir que ce dernier a dévoilé : 102 femmes et 23 hommes ont perdu la vie en 2020 sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint.

À huit mois de la présidentielle, Gérald Darmanin durcit le ton.

Comment et avec quels moyens ?

Ce lundi, le ministre de l’Intérieur va fixer un objectif aux policiers et gendarmes :

Les plaintes pour violences conjugales doivent être traitées devant toutes les autres.

Le ministre met l’accent sur la consigne donnée aux policiers et aux gendarmes de faire « un signalement au procureur », l’objectif étant que « 100 % des constatations se transforment en plainte ou signalement ». Les mains courantes sont en outre proscrites « définitivement ».

Pour faire face à un nombre accru des procédures (193 000 l’an dernier), Gérald Darmanin promet un officier spécialiste de ces violences dans chaque commissariat et chaque brigade de gendarmerie, tirant les leçons du meurtre (je refuse le terme de féminicide) de Mérignac à la suite duquel il avait demandé une mission d’inspection.

Il souhaite que dans chaque département il y ait « des équipes spécialisées dans la lutte contre les violences conjugales » (brigade de protection des familles en zone police ; maison de protection des familles en zone gendarmerie) et que le fichier des personnes mises en cause pour violences intraconjugales soit connecté à ceux des possesseurs d’armes et d’interdits de port.

Quel sera le budget affecté et comment favoriser le recrutement d’officiers de la police judiciaire ? Le ministre n’en dit pas un mot. Actuellement, le nombre d’officiers de police judiciaire (OPJ) est de 17 000. Il doit augmenter de 25 % au moins pour assurer le fonctionnement quotidien.

Violences conjugales : prioritaires par rapport à quoi, par rapport à qui ?

Dès le 2 août :

Elles devront être traitées devant toutes les autres : devant les cambriolages, devant les stupéfiants, devant les vols à la tire… En un mot, remonter tout en haut de la pile.

Les victimes de ces actes délictueux apprécieront.

Que reste-t-il du Livre blanc sur la Sécurité intérieure ? Qu’en est-il du projet de lutte contre le trafic de drogue que nous avions qualifié de gadget dans un précédent article ? Face à l’échec du gouvernement dans ses politiques de lutte contre la violence, contre les cambriolages ou contre le trafic de stupéfiants, le ministre de l’Intérieur cherche une nouvelle cible plus porteuse électoralement. Quel cynisme !

Nous défendons depuis longtemps des mesures simples qui permettraient d’une part l’augmentation des effectifs de police sur le terrain et d’autre part une motivation retrouvée des équipes :

  • le paiement des heures supplémentaires et la reconnaissance hiérarchique des efforts fournis,
  • la suppression des gardes fixes devant les bâtiments officiels avec retour de ces effectifs dans les commissariats ou casernes de gendarmerie,
  • l’allègement de la procédure pénale,
  • l’arrêt immédiat des contrôles de mesures liberticides liés à la Covid-19 (confinement, passe sanitaire…).

Darmanin vs Dupond-Moretti

En juin dernier, nous écrivions déjà dans ces colonnes :

Comme à chaque fois, alors que la chaîne bureaucratique judiciaire n’a clairement pas fonctionné, on ajoute des intermédiaires, on multiplie les fausses mesures de protection, et face à l’horrible, on se rassure en regardant des chiffres et en oubliant le visage de chaque victime…

En juin dernier, le Premier ministre, Jean Castex, et son ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti (qui ne manquera pas de se mettre en scène) annonçaient la mise à disposition des juridictions de 3000 téléphones grave danger pour les femmes menacées par leur conjoint ou ex-conjoint. Nous ne partagions pas l’optimisme des autorités à propos de ce dispositif.

La campagne désastreuse et les résultats calamiteux de Dupond-Moretti (sans oublier sa mise en examen) font que celui-ci n’est pas le plus qualifié pour porter ce projet.

Nos conclusions restent les mêmes.

Il est odieux que de tels actes deviennent un enjeu politique et électoral. L’État doit se recentrer sur le régalien et assurer une cohésion police-justice. Chaque citoyen doit être sensibilisé dans la lutte contre les violences faites aux femmes en se considérant responsable par son silence.

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  • On ne dit pas « Quand est-il… », mais « Qu’en est-il… ».

  • Justice laxiste pour ne pas dire complaisante avec les criminelles , services sociaux qui pratique l’autruche mais très souvent de par la nullité des agents ne font rien ou l’inverse de ce qui devraient être fait et pire dans le cas des enfants ils les mettent en danger les services de la protection de l’enfance son nom devrait etre service de la mise en danger de l’enfance mais comme avec les femmes victimes de violences on reporte la faute sur les services de police alors que sans la justice ou les rapports des services sociaux ils ne peuvent pas enquêter et dans certaines enquêtes c’est la justice qui met un terme aux enquêtes avant la fin de celles ci , généralement les policiers et gendarmes font correctement leurs travail mais si on ne leurs transmets qu’une partie des infos ou si la justice met un terme à leurs enquêtes en venant prétendre derrière que ce sont les policiers les responsables , des enfants et des femmes victimes de violence vont faire les frais de ce cirque et comme les responsables de ces services judicaires et des services sociaux ne sont quasiment jamais poursuivis et que dans les rares cas ou cela arrive les sanctions ne sont pas a la hauteur de leurs erreurs rien ou si peu ne changeras malheureusement !!!

  • Déshabiller Paul pour habiller Pierre en somme. Mais le vrai souci, c’est qu’empêcher quelqu’un de battre son conjoint, cela ne rapporte pas d’argent. Si seulement on pouvait instaurer une limite de vitesse de baffe…

  • Et si tout simplement au lieu de vouloir diminuer les crimes et les délits on se contenter de les sanctionner.
    Je dis ça, je dis rien.

  • Quelques statistiques « Ethniques », nom, prénom, nationalité, des auteurs et des victimes éclaireraient très largement et très sainement la réalité du problème. Qui par ailleurs a toujours existé et mal combattu.

  • Dites moi si j’ai bien compris: Darmanin préconise d’augmenter les forces de police de 25 %, soit plus de 4000 policiers, pour empêcher 125 morts par an, c’est bien ça ?
    Par comparaison, il y a eu plus de 4400 tentatives d’homicide en 2020, et plus de 800 tués. Le suicide, c’est autour de 9000 morts par an.

    Objectivement, les violences conjugales ne constituent donc pas une priorité statistique, aussi regrettables soient-elles, mais une priorité arbitraire, guidée par des motifs idéologiques et politiques.

    Et si on a besoin de 4000 bleus pour prévenir la mort de 125 conjoints, ce n’est pas un problème d’effectifs, mais d’efficacité, ce que l’auteur souligne à juste titre.
    Mais quant à rendre responsable « le silence » des citoyens, ça c’est une excuse collectiviste bien commode pour faire peser sur eux une faute morale mensongère. Les responsables, ce sont ceux qui battent et tuent leur conjointe, ok ?

  • Sinon le moneyage de faveurs sexuelles en contrepartie de services rendus par les élus… il en pense quoi Monsieur le Ministre de l’Intérieur ?

  • Effectivement, une étude USA / Canada donne 88 % des homicides dus aux hommes, pour 12 % aux femmes, avec pour victimes 78% d’hommes et 22% de femmes.

    https://www.cafe-sciences.org/quel-sexe-tue-le-plus-et-pourquoi-agression-homicide-et-evolution/

  • « Elles devront être traitées devant toutes les autres : devant les cambriolages, devant les stupéfiants, devant les vols à la tire… En un mot, remonter tout en haut de la pile. »

    Si on considérè l’efficacité actuelle de la police/justice dans la prévention des cambriolages, vol a la tire et de la vente de stupéfiants, je doute fort que faire passer devant les homicides conjugaux change grand chose au problème…

  • Les commentaires sont fermés.

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