Électricité : moins de nucléaire, plus 43 % de CO2/kWh 

L’étrange stratégie française de production électrique poursuivie en 2020 et 2021 pour réduire notre dépendance au pétrole et les émissions de CO2 vise des objectifs contradictoires.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
La centrale nucléaire de Cattenom By: Gilles FRANCOIS - CC BY 2.0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Électricité : moins de nucléaire, plus 43 % de CO2/kWh 

Publié le 6 mai 2021
- A +

Par Michel Gay.

Sur les 12 derniers mois entre mars 2020 et février 2021, les émissions de CO2 par kilowattheure (kWh) de la consommation d’électricité française ont augmenté de… 43 % par rapport à l’année 2019 malgré le versement des milliards d’euros de subventions aux énergies renouvelables intermittentes, comme l’éolien et le solaire, pour justement lutter contre le réchauffement climatique !

Ce n’est pas bon pour la planète…

Un résultat en trompe-l’œil

Si la quantité de CO2 rejetée par kWh d’électricité produite en France s’est maintenue à environ 34 grammes de CO2 par kWh (gCO2/kWh) en moyenne sur l’année 2019 ainsi que sur les 12 derniers mois entre mars 2020 et février 2021, il s’agit en fait d’un résultat en trompe-l’œil.

En effet, en France, la baisse de production d’électricité nucléaire qui n’émet que 6 gCO2/kWh (fermeture des deux réacteurs de Fessenheim et les retards dus au Covid) a dû être compensée par une baisse importante des exportations françaises (- 30 %) et une forte augmentation des importations (+32 %), notamment d’Allemagne dont le mix électrique est constitué de 45 % de combustibles fossiles (gaz et charbon) qui émet 400 gCO2/kWh (soit 10 fois plus qu’en France !).

Par ce biais une importation d’électricité fortement carbonée s’est substituée à une production d’électricité faiblement carbonée, ce qui conduit à augmenter le bilan carbone français au niveau de celui de l’année 2018, soit approximativement 50 g/kWh.

L’empreinte carbone de cette importation massive d’électricité carbonée doit être incluse dans le bilan environnemental.

Impact économique

D’un point de vue économique, et indépendamment des conséquences environnementales évoquées ci-dessus, le manque à gagner pour la France résultant de ces imports/exports entraîne une perte de près d’un milliard d’euros dans le solde habituel des « échanges globaux », dont environ 0,4 milliard au bénéfice de l’Allemagne.

L’étrange stratégie française de production électrique poursuivie en 2020 et 2021 pour réduire notre dépendance au pétrole et les émissions de CO2 vise trois objectifs contradictoires :

  1. Augmenter la part des énergies renouvelables (éolien et solaire)
  2. Réduire la part du nucléaire
  3. Diminuer la part des énergies fossiles émettrices de CO2 (pétrole, gaz, charbon)

Incohérence et absurdité

D’où un paradoxe aberrant : la France, qui possède un parc électrique parmi les plus décarbonés au monde, se prive d‘une partie de sa production nucléaire décarbonée qu’elle compense par une importation équivalente d’électricité fortement carbonée.

Cette politique énergétique française allant à l’encontre de la lutte contre le réchauffement climatique est un échec complet. Les résultats de ces deux années montrent que les objectifs de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) ne sont pas atteints et ne le seront pas à l’échéance 2030.

Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité (RTE) prévoit des difficultés dans les années à venir pendant les périodes hivernales en estimant en mars 2021 dans son dernier bilan prévisionnel du système électrique pour 2021-2030 que les marges de sécurité électriques ne seront pas suffisantes pour fermer de nouveaux moyens de production bas-carbone au moins jusqu’en 2026.

Il s’agit là du début d’une prise de conscience de l’absurdité de la PPE et de la SNBC qui préconisent de « tondre un chauve » avec des moyens aléatoires et ruineux pour la collectivité et pour la décennie en cours.

Mise à jour : l’article a été corrigé le 6/05/2021 à 9h20

Voir les commentaires (36)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (36)
  • Stratégie française a tous les niveaux : plus ça ne marche pas, moins qu’on change de méthode (analogie avec plus qu’on pédale moins vite, moins qu’on avance plus vite)

  • « moins de nucléaire car c’est mal, plus d’éolien et de solaire car c’est bien… » pour plaire aux verts et sympathisants , pas quoi qu’il en coute mais pas loin..

    quand on verra du gilet jaune ou du bonnet rouge , on avisera..

    • Ils s’en cognent : ils ont les grenades et les matraques…
      tant que les Rollators ne sont pas de sortie, ils n’ont rien à craindre.

    • et tous ceux dont la valeur de la propriété a perdu plus de la moitié de sa valeur pour cause de vue sur éoliennes et infra sons

  • Tout à fait, sachant que les émissions de l’éolien et du PV sont largement sous estimées car calculées en sortie de machine. En ajoutant la construction de l’ensemble des infrastructures nécessaires, de l’émission des systèmes de backup , il y a facilement un facteur 5 vis a vis de ce qu’on obtient avec un mix hydraunucléaire.

  • « les retards dus au Covid »
    Formule très elliptique… Combien de réacteurs à l’arrêt pour maintenance en 2020 ?!
    Cette situation, exceptionnelle et provisoire, a évidemment nécessité de faire appel aux voisins.
    Impossible de comparer cela avec un parc en bon état de fonctionnement, quel que soit le mix qu’il est prévu d’avoir dans 20 ou 30 ans (moins de nucléaire et plus d’ENR).
    A moins d’être de mauvaise foi…

    • Il me semble que c’est plusieurs réacteurs en maintenance actuellement, ce qui fait que de base, notre capacité est plus réduite. Tout ceci était prévue, anticipé et planifié, sauf qu’avec le covid, la charge d’électricité s’en est trouvé augmentée, donc à un peu mis à mal les prévisions ; normal donc.

    • Mais justement, la politique écologique française (si on peut l’appeler comme ça) demande à la fois plus d’ENR (contre le CO2) mais aussi la fermeture des centrales nucléaires (50% du mix).

      Sans évolution majeure dans le stockage d’électricité à grande échelle, 2020, avec les interruptions de réacteurs du au covid, ne fait qu’augurer le futur de cette politique: échec des objectifs de réduction des émissions directe et indirecte de CO2.

      Quand les ENR ne produisent pas quand on en a besoin, on importe de l’électricité qui n’est pas bas carbone.

      C’est l’esprit de l’article.

  • On verra si pour 2022 il y aura un candidat qui aura le courage de détricoter tout ce qui a été mis en place de manière aberrante et abusive au nom de l’écologie, d’arrêter de subventionner à un tel niveau les énergies alternatives et de reprendre le nucléaire, en un mot d’arrêter de se faire prendre pour des imbéciles et de nous mener à notre perte.De plus il faudrait qu’à son programme il rajoute le maintien de la loi, le renforcement de la sécurité, le soutien aux forces de l’ordre, la fierté d’appartenir à la france et non pas à une minorité.
    Je gage qu’un tel candidat aurait de grandes chances d’être élu mais y en a-t-il un seul qui les ait accrochées (si vous voyez ce que je veux dire)

  • les émissions de chaque source électrique, en tenant compte de tout leur cycle de vie (de la conception au démantèlement) font l’objet d’études détaillées et alimentent la « base carbone » de l’ADEME… agence de l’état qui est devenu un bureau d’étude écologiste défendant la sortie du nucléaire.. Celà dit, les données de la base carbone sont sans équivoques
    – 6g/Kwh pour le nucléaire,
    – 55g/khw pour le photovoltaique..
    Mais sauf erreur, la valeur de 34g en moyenne en 2019 doit être le contenu carbone de la production seule, pas en cycle de vie complet… qui est plutôt à 80g…

  • J’ai de plus en plus l’impression que pour gagner quelques voix d’écologistes aux élections, Macron (pour qui j’avais voté au 2ème tour) est prêt à brader l’industrie Française et son mix énergétique ? J’espère vivement qu’il sera battu ? Quel que soit le vainqueur, il ne pourra pas être pire pour la France ? Combien d’entreprises, quel pourcentage de PIB avons nous perdu sous Macron-Le Maire ? Réalise t-on le bilan épouvantable qu’il va laisser dans un an ?
    Quel bilan international également, lui qui donne des leçons à tout le monde tout en niant le passé historique de la France ?

    • Voilà où mène la politique des castors qui pensent faire des barrages, non pas hydrauliques, mais électoraux.

    • Entièrement d’accord avec Milrem, le bilan de ce gouvernement sera terrible et ils fera tout pour nous expliquer que c’est à cause de la Covid.
      Les plans voiture électrique ou propulsion hydrogène, financés par nos impôts sont voués à l’échec et ça n’a rien à voir avec la Covid.
      Moi aussi, j’ai voté Macron en 2022 mais je ne referai pas la même erreur, quel que soit son adversaire et quoi qu’il m’en coûte.

  • Je pense que le poids électorale que représentent les écologistes additionné à celui d’une règle à calcul bricolée pour la circonstance est bien plus élevé que celui du CO2 émis par nos centrales.
    Nous n’avons pas fini d’être pollués par ce poids là. C’est celui-ci ( celui des deux premiers) qu’il faudrait réduire…

  • Non seulement on perd de l’argent, mais en plus les résultats sont à l’opposé des objectifs (dogmatiques) de réduction des émissions de carbone, et enfin et surtout on perd notre savoir-faire nucléaire français et nos emplois. Vive l’UE, vive Macron et vive les verts (et je ne parle pas des stéphanois).

  • Perte de temps, il n’y a rien à en tirer ce sont justes des égos mal placés.

  • Une autre raison de l’augmentation du fossile thermique dans le mix est que les ENRi ont moins beaucoup produit depuis quelques mois que l’année précédente. Voir les données de RTE ici https://www.rte-france.com/eco2mix/les-donnees-en-energie

  • Incompétence, sûrement, mais en l’occurrence plutôt cynisme, il faut bien racoler les voix des écolos et aussi calmer tous les jeunes émules de « Greta », tout en sachant très bien que l’effet du CO2 sur le climat n’est qu’une invention pour les crédules!!!

  • Ce n’est pas grave , une fois le programme achevé on sera dans les clous pour la cop de l’an 2050, plus d’électricité plus de voitures plus d’euros plus de france.. Et peut etre bien le début de l’air glacial descendant des poles, on pourra au moins se construire des igloos, 100% naturel et un pur bonheur de respirer cet air dépourvu de toutes traces de co2 fossile

    • Dans ma région, sud ouest, la température ressentie chaque année diminue, hivers doux mais étés catastrophiques que quelques jours de canicule ne sauvent pas. Ma référence climatique, ma piscine, en 2000, baignade possible en mars, aujourd’hui, mi juillet et pas longtemps, fin août avec des chaussettes au lieu d’octobre.

  • Les ânes sont bien plus intelligents que ces ignares!

  • Ils sortiront le fouet et la trique 🙁

  • Pour plus de détails sur les données des productions, échanges et consommation : https://assets.rte-france.com/prod/public/2021-05/RTE-Mensuel-Electricite-Mars-2021-V2.pdf

  • Il faut vacciner de toute urgence la France contre la peste écolo-socialiste. Les hôpitaux sont déjà débordés, alors…

  • Les croyants dans une idéologie sont des individus dangereux, anti nucléaire, végan… car leur raisonnement ne repose sur rien, ou plutôt s’auto entretien dans le groupe.
    Le pire sont les gouvernants, soit disant doués d’intelligence, qui prennent pour argent comptant ces guignoleries ou pire encore, ceux qui savent que ce sont des guignoleries et qui ne pensent qu’aux élections.
    La démocratie et le vote ne sont que du pipeau dévoyées par des magouilles ineptes.
    Je commence à comprendre ces généraux !

  • Il y a une chose qui me soûle au plus haut point : être pris en otage et devoir payer les pots cassés pour les contradictions de 2 types d’activistes :

    – ceux qui ont peur du CO2
    – ceux qui ont peur du nucléaire

    Je ne dirais pas que notre modèle de développement basé sur les hydrocarbures est idéal, propre, durable. Je ne dirais pas que les centrales nucléaires actuelles sont des modèles de sécurité passive et de production de déchets.

    Mais laisser 2 bandes rivales de c… torpiller notre économie alors qu’une seule y arriverait parfaitement et en plus nous ensevelir sous les contraintes et absurdités cumulées pour un résultat nul … il fallait vraiment un Macron pour le faire.

  • Je n’ai encore jamais vu autant d’incohérence dans la pensée que chez notre cher président : il a été pourtant choisi comme candidat et donc sans être non plus complotiste, j’ai peur que vous ayez raison

  • J’ai bien peur qu’en fait le nucléaire ça soit fini depuis 1998 et la fermeture de super phoenix par jospin pour faire la gauche plurielle, et que depuis bah ça rame, on sait plus faire et que quelque part, on habille de vert la perte de compétence.

  • « Cause toujours, tu m’intéresses », dit la Chine qui se développe à la France qui se suicide :

    https://www.bbc.com/news/world-asia-57018837

  • La production d’électricité nucléaire en 2019 était de 379,5 TWh contre 335 en 2020. Fessenheim a produit 12,32 TWh en 2019. Je ne trouve pas la production pour 2020 mais sachant qu’un des réacteurs a fonctionné à mi-année et l’autre deux mois, disons qu’elle a produit 4 TWh.

    La perte de Fessenheim n’est donc responsable que de 10% de la baisse de production d’électricité nucléaire. Je suis pro-nucléaire mais je trouve que l’article est bien trop orienté.

    • La baisse de l’activité économique début 2020 entrainant une baisse de la consommation électrique, associée à une plus grande production éolienne, cela a conduit à réduire la production nucléaire. RTE précise : »La production nucléaire sur l’année est en baisse de 11,6 % (44 TWh) par rapport à 2019 et se situe à son niveau le plus bas depuis 1993. Elle représente 67,1 % de la production totale d’électricité en France. La baisse de la production d’origine nucléaire s’explique par la fermeture de la centrale de Fessenheim, mais surtout par une moins bonne disponibilité des centrales et par la crise sanitaire. On estime à 34 TWh le déficit de production par rapport à 2019 lié directement à la crise COVID (voir l’étude des indisponibilités nucléaires ci-dessous). » https://bilan-electrique-2020.rte-france.com/production-nucleaire/

      • oui c’est bien ce que je dis, Fessenheim est une goutte d’eau dans la baisse de production nucléaire française en 2020. Sa fermeture est un problème mais l’angle d’attaque de l’article n’est pas bon à mon avis

      • Oui, habituellement les centrales sont rechargées en combustible entre le printemps et l’automne, pour une dispo maximale en hiver. là on l’a fait en hiver…

        Petite question: j’aimerais savoir dans quelle mesure le retard a été induit par des contraintes techniques (personnel malade, …) ou par incompétence politique (l’état a obligé les entreprises a stopper le travail, jugeant le secteur de l’énergie non essentiel…) ?

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
5
Sauvegarder cet article

Comme chaque année, les chiffres de la balance commerciale sont minorés et présentés en retirant les frais de transport du montant de nos importations.

Les frais de transport sont pourtant une partie intégrante du coût de revient et sont répercutés sur le prix de vente au consommateur. Mais pourtant, ils sont retraités afin de les comparer aux chiffres des exportations qui, eux, n’intègrent pas les frais de transport. L’opération semble contestable…

Les « vrais » chiffres de la balance commerciale de 2022 avaient ainsi frôlé les... Poursuivre la lecture

La nécessité de décarboner à terme notre économie, qui dépend encore à 58 % des énergies fossiles pour sa consommation d’énergie, est incontestable, pour participer à la lutte contre le réchauffement climatique, et pour des raisons géopolitiques et de souveraineté liées à notre dépendance aux importations de pétrole et de gaz, la consommation de charbon étant devenue marginale en France.

Cependant, la voie à emprunter doit être pragmatique et ne doit pas mettre en danger la politique de réindustrialisation de la France, qui suppose une... Poursuivre la lecture

Entre désamour de son parc nucléaire, illusions renouvelables, pressions allemandes et injonctions de l’Europe, la France, dont le puissant parc de production d’électricité était décarboné avant l’heure, a lentement sapé la pérennité du principal atout qu’il représentait. Après des fermetures inconsidérées de moyens pilotables, l’apparition du phénomène de corrosion sous contrainte qui a affecté les réacteurs d’EDF dès 2021 a cruellement révélé l’absence de renouvellement du parc depuis que l’ASN en avait exprimé la nécessité, en 2007. En ent... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles