Par Elie Blanc.
Lors des toutes premières leçons sur le marché, il est expliqué aux étudiants de classe de Première qu’il existe des biens et des services soumis aux mécanismes de marché, et d’autres qui ne le sont pas. Pour des raisons d’éthique évidentes, on refuse par exemple que les citoyens vendent librement leur corps ou achètent des drogues.
Si certaines mauvaises têtes s’interrogent sur les raisons qui peuvent justifier une telle privation de liberté, on rappelle à ces êtres sans cœur que sans ça les pauvres se prostitueraient tous, vendraient leurs organes et loueraient leur utérus. Il faut absolument les protéger d’eux-mêmes pour leur bien. Il est des choses qui ont un prix et des choses qui ont une dignité disait Kant.
Les partisans du recours au marché ne sont-ils que des monstres insensibles au sort des plus fragiles ?
La logique de l’interdiction
Il convient de tirer toutes les conséquences logiques que constitue l’interdiction de marchander librement son corps, qu’il s’agisse de GPA, de prostitution ou de vente d’organes.
Elle signifie tout simplement que l’État retire aux citoyens la pleine propriété de leur propre corps. En effet, la propriété est constituée du droit de jouir et de disposer (c’est-à-dire vendre dans le jargon juridique). Si l’État vous retire le droit de jouir ou de vendre votre corps, il ne fait rien d’autre que vous confisquer la pleine propriété de votre propre corps.
Certains avanceront que la marchandisation du corps n’est pas morale car les plus pauvres y recourraient pour gagner de l’argent facilement, sans considération pour les impacts durables sur leur santé. Pourtant, la nécessité d’avoir un consentement libre et éclairé n’est pas spécifique à ce cas de figure, c’est une condition à la validité de n’importe quel contrat en droit français.
Si l’on est capable de s’assurer que des personnes sont suffisamment conscientes des conséquences d’un don de rein, en est-on incapable pour celles qui souhaitent le donner contre rémunération ? On pourrait rétorquer que ce consentement pourrait être vicié par une situation financière délicate.
Même si on peut louer l’intention d’un tel raisonnement, il est paradoxalement biaisé par un manque d’empathie à l’égard de cette personne : si elle décide librement de vendre un organe, après avoir été informée des conséquences sur sa santé d’une telle opération, c’est qu’elle juge que sa situation personnelle sera globalement meilleure (ou peut-être devrait-on dire moins pire) après cette vente.
Persister dans l’interdiction de la marchandisation du corps humain permet alors peut-être de se voiler la face sur la précarité de certaines personnes, mais cela ne la fait pas disparaître pour autant. Il est vrai qu’on aimerait tous croire que l’histoire de Fantine appartient au passé ou à la fiction, mais face à une situation aussi terrible, on ne peut empêcher les plus démunis de choisir le moindre mal, et surtout pas pour épargner notre propre sensibilité.
Les victimes de l’interdiction
Dans notre aveuglement, nous oublions également les autres victimes de cette interdiction, toutes ces personnes qui mourront faute de donneurs. Est-il vraiment moral de sacrifier la vie de ces personnes au nom de la protection des individus contre eux-mêmes ?
Les partisans de l’interdiction de la marchandisation du corps humain refusent aussi de voir qu’on peut interdire un marché, mais jamais le faire disparaître totalement, car le besoin est toujours présent.
Le marché s’organise alors illégalement, et ce sont les criminels qui répondent à cette demande. Choisir de renoncer au marché, ce n’est rien d’autre que renoncer à un système fondé sur la liberté individuelle pour y substituer un système fondé sur la violence et la loi du plus fort.
Est-il si insupportable de laisser les hôpitaux mettre en place un marché d’organes librement vendus, ou est-il préférable de laisser à la Chine le soin d’approvisionner le marché noir en organes ouighours ?
La prestation de services sexuels doit-elle être laissée à des maisons closes ou à des mafieux qui réduisent en esclavage des femmes d’Europe de l’Est ?
Si l’idée de vendre volontairement son corps vous effraie, l’idée que l’on soit contraint de le faire devrait vous glacer le sang.
On pourrait aussi soulever que la marchandisation légale du corps humain est déjà une réalité.
Le plombier qui travaille accroupi toute la journée finit inévitablement par souffrir du dos, les militaires finissent souvent à moitié sourds à cause de l’entraînement au tir (sans même parler de ceux qui meurent au combat), le pompier risque de se brûler chaque fois qu’il éteint un feu… N’est-ce pas là aussi une certaine manière d’offrir son corps contre rémunération ? Il existe bien évidemment une différence substantielle de degré entre ces exemples et le fait de louer un utérus ou vendre un rein, mais pas de nature.
La morale du corps humain
De toute façon, il ne s’agit pas non plus de faire croire que légaliser la marchandisation du corps humain est une solution miracle qui ferait complètement disparaitre le marché noir et dont la moralité ne saurait être remise en question.
Mais peut-on vraiment continuer d’affirmer, et même d’enseigner, que le recours au marché est nécessairement immoral pour tout ce qui concerne le corps humain ? L’objectif des sciences humaines et de l’école n’est-il pas plutôt de proposer des thèses qui vont à l’encontre de nos intuitions et croyances, pour que chacun puisse avoir un avis éclairé sur des questions aussi importantes et complexes ?
« Tu crevais de faim dans ta misère, tu vendais tes bras pour un morceau de pain, mais ne crains plus rien le jour se lève, et il fera bon vivre demain… »
Le chiffon rouge (chanson communiste).
Sauf que les complications de don d’organe c’est l’état qui les subit pécuniairement et donc nous-mêmes par nos impôts et autres cotisations URSSAF, vivement les exosquelettes mixtes organo-synthétiques et autres avancées du transhumanisme (biocybs)
En effet. L’intellectuel loue son cerveau, le déménageur ses biceps… Pourquoi refuser à la prostituée de louer son vagin, ou à la mère porteuse de louer son utérus ?
On devine que cela n’a rien à voir avec le « bien malgré eux » des gens, mais tout avec une pseudo-morale, purement de circonstance.
Les nourrices morvandelles qui donnaient le sein aux rejetons des familles bourgeoises, naguère, n’étaient, elles, pas empêchées…
Si l’on prend un peu de hauteur, l’interdiction de la prostitution, de la GPA ou de l’usage peuvent même apparaître illégitimes dans la mesure où elle prive l’individu de la propriété de soi, qui est sans doute le droit humain le plus fondamental…
En outre, ces choix sont réversibles à tout moment.
Je suis plus circonspect avec la vente d’un organe, où un retour en arrière est plus délicat. Ou bien encore avec la décision de se vendre en tant qu’esclave, qui porte en plus une contradiction intrinsèque avec la propriété de soi. Mais je reste ouvert, même sur ces points, à une bonne argumentation, si elle existe…
Pour les organes vitaux, rien n’empêcherait de les vendre après sa mort. Actuellement la moitié des familles refusent le don d’organe d’un proche décédé, s’il y avait une incitation financière, les choses changeraient facilement je pense.
Sur la vente d’une personne en vie, il y a la question des conséquences irréversibles. Le point important dans les locations de cerveau, biceps etc est que les conséquences sont soit temporaires soit incertaines. Pour la vente d’un rein, avec des progrès médicaux cela pourrait se discuter.
Une remarque, actuellement les chaines de don sont autorisées, ce qui est une forme de troc (A donne si B donne si C donne etc pour respecter les compatibilités tissulaires). J’imagine que les explantations ne sont pas simultanées, et donc qu’entre temps certains receveurs ont en quelquesorte « un bon pour un rein ». On peut voir ça comme un système de SEL, mais bon ce n’est pas de « l’argent », donc la morale est sauve.
…peut même apparaître illégitime…
Ceci dit… Les organes se donnent… Ante mortem et post mortem…
Pour faire disparaître plus rapidement ces pratiques, il convient d’élever le niveau de vie des gens.
Pour élever le plus rapidement possible le niveau de vie des gens, nous le savons tous ici, il faut plus de libéralisme et non pas plus d’interdictions et de taxes.
Les raccourcis vers le bonheur et la morale, à base de sanctions, de taxes etc. qui sont vendus par nos les étatistes aboutissent toujours, on répète toujours à la dictature et à la pauvreté. Benjamin Franklin: si vous voulez etc.etc.
Ce qui est confondant c’est que le public marche encore dans ces combines…
Question : Faire respecter la morale ou l’éthique est elle une mission de l’état?
Tout dépend si on a instauré de la moralité dans les lois. L’Etat fait respecter les lois, le parlement de les faire voter.
Il y a la théorie et la pratique. Il faut être bien jeune et bien ignorant de la vie pour proposer de libérer la vente d’organe, la gpa et pourquoi s’arrêter aux organes d’ailleurs, soyons fous : la vente de soi. Je suis libre , je me vends . L’auteur devrait se demander : « mais pourquoi donc n’ai je pensé encore vendu : mon rein, mon bras , mon c*l « . La gpa c’est autre chose , ce n’est pas soi le produit c’est le bébé, la c’est encore pire . Songe t il à légaliser le trafic d’humains ?
« Les partisans du recours au marché ne sont-ils que des monstres insensibles au sort des plus fragiles ? »
Cela se vérifie tous les jours. Comme ces millions de personnes qui se font vacciner par une entreprise qui ont été condamnées à de multiples reprises pour des falsifications de données.