Nicolas Maduro, soupçonné de crime contre l’humanité

Le président Nicolas Maduro est directement mis en cause pour avoir ordonné ou contribué à commanditer des crimes.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
No Mas by A.Davey (CC BY-NC-ND 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Nicolas Maduro, soupçonné de crime contre l’humanité

Publié le 28 septembre 2020
- A +

Par Laurent Sailly.

En septembre 2019, face à la détérioration de la situation politique au Venezuela, le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies a confié à Marta Valiñas, juriste spécialisée dans les questions relatives à la justice internationale, la mission de faire la lumière sur les accusations portées par l’opposition vénézuélienne à l’encontre de Caracas, et ce depuis la mort de Hugo Chavez en 2013.

Un précédent rapport rédigé par des experts mandatés par l’Organisation des États américains avait déjà porté de lourdes accusations contre le régime. Mais le caractère partial du secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro, ne lui avait pas permis de trouver écho.

Le 23 septembre prochain, la mission d’enquête présentera son rapport devant les membres du Conseil. Mais le rapport rendu public le 16 septembre dernier a déjà livré ses conclusions.

Le président Nicolas Maduro directement mis en cause

Madame Valiñas, chef de la mission, déclare :

« Sur la base des informations recueillies, nous avons des motifs raisonnables de croire que de graves violations des droits de l’Homme et des crimes internationaux ont eu lieu au Venezuela au cours de manifestations, mais aussi via une répression politique ciblée et dans le cadre d’opérations de maintien de l’ordre. »

Elle assure également avoir de « bonnes raisons de penser que le président [ainsi que le ministre de l’Intérieur et celui de la Défense] ont ordonné ou contribué à commanditer les crimes avérés, [dont certains] tombent sous le coup de crimes contre l’humanité. »

Francisco Cox, enquêteur, affirme que la mission a « des raisons de penser que le président Nicolas Maduro a donné des ordres afin de cibler certaines personnes en particulier [et que] ces personnes ont été surveillées, écoutées, prises en filatures et, finalement, détenues de manière arbitraire… »

Le rapport souligne la participation directe d’officiers supérieurs de l’armée, des hauts dirigeants de la police et de l’ensemble du gouvernement, dans une politique d’État de réduction au silence des opposants politiques.

Des milliers d’exécutions extrajudiciaires et un recours systématique à la torture

Le rapport de 411 pages pointe les 5094 personnes tuées par les forces de l’ordre, depuis 2014, dans le cadre d’« exécutions extrajudiciaires », c’est-à-dire sans procès.

Marta Valiñas affirme :

« Ces exécutions ne peuvent pas être mises sur le compte d’un manque de discipline au sein des forces de l’ordre. Ces meurtres semblent entrer dans le cadre d’une politique d’élimination de membres indésirables de la société sous couvert du combat contre la criminalité. »

Dans une vidéo authentifiée par la mission d’enquête, on peut voir les agents des Forces Spéciales de la Police (FAES), créées en 2016, « encouragées à tuer les criminels sans compassion ».

Le rapport cite l’ancien directeur des services de renseignement du pays (SEBIN), Christopher Figuera, qui a déclaré « que le président Maduro décidait qui devait être torturé, qui devait rester en détention et qui pouvait être libéré ». Les viols, les passages à tabac, les chocs électriques, les simulacres d’exécution… avaient été érigés en méthodes d’interrogatoires.

Un fachisme latin d’extrême gauche

Ce rapport dénonce le fachisme du gouvernement vénézuélien qui s’inspire des pires dictatures d’extrême droite latino-américaine des années 1970. Ainsi, les colectivos, groupes de civils anonymes, sont chargés des basses œuvres du pouvoir.

Le bilan humain de la dictature de Maduro place désormais le Venezuela parmi les régimes les plus meurtriers d’Amérique latine de l’histoire moderne, au même niveau que la dictature chilienne du général Pinochet (3200 morts ou disparus entre 1973 et 1990) et largement devant le Paraguay (400 de 1954 à 1989), l’Uruguay (174 de 1973 à 1985) et le Brésil (140 de 1964 à 1985). Seul le terrible pouvoir argentin fait « mieux » avec 30 000 morts ou disparus entre 1976 et 1983.

Jean-Luc Mélenchon, le Maduro français

En septembre 2017, l’hebdomadaire L’Express titrait : « Jean-Luc Mélenchon veut faire comme Maduro ». Alors que l’opposition vénézuélienne avait déjà alerté le monde sur les violences caractérisées du régime chaviste et que depuis 2015 le président Maduro empêche l’Assemblée nationale élue de se rassembler, Jean-Luc Mélenchon rappelle son entier soutien à son ami Nicolas.

Le chef de file de La France Insoumise renouvellera ce soutien franc et massif en février 2019, considérant le dictateur comme président du Venezuela. Prenant à contre-pied le président de la République, Emmanuel Macron, lui qui venait de reconnaître Juan Guaido comme président en charge, le député LFI a aussi condamné les putschistes de l’opposition.

Au niveau international, Londres et Madrid ont également reconnu l’autorité de Juan Guaido, Nicolas Maduro ayant refusé de convoquer une nouvelle élection présidentielle.

Si Raymond Aron était encore de ce monde !

Il est à souhaiter que les instances de justice internationales soient saisies et que les dirigeants vénézuéliens soient poursuivis.

En France, l’aveuglement des intellectuels gaucho-communistes ne leur ayant pas permis de voir les 50 millions de victimes des régimes soviétiques, il est à craindre qu’ils ne s’intéressent guère aux milliers de morts du régime chaviste. La France est pleine de Jean-Paul Sartre et vide de Raymond Aron…

 

Voir les commentaires (9)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (9)
  • La gauche est une salle d’attente pour le fascisme.

    Léo Ferré

    Pas de rapport sur Obama qui a commandité des centaines de meurtres ?

  • Oui, mais le chemin vers le Paradis Socialiste est semé d’embûches: on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs.

  • Rien d’étonnant à ce que plus de cinq millions de Vénézuéliens – soit près de 20 % de la population – aient choisi de vivre à l’étranger : c’est, en pourcentage de la population, le deuxième plus grand exode après celui des Syriens ; c’est, en nombre, celui des réfugiés syriens.

  • Il parait que plusieurs dirigeants en Europe encourageraient de telle méthode, Ce Mr Sailly écrit n’importe quoi enfin le plaisir d’écrire

  • Au vu du peu de « coopération » du gouvernement Chavez avec le géant états-unien, ça tombe bien qu’on puisse le coincer sur les droits de l’homme…
    Je remarque que l’Occident s’accomode très bien d’autres régimes non moins dictatoriaux, mais qui ont le bon goût de ne pas s’opposer à ses desseins…

  • « UN FACHISME LATIN D’EXTRÊME GAUCHE
    Ce rapport dénonce le fachisme du gouvernement vénézuélien »

    Vous avez bien raison sur Maduro et consorts, mais qu’est-ce que c’est que ce terme de ‘fachisme », d’où sortez-vous ça ?
    Fascisme, enfin, F a s c i s m e.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

"Il a mis une cible dans mon dos » dixit Yaël-Braun Pivet au sujet d’un tweet récent de Mélenchon dans lequel il écrivait qu’elle était partie « camper à Tel-Aviv ». La poésie made in Jean-Luc.

C’est un classique, la gauche se déchire. Au siècle dernier, le rapport de force se jouait entre gauche socialiste et communiste. La première voulait asphyxier la seconde, qui voulait garder une place chèrement acquise après la Seconde Guerre mondiale. Après le congrès d’Épinay, coup de maître de François Mitterrand, la gauche s’est unie jusqu’à... Poursuivre la lecture

Et si une révolution libérale était en maturation en Amérique latine ?

C’est une perspective à ne pas négliger, eu égard à l’actualité politique de trois pays qui, ayant chacun à leurs manières subi les affres du socialisme, pourraient s’apprêter à écrire une nouvelle page de leur histoire en portant au pouvoir des libéraux.

En Équateur, c’est chose faite avec l’élection de Daniel Noboa. Au Venezuela, la présidentielle de 2024 pourrait faire émerger Maria Corina Machado, une centriste libérale, tête de file de l’opposition à Nic... Poursuivre la lecture

multivers Commission des Finances nupes
1
Sauvegarder cet article

La NUPES est née en mai 2022 du très bon score de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, et sur les bases du programme insoumis. Avec une stratégie commune, la gauche se voyait majoritaire aux législatives et voguer ainsi vers l’élection de 2027. Pourtant, les tensions sont vives.

 

Un Parti socialiste divisé

Le Parti socialiste, mené par Olivier Faure, se pose la question de poursuivre le rythme imposé par Les Insoumis. S’ils s'accordent sur des sujets tels que les retraites, le rapport au travail ou les mesures sociales,... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles