Retour à l’école le 11 mai : faire confiance et prendre le risque

OPINION : nous avons besoin de sang froid et de remarques constructives, pas de petites phrases assassines. Faire confiance est risqué, mais avons-nous vraiment le choix ?

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Retour à l’école le 11 mai : faire confiance et prendre le risque

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 27 avril 2020
- A +

Par Stanislas Kowalski.

Ne soyons pas mesquins dans nos reproches.

L’annonce de la réouverture des écoles le 11 mai a suscité beaucoup d’indignation. On voit même des pétitions émerger pour demander le retrait de cette décision.

Il y aurait beaucoup à redire sur la gestion de la crise du Covid-19 par le gouvernement français. La lenteur à réagir, le confinement indifférencié, le manque de moyens, les réquisitions et autres lourdeurs administratives que le gouvernement n’a pas su lever ou qu’il a introduites.

Prenons le temps d’écouter vraiment

Pourtant, si nous prenons le temps de l’écouter vraiment, l’allocution du président Macron du 13 avril dernier ne mérite pas que l’on pousse des hauts cris. Bien sûr, il tente de présenter son action sous un jour favorable. C’est de bonne guerre, mais il ne dit rien d’aberrant.

Il reconnaît vaguement des erreurs et même si ce n’était que précautions oratoires, il est plutôt rassurant de l’entendre dire qu’il faut être humble, que l’avenir est incertain, que certains pays d’Asie ont dû relancer la quarantaine après avoir commencé à déconfiner. Il en a rabattu sur son arrogance initiale.

Le retour à l’école

Beaucoup ont entendu que les enfants devront retourner à l’école le 11 mai, et s’inquiètent à juste titre de la situation sanitaire à ce moment. Le danger aura-t-il disparu ? Rien n’est moins sûr. Mais la véritable annonce, c’était que le confinement était prolongé jusqu’au 11 mai.

Pour la suite, M. Macron n’a fait qu’annoncer l’intention de déconfiner progressivement, sous conditions, avec des règles qui seront édictées d’ici là. Il est fort possible que l’échéance soit repoussée. Pas de quoi s’effrayer. C’est un délai d’un mois qu’il s’est donné pour ajuster ses mesures. Ce n’est pas comme s’il avait ordonné à tous les enfants et les professeurs de retourner à l’école dès demain au milieu de l’épidémie.

Une grosse partie de la polémique est venue d’un tweet d’Olivier Faure, relayée comme il se doit par les médias. Ainsi va le jeu journalistique. Il faut bien transmettre les commentaires du premier secrétaire du Parti Socialiste. Faut-il reprendre la pique assassine dans le titre ? C’est une autre question.

M. Faure a cru déceler une intention inavouée derrière la réouverture des écoles, « renvoyer travailler les parents ». L’avantage avec les sous-entendus malveillants, c’est qu’on n’a pas besoin d’analyser la situation. Les gens se chargeront d’interpréter. Il est clair que celui-ci repose sur la réputation de Macron comme président des riches ne se souciant pas du peuple.

Renforcer un préjugé est facile et permet de marquer sa présence sur la scène politique quand on n’a pas grand-chose à dire. Cela permet aussi d’évincer les questions sérieuses.

Renvoyer les parents au travail

Quand bien même Macron aurait effectivement l’intention inavoué de renvoyer les parents au travail, s’agit-il d’une intention inavouable ? Nous allons bien être obligés de retourner au travail.

Nous pouvons vivre un moment sur ses réserves, décaler un peu ses vacances, ses dépenses et ses activités, mais au-delà d’une semaine ou deux, il ne s’agit plus d’un report, mais d’une perte sèche. On ne peut consommer que ce qui a été produit. Le gouvernement ne pourra pas compenser tous les dégâts que le confinement inflige à l’économie (si tant est qu’il puisse avoir aucun effet globalement positif, transfert n’est pas relance).

Il est clair aussi que la durée de l’épidémie risque de dépasser largement ce qui sera supportable économiquement. Il faudra peut-être des années avant que la population soit protégée par l’immunité acquise. Certains estiment qu’il faudra que 60 ou 70 % de la population ait été infectée pour que l’épidémie s’éteigne.

Nous allons nous trouver devant des dilemmes terribles : perdre des gens pour éviter d’en perdre davantage du fait du désastre économique. Ce ne sont pas des vies contre du profit. Ce sont des vies contre des moyens de subsistance, au fond des vies contre des vies, avec des probabilités difficiles à calculer de part et d’autre. Faire de tels calculs a un côté un peu répugnant, mais être responsable implique de les faire. On n’y coupera pas.

On peut regretter que cette tâche incombe à M. Macron et à son équipe, que les données soient centralisées par l’OMS ou que les politiciens soient si ignorants en matière de gestion des risques. En attendant, c’est sur eux que ça tombe. Et il va bien falloir suivre un peu les consignes pour que l’action collective ait un minimum de chances de succès. En ces circonstances, nous avons besoin de sang froid et de remarques constructives, pas de petites phrases assassines. Faire confiance est risqué, mais avons-nous vraiment le choix ?

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  • il est quand même bien dommage de devoir prendre des risques par la faute exclusive d’un gouvernement qui a régit de manière aussi dispersé ; et qui n’a pas su protéger sa population en temps et en heure ;

  • cette rentrée des classe c’est une bêtise , vous verrez

  • L’alternative est de risquer un déconfinement, régulé par le contrôle du plafond des admissions aux urgences, ou d’attendre chez soi un vaccin dans 1,5 ou 2 ans au mieux. Cette dernière solution étant intenable psychologiquement, socialement, budgétairement et, accessoirement, politiquement, le choix fait par l’ensemble des pays est de déconfiner. Le problème est que la confiance dans le gouvernement a été à nouveau cassée par le mensonge sur ces masques « inutiles » devenus indispensables…
    Comme quoi même des « jeunes » peuvent faire de la vieille politique !

    • Pour le masques, il suffisait de dire qu’on pouvait se le fabriquer des le début, mais quand un gouvernement ne gouverne que par le mensonge depuis des dizaines d’années…

    • de-confiner bien sur qu’il faut le faire , mais quel interet de rouvrir les écoles quand on sait que les conditions vont etre dégradées et qu' »a partir du 15 juin il ne foutent plus rien en classe,,

      c’est une decision politique sans queue ni tète car si les parents doivent travailler comment vont ils faire cet été?? les grands parents pas question trop risqué,, alors a quoi tiens cette mesure?
      faire croire qu’on sait décider?

      • Au primaire les enfants ont classe jusqu’à début juillet, le BEPC et le bac ne se passeront pas en établissement et donc les collèges et lycées peuvent être utilisés jusqu’au début des vacances scolaires. D’autre part, on peut reculer la date de début des vacances au 15 juillet et donc diminuer les vacances d’été de 15 jours. Je suis effarée de voir des parents, et plus particulièrement de droite, qui n’ont toujours pas compris que le travail est la seule façon de créer de la richesse, que l’éducation, l’enseignement sont la seule façon d’aider les enfants à devenir des citoyens et non des assistés!!!
        L’état nounou c’est NON!!!

        • l’EN qui feraient des enfants non assistés? c’est du second degré?
          l’éducation nationale fabrique des assistés a plein wagons

    • Pourquoi attendre 1,5 ou 2 ans? Vous ne savez pas. Ce sera peut-être bien plus ou bien pas de vaccin du tout. Apparemment, il n’y a pas eu de vaccin pour d’autres coronavirus.

  • La. Dangerosité du virus étant limitée à certaines personnes à risques confiner des travailleurs et leurs enfants et de toute façon stupide alors ouvrir la cage aux oisillons.. Qui de toutes les façons étaient déjà dehors avec leur potes… Le problème sont les profs, les syndicats de profs , pas certain que cela se passe bien. Et que cette ouverture tardive soit une bonne décision pour la’paix sociale, le virus, bof, il est mort et il suffisait de le dire.

  • pourquoi ne pas réduire les vacances d’été de 15 jours quand on sait que les enfants ont été confinés durant 2 mois c’est à dire 6 semaines d’école si on enlève les vacances de Pâques?
    Mais il ne faut surtout pas toucher aux vacances des profs, ne pas s’attirer la colère de l’industrie du tourisme. Sauf que les 15 premiers jours de juillet sont souvent très calmes pour l’industrie touristique. Quant au raccourcissement des vacances pour les profs, c’est toujours la même histoire, on pense aux avantages acquis des fonctionnaires au détriment de l’intérêt des enfants. Je commence à en avoir assez des assistés, des fonctionnaires irresponsables assis sur leurs avantages sauf qu’ils ne sont pas sans savoir que’ils sont payés avec nos impôts pour être au service de la France!
    Si les Français ne veulent pas se prendre en charge, préfèrent le confinement à la prise de risques et bien tant pis pour eux mais il ne faudra qu’ils viennent ensuite pleurer!

    • @lapalatine + 1OO

    • Ce qui veut dire mettre des gosses dans des salles non climatisées pour la plupart avec des piques de 35 et plus de 40° à l’ extérieur dans le sud de la France. Dès le mois de juin je peux vous assurer que c’ est dur…

    • Prendre des risques, oui ! En tant que chef d’entreprise je les mesures et prend. mais si mes enfants vont à l’école, ramènent le virus en admettant que pour eux ca se passe bien. Et bien pour ma personne ou ma femme (moi asthmatique) ca peut tourner moins bien. Conséquence potentielle, arrêt de mon activité durant X jours (si le virus est très dur 40 jours voir plus avec la fatigue) et le cercle commence… sans parler de mes clients qui n’auront pas accès à mes services…
      Donc prendre ses responsabilités oui, mais faut il encore que les autres les prennent et se protègent afin que l’on soit tous plus en sécurité. J’en vois trop qui sont désinvolte et irresponsable !

  • Après avoir bombardé la population de lessâges anxiogènes et de décomptes lacabres pendant des selaines, il ne faut pas s’étonner que les parents refusent en majorité de remettre leurs enfants à l’ècole. Alors même que ces detniers ne risquent rien avec le virus.
    Le virus de la prur est bien plus dangereux. C’est à lui que nous devrons une restriction de nos libertés qui pourra toujours être réactivée, ainsi qu’une catastrophe économique. Il est possible qu’avec le recul l’année 2020 ne fasse apparaître aucune surmortalité (si tant est que les chiffres ne soient pas « arrangés » pour justifier a posteriori des décisions politiques ineptes…

  • Il est évident que la reprise économique doit se faire le plus rapidement. Mais il est infiniment regrettable, que durant tout ce confinement (près de 2 mois), rien n’ait été mis en place pour redémarrer le travail… autre que du blabla, des propos incohérents, des mensonges incessants et des promesses non tenues (commande les masques). Le 13 avril, la date du déconfinement a été annoncée pour le 11 mai. Ce n’est qu’à peine deux semaines avant cette fameuse échéance (dans l’affolement générale) qu’un appel à l’aide, tout comme une réquisition tous azimutes s’organisent pour la fabrication de masques (-quels masques ?- question justifiée quand 84 de prototypes ont été homologué) éléments pourtant indispensables pour une reprise à risque mesurée. Tout ceci, est-ce vraiment sérieux ? Est-ce une prise de risque responsable ? Ou est-ce un grand n’importe quoi insensé, devant une catastrophe économique redoutée ?

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