Des États aux abois

À court ou moyen terme, par nécessité et par absence d’alternative structurelle, les États européens réduiront drastiquement leurs dépenses.

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Des États aux abois

Publié le 31 mars 2020
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Par Drieu Godefridi.

En Europe, l’affaissement partiel de l’activité économique — dont la crise financière n’est qu’une conséquence, dans une suite inverse mais nettement plus dévastatrice que la chronologie de 2008 — va entraîner, dès maintenant, un effondrement des recettes fiscales.

On tend à l’oublier, mais l’impôt, par lequel vivent tant de nos contemporains, suppose de la création de valeur. Si aucune valeur n’est créée, l’impôt se réduit à rien.

Par exemple, la TVA est un impôt sur la consommation ; que la consommation se réduise de 50 %, les recettes TVA se réduiront d’autant.

Autre exemple, l’impôt sur les sociétés, qui n’est pas un impôt sur l’activité, mais sur le bénéfice. Dans un futur prévisible, il n’y aura plus guère de bénéfice à imposer, seulement des pertes. Même lorsque les bénéfices poindront timidement, fiscalement les pertes reportées les effaceront, probablement pendant des années.

Trois solutions économiques

Nos États vont voir leurs recettes s’effondrer, alors que la structure de leurs dépenses n’a pas changé d’un iota (quand elle ne s’est pas aggravée). Quelle solution ? En théorie économique comme en technique juridique, il n’en existe que trois : réduire drastiquement les dépenses, emprunter, lancer des programmes de confiscation de la propriété privée. En réalité, comme nous allons le voir, la réduction drastique des dépenses adviendra tôt ou tard.

En effet, sur le continent européen, la plupart des États étaient déjà financièrement exsangues avant la crise, et faible leur « crédit » subsistant sur les marchés financiers internationaux.

Par conséquent, la fuite en avant « externe » qui consisterait à contracter de nouveaux emprunts pour compenser l’effondrement des recettes fiscales est, en Europe, une voie non seulement sans issue, mais inexistante.

En effet, des États qui, souvent depuis des décennies (Italie, Belgique, plus récemment la France), en sont à contracter des emprunts pour rembourser les seuls intérêts de leur dette — jamais le capital — peineront à convaincre les bailleurs de fonds dans le même temps que leurs recettes fiscales s’effondrent.

L’alternative est la fuite en avant « interne », consistant pour un État à se lancer dans des confiscations massives sur le territoire national, usant de différents prétextes (nécessité, crise, solidarité) habillés de catégories juridiques (nationalisation, impôt de crise)1.

La voie de la confiscation

Hors le jugement moral qui peut être posé sur ces procédés, et du cortège de violences arbitraires que leur mise en œuvre implique partout et toujours, il faut souligner que la voie de la confiscation — activement encouragée depuis des années par des économistes néo-marxistes tels que Thomas Piketty2 — n’est pas chimérique ; les exemples tirés de l’Histoire (Révolution française3) comme de l’actualité (Venezuela) en attestent.

Reste que ce procédé s’épuise par son usage : on ne confisque qu’une seule fois. Derrière, il n’y a plus rien à confisquer.

À court ou moyen terme, par nécessité et par absence d’alternative structurelle, les États européens réduiront drastiquement leurs dépenses.

  1. Une variante du même procédé consiste à emprunter davantage sur les marchés, en offrant du “collatéral” tiré d’un expropriation qui ne dit pas son nom : par exemple les projets français de détacher la propriété du terrain et du bien immeuble, qui est une expropriation pure et simple.
  2. Piketty, idéologue naïf de l’égalitarisme — À propos de Capital et idéologie
  3. F. Aftalion, L’économie de la révolution française, 2007.
Voir les commentaires (35)

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  • Il n’y aura pas de grands changements. Avant la crise c’était « le suicide de l’épargnant » après la crise ce sera « la confiscation de l’épargnant » !
    En France on connait déjà la réponse

    • Oui, car l’auteur oublie une 4e solution de financement : en Europe comme aux états unis, ils vont simplement faire tourner la planche à billet, ça a déjà bien commencé.

      • Ce sera un peut de tout, planche a billet, confiscation, spoliation, impôts, emprunt. L’exemple à suivre c’est le Venezuela.

  • je ne sais pas ailleurs , mais en France , ils choisissent toujours les moins bonnes solutions ; ils sont tellement cons !

    • ils choisissent toujours la solution que permet de rester au pouvoir : en promettant de distribuer le pognon des autres.

      • le gouvernement français l’est probablement, transi de peur, mais jamais il ne prendra la décision de purger l’administration par exemple d’un million de fonctionnaires : trop dangereux, ce ne serait plus la grève mais surtout la révolution !

  • La majeure partie des dépenses de l’etat sont des salaires .. immuables… la majeure partie de la dette cachée sont des retraites de fonctionnaires.. immuables
    forcement si l’argent ne rentre plus , il va y avoir des drames.. mais ceux ci ne pourront pas éviter les mouvements sociaux considérables qui vont naître..
    La democratie va avoir du mal a subsister .. attendez vous a des surprises ..
    Le systeme social va s’effondrer , c’est très clair pour moi , meme la spoliation des biens n’y suffira pas..
    apres les « ausweis » , on aura les « tickets de rationnement »
    on a pas fini de se marrer.. je double la surface du potager, je fais rentrer du bois.. ..

    • Votre bois sera réquisitionné. Il faut chercher une autre solution.

      • ben non .. le bois il faut aller le couper, , puis le déplacer , puis le débiter ,puis l’empiler, le secher .. trop de boulot pour les « cerfaconstrictors »

        • Parcoureur ne parle pas « du bois » mais de « votre bois », celui que vous aurez vous-même coupé, déplacé, débité, empilé, séché, ce qui en fera une richesse absolument incompatible avec notre grand idéal d’égalité de tous dans la médiocrité et la misère.

    • @claude
      Non, le gros des depenses c est pas les salaires mais
      1) les pensions de retraites
      2) la securite sociale
      A eux 2 on est deja a 50 % des depenses

      PS: vu l impact electoral, je vois pas l etat decreter -20 % sur les retraites ou ne plus soigner les gens de plus de 75 ans …

      • Déjà, aligner les retraites du public sur celles du privé, ce serait un premier pas. Mais quel effort ce serait à consentir…

      • cdg , oui la politique sociale est délirante.. qui va y toucher?

      • Quelles élections? Quand ce genre de mesures sont prises il y aura état d’urgence et couvre feu et les élections repoussés à une date indéterminée.

      • Il faut diviser pour régner!
        On annoncera une baisse des retraites les plus élevées (en gros pour 50% des retraités) dans le but de préserver les faibles retraites. Déshabiller Paul pour ne pas déshabiller Jean ou opposer les « riches » et les pauvres. On sait très bien faire cela en France.

        Et si cela ne marche pas, ce sera parce que les salauds de riches ne se sont pas laissés suffisamment déshabillés!

  • « on ne confisque qu’une seule fois »

    Oui et c’est précisément ce que l’état francais va choisir.

    Sondage du jour sur le point :
    Le coronavirus doit il remettre en question le modele libéral

    Réponse oui à 62%…. sur un journal soit disant de droite…

    Donc rassurez vous, l’après covid19 sera bien socialo-marxiste, tout comme l’avant covid19 en fait.

    • C’est bien ce qu’on disait, il n’y a pas plus cons que les français!

    • Il faudrait peut-être se demander de quel « modèle libéral » ce journal parle. Après, il est effectivement inquiétant de voir la légende urbaine qui raconte que cette épidémie serait le fruit de la mondialisation – comme si avant que les échanges ne soient au niveau où ils en étaient il y a 2 mois il n’y avait jamais eu d’épidémies…

      • Les socialistes sont les maitres de l’utilisation de catastrophes économiques et social, leur discours simpliste est le seul audible en ces temps de panique et de peur qui tuent toute intelligence. Donc nous vivons dans un système horriblement libérale simplement parce qu’il n’est pas assez socialiste CQFD.

      • C’est sûr qu’il n’y pas de covid-19 en Corée du Nord!
        Un exemple à suivre?

      • Je pense qu’ils considèrent que voyager c’est libéral. Marco Polo était un ultra libéral.

    • « Sondage du jour sur le point : »
      Il suffit de tourner suffisamment le bras d’un sondage pour lui faire avouer tout ce qu’on veut.

  • l auteur oublie la solution actuelle: la planche a billet.
    la BCE refinance tous les etats (indirectement certes car elle achete la dette uniquement sur le marche secondaire)

    evidement a terme ca va faire mal car on imprime de la rgent sans rien creer en face. pour l instant ca se traduitpar une inflation des actifs (sur les actions (unpeu moins maintenant) et sur l immobilier). c est surement par la que ca va se degonfler lors du crash (autrement dit ce qui fallait 100 ne vaudra plus que 20. ca va etre sympa pour ceux qui ont achete de l immobilier a credit …)

  • Et Bruno Le Maire vient d’annoncer qu’il appelle « à un nouveau capitalisme » plus juste, plus humain plus solidaire, c’est à dire moins libéral, moins capitaliste et plus spoliateur.
    l’auteur a oublié les taxes sur les carburants et l’énergie.

  • Cette excellente analyse prospective est d’autant plus prévisible que le processus a déjà commencé bien avant cette crise, comme on a pu le retrouver entre autres dans le fameux slogan des gilets jaunes « Mais qu’est-ce vous faites du pognon ? » (que vous prélevez, mais ne rendez pas).

  • Dies iræ, dies illa,
    Solvet sæclum in favílla,
    Teste David cum Sibýlla !
    Quantus tremor est futúrus,
    quando judex est ventúrus,
    cuncta stricte discussúrus !

    Jour de colère, que ce jour-là
    Où le monde sera réduit en cendres,
    Selon les oracles de David et de la Sibylle.
    Quelle terreur nous saisira
    lorsque le Juge apparaîtra
    pour tout juger avec rigueur !

    Il fallait bien qu’un jour l’impéritie des Lemaire and Co se paye au prix fort.

  • Nous ne sommes actuellement qu’à 2 semaines de confinement. La Chine repart après trois mois de « crise »….
    Donc vraisemblablement, vers fin mai/début juin, l’Europe va repartir.
    Cela fera trois mois d’activité « réduite », car de nombreux secteurs continuent de travailler. Donc une perte de quelques points de PIB.
    Il n’y aura pas d catastrophes économiques, ni financière. Il faut analyser factuellement la situation.
    Malheureusement, certains adorent disserter sur le pire et d’autres n’attendent que cela pour en parler et commenter.
    Vous avez dit masochisme…??

    • @evans sauf que pendant qu on se tourne les pouces, d autres plus avisés (Coréens, Allemands et chinois ..) produisent . Si nous arrêtons trop longtemps ce sont des marchés qu il faudra reprendre. Le monde ne s arrête pas de tourner à cause du covid et ce n est pas la belle au bois dormant , le beau prince n attend pas le réveil de la belle .

      • Je vois mal un confiné acheter une nouvelle Mercedes. Même s’ils font de l’offre, il n’y a pas de demande.

  • Les commentaires sont fermés.

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