Coronavirus : quelles conséquences économiques ?

Une fois l’actuelle crise du coronavirus passée, avec ses quarantaines et autres mises en arrêt de l’activité économique mondiale, à quoi pouvons-nous nous attendre comme conséquences ?

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Coronavirus : quelles conséquences économiques ?

Publié le 26 mars 2020
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Par Gabriel Gimenez-Roche.
Un article de l’Institut économique Molinari

Pour comprendre le rapport entre l’actuelle crise sanitaire, les bourses et l’activité économique réelle, il nous faut comprendre la logique des flux de trésorerie. Les entreprises ont besoin de capital financier (fonds de long terme) pour initier leurs projets et de trésorerie (fonds de court terme) pour entreprendre leurs opérations régulières pendant un exercice annuel.

Pour une entreprise saine, si le capital financier peut bien provenir des fonds internes, comme l’apport d’épargne de ses actionnaires et fondateurs, ainsi que des fonds externes, comme la dette, la trésorerie doit provenir régulièrement des recettes nettes de son activité.

Évidemment, parfois une entreprise doit s’endetter à court terme par manque ponctuel de trésorerie, mais pour une entreprise saine, cela est ponctuel et implique une dette de très court terme, souvent quelques semaines à quelques mois seulement. Une entreprise incapable de générer des flux de trésorerie positifs de façon soutenue est une entreprise qui sera incapable de faire face à ses obligations de long terme et devra donc fermer ses portes.

Les flux de trésorerie au cœur de l’économie mondiale

Ainsi, on voit bien que ce sont les flux de trésorerie des entreprises qui constituent les fondations de toute l’économie mondiale.

Si ces flux, ou liquidités, circulent, tout le système se porte bien. Bien sûr, parfois ces liquidités se concentrent davantage sur certains acteurs que sur d’autres, ce qui explique l’existence des marchés financiers, où des actifs financiers (essentiellement des promesses de remboursement) seront échangés contre des liquidités.

Certains de ces actifs sont plus liquides, c’est-à-dire peuvent être facilement vendus que d’autres. En tout cas, plus les liquidités circulent dans une économie, plus les marchés pour les actifs financiers sont eux-mêmes liquides, ce qui permet aux entreprises et investisseurs détenteurs d’actifs de se procurer facilement des liquidités si besoin.

Malheureusement, la crise sanitaire provoquée par la pandémie du coronavirus a résulté en un arrêt plus ou moins grand de l’activité productive et donc des opérations commerciales des entreprises. Celles-ci se voient donc incapables de générer des flux de trésorerie, ce qui les amène alors à liquider leurs actifs pour faire face à leurs obligations.

Or, cette cessation de flux arrive massivement ce qui met alors en échec la liquidité même des marchés des actifs qui ont alors du mal à procurer des liquidités aux entreprises. Ceux qui en ont ne lâchent pas leurs fonds, ceux qui n’en ont pas font alors défaut sur leurs obligations avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur l’économie réelle : hausse du chômage, baisse de la consommation et reconsolidation des projets.

La première conséquence, inéluctable, sera une récession. Car même si l’activité reprend après la fin de la crise sanitaire, le manque prolongé d’activité provoquera une coupure importante dans la génération, et la circulation des flux de trésorerie pourra seulement être palliée par une reprise des opérations. Au vu de la situation, les banques réduiront drastiquement leur offre de crédit, ce qui posera problème pour une reprise rapide de l’investissement.

Les banques centrales du monde entier le savent et ont déjà annoncé leur engagement à injecter des liquidités dans les marchés, mais cette injection est pour le moment aveugle, car il reste encore à cibler les secteurs qui en auront le plus besoin le moment venu. En outre, les injections annoncées peuvent se révéler insuffisantes, car la grandeur de la récession économique à venir dépendra en grande mesure de la durée et de la portée de la crise sanitaire actuelle.

Des mesures exceptionnelles à prévoir

Peu importe les mesures entreprises à l’aube de la récession à venir, quelques longs mois de turbulences économiques sont à attendre. Néanmoins, il est évident que des mesures exceptionnelles, voire même jamais vues depuis le XIXe siècle sont à prévoir.

Voici une liste des conséquences et mesures auxquelles nous pouvons nous attendre :

  • Surendettement public pour subventionner les pertes des entreprises dues au confinement.
  • Ce surendettement pourrait susciter un défaut technique des dettes italiennes et espagnoles, tout en mettant la dette française en péril.
  • Une concertation européenne visant à réformer les objectifs et les opérations de la Banque Centrale Européenne peut aboutir à une absorption plus ou moins directement de l’endettement public par la BCE.
  • Les sauvetages d’entreprises et les injections de liquidité se feront dans l’urgence et probablement les critères de ciblage ne seront pas optimaux, résultant ainsi en des distorsions, où des entreprises préalablement en mauvais état reçoivent trop de fonds tandis que des entreprises en bon état reçoivent peu de fonds.
  • Nationalisations (partielles, intégrales) plus ou moins temporaires d’entreprises, notamment celles « trop grandes pour laisser tomber » comme les compagnies aériennes.
  • Le niveau d’endettement public et privé rendra une hausse des taux d’intérêt encore plus lointaine, ce qui neutralise l’outil bancaire de contrôle du risque des débiteurs.
  • Si le pire est évité, alors l’économie redémarrera avec beaucoup plus de liquidités disponibles qu’auparavant. Les banques relanceront le crédit à partir d’une base beaucoup trop élevée. Si le crédit redémarre sur une base encore plus élevée qu’aujourd’hui, la hausse des prix d’actifs financiers et fonciers reprendra, ainsi que l’endettement.
  • Les inégalités de patrimoine auront donc tendance à se creuser grâce à l’intervention de sauvetage et non grâce au « marché ».
  • Le risque inflationniste dans les marchés à la consommation peut augmenter fortement.
  • Les distorsions structurelles s’accumuleront au vu des injections de liquidité et de la relance massive du crédit ; une nouvelle crise, plus ample se produira au prochain déclencheur.

Les plus mauvaises conséquences et les distorsions structurelles peuvent-elles être évitées ? Oui, si un gouvernement profite de la subvention des banques centrales pour rééquilibrer son budget, réformer sa fiscalité, assouplir sa bureaucratie et adopter des règles strictes de responsabilité fiscale.

Tout ceci tend à réduire l’endettement public et donc l’incitation à une relance trop rapide du crédit bancaire. Mais cette solution, au moins en Europe, exige un niveau de concertation supranationale pour le moment inenvisageable.

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  • La seule manière de se battre efficacement contre les impondérables (épidémies, guerre, …) est d’avoir une économie efficace et prospère (et pas uniquement de services et de finance…). En cédant à la panique et à l’émotion, en donnant un coup d’arrêt brutal à nos économies, nous sommes juste en train de fragiliser encore plus nos capacités de réponse à de futures crises.
    « Privilégier l’Humain à l’Economie », cette antienne gnangnan digne des dépôts de nounours à chaque attentat terroriste, et que l’on entend à longueur de journée oublie que, sans économie, il n’y a pas de masques, pas de respirateurs, pas de sécurité, pas de nourriture, pas de sécurité et in-fine plus d’Humains. C’est peut être triste mais c’est comme ça…

  • « Oui, si un gouvernement profite de la subvention des banques centrales pour rééquilibrer son budget, réformer sa fiscalité, assouplir sa bureaucratie et adopter des règles strictes de responsabilité fiscale. »

    le jour ou on verra çà en france faites moi signe

  • Clair, net et concis !
    Et en effet, vu la croute de technocrates et politiciens à roulettes qui monopolisent la band passante, il y a peu de chance que le débat n’ait lieu.
    Un défaut de la dette française et un procès de la clique pour forfaiture dans la crise sanitaire actuelle? il est permis de rêver. Je doute que la plainte du collectif C-19 des 600 médecins soit jugée recevable par la Cour de Justice de la République. Cela risque encore d’être « circulez, il n’y a rien à voir ».
    https://www.change.org/p/peuple-fran%C3%A7ais-nous-soutenons-les-600-m%C3%A9decins-qui-attaquent-e-philippe-et-a-buzyn-en-justice-b56ff44b-f70a-401c-b43b-5f35bb827aa1

  • Les conséquences économiques seront sans commune mesure avec le bilan de l’épidémie… Dans une économie mondialisée largement assise sur la confiance dans le « système », il est évident qu’une panique, justifiée ou pas, peut tout mettre par terre.
    Le monde est en panique pour une épidémie que, certes il faut traiter, mais qui a fait à ce jour 22 000 morts à comparer aux quelques 500 000 d’une grippe…

  • Deux questions :
    Le nombre de milliards de dette supplémentaires ?
    La deuxième : le niveau du trou, sera-t-il si important que la France sera Foutue, Démembrée, Rachetée a la découpe?

  • Ce sera l’occasion comme en rencontre malheureusement qu’au sortir d’une guerre d’un reset gènèral de notre Bisounoursland social et de notre « droit à  » national financé par les autres ,occasion qui sera surement ratée .

  • Tandis que la Corée du sud a su endiguer rapidement la pandémie tout en laissant le pays travailler normalement, sans le moindre confinement.
    Comment est-ce possible?
    Il doit y avoir un secret?
    Non, seulement de l’efficacité, des tests massifs et l’isolement des personnes contaminées, surtout celles qui ne présentent aucun symptôme.
    A comparer avec certains amateurs qui se croient encore au XVIIème siècle.

    • Le secret pourrait bien être le sentiment de responsabilité du citoyen coréen lambda. Responsable de soi-même et de ne pas nuire à autrui. De se tester, de se signaler, de s’isoler. S’y ajoute le respect des anciens et de leur expérience, respect des rouages essentiels, de l’effort, des recommandations et des résultats obtenus. Ca fait une différence considérable avec les pays où on attend de l’état qu’il protège nos enfants et les plus défavorisés, où les vieux sont un fardeau, où l’affichage de bonnes intentions permet de se passer de résultats probants, et où les recommandations sont contradictoires et déconsidérées par rapport aux interdictions et aux cerfas.

      • A la décharge des français, pendant 2 mois, leurs gouvernants n’ont pas cessé de dire que tout allait bien, qu’ils étaient préservés, qu’il fallait « continuer à vivre (cf la sortie de Macron et Madame au théâtre 1 semaine avant le confinement), qu’il n’y avait pas besoin de masques, de tests (pcqu’il n’y en avait pas, mais on s’en est rendu compte plus tard!)…etc Et en 1 semaine, pouf! Arrêt économique et confinement… Mais toujours avec l’autre stupide qui nous dit que les masques ne servent à rien.
        Je trouve au contraire que les français sont relativement bien observants du confinement au vu des messages discordants auxquels ils ont été soumis depuis 2 mois.

        • La discordance et l’illogisme auraient probablement alerté les Coréens s’ils y avaient été soumis, les Français se sont contentés d’écouter, de râler et de faire quand même en se demandant à qui la faute…

    • il y a quelques mois, des députés français sont allés expliquer aux Suisses comment avoir le plein emploi.

  • N’oublions pas qu’une grande partie du tissu économique est constitué de PME qui n’ont pas accès aux marchés financiers et qu’il sera impossible de nationaliser , c’est ce tissu là qui va souffrir à très court terme.

    • Elles ne vont pas mourir dès le déconfinement, l’agonie sera lente et douloureuse, car c’est un effet de domino.

  • Avec Monsieur Bisounours à la tete de la « guerre » contre le coronavirus le résultat sera là il n’y a aucun doute. On finira donc par guérir mais on sera ruiné. Mais lui continuera à nous gratifier de ses discours larmoyants tout en préservant les avantages de sa caste de haut fonctionnaires. Ave les nationalisations des canards boiteux de l’état (Air France par exemple) il faudra meme encore plus d’administrateurs de l’état. Le capitalisme de connivence ne sera meme plus nécessaire pour faire tourner ces sociétés, ils pourront puiser directement dans le puits sans fond des caisses de l’état.

  • Un coup d’œil ailleurs, New York Times: merci aux sanctions, du coup la Russie est à l’abri des chocs économiques du virus.

  • À l’heure actuelle, ce qui me fais le plus peur c’est quand même le risque qu’on revienne durablement sur les 35h… https://www.marianne.net/politique/conges-35-heures-licenciements-la-loi-d-adaptation-au-coronavirus-va-nous-faire-basculer . Si c’est que pour un temps évidemment, mais si c’est permanent alors non !
    En attendant la crise fait mal, et dans tous les secteurs. Moins de « 250 milliards de dollars » https://www.kumulusvape.fr/content/295-coronavirus-vape , pour le tourisme, des pertes dans le textile, l’électronique… Il est temps de réfléchir à une réappropriation de nos entreprises et à un retour au made in france

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